Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Les moldus sont incompréhensibles. C'est ce que se répète Sévastian, avachi sur sa petite table de salon, tandis qu'il observe d'un œil morne l'étrange objet circulaire dont le fonctionnement le désespère. Tamagotchi, que ça s'appelle. Une créature de l'enfer sortie de l'esprit tordu d'un informaticien en manque de travail dans les années 90, s'il en croit Wikipédia. Un être maléfique en quête de destruction, ou du moins motivé par la seule souffrance du barman. Non, il n'exagère pas. A part quelques "bip" peu éloquents, il n'est rien parvenu à tirer d'autre du jouet qu'une profonde envie de lui éclater la tronche et/ou de le jeter à la poubelle. De préférence les deux. Seulement voilà, l'outil de torture électronique lui a été confié par une petite moldue - ou plutôt par son père, ce salaud - et le jeune homme ne peut décemment pas faire disparaître quelque chose d'aussi cher à une petite fille. Ce serait tout bonnement horrible, et il fait des efforts quotidiens pour ne pas l'être.
En un soupir las, Sévastian se redresse. Sa bouteille de bière ondule entre ses doigts soucieux, et il fixe l'objet de son ire d'un œil mécontent tandis qu'il déglutit le liquide pétillant. Il n'y a aucune solution à son problème. Le sorcier est bien incapable de se servir de l'engin, en dépit des trois uniques boutons qui le composent, et ses tentatives pour suivre un manuel d'instructions ont... causé quelques problèmes. Le jeune homme espère sincèrement que la petite ne sera pas trop attentive aux accessoires de sa créature.
Devant son air déprimé, Bulochka donne un petit coup de patte joueur au Tamagotchi et semble trouver une utilité toute autre à ce morceau de plastique. Sévastian le laisserait bien faire, pour être honnête. C'est toujours facile de blâmer un accident sur le chat, mais son animal mérite mieux et surtout il a un peu plus d'honneur que ça. Juste un peu. Il prend donc le félin dans ses bras et le blottit dans son cou, un sourire émergeant finalement de ses lèvres bougonnes lorsqu'il entend les ronronnements enthousiastes de son compagnon. Le matou se fait vieux, maintenant, et il craint chaque jour le moment où sa vie s'éteindra. Bulochka a été son ami le plus fidèle depuis Durmstrang jusqu'ici, l'accompagnant dans ses moments les plus sombres avec un amour inconditionnel qu'un chien pourrait envier. Il dépose un baiser dans sa fourrure sombre, content.
C'est à ce moment précis que sonne l'interphone, et Sévastian se redresse d'un coup, son chat dans les bras. Son coeur accélère. Il prend une respiration contrôlée dans les poils doux du félin avant de le poser, souffle longuement et avance d'une démarche qui se veut assurée vers la porte d'entrée de son appartement.
C'est ridicule. Il est ridicule. Eirian est là pour le sauver, pas pour le bouffer. Il ne va pas partir en courant simplement parce qu'un torchon est mal rangé sur le comptoir de sa cuisine. Il ne va pas devenir un étranger pour lui parce que sa décoration n'est pas à son goût. Sévastian n'a aucune raison de stresser, mais ses nerfs semblent le nier et c'est son corps entier qui se tend sous la pression de cette arrivée. C'est que c'est la première fois que son cadet vient. C'est que c'est la première fois qu'il accepte la main qu'on lui tend, et plus que tout le barman craint de faire un faux-pas qui réduirait à néant les progrès qu'ils ont fait.
Il n'y a pas de raison, se répète-t-il. Eirian l'apprécie, et il apprécie Eirian, et il saura mieux que lui comment ne pas faire exploser la créature virtuelle qui bipe incessamment depuis son carcan de plastique. Ce n'est pas un événement national. Et puis l'étudiant ne va pas l'attendre éternellement devant sa porte. Alors il souffle - encore. Souffle - une dernière fois.
Et ouvre.
- Mon sauveur est arrivé !
Un sourire bourgeonne sur ses lèvres tandis qu'il fait signe à son cadet de rentrer. Ses yeux nerveux circulent sur la petite pièce de vie, maladroitement accommodée de meubles dépareillés mais plutôt chaleureuse, malgré un flagrant manque de luminosité induit par le vélux qu'il maintient souvent entrouvert pour éviter l'humidité. Il a rangé. Il a lavé par terre. Tout va bien. Il y a un plaid qui cache les trous dans la housse de son canapé de récup'. Tout va bien.
Loin de sa nervosité, Bulochka trottine vers le nouveau venu et inspecte méticuleusement ses chaussures, puis son pantalon et ses genoux d'un nez avide de connaissances. Un "brrrou" content lui échappe et il se frotte contre les jambes offertes, lui tirant un rire :
- J'espère que tu n'es pas allergique ? Bouboule a tendance à s'amouracher de tous les inconnus qui viennent ici alors...
Un sourire amusé détend ses traits. Finalement, il se prend à respirer plus aisément.
- Je t'offre quelque chose ? Jus ? Sirop ? Cocktail ? J'ai l'option virgin au besoin...
Vieux réflexe ou déformation professionnelle, Sévastian n'envisage pas de laisser ses invités sans moyens de se désaltérer. Encore moi celui-ci. Il décoche une expression tendre au garçon:
- Fais comme chez toi, aussi. Tu peux t'asseoir ou tu veux, et si tu veux quoique ce soit n'hésite pas.
Détends-toi, Sev. C'est fou comme il est plus à l'aise avec une femme dont il connaît tout juste le prénom qu'avec un ami - il peut dire ami officiellement, maintenant - de longue date. L'opinion d'Eirian est plus importante, bien sûr. C'est tout le problème.
- Comment se passent les cours, sinon ? Je ne crois pas que tu m'aies dit ce que tu étudies, la dernière fois.
Il se préoccupera du Tamagotchi plus tard. L'objet l'insupporte et s'intéresser à son interlocuteur figure autrement plus haut sur la liste de ses priorités. Il est heureux de le voir là. Il est heureux de le voir chez lui, même s'il est certain qu'il est tendu, encore incertain de ses intentions, encore soucieux de ses motivations... En un dernier geste avant la suite, Sévastian se décale de la porte. Au cas où.
Eirian Howl
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Mer 18 Aoû - 11:09
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
L’heure de cours s’étire, paresseuse, nonchalante, comme si les aiguilles te narguaient. Tu prends des notes sans vraiment suivre – tu ne sais pas qui a eu l’idée de vous coller des heures de droit magique en fin de journée, mais il doit s’agir d’un sadique fini. Enfin, non. D’habitude, tu as moins de mal à te concentrer, mais ces derniers temps la fatigue ne te lâche pas. Tes cauchemars et reviviscences reviennent en force, te réveillent bien trop tôt, au cœur de la nuit, en sueur, au bord de la panique, parfois un cri aux lèvres, te laissant incapable de te rendormir, en tête-à-tête avec toi-même jusqu’au lever du jour. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Il ne t’est rien arrivé de particulier – hormis ce qui s’est passé avec Towsen. Est-ce que ce serait suffisant ? Au fond, tu n’en sais rien, tu as renoncé à comprendre comment fonctionnait ton esprit tordu et tu te contentes de t’adapter comme tu peux. De toute façon, ça finira par passer, n’est-ce pas ? Il y a bien un moment où la fatigue l’emportera et où tu parviendras à dormir de nouveau.
Ta plume court sur le parchemin ; tes pensées s’évadent vers la fin des cours, vers l’échappée à Londres. Les déboires de Sévastian avec la technologie t’offrent une occasion de changer d’air – même si tu es très loin d’être un spécialiste en Tamagotchis, il faut bien l’avouer. Tu n’en as jamais eu. Peut-être que l’habitude de la technologie t’aidera à y voir plus clair ? De ce que tu sais, c’est sensible, ces bêtes-là, et il ne faut pas trop tarder à s’en occuper. Si ça ne marche pas, tu espères qu’il a quelqu’un d’autre sous le coude. Mais au fond, ce n’est pas le Tamagotchi, le véritable problème – non, ce n’est pas le bon mot – ta véritable préoccupation, plutôt. C’est plutôt Sévastian. Il t’a fallu du temps pour digérer votre conversation, la vérité qu’il t’a avouée. Il t’a fallu du temps pour voir qu’il tenait sa promesse de ne rien dire, du temps pour te rassurer et te détendre. Du temps encore pour admettre que votre relation pouvait se poursuivre comme avant. Personne n’est venu s’enquérir de ta situation, personne n’a rien manifesté les soirs où il était vraiment trop tard pour retourner à Poudlard, où la tension des mission ne te lâchait pas et où il était finalement plus simple de squatter à Londres, loin des dortoirs, loin des autres, et que tu prétendais rentrer chez tes parents. Il t’a fallu du temps, mais tu as recommencé à respirer en comprenant que Sévastian ne t’avait pas trahi. Elle aurait fait mal, celle-ci. Parce qu’il est peut-être celui qui te comprend le mieux à cet instant. Ce qui est d’autant plus absurde que toi, tu continues de dresser tes barrières, de lui mentir. Amis. Tu n’as pas réagi sur le moment, trop incertain, incapable d’ouvrir ce front-là, et c’était plus simple de rebondir sur le mot comme si de rien n’était. Comme si ça ne te nouait pas le ventre. Est-ce que vous l’êtes ? Est-ce que vous pouvez l’être ? Comment être ami avec quelqu’un qui passe son temps à vous mentir, qui n’est qu’une illusion et une fraude ? Sévastian a été sincère, il t’a confié son passé, a compté sur le fait que tu ne dirais rien – et bien sûr, tu sais garder les secrets, c’est ta spécialité. Mais tu as bien conscience que ton amitié ne vaut pas grand-chose – non, ce n’est pas tout à fait ça. Tu tiens aux autres, à ceux et celles que tu commences à laisser approcher, tu ferais beaucoup pour eux, ce n’est même pas un sujet. Mais amitié, cela veut dire aussi « confiance » et « partage » et « sincérité », et c’est là que le bât blesse. Tu ne mérites pas ce qu’ils t’offrent, et tu es incapable de leur rendre leur confiance, de parler de tes propres soucis, de répondre autre chose que « je vais bien » quand on te demande comment tu vas. Amis. Oui, il l’est, à ta façon tordue. Tu n’as pas envie de le voir s’éloigner, tu as été rassuré de constater que rien ne changeait, que les choses reprenaient leur place avec une donnée en plus. Tu es content et soulagé, mais tu lui mens encore les yeux dans les yeux.
Alors, quand il a fallu convenir d’un lieu pour vous retrouver, tu as accepté de venir chez lui. Déjà, parce que tu n’en peux plus des bars. Trop de bruit, trop de monde, trop de stimulations qui te vrillent les nerfs, te maintiennent en alerte et t’épuisent autant que les missions de l’Ordre. Tout hurle au danger et tu ne fais plus la différence entre les vraies menaces et celles qu’inventent ton esprit. Tu en viens à bénir les soirs où tu ne bosses pas – ça reste irrégulier, c’est surtout le week-end ou parfois des soirs en semaine, quand il y a besoin de remplacements ou pour des contrats courts, au London Bar ou ailleurs. Ensuite, parce que passer chez lui – l’idée te noue un peu le ventre, pas autant que tu t’y attendais cependant et c’est une bonne chose –, c’est aussi un moyen de lui dire que tu lui fais confiance. C’est pathétique. Et il y a de la curiosité aussi, pas tant de découvrir son intérieur, mais… il y est parvenu, il s’en est sorti, il a trouvé un endroit à lui. Tu ne sais pas comment il le ressent, ni comment il le vit, ni si ça correspond à ce qu’il voulait. Mais tu connais l’importance d’avoir un toit, un vrai, au-dessus de sa tête. Un foyer, un lieu où il est en sécurité, où il peut se réfugier, où il peut être lui-même, un lieu qui est toujours le même, où il revient chaque jour, sans les murs gris, sinistres et glauques, sans le vent et le froid, sans la poussière et les craquements, sans l’insalubrité et l’incertitude – ou moindre. Tu en rêves d’autant plus depuis que tu t’es retrouvé à la rue, mais c’est un désir encore plus intime, profond et viscéral, quelque chose que tu attends depuis ton enfance : un endroit où tu pourrais défaire entièrement ta valise, tout ranger, sans te dire que tu dois être prêt à fuir à la première alerte. Mais c’est utopique dans le contexte actuel.
L’heure sonne, enfin. Tu n’as pratiquement rien suivi des dernières minutes, trop pris dans tes pensées. Peu importe. Tu ranges tes affaires en hâte, fais un crochet par la tour de Serdaigle pour déposer ton sac et te changer, remplaçant ton uniforme par des vêtements moldus – pas ceux qu’il t’a passés cette fois. Les cheminées te déposent à Londres, et tu gagnes ensuite l’adresse donnée par Sévastian, le ventre toujours un peu serré, le cœur battant d’appréhension. C’est absurde. S’il avait dû te faire du mal, il l’aurait fait lors des multiples occasions qu’il a eues, tard le soir, à la fermeture du bar. Il connaissait la précarité de ta situation, il savait que personne ne t’attendait. S’en prendre à toi chez lui serait de la dernière stupidité. Mais au fond, tu sais que ce n’est pas vraiment dirigé contre lui, ce sont ces craintes paralysantes et irrationnelles, sans fondement, qui ne te quittent pas et transforment tout en danger et en menace. C’est Sévastian. Ce n’est pas un inconnu.
Tu hésites quelques instants devant l’interphone. Tu lui as dit que tu viendrais, tu es devant sa porte, tu ne vas pas faire demi-tour maintenant. Une profonde inspiration, puis tu patientes un peu encore, le temps de te calmer, et tu sonnes. Les secondes s’étirent, te tiraillent des nerfs déjà bien à vif. Si sonner chez Sévastian, chez un ami, te met dans un tel état… Tu dérailles complètement. Mais la dernière fois que tu es allé chez quelqu’un, c’est parce que Towsen t’y avait emmené de force pour te faire chanter. La dernière fois que tu es allé chez quelqu’un… La seule, en fait. Ces dernières années, il n’y a eu que Poudlard et la rue, tu n’es jamais entré chez qui que ce soit. Alors, c’est peut-être normal que tu ne sois pas très à l’aise. La porte s’ouvre. L’exclamation de Sévastian te tire un sourire, dont tu espères qu’il dissimule ta nervosité. Tu es content, vraiment, de le revoir, sans pouvoir refouler une pointe d’appréhension.
— Je vais faire ce que je peux, je ne suis pas un spécialiste ! Mais à deux, on devrait s'en sortir.
Il te fait signe d’entrer, tu te glisses dans l’appartement – prends la mesure des lieux d’un coup d’œil, repères les issues – la porte, le velux. Le réflexe ancré depuis des années, celui qui te souffle de toujours savoir où se trouvent ceux qui t’entourent et par où tu pourras fuir, le cas échéant. Ce n’est que dans un second temps que tu vois vraiment l’appartement, le canapé et son plaid, la cuisine, les meubles dépareillés et l’ambiance chaleureuse – qui ne te surprend pas de sa part. C’est un peu étrange d’être chez lui, de découvrir cette nouvelle facette. Un chat trottine vers toi, et tu souris tandis qu’il te renifle avec soin. Lorsqu’il se frotte contre tes jambes, tu te baisses pour le caresser, en prenant soin de ne pas regarder dans la direction de Sévastian, resté près de la porte – dans le chemin –, parce que tu n’aimes pas te retrouver en position de vulnérabilité. Malgré toi, tu restes tendu, prêt à te redresser d’un bond si… Si quoi ? Tu ne le sais même pas. Tes doigts glissent dans la fourrure soyeuse et tu te détends un peu.
— Salut, Bouboule ! Tu es beau… Non, ne t’en fais pas, je ne suis pas allergique. C’est rare de voir un chat aussi accueillant, c’est pour compenser avec la chouette ?
Tu le dis sur le ton de la plaisanterie, ce n’est pas un reproche – et tu as besoin de cette sensation de normalité, d’une conversation légère, le temps de te relâcher un peu. Il te propose à boire. Tu te rappelles bien ses cocktails et leurs effets spéciaux, même si tu n’y as jamais goûté, option virgin ou pas. Il comprendrait peut-être un refus, mais… ce n’était pas la peine de venir si c’est pour te méfier de chaque geste. Tu réponds enfin – tu as mis trop longtemps pour une question aussi simple, tu en as conscience.
— Je veux bien un jus de fruits, s’il te plaît.
Il doit voir ta tension. « Je suis désolé », pourrais-tu dire, et « ce n’est pas contre toi » et « ce n’est pas ta faute », mais les mots restent coincés en cours de route. Il essaie de te mettre à l’aise.
— Merci.
Tu ne t’assois pas tout de suite cependant, pas tant qu’il ne sera pas prêt à le faire lui aussi.
— Ça ne se passe pas trop mal, on voit des choses très intéressantes en sortilèges et en défense. Je suis en Protection magique, c’est le cursus pour devenir Auror… ou tireur d’élite. Ça dure trois ans, je suis en deuxième année.
Ça paraît un peu risible, un peu pathétique, une fois dit à voix haute. Tu te rends compte que tu n’en parles pas si souvent que ça. À Poudlard ou au sein de l’Ordre, le nom de la filière suffit en général. Auror. C’est surtout un rêve que tu entretiens, mais tu doutes d’y avoir ta place. Même si ce serait sans doute la couverture parfaite, l’occasion de te placer au-dessus de tout soupçon. C’est ironique aussi, pour toi qui as passé ton enfance et ton adolescence à fuir tous les représentants de l’ordre.
Sévastian s’éloigne de la porte et un nœud se détend dans ta poitrine – un nœud dont tu n’avais pas vraiment conscience. Faisant comme si de rien n’était, tu balaies de nouveau la pièce du regard, te baisses vers le chat qui se frotte encore contre tes jambes, réclamant davantage de caresses que tu lui accordes volontiers. C’est au moins quelque chose sur quoi te concentrer et qui t’aide à te calmer.
— Cela fait longtemps que tu vis ici ?
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Spoiler:
On the run, falling to the depths
Do you know what it's like when You wish you were someone else Who didn't need your help to get by ? Do you know what it's like To wanna surrender ?
Invité
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Mer 18 Aoû - 17:17
Les yeux d'Eirian parcourent son espace et Sévastian se prend à suivre leur mouvement, bêtement angoissé à l'idée d'y trouver quelque chose d'embarrassant. Ce n'est pas le cas, bien entendu, il a passé une soirée à tourner en rond dans son salon, nettoyant, renettoyant, vérifiant qu'aucun vêtement sale ne traînait tout en s'assurant que le lieu n'était pas névrotiquement immaculé. La seule pensée était ridicule. Il avait volontairement placé sur la table deux livres entamés, une copie du Seigneur des Anneaux et l'autre, en papier élimé et tordu, très visiblement de seconde main, intitulé "The Hound of the Barskerville", deux classiques moldus dont son manque de connaissances le fait encore et toujours passer pour un inculte auprès de ses interlocuteurs. Et puisqu'il ne peut pas rétorquer "Peut-être, mais tu ne connais pas les Contes de Beedle le Barde, je me trompe ?", car ce serait vraiment une manière idiote de se manifester auprès du Blood Circle, le voici condamné à s'engouffrer dans des pages et des pages de lecture. Sévastian ne s'en plaint pas, en réalité. Au contraire, l'opportunité de lire - de s'acheter des livres, même d'occasion - est un rappel de l'amélioration définitive de sa situation, et observer la petite étagère accrochée à son mur se remplir d'ouvrages est devenu une manière comme une autre d'apaiser l'angoisse semi-permanente qui le hante, qui murmure la crainte terrible de revenir à son point de départ, au froid et à la rue et...
Eirian. Sévastian se concentre à nouveau et lui sourit. Bulochka a déjà commencé à remplir son rôle d'hôte et son corps souple ondule contre les jambes de son cadet, son poil noir-gris s'accrochant inexorablement à son pantalon.
— Salut, Bouboule ! Tu es beau… Non, ne t’en fais pas, je ne suis pas allergique. C’est rare de voir un chat aussi accueillant, c’est pour compenser avec la chouette ?
La blague le prend de cours et le rire qui lui échappe est d'un naturel qui soulage. Eirian est tendu, lui même l'a bien vu, et le voir décocher de telles remarques est... rafraîchissant. Rassurant. C'est la preuve définitive qu'il n'est plus seul à vouloir ouvrir la porte qui les sépare. C'est la démonstration formelle d'un effort partagé pour se lier et Sévastian en est honoré. Son sourire est détendu et tendre, lorsqu'il répond, adossé à la porte.
— Au niveau de l'ordre d'arrivée, je dirais que la chouette compense Bulochka. Ce chat est juste naturellement adorable. Et fluffy.
Il aime beaucoup ce mot, fluffy. C'est une sonorité qui évoque son qualifié, douce et ronde, et de son point de vue d'étranger l'adjectif a un charme qu'il ne saurait expliquer. C'est un petit plaisir d'expatrié, suppose-t-il, de s'accrocher à des détails de la langue, d'avoir ce double point de vue extérieur et intérieur. Il pourrait en discuter, mais ce serait hors sujet et pénible, alors il lance un regard à Meanie, perchée dans l'angle du fond de l'appartement, et laisse un second rire lui échapper :
— Je pense que la chouette, c'est le karma. Bouboule était juste trop bien pour moi.
Ce n'est pas faux, mais ce n'est surtout pas le sujet. Il reste donc léger, ses yeux pétillants et sa stature nonchalante tandis qu'il se rapproche de son petit comptoir de cuisine :
— Je l'ai vue et comme je suis un peu con, j'ai lu "chouette de l'Oural" et j'ai vu le prix et j'me suis pas dit "Bizarre, c'est vraiment pas cher". Non, non, j'me suis pris pour un beau gosse, j'étais persuadé de faire une affaire, et j'ai fait mon patriote débile en mode "l'Oural, c'est la Russie" et... Meanie, quoi. Je crois qu'elle m'aime bien, parfois, puis après elle me défonce la main et je me rappelle que je suis juste bon à lui donner à bouffer.
Un sourire amusé plus tard, Sévastian reprend sa casquette d'hôte modèle et propose une boisson. N'importe laquelle, parce qu'il a de tout - il a de trop, souffle une voix vicieuse au sein de son esprit - et surtout parce qu'il veut mettre son cadet à l'aise. Il sait que ce n'est pas facile pour Eirian. Il se doute que venir ici lui demande un effort. C'est la première fois qu'il accepte sa proposition, mais cela fait quelques années déjà que le barman tente de l'inviter. Alors il ne commente pas le silence, et il prétend que l'hésitation ne l'écorche pas, et il fait semblant que sa tension ne l'affecte pas. Non, Sev se contente de sourire, tranquillement, de se montrer le plus rassurant, et il attend, patiemment.
— Je veux bien un jus de fruits, s’il te plaît. — Un jus de fruits pour le jeune homme... Une préférence ? Une surprise ? Attends, je crois que j'ai du jus de pommes. Est-ce que ça te dit ? Je crois me souvenir que tu aimes les pommes.
Il prie pour ne pas se planter. Il prie pour ne pas déranger. Il prie pour ne pas fracturer les efforts si compliqués de son partenaire. Ses yeux sont incertains lorsqu'ils se posent sur Eirian. Et il cherche à l'apaiser, à le mettre à l'aise, à lui proposer une assise...
— Merci.
Eirian ne s'assoit pas. Ce n'est pas grand chose, et une part de Sévastian s'en amuse alors qu'il enchaîne les questions. Il refuse de laisser la conversation devenir tendue, refuse de la voir se muer en un brouhaha gênant, et il ondule d'un sujet à l'autre avec sûreté et enthousiasme. Ce n'est pas compliqué : ça lui importe.
C'est vrai qu'il n'a pas demandé le nom de ses études, et il culpabilise de ne pas l'avoir fait avant. C'est important, pour Eirian. C'est un avenir qu'il se dessine, malgré vents et marées, un futur qu'il arrache à une vie qui lui a déjà trop pris, et il aurait dû s'y intéresser avant, et plus. Alors il écoute. Il écoute attentivement en prenant sa première gorgée, s'accroche aux mots et les imprègne.
— Ça ne se passe pas trop mal, on voit des choses très intéressantes en sortilèges et en défense. Je suis en Protection magique, c’est le cursus pour devenir Auror… ou tireur d’élite. Ça dure trois ans, je suis en deuxième année.
— Oh ! Je voulais être Auror aussi, avant.
Ses mots s'interrompent une seconde. Il y a une drôle de douleur dans sa poitrine qu'il fait l'effort de contenir, parce que ce dernier mot, ce "avant" est lourd de trop de choses, chaque lettre gorgée de regrets et de déceptions qui sont encore difficiles à avaler. Mais ce n'est pas grave. Ce n'est pas son moment, c'est celui d'Eirian, Eirian qui est encore trop tendu et qui ne comprendra pas bien son silence s'il se prolonge.
Sévastian s'éloigne de la porte, cherchant à apaiser son vis-à-vis, cherchant les boissons aussi. Il ouvre la porte du frigo d'un geste enthousiaste avant de se tourner vers son cadet :
— C'est un beau métier Eirian, et je suis certain que tu seras remarquable. Tu l'es déjà.
Et il le pense. Il le pense absolument, et fort, et il espère que le regard sans détour qu'il lui adresse suffit à l'en convaincre. Il s'imagine une seconde dans un futur idéal, où il aurait été Auror et Eirian son apprenti, ou son collègue, qu'il aurait aidé et formé, et un sourire doux se forme sur ses lèvres. C'est une expression tendre et mélancolique à la fois, parce qu'il aurait voulu ça mais que la vie, parfois, est trop compliquée pour faire vivre les rêves. Ou peut-être que c'est lui, le problème, lui et ses décisions pourries, et leurs conséquences catastrophiques, et ses galères permanentes. Peu importe, au fond. Ce n'est toujours pas la question.
— Le jour où tu obtiens ton diplôme, appelle-moi, on fêtera ça ! Non en fait, on fêtera ça à chaque fois que tu réussiras un semestre. Je suis sûr que tu es bon élève en plus !
Il lui décoche un sourire alors qu'il sert finalement sa boisson. Lui-même se contente d'une seconde bière - la dernière, se convainc-t-il - alors qu'il s'installe le premier sur une chaise. Le Tamagotchi incriminé trône au milieu du bois, silencieux et pourtant si indiscret, couleurs criardes jurant avec la neutralité de la surface. Le barman l'éloigne d'un air dédaigneux, parce qu'il ne peut pas se le voir et puis parce qu'il ne peut se permettre de renverser une boisson dessus, avant de se laisser surprendre par la question d'Eirian.
— Cela fait longtemps que tu vis ici ?
La question est simple et compliqué à la fois. Sévastian avale une première gorgée de bière en repliant sa jambe contre son torse. Il enroule un bras autour, pose son menton sur son genou tout en jouant avec la bouteille, machinal.
— Je crois que ça fait un an, à peu près. Avant ça je louais une chambre dans une coloc, un appartement humide et froid avec des traces de moisissures, enfin tu vois le genre. J'ai attendu d'avoir assez économisé pour pouvoir payer les frais de dossiers et un mois ou deux de loyer pour ici... Bon, ça fait quand même un bon 800£ par mois, mais au moins c'est à peu près salubre et je vis seul donc je ne me plains pas.
Il fait comme si de rien n'était, comme si obtenir ses clefs n'avait pas manqué de le faire chialer, parce que cet Everest-là n'appartient qu'à lui et qu'aux yeux du monde ce n'est rien, devenir locataire, ce n'est pas le résultat de huit ans d'efforts, ce n'est pas un château fabriqué avec des déchets qu'on s'arrache, ce n'est pas un bateau construit à même la mer, en luttant contre la noyade. Non, pour la plupart des gens, s'offrir un appartement est une étape banale d'une vie banale, l'étape précédent un achat et un mariage et un enfant, qu'on franchit tranquillement, ou avec des difficultés qu'on surmonte aisément. Pour Sévastian, c'est un rêve depuis ses dix-sept ans, un rêve qu'il ne formule jamais de crainte d'éveiller une pitié mal placée dans le regard des gens. Il sait. Il sait qu'Eirian est différent, qu'il partage sans doute cette ambition et qu'il comprend ce désir né d'urgence, ce besoin viscéral de s'en sortir, mais les habitudes sont lourdes à porter et il ne parvient pas à le formuler. Les masques quotidiens sont durs à enlever. Alors le jeune homme ne montre pas, ou peu, sourit à sa phrase et poursuit la conversation. Une gorgée de bière ponctue ses paroles, et son visage n'a pas bougé.
Ses doigts s'emparent machinalement du Tamagotchi qu'il avait éloigné plus tôt, jouent avec, le tournent et le retournent depuis sa position recroquevillée. Et il se souvient brusquement de toutes les informations inutiles qu'il a glanées sur l'objet, qui ne l'ont aidé en rien, qui se sont contentée d'offrir une culture générale sur un sujet dont littéralement tout le monde se fout. Il rit :
— Tu c'est que Tamago ça veut dire oeuf, en japonais ?
Eirian Howl
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Ven 20 Aoû - 9:00
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Sévastian t’ouvre son appartement et tu dissimules ton appréhension, te plies à tes routines et tes réflexes qui t’aident au moins à te rassurer, à retrouver un peu de sécurité. Bien sûr, il ne te fera pas de mal, bien sûr, il ne t’approchera pas, bien sûr, il ne franchira pas tes limites, mais tu ne sais plus agir normalement, surtout en terrain inconnu. Ce n’est pas la première fois qu’il t’invite, mais c’est la première que tu acceptes. Alors, tu t’efforces d’apprivoiser les lieux, souris en apercevant un exemplaire du Seigneur des Anneaux sur la table, pas loin du tamagotchi – est-ce qu’il aime, est-ce qu’il a vu les films ou compte le faire ? Puis, ton regard tombe sur la petite bibliothèque au mur, et ça te noue un peu le ventre, parce que ça aussi, ça fait partie de tes rêves, de ton idée de ton chez-toi idéal, protection, refuge et… douillet, peut-être, cosy, avec une bibliothèque bien remplie. Tu as dû revendre les livres que tu avais sur toi, n’as gardé que les essentiels, et tu continues de le faire chaque année pour te procurer tes ouvrages scolaires. Une bibliothèque, ce serait le signe que plus rien ne bougerait – ou seulement de ta seule volonté, sans urgence ni crainte de tout perdre. Ton regard s’attarde quelques instants sur les classiques de la littérature moldue – tu n’as jamais pu dissimuler ton intérêt pour les livres ; pour le coup, tu restes fidèle aux valeurs de ta maison. Le chat t’aide à te reprendre, t’offre un dérivatif, même si tu restes vigilant, tandis que tu te baisses, tes doigts courant dans la fourrure soyeuse. Ton jean retient les poils, mais tu n’en as que faire. La plaisanterie franchit tes lèvres, un peu forcée, peut-être mais bien présente. Tu refuses que tes angoisses prennent de nouveau le pas, refuses de fermer cette porte, refuses de t’éloigner, même si une part de toi souffle qu’il reste un danger, quelque chose que tu ne peux pas contrôler. Mais loin ou proche, ce dernier point ne changera pas. Et Sévastian a déjà compris et accepté beaucoup de choses, tes silences et tes dérobades, tes explications qui n’en étaient pas et tes demandes, alors qu’il aurait légitimement pu passer outre, ne pas en tenir compte. Le rire de Sévastian te détend un peu tandis que tu restes concentré sur le chat. Il confirme le caractère de… Bulochka, donc, Bouboule de son surnom. Trop bien pour lui… Tu secoues la tête tandis qu’il rit de nouveau.
— De ce que tu dis, il a l’air parfait pour toi.
Meanie porte bien son nom en tout cas – et tu comprends le besoin de familiarité, de quelque chose qui rappelle le foyer, même si on en est parti, cette envie d’avoir un peu de ses origines avec soi. C’est trop logique et trop juste comme choix, bien sûr qu’il a pris Meanie.
— Hé, elle a au moins la reconnaissance du ventre, c’est déjà ça. Elle est jolie, malgré ses défauts.
Un hululement hautain et dédaigneux lui échappe, comme si elle avait parfaitement compris qu’on parlait d’elle. Et c’est certainement le cas. Il te propose à boire et tu hésites juste un peu trop longtemps pour que ce ne soit pas une nouvelle offense, une de plus. T’excuser rendrait la situation encore plus bizarre, mais tu souhaites pouvoir le faire un jour, lui dire qu’il n’y est pour rien si tu es un peu trop cassé pour réagir comme n’importe qui à une demande aussi innocente. Je suis désolé, tu penses, tandis que tu ne formules qu’une réponse banale, vide, et il répond comme si de rien n’était, léger comme au cours de ces dernières minutes. Pas de surprise, non, tu ne les aimes pas, mais il touche juste avec les pommes. Et qu’il prenne la peine de s’en rappeler…
— Tu te souviens bien, j’aime beaucoup ça. Un jus de pommes, c’est parfait !
Tu ne t’assois pas immédiatement, et tu bénis l’aisance de Sévastian, parce que s’il avait fallu compter sur toi pour gérer la conversation, ça aurait sans doute été un beau crash. Non que tu ne t’intéresses pas à lui, que tu n’aies pas envie d’en savoir davantage, mais tu as perdu l’habitude de ces conversations, si tant est que tu l’aies jamais eue. Tu consacres tant d’effort à te rendre invisible, à rester sous les radars, à n’être qu’une présence parmi d’autres, tu détestes tellement les questions qui pourraient s’approcher un peu trop près que finalement c’était plus simple de ne pas en poser non plus, ou le moins possible, de laisser les autres parler quand ils le souhaitent. Mais évidemment ça ne marche plus avec ceux qui deviennent des amis, ceux pour qui tu as envie d’être un peu plus qu’une ombre, d’exister.
Il évoque tes études et c’est au moins une question qui ne pose pas de difficulté. Tu redresses la tête lorsqu’il évoque son envie d’être Auror, lui aussi. Un point commun de plus. Avant. Cinq petites lettres qui n’ont l’air de rien, qui paraissent innocentes, mais qui peuvent devenir un poignard. Avant, quand tout allait bien, quand tout était normal, quand la vie ne s’acharnait pas sur vos rêves, vos espoirs et vos envies, ne vous arrachait pas tout ce que vous aviez. Avant et après, et un gouffre entre les deux, une faille, une béance que rien ne peut combler parce qu’on ne revient pas en arrière, parce qu’on ne peut pas redémarrer avant le point de bascule et choisir un autre chemin. Est-ce une voie qu’il a définitivement refermée ? Tu ne veux pas rouvrir une blessure, mais tu ne veux pas avoir l’air indifférent, parce que ce n’est pas le cas.
— C’est peut-être encore possible ? Avec l’Ordre, l’expérience que tu acquières, ça peut te donner des occasions ou si un jour tu te lasses des clients et que tu veux te reconvertir…
Quand tout sera plus stable, quand il ne viendra pas de sortir de la précarité. Tu comprends qu’il préfère ne pas mettre en péril ce qu’il est en train de construire. Et s’il change d’avis… Il y a toujours la formation après l’université et l’expérience sur le terrain vaut largement ce que tu apprends. Il serait doué, tu n’en doutes pas, avec toute l’humanité dont il fait preuve, cette bienveillance et cette attention aux autres.
Il s’écarte de la porte – et c’est un nœud de plus qui se défait – comme si tu considérais vraiment l’idée de fuir. La pensée est risible et pathétique et ridicule, et tu espères bien qu’il ne verra jamais ce que tu as dans la tête. Il n’a jamais rien dit ou fait contre toi, et tu as l’impression de l’insulter à chaque geste, à chaque hésitation, à chaque refus. Ce que tu as accepté qu’il te donne, tu l’as pris du bout des doigts, parce que tu n’avais pas d’autre solution et que tu n’étais pas assez stupide pour refuser encore, dans ces moments où la fierté n’a plus de sens et abdique, où les mensonges s’effacent devant la réalité nue. Tu l’as pris du bout des doigts parce que tu n’es pas habitué à ce qu’on veuille t’aider – à ce que des gens sachent que tu as besoin d’aide – à reconnaître, surtout, que tu en as besoin – et tu ne sais pas comment y répondre. La porte que tu entrebâilles est encore loin d’être ouverte, mais tu n’as aucune intention de la laisser se refermer. Tu as bien conscience que le problème vient de toi, que les efforts sont à faire de ton côté, pas du sien. Et il a déjà fait preuve de bien trop de patience à ton égard, tu redoutes de trouver ses limites – d’atteindre cet instant où il se rendra compte que tu ne vaux pas la peine qu’il se donne. Ta pensée se heurte à ses paroles en un télescopage brutal, à ce « remarquable » qui ressemble à une plaisanterie mais qui n’en est pas une. Son regard ne ment pas. « Remarquable. » Ta gorge laisse échapper un drôle de bruit, entre protestation étouffée, exclamation incrédule et rire nerveux. Le pire, ce n’est peut-être pas de l’entendre, mais de savoir qu’il le pense, qu’il le pense vraiment malgré ce qu’il a vu de toi, malgré tes cachotteries, malgré… Il ne le dirait pas s’il savait qui tu étais, d’où tu viens. Le démenti vient presque aussitôt, comme une urgence et une nécessité.
— Non. Non, je ne le suis pas. J’espère juste y arriver, ce n’est pas la voie la plus facile.
Il propose de fêter ton diplôme – de fêter chaque semestre. Et pendant quelques secondes, tu ne peux rien faire d’autre que le fixer, la gorge nouée par une drôle d’émotion et une chaleur dans le ventre qui ressemble à du réconfort. Il se soucie de ce que tu fais et de ta réussite. Et il est sans doute bien le seul. Jusqu’à présent, que tu réussisses ou non, il n’y avait que toi que ça concernait vraiment, pour qui ça comptait. Tes études, tu les fais surtout pour toi-même, tu ne sais même pas si tu vivras assez vieux pour en voir le bout. Mais au moins tu fais des choses que tu aimes et c’est aussi la voie qui te donnera le plus d’armes pour résister et survivre encore un peu et, surtout, retrouver ta mère, le seul véritable objectif que tu te donnes encore. Tu t’efforces de réussir, parce que tu ne peux pas te permettre d’échouer, ni d’attirer l’attention. Mais que ça passe ou que tu échoues, il n’y avait personne pour te féliciter ou te faire des reproches, personne avec qui te réjouir. C’est ta faute d’une certaine façon, tu as toujours choisi de rester loin, mais tu ne pensais pas te retrouver aussi seul. D’habitude, tu saurais comment réagir, rire léger et plaisanterie, comme si tout cela n’avait pas beaucoup d’importance et que ce n’était qu’une occasion supplémentaire de faire la fête. Mais ça en a beaucoup trop pour que tu fasses semblant, beaucoup trop et bien plus que tu ne le pensais. Ce n’est qu’un bulletin de notes. Un morceau de parchemin.
— Je…
Non, faux départ. Tu souffles :
— Ça me ferait plaisir de fêter les prochains avec toi. Il va falloir que je fasse plus attention à mes notes, alors, tu ajoutes avec un sourire. En vrai, je me débrouille. Le cursus mélange tout ce que j’aime, entre les sortilèges et le côté sportif, ça aide.
Les mots sont maladroits et se bousculent un peu. Malgré la surprise et l’émotion, tu es plus détendu, touché par cette attention que tu ne comprends toujours pas mais qui te réchauffe le cœur. Tes notes restent correctes, voire très bonnes pour les matières où tu as plus de facilités. Tu n’excelles plus comme tu le faisais au collège – sauf en botanique et en potions, où tu obtiens des résultats passables dans tes meilleurs jours. Mais vu le chaos de ta vie, c’est déjà bien. Tu regardes Sévastian verser ton jus de pomme et récupères ton verre. Tu t’assois sur le canapé en revenant au tamagotchi abandonné sur la table. Tu avais presque oublié la raison principale de ta venue. Sévastian l’éloigne, lui non plus n’a plus l’air d’en faire grand cas pour le moment. Tu plonges dans ton jus de pommes, avales quelques gorgées. Ta question le prend un peu au dépourvu – elle était franche, un peu brutale. Tu hoches la tête lorsqu’il évoque sa colocation, tu vois bien ce qu’il veut dire. Tu as parfois regardé l’une ou l’autre chambre, sans coloc parce que ça aurait été trop compliqué à gérer, mais vu ce que tes finances te permettaient… ça ne valait pas la peine pour quelques jours et tu étais aussi bien dans tes squats. Ses mots sont mesurés, mais tu imagines tout à fait ce que ça peut représenter. Un endroit à lui, où il peut être seul. La preuve tangible, concrète que la rue s’efface, est laissée derrière. Sans doute pas la fin des galères – tu connais son souci, et tu n’as pas manqué la première bouteille de bière sur la table – mais une grosse étape, une étape vitale et essentielle sur la bonne route.
— Je suis heureux pour toi, que tu aies pu le trouver.
C’était tellement mérité – mais tu n’aimes pas cette phrase. Si on mérite son bonheur ou la fin des ennuis, est-ce que ça veut dire qu’on méritait ses malheurs ? Tu essaies malgré tout de tout faire passer dans ces quelques mots, ta compréhension et le fait que tu te réjouisses sincèrement pour lui.
Tu le suis des yeux tandis qu’il attrape le tamagotchi. Tu n’es peut-être pas aussi perplexe que lui, mais… tu es quand même bien incertain de son fonctionnement – au-delà du fait que c’est un enfer à maintenir en vie. Tu souris devant sa précision.
— Non, je ne savais pas du tout ! Mais c’est logique quand on voit sa forme… et je crois qu’au début, c’est un œuf qui éclot. Bon, on est deux et c’est un jouet pour enfants, ça ne devrait pas être si compliqué…
Mais ta moue trahit ton scepticisme.
— Tu es censé veiller à son bien-être combien de temps ?
Ça ressemble quand même un peu à un cadeau empoisonné. Ou à une grenade dégoupillée.
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Invité
INRP
IRL
Ven 20 Aoû - 17:56
Le cœur d'Eirian se trouve dans les non-dits. C'est ce que Sévastian a appris depuis quelques temps déjà, ce qu'il a vu, appris et observé depuis qu'il l'a rencontré. Le cœur d'Eirian se trouve dans son regard, dans ses sous-entendus, dans les petits gestes insignifiants et dans les rares preuves de confiance qu'il s'arrache. C'est une porte ouverte en dépit d'instincts qui hurlent à la sécurité, c'est une blague qu'on tire de ses lèvres alors qu'on a les épaules tendues comme un fil de fer, c'est une correction murmurée à une blague autodévalorisante. Il y a un tas de détails chez le garçon, de multiples coups de pinceaux qui peignent un tableau tout en nuances, bien plus complexe que la façade gardée qu'il tente de présenter. Oh, le jeune homme ne se fait pas d'illusions : s'il a pu aller au-delà, c'est parce qu'on l'a accepté, c'est parce qu'on l'a scruté et analysé et décortiqué, et ce avant d'autoriser le moindre coup d'œil derrière la palissade soigneusement lissée du fils normal d'une famille normale. Mais peu lui importe; Eirian est ce qu'il est, et ce qu'il est a bien plus de valeur que l'étudiant ne semble le penser.
— C’est peut-être encore possible ? Avec l’Ordre, l’expérience que tu acquières, ça peut te donner des occasions ou si un jour tu te lasses des clients et que tu veux te reconvertir…
Il est touché, Sévastian. Il aimerait y croire. Il aimerait le pouvoir. Il aimerait s'allonger le soir, réfléchir à l'avenir sans avoir peur du noir, mais son âme est écorchée de tant de manières qu'il craint jusqu'à ce simple espoir. Alors il hausse les épaules, un sourire douloureux aux lèvres :
— C'est peut-être encore possible, oui. Et peut-être qu'un jour je le pourrai, mais le loyer coûte cher, et les courses aussi, et... Enfin, tu connais tout ça. Donc à moins qu'un recruteur ne soit en crush sur moi, ça va prendre un moment. Mais ce n'est pas grave.
C'est comme ça qu'il achève ses paroles difficiles depuis longtemps. "Ce n'est pas grave." A ce stade, il le dit sans doute plus pour lui-même que pour les autres, pour ne pas écouter les voix de ses cauchemars, celles qui lui soufflent qu'il est irréparable, que rien ne comblera les fissures qui le parcourent, que ce qu'il a vécu l'a brisé et qu'il ne parviendra jamais à se recomposer. Alors ce n'est pas grave, pas si grave, pas dramatique. Il a des cicatrices dans le dos et sur les cuisses ? Oh, c'est du passé, ce n'est plus important. Il a vécu dans la rue mais ça va mieux. Il est tourmenté par des angoisses permanentes, mais ce n'est rien. Il se sent coupable d'exister loin des siens, tout le temps, toujours, mais ça va, ça pourrait être pire. Il suppose que c'est pareil pour Eirian, ou peut-être est-ce son mécanisme de défense à lui. Il l'espère. Eirian est important, il mérite de le savoir.
Mais il ne le sait pas. Quand Sévastian l'encourage, il est le premier à nier, des objections au bord des lèvres à peine un compliment énoncé, le cerveau gorgé de ces mêmes pensées écrasantes qui le tourmentent.
— Non. Non, je ne le suis pas. J’espère juste y arriver, ce n’est pas la voie la plus facile. — J'insiste...
Une seconde d'hésitation. Le jeune homme craint d'outrepasser ses droits, et pourtant il ne peut le laisser dire ça.
— Survivre comme tu l'as fait, ça a autant de valeur que tous tes cours. Tu as les ressources qu'il faut, Eirian. Et t'es quelqu'un de bien, en plus. Le reste ? T'es clairement brillant, fais pas le modeste.
Un clin d'oeil, pour alléger tout ça, pour ne pas détourner la conversation du chemin positif qu'il s'efforce d'emprunter. Le barman lui fait un sourire, lui lance une proposition. Parce qu'Eirian est important. Parce qu'il mérite de savoir. Il a l'âge d'être son petit frère et il lui rappelle les siens, parfois, avec ce besoin d'un amour qu'ils n'obtenaient jamais, qu'ils n'avaient jamais obtenu. Tu les as abandonnés.
Un soupir, une gorgée de bière, et c'est reparti. Un sourire, un souffle, un rire. Il enchaîne. Se délecte de l'expression touchée qu'arbore discrètement son interlocuteur. Lui rend un faciès tendre pour l'encourager. Hoche la tête.
— Alors c'est venu, on fera ce que tu veux... Si tu me prouves tes dires. Je ne crois que ce que je vois !
Le ton est enthousiaste et la voix rieuse. Il s'en fout, de ses notes. Il s'en moque, de son bulletin. Il veut juste qu'ils fêtent ses réussites et se réjouissent de ces étapes qui s'oublient parfois, entre les épreuves et les douleurs et les cauchemars, qui semblent parfois ridicules face à l'immensité des montagnes à franchir et qui pourtant sont aussi lumineuses que leurs ténèbres sont profondes.
Le sujet dérive vers lui, ensuite, et cet appartement dont il a fait son royaume. Il le présente avec modestie même s'il en est fier, même s'il aime chaque recoin de cet endroit minuscule, même le mur un peu humide de la salle-de-bains, même le vélux perpétuellement dégoulinant de sa chambre et son placard qui rend les vêtements humides. Personne ne comprend, souvent, et il n'en parle que trop rarement. Il n'insiste jamais. Alors les félicitations d'Eirian le surprennent, et il ne peut cacher son expression étonnée, ses yeux plus grand et sa bouche entrouverte lorsqu'il annonce :
— Je suis heureux pour toi, que tu aies pu le trouver.
Puis le choc se mue en joie, et les lèvres de Sévastian se fendent d'un sourire plus sincère, plus lumineux que tous les précédents. Son coeur enfle d'un plaisir qui ne souffre aucune nuance, une chaleur puissante et tendre qui atténue les peines pesantes qu'il se traîne depuis trop longtemps.
— Merci !
C'est un mot tout simple, merci. Presque trop. Il espère qu'Eirian saura sentir son poids, saura peser sa gratitude. Il sait que les mots ne lui viennent pas aisément, il sait que la taille de son coeur se mesure plus à ses actions qu'à ses dires, et pourtant... Qu'il prenne la peine de dire ça le touche. L'émeut. Bref.
Il reprend une gorgée de bière et une contenance avant de poursuivre, les doigts relâchés autour de l'ustensile de plastique dont il ignore que faire. Eirian ne semble pas plus convaincu que lui de l'utilité du jouet, ni de leur capacité à le faire survivre, et c'est d'une grimace qu'il répond :
— Une semaine...? Ca avait l'air important pour la gamine, mais je suis désormais certain que le père me l'a refilé parce qu'il voulait s'en débarrasser. Je pense qu'il en avait marre.
Un rire incrédule lui échappe:
— J'étais vraiment persuadé que c'était un truc important pour les moldus, vu comme il me l'a présenté, je te jure !
L'objet est posé cérémonieusement au centre de la table, sur laquelle il se penche d'un air dépité. Ses lèvres se tordent en une moue boudeuse tandis qu'il pose sa main dans sa paume de main.
— Tu nous as comptés comme deux personnes, Eirian, mais je pense que me compter comme 0.5 est déjà me faire trop d'honneur à ce stade. Je suis vraiment une merde en technologies et j'arrive même pas à trouver un putain de manuel.
Il clique sur un bouton, le premier, et un menu s'affiche.
— Tout ce que j'ai compris, c'est comment mettre ça sur l'écran. Le truc, c'est que cet espèce de truc a déjà fait des cacas partout dans son oeuf et qu'il en souffre manifestement, sauf que j'ai aucune putain d'idée de comment je suis censé le changer. Et même si je suis un être sans cœur, mourir du choléra me semble peu enviable, comme destin.
Un tamagotchi peut-il mourir du choléra ? C'est une question qu'il posera une autre fois.
Eirian Howl
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Sam 21 Aoû - 22:24
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Il y a comme un écho entre Sévastian et toi, une compréhension qui navigue de l’un à l’autre. Vos trajectoires ne sont pas les mêmes, mais il y a assez de points de croisements et de recoupements pour que ça te perturbe et te rassure tout à la fois. C’est au moins quelqu’un qui te comprend, qui sait ce que ça fait de traverser ce que tu traverses, cette épreuve de la rue, cette rupture avec la famille, et c’est quelque chose auquel tu ne t’attendais pas. Tu te sens parfois si décalé par rapport à tes condisciples de Poudlard, quand tu penses survie et nécessité, armes et protection, et qu’eux ne voient qu’études et diplômes, carrières et vie future à construire. Ils n’ont aucune idée de ce que tu vis – et c’est tant mieux –, et tu n’es pas sûr qu’ils pourraient vraiment le comprendre. Ce qui n’est pas le cas de Sévastian parce qu’il est passé par là… et ce qui te donne l’étrange impression d’abaisser tes barrières sans les abaisser, d’ouvrir une faille involontaire dans tes protections. Il y a comme un écho et tu ne sais pas comment gérer, si ce n’est petit à petit, un pas après l’autre. Trop lentement, sans doute. Mais c’est complexe et tu dois apprivoiser ces ressentis parmi le tourbillon permanent qu’ils dont devenus, au milieu duquel tu tentes de surnager. Lui aussi veut être Auror, et un instant, tu vous imagines tous les deux en mission pour le ministère, prêts à affronter un mage noir ou dans un combat contre le Blood Circle. Mais les rêves sont dangereux parce qu’ils correspondent rarement à la réalité, ils ont peu d’occasion de s’incarner et d’être vécus. Tu préfères les enfermer, leur jeter un coup d’œil de temps en temps pour vérifier qu’ils ne sont pas morts, mais tu ne les laisses pas s’exprimer, ni grandir, ni t’aveugler de leurs promesses et de leurs illusions et de leurs couleurs chatoyantes. Le monde est trop gris pour que tu prennes le risque de l’oublier, le monde est trop gris et tes espoirs trop fanés, le monde est trop gris pour que tu y croies. Le haussement d’épaules de Sévastian est douloureux aussi, empli d’espoirs brisés. « Un jour, peut-être ». Mais la réalité est là, brute, sans concession. Si, c’est grave, tu as envie de répondre, si, c’est important de pouvoir suivre ses envies, mais vous savez tous les deux que ce n’est pas pour tout le monde. Et c’est frustrant, rageant et si injuste de voir que quelqu’un comme Sévastian n’a pas pu au moins essayer de suivre sa voie.
— C’est important, tu objectes quand même, et j’espère vraiment qu’un jour, tu pourras tenter ce chemin.
S’il le veut encore, bien sûr. C’est à son tour de t’encourager et ta réaction est instinctive, un « non » qui vient du fond du cœur, un « non » qui est un refus et un rejet. Tu secoues la tête quand il insiste, mais il enchaîne. Ton regard s’échoue vers le sol. Survivre… c’est le minimum qu’on attendait de toi, et tu y arrives péniblement, tu as en partie échoué parce que ce qui est arrivé n’aurait jamais dû arriver, parce que tu dois faire avec ce poids-là. Ta mère a passé des années à te donner les armes pour t’en sortir seul, et tu as gâché ses efforts, tu n’en as pas été capable. Qu’est-ce que ça serait si tu n’avais pas Poudlard dix mois sur douze ? Sévastian s’en est sorti dans des conditions autrement plus difficiles que toi. Ton père t’aurait sans doute déjà retrouvé depuis longtemps et t’aurait réglé ton compte – ou transformé en cobaye, s’il est d’humeur à faire durer les choses. Tu n’es pas quelqu’un de bien non plus. Quelqu’un de bien ne passerait pas sa vie à mentir même à ceux qui lui veulent du bien, même à ceux qui deviennent ses amis. Quelqu’un de bien n’aurait pas abandonné sa mère comme tu l’as fait – et peu importe qu’elle t’ait fait jurer de ne pas te jeter dans la gueule du loup, peu importe qu’elle te l’ait demandé pour déjouer les plans de ton père et pour te protéger. Quelqu’un de bien… Non, définitivement, tu ne l’es pas. C’est douloureux, mais tu peux vivre avec cette image de toi, tu es assez lucide sur tes capacités. Tu ne redresses la tête que lorsque Sévastian évoque tes compétences, et tu concèdes un sourire pour rattraper le reste. Brillant, tu l’as été. Avant. Mais c’était une autre vie, un autre temps. Maintenant, la fatigue et les angoisses pèsent lourd et tu fais ce que tu peux – non, tu es toujours doué avec ta baguette magique, mais même cela tu as du mal à l’admettre.
— Je crois que tu as une trop haute image de moi. Tu ne m’as jamais vu devant un chaudron ou dans une serre à essayer de rempoter des mandragores.
Ta première phrase vaut implicitement pour toute sa remarque, mais tu préfères te focaliser sur le versant scolaire. Il faut que tu te reprennes, tu n’es pas ici pour larmoyer ou te plaindre, ou exposer ce que tu penses de toi-même. Mais tu ne peux t’empêcher d’être touché par sa bienveillance et ses propositions, par cette touche de normalité qu’il insuffle à ta vie. Ce n’est qu’un bulletin de notes, oui, un morceau de parchemin, mais c’est censé être important dans une vie d’étudiant, c’est censé être un moment de fierté, c’est censé être une étape qui compte de valider chaque année et d’être diplômé, pas un compte à rebours vers un avenir encore plus incertain.
— Je vois que tu ne me fais pas confiance… mais tu auras tes preuves à la fin de l’année !
Ton ton reste léger, c’est une plaisanterie, évidemment.
Tu évoques son appartement. Il n’est pas parfait, mais il représente déjà tellement de choses ! Ce n’est pas juste un appartement. Tu ne peux que voir le chemin parcouru, les efforts et les sacrifices. Alors, oui, tu te réjouis pour lui, et son sourire te fait comprendre qu’il a saisi tes intentions, ce que tu voulais vraiment dire. Son « merci » aussi, plus chargé qu’il n’en a l’air.
Ton jus de pommes en main, tu t’installes et vous finissez par revenir au jouet qui trône entre vous. Sévastian le récupère tandis que tu tentes de mobiliser tes maigres connaissances. Il grimace en te répondant. Une semaine… Bon. Si jamais il vient à mourir, ça vous laissera le temps de le faire grandir de nouveau – même si tu espères que vous éviterez une aussi tragique destinée. Ses explications te font sourire. C’est quand même un sale coup que lui a joué l’autre.
— T’es sûr que c’est vraiment un pote, le père ? C’est quand même un cadeau empoisonné, ce truc. Surtout sans mode d’emploi. Alors, oui, c’est important pour ceux qui en ont et qui s’y attachent, mais ce n’est pas quelque chose d’essentiel.
Il a vraiment l’air dépité.
— Mais si, tu vas voir, tu vas devenir un pro des Tamagotchis ! Par contre, je te conseille de ne pas t’en vanter sinon tout le monde va te refiler les siens, et tu finiras en tamago-sitter… Tu as regardé sur Internet, tu n’as rien trouvé ?
Tu te penches quand il clique sur le premier bouton pour voir le menu qui apparaît, composé de petites icônes. Tu reconnais des couverts, quelque chose qui ressemble à une baignoire ou une cuvette de toilettes, tu n’es pas sûr, et un truc de secours. Le reste est plutôt nébuleux. Bon, ça doit être l’endroit où on prend soin de la bestiole. Quant à savoir comment choisir l’une ou l’autre, tu visualises moins. Peut-être en appuyant plusieurs fois sur le même bouton ou en utilisant l’un des autres ? La bestiole à l’écran n’a effectivement pas l’air très heureuse et sa maison n’est pas très propre. Un rire léger t’échappe devant la remarque de Sévastian, aussi devant le fait que vous êtes tous les deux penchés sur cet œuf sans vraiment savoir quoi faire, et ça te dépite parce que quand tu lui as proposé ton aide, tu espérais quand même être un peu plus utile. Mais ça te change de ce que tu as pu voir ces derniers temps et ce n’est pas une mauvaise chose.
— Non mais il n’est peut-être pas trop tard pour arranger tout ça, on va lui éviter un si funeste destin. Un des grands principes de base de la technologie moldue, c’est qu’elle t’explosera rarement à la figure et pas mal de choses se découvrent en testant les boutons les uns après les autres pour voir ce que ça fait. Et si ça devient critique, éteindre et rallumer, ça résout environ 90% des problèmes.
Ces grands principes énoncés, retour à la bestiole.
— Vu les dégâts, j’imagine que l’espèce de baignoire est la meilleure solution. Essaie de voir si tu peux l’atteindre en appuyant sur le même bouton ou sur un des deux autres ?
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Invité
INRP
IRL
Lun 23 Aoû - 17:11
Le rassurer commence mal. Eirian a de ces discours en tête qui sont fabriqués par une vie trop sombre, de ces pensées tissées dans le malheur, de ces opinions façonnées dans la glaise d'un esprit brisé. Il comprend, Sévastian, parce qu'il les a aussi. Lui aussi se regarde dans le miroir avec une vision froide de ses compétences, tant qu'il s'agit de survie, tant qu'il s'agit d'arracher à son existence un droit de vivre. Tout le reste ? Il pense qu'il est une merde. Et manifestement, son compagnon fait de même. Ca lui fend le cœur, ça le bouffe de le voir sur son visage, de l'entendre entre ses mots, et pourtant... pourtant il comprend. Alors il insiste, doucement mais il insiste, parce qu'il ne le mérite pas, parce qu'il a droit à mieux que ça. Il espère qu'un jour il l'entendra. Ce ne sera pas cette fois, ce ne sera pas ce soir, mais le jour viendra où Eirian prendra conscience de sa valeur. Il fera tout pour.
— Je vois que tu ne me fais pas confiance… mais tu auras tes preuves à la fin de l’année !
Un rire lui échappe tandis qu'il hoche la tête. C'est un son léger et un sentiment chaleureux, parce que pour la seconde fois son cadet accepte une proposition, une invitation. La porte s'entrebâille, rien qu'un peu, mais Sévastian peut enfin y passer la main et la tendre. C'est une sensation grisante.
— J'attends de voir, j'attends de voir !
Qu'il rétorque, le ton enjoué et la face enthousiaste, parce qu'il n'a aucun doute sur les compétences d'Eirian et qu'il a hâte, à vrai dire, hâte de passer des moments avec lui et d'en profiter, et de le féliciter, et d'être là. Peut-être que cette fois, tu ne merderas pas. Il l'espère. Putain qu'il l'espère.
Un sourire toujours fixé sur ses lèvres, il déguste une gorgée de bière. Entre ses doigts, le Tamagotchi bouge et rebouge, vulgaire bout de plastique dont il n'a aucune idée de comment se servir. Et s'il en croit l'échange qui s'en suit, son cadet n'est pas beaucoup plus au courant que lui.
— T’es sûr que c’est vraiment un pote, le père ? C’est quand même un cadeau empoisonné, ce truc. Surtout sans mode d’emploi. Alors, oui, c’est important pour ceux qui en ont et qui s’y attachent, mais ce n’est pas quelque chose d’essentiel.
Il rit.
— Tu sais quoi, je pense que c'est un faux frère. Ca se fait clairement pas de me refourguer ça, et en plus je suis certain qu'il a vu que j'étais paumé et qu'il en a profité, ce bâtard.
Nouvelle gorgée de bière. Sévastian secoue la tête d'un air réprobateur, jouant avec la bouteille de sa main libre.
— J'ai été manipulé, je suis outré. Au pire je lui renvoie sa merde par hibou. Si je lui lâche Meanie dessus, je suis sûr qu'il sera ravi.
Un sourire amusé lui remonte le coin de la bouche tandis qu'il sirote sa boisson. Eirian, de son côté, semble avoir une idée bien arrêtée sur ses espoirs de carrière, et il ne peut retenir l'hilarité qui le prend.
— Tamago-sitter, hein ? Tu sais quoi, si ça paie bien je prends. Enfin, une fois que j'aurais compris comment ça fonctionne, parce que sinon je vais pas me faire une bonne réputation !
Une pause. Sévastian se donne un air pensif :
— Ou sinon, je crée un service qui permet aux parents de se débarrasser des Tamagotchis de leurs gosses. Ils me le confient et moi, je fais genre que je m'y connais, on fait passer ça pour un accident.
Une gorgée de bière s'achève en un sourire. Il lui fait un clin d'oeil :
— Le crime parfait.
La blague est drôle, mais il craint de lui faire prendre texture s'il ne trouve pas moyen de se servir de l'appareil. La technologie moldue est un univers compliqué pour lui. Il parvient difficilement à se repérer dans les mondes virtuels qu'ils ont créé et qui sont, il doit bien l'avouer, plus performants que les systèmes sorciers dans la plupart des situations. C'est aussi ce qui lui fait peur; pour l'avenir de la guerre, pour l'avenir de son peuple. Pour autant qu'il souhaite la paix, il craint la supériorité technologique et les capacités d'adaptation des moldus. Là où les sorciers lui semblent désormais coincés au XIXème siècle, eux n'ont fait qu'évoluer depuis et cette course folle vers le progrès lui paraît à la fois vertigineuse et inarrêtable, si bien que Sévastian a la sensation d'être un paresseux perdu dans une course de guépards. Maîtriser le moindre élément lui prend des jours, là où certains enfants de Londres donnent l'impression d'être simplement nés avec un téléphone dans les mains. Bêtement, une part de lui espère qu'Eirian sera de ceux-là.
— Non mais il n’est peut-être pas trop tard pour arranger tout ça, on va lui éviter un si funeste destin. Un des grands principes de base de la technologie moldue, c’est qu’elle t’explosera rarement à la figure et pas mal de choses se découvrent en testant les boutons les uns après les autres pour voir ce que ça fait. Et si ça devient critique, éteindre et rallumer, ça résout environ 90% des problèmes.
D'un côté, ça le rassure, parce que son cadet a réellement l'impression de savoir de quoi il parle. De l'autre, le jeune homme a tristement conscience de ses dernières prouesses en matière de "cliquer sur un bouton au pif et voir si ça marche" et les propos de son interlocuteur lui tirent une grimace peu convaincue.
— Alors soit, soit, ça n'explose pas, mais j'ai tout de même la vie d'un être virtuel dans les mains et la dernière fois que j'ai cliqué au hasard j'ai fait figer l'écran.
Sans doute avait-il cliqué à trop d'endroits à la fois, mais sa fierté mal placée l'empêche pour le moment de l'admettre. Passer pour un tocard technologique est une chose, ce genre d'événements le font souvent se sentir comme un parfait abruti. Un rire lui échappe à cette idée :
— Quand je te dis que j'ai un don... Ah, et puis comment tu allumes et éteint un Tamagotchi ? Le seul bouton que j'ai repéré c'est "reset" et je suis à peu près sûr que c'est un truc que je dois à tout prix éviter pour ne pas briser le coeur d'une petite fille.
A-t-il failli appuyer dessus dans son désespoir ? Oui. Mais ça, c'est un secret entre lui et lui-même.
— Vu les dégâts, j’imagine que l’espèce de baignoire est la meilleure solution. Essaie de voir si tu peux l’atteindre en appuyant sur le même bouton ou sur un des deux autres ? — Les dégâts, tout de suite...
Il se penche sur le Tamagotchi pour tenter de trouver un argument, mais la petite créature baigne assez littéralement dans la merde et une grimace incertaine tord sa lèvre. Il inspire:
— Bon, OK, c'est catastrophique. Je tente.
Ses doigts s'approchent de l'appareil comme s'il s'apprêtait à désamorcer une bombe. Sévastian retient sa respiration et plisse les yeux, priant pour ne pas tout gâcher en un seul mouvement. Bon, au pire, il y a toujours ce bouton reset, s'il veut abréger les souffrances de l'animal. Il ignore les aléas de l'euthanasie chez les Tamagotchis.
Il clique à droite et le menu s'affiche. Bon. Il y a effectivement l'option de la baignoire et Sévastian tente d'appuyer sur le bouton qui se situe le plus proche d'elle, espérant que cela fonctionnera. Ce n'est pas le cas. L'écran principal revient, avec la créature qui s'agite et le foutu "bip" qui répète. Le jeune homme fixe désespérément l'être virtuel, espérant ainsi décoder ses messages, mais rien n'y fait.
— C'est incroyable que des gosses comprennent ça et que j'en sois incapable, nan ? Comment ils font pour capter ce qu'il cherche à communiquer ?
Peu importe. Manifestement, il présente une déficience dans le domaine, et c'est tout ce qui compte à l'heure où s'occuper d'un Tamagotchi est la seule compétence dont se préoccupe une petite fille. C'est le moment d'être courageux. Et persévérant. Et dégourdi. Il recommence. Cette fois, il martèle le bouton "A" puis le "B". Manifestement quelque chose se produit, mais l'animal mange au lieu de se nettoyer, ce dont il avait apparemment besoin puisqu'un coeur se remplit sur l'écran.
— Ah.
Ah, oui. Un soupir lui échappe tandis qu'il repose désespérément ses mains sur la table, son front collé à son genou replié.
— Eirian, j'y comprends que daaaaalle.
C'est un gémissement plaintif plutôt qu'une phrase construite, mais Sévastian assume. Et dire qu'il a surmonté tant de choses, appris avec tant d'acharnement, tout ça pour être défait par un oeuf en plastique qui fait "bip bip". Il est consterné.
Eirian Howl
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Mar 24 Aoû - 22:04
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Prends garde à tes paroles, te rappelles-tu avec un instant de retard. Ça ne te ressemble pas de laisser échapper ce que tu penses vraiment de toi-même. D’ordinaire, tu t’en tiens à des mots neutres, passe-partout, rien de vraiment valorisant, rien de rabaissant non plus, rien qui puisse attirer l’attention, ni amener des questions malvenues. Tu laisses le moins de failles possible dans ta façade lisse et sans histoire, et tu n’aimes de toute façon pas l’idée de te plaindre et encore moins de te faire plaindre. Les mots ne sont que des mots et tu ne vaux pas la peine que les autres prennent à les prononcer. Les mensonges que tu ne cesses de servir à ceux que tu apprécies ne font qu’aggraver le problème, ils ne savent pas vraiment à qui ils offrent leur amitié, et tu te fais parfois l’effet d’un vampire à profiter de ce qu’ils peuvent t’apporter. Tu ferais beaucoup pour eux, mais tu ne baisseras pas tes barrières, et ça suffit à te faire perdre toute crédibilité. Les idées sombres ne sont jamais bien loin, tranchantes, aiguës, d’une clarté paradoxale et froide. Et d’ordinaire, tu les gardes en toi, bien enfouies, prenant soin de ne jamais les laisser approcher de la surface, de ne jamais les laisser briser l’histoire tranquille d’Eirian Howl. Pourtant, tu ne peux t’empêcher de nier les paroles de Sévastian, incapable de les accepter même si tu sais qu’il est sincère et qu’il le pense vraiment, de les refuser et de les rejeter même, parce qu’elles sont douloureuses à leur façon et griffent ton âme écorchée. Il n’insiste pas davantage et rebondit sur ta plaisanterie. Ce ne sont que des notes, ça n’a aucune importance dans le jeu de la survie auquel vous jouez depuis des années, mais ça te réchauffe quand même le cœur d’avoir quelque chose d’aussi simple et innocent à fêter, d’avoir quelque chose à fêter tout court. Surtout avec Sévastian. C’est un pas de plus pour combler l’espace entre vous, et c’est assez anodin dans l’idée pour que tu l’acceptes au milieu du labyrinthe compliqué de tes ressentis. Comme une façon de te tromper toi-même, d’ignorer le fait que oui, il se soucie assez de toi pour s’enquérir même de tes notes, de cacher que tu n’as toujours aucune idée de comment réagir. Quoi qu’il en soit, tu n’entends pas le décevoir, déjà parce que tu mets un point d’honneur à garder un niveau décent, puis parce que tu n’as aucune envie de te retrouver devant lui et de lui dire que finalement il n’y aura rien à fêter. Tu n’as aucune envie de tromper ses attentes même sur un tel sujet, d’être une déception sur ce terrain-là aussi.
Sévastian joue avec le Tamagotchi, tu le suis un instant du regard. Ta remarque sur le père de la fillette le fait rire. Non mais vraiment, qui peut refiler un tel objet en toute amitié ? Surtout sans explication de son fonctionnement. « Ne le laisse surtout pas mourir, c’est de la plus haute importance, mais je ne te dirai pas comment le maintenir en vie. »
— Ça méritera une vengeance quand tu le recroiseras.
Tu prends une nouvelle gorgée de jus de pomme. Tu ris doucement devant la colère jouée de Sévastian, imagine sans mal les dégâts que pourraient faire sa chouette. Mais ce n’est pas vraiment le moment d’envoyer du courrier par hibou ; ce n’est peut-être encore très reconnu comme une spécificité sorcière, mais ça ne se pratique clairement pas chez les moldus.
— Il mérite d’y laisser quelques doigts ! C’est presque dommage que tu ne puisses pas prendre la scène en photo.
Tu ne le dis pas méchamment, tu sais bien qu’il ne passera pas à l’acte – ça fait seulement du bien d’évacuer votre ressentiment à l’égard de ce pauvre œuf qui n’a pourtant rien demandé. Son inventeur doit être un expert en tortures raffinées à l’égard des parents. Ta plaisanterie sur la nouvelle carrière qui s’ouvre à lui tire un rire à Sévastian, et tu apprécies définitivement le tournant léger que prend cette discussion. La raideur dans tes épaules a pratiquement disparu, ne reste que la légère tension qui ne te quitte jamais, la vigilance habituelle qui ne te laisse pas oublier ton environnement et les éventuelles menaces qui pourraient surgir. En vrai, il y a certainement un marché à créer, des parents trop heureux de se débarrasser du tamagotchi de leurs enfants pour quelques jours, pour ne plus entendre les bip incessants ou les appels au secours de leur progéniture. L’idée du crime parfait te parle aussi.
— Tu vois, il y a plein d’opportunités, tu peux diversifier en fonction de ce que veulent les parents, juste un peu de garde ou une disparition totale… À mon avis, il y a un marché à développer. Je suis sûr que certains parents seraient prêts à payer très cher pour voir disparaître cet œuf infernal. « Sévastian, le tueur d’œufs », ça me paraît pas mal, très effrayant…
La technologie moldue comporte de grands avantages, mais elle produit aussi grand nombre d’objets largement dispensables et qui auraient gagné à ne pas voir le jour. Comme les tamagotchis, par exemple – exemple totalement objectif, impartial et choisi au hasard bien évidemment. Tes années à Poudlard t’ont un peu éloigné de ce monde, même si tu y replongeais et continues d’y plonger chaque été. Et ton téléphone, quoiqu’ancien maintenant, te permet de te maintenir à jour de pas mal de choses et de suivre les nouvelles applications qui apparaissent, ne serait-ce que pour ne pas être perdu les quelques fois où tu as des conversations sur le sujet. Tiktok ou Instagram ne te seraient d’aucune utilité – il n’existe aucune photo de toi entre tes sept et tes dix-neuf ans, tu n’as pas l’intention de changer ça maintenant et semer sur Internet des photos des endroits où tu traînes serait de la dernière stupidité – même avec un pseudo totalement innocent. Trop dangereux. Mais au moins tu sais ce que c’est et tu ne détonnes pas trop au milieu des autres. Contrairement à Sévastian. Mais tu sais la marche énorme qu’il doit franchir pour s’adapter, surtout en venant d’une famille sang-pur, il n’avait pas dû voir beaucoup d’objets moldus avant d’arriver à Londres, et il ne s’en sort pas si mal – il a seulement choisi de ne pas se faciliter la vie en se confrontant à ce que même les moldus ne maîtrisent pas. C’est un argument supplémentaire en faveur de son entreprise, ce serait dommage qu’il garde pour lui toute cette expérience qu’il est en train d’acquérir alors qu’il y a tant de demande. Cependant, il n’a pas tort en ce qui concerne l’extinction/allumage.
— Tu marques un point. Oui, le « reset » est à éviter absolument à moins d’avoir franchi les limites de l’irréparable. Et cette petite fille ne mérite pas ça.
Il ronchonne quand tu parles des dégâts.
— Je ne parle pas des tiens, juste de ce que cette créature sème derrière elle… Ça n’apprend pas la propreté, ces choses-là ? Même mon hibou n’en met pas autant partout…
Une part rationnelle au fond de toi a du mal à admettre que vous êtes en train de discuter des déjections d’une bestiole virtuelle. Quand tu te disais que la vie ne t’avait pas épargné grand-chose, tu ne pensais quand même pas non plus en venir là. Ne jamais tenter le destin, il attrape directement la perche. Sévastian finit par reconnaître l’ampleur des dommages. Il manipule l’appareil comme une grenade. Ça te surprendrait beaucoup qu’une erreur de sa part achève le Tamagotchi, il n’a pas l’air mourant, mais… tu préfères garder le silence. Tu n’es pas superstitieux, mais la technologie a parfois cette tendance agaçante à contredire les gens. Retour au menu, c’est déjà une bonne étape. Tu vérifies sur quel bouton il appuie, retour à l’écran d’accueil. D’accord, c’est noté pour celui-ci. Ça va donc se jouer entre les deux autres. Comment font les gens pour supporter ces bip ? Un argument de plus en faveur du meurtre de sang-froid – et du danger des jeux vidéo, c’est vrai, ça ne fait que dix minutes passées en compagnie de l’objet et tu as déjà des poussées de violence.
— C’est une question d’habitude ! Ne t’en fais pas, la plupart des adultes seraient aussi perdus que nous devant ça. Ça reste des inventions récentes. Et c’est un monde que tu ne connaissais pas il y a quelques années, c’est normal que tu n’aies pas encore tous les réflexes, il y a tellement de choses différentes à apprendre. Moi, j’ai grandi avec et je ne maîtrise pas tout.
Il teste les deux autres boutons, retour au menu, puis l’animal se sustente. Bon, au moins, il ne tombera pas d’inanition et il en avait visiblement envie. Par contre, ça risque de ne pas arranger la situation sanitaire. Un rire t’échappe, à la fois devant l’absurdité de la situation et la mine dépitée de Sévastian. Et ses mouvements de même que le gémissement dramatique qui lui échappe n’améliorent pas les choses. Tu ne te moques pas, non, pas vraiment, mais c’est juste drôle – et tu t’inclus largement dans la situation, tu ne fais pas mieux que lui pour l’instant.
— Tu permets ?
Tu récupères le Tamagotchi abandonné. C’est souvent plus simple en tripotant soi-même. Alors, le « A » pour le menu. Hmm, en premier, ce qui ressemble à la nourriture. Et Sévastian a alterné entre les deux boutons. Donc le « B » aurait validé le repas ? Ou le A pour valider et le B pour se déplacer ? Le dernier pour le retour, en tout cas. Tu retiens presque ton souffle en pressant une nouvelle fois A. Le petit curseur se déplace d’un cran.
— Yes ! Regarde !
Tu lui montres l’écran, puis tu te décales encore d’un cran pour atteindre la baignoire, puis tu presses B. Tu as le choix entre la baignoire et les toilettes, le premier te paraît le plus urgent. Tu valides une nouvelle fois, et les saletés qui parsemaient l’écran s’effacent petit à petit. Pfiou. Tu as presque l’impression de réussir une potion difficile. Un cœur monte de la petite créature qui a l’air contente de retrouver un logement décent.
— Pas de choléra pour cette fois ! On sait comment le nourrir et le laver, tu peux même l’envoyer aux toilettes avant qu’il salisse tout, si c’est pas beau… Tu vois, tu utilises le premier bouton pour aller d’une icône à l’autre, et ensuite c’est « B » pour faire ton choix. Et une fois fini, le dernier bouton pour revenir à l’accueil. Par contre… je t’avoue qu’en dehors de la nourriture et du bain, je n’ai aucune idée de ce à quoi servent les autres options…
Et il faut sans doute les utiliser aussi ; après tout, le but n’est pas seulement de maintenir l’animal en vie, mais de le rendre heureux.
Game of Blood Ϟ Tous droits réservés
Spoiler:
On the run, falling to the depths
Do you know what it's like when You wish you were someone else Who didn't need your help to get by ? Do you know what it's like To wanna surrender ?
Invité
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Mer 25 Aoû - 17:56
Manifestement, tout le monde est d'accord pour dire que Sévastian serait un parfait tueur à gages pour Tamagotchi. Une profession nouvelle, certes, mais surtout un marché à construire. Et vu le nombre d'idées dont fourmille l'esprit d'Eirian, le jeune homme est certain qu'il a à ses côtés un assistant de talent. Son cadet manifeste un intérêt évocateur pour ce business d'un genre nouveau, avec des concepts étonnamment bien ficelés qui lui tirent un sourire amusé :
— T'as déjà le Business Model, huh ?
Son ton est taquin, léger. La conversation a pris une tournure plus amusante et ça lui convient fort bien. Il adore son interlocuteur, vraiment, et il adore l'ascendant que prend tranquillement leur relation, mais il tient à ce que leur lien reste quelque chose de léger. Son cadet a déjà eu suffisamment l'occasion de se prendre la tête, et lui-même est bien placé pour savoir que la vie réserve nombre de surprises désagréables à ceux qui portent la croix de la précarité. Il ne souhaite pas en rajouter.
— Tu serais mon bras droit ? Le vice-président de ma compagnie florissante ?
Un grand geste du bras, théâtral :
— Sévastian le tueur d'œufs et Eirian...
Il prend une seconde pour réfléchir, puis un grand sourire bourgeonne sur ses traits avant qu'il n'entonne fièrement :
— Eirian l'accusateur - parce que tu seras le juge final de la vie ou de la mort de ces objets en plastique. S'ils finissent dans mes mains, ils sont morts, sinon tu t'en charges et ça leur laisse une chance !
Sévastian joue, mais la réalité ne semble pas décidée à s'éloigner de son idée. Si son interlocuteur visualise d'emblée les premiers gestes à effectuer pour sauver la pauvre créature qui dépérit dans son emballage, lui ne parvient guère qu'à revenir au menu principal, ou à la faire manger par accident.
Le constat est sans appel : le barman est un attardé de la technologie. Des vieux de soixante-dix ans s'en sortent indéniablement mieux que lui et le "bip" strident du Tamagotchi ne fait que marteler un peu plus cette réalité. Eirian a beau chercher à le rassurer, lui sait très bien que la plupart des moldus de vingt-six ans ne trouvent pas leur némésis en la personne d'un animal virtuel dont il suffit de trois boutons pour s'occuper.
— C'est gentil de me remonter le moral, Eirian, mais je pense que je dois me rendre à l'évidence : la technologie ne veut pas de moi, tu crois pas ?
Ses lèvres sont boudeuses et son ton théâtralement plaintif. Et lorsqu'il échoue une fois de plus à obtenir ce qu'il désire, il réagit de la manière la plus mature possible : il geint. Sa posture est défaitiste, il dégouline sur la table comme une glace fondue au soleil et pousse un gémissement plaintif qui pousserait à croire qu'il faut euthanasier quelqu'un entre l'animal virtuel et lui-même. Ce n'est pas complètement faux : Sévastian a besoin qu'on abrège ses souffrances.
L'intervention d'Eirian est une bénédiction. Le jeune homme le regarde faire depuis sa position avachie sur la table, un espoir nouveau dans le regard. Va-t-il y parvenir ? Va-t-il l'aider enfin à comprendre comment fonctionne cette machine de torture moderne ? Tout porte à le croire.
— Yes ! Regarde !
Les yeux du barman s'illuminent et il se redresse dans sa chaise :
— Eirian, tu es mon héros.
Et il le prouve : quelques secondes plus tard, après quelques gestes qu'il n'est pas certain d'analyser correctement, les crottes qui maculaient l'écran disparaissent une à une. C'est un miracle. C'est une manifestation de Merlin, là, devant lui. Sévastian se lève, les bras tendus, les mains écartées devant le Tamagotchi comme s'il venait de lui donner la solution au conflit moldus-sorciers :
— Eirian, je ne sais pas quoi te dire. Tu es parfait.
Tout en modération, il continue dans l'hyperbole. Parce que la situation l'amuse, et puis surtout parce qu'il est soulagé d'être enfin débarrassé du "bip" infernal de cet enfin de malheur.
— Tu n'as rien à envier à Merlin lui-même, Eirian. Tu as maîtrisé l'impossible !
Un rire, puis il apporte une gorgée de bière à ses lèvres. C'est là que son interlocuteur décide de tout gâcher :
— Par contre… je t’avoue qu’en dehors de la nourriture et du bain, je n’ai aucune idée de ce à quoi servent les autres options… — Les autres options ?
Quelles autres options ? Pourquoi d'autres options ? Qui est l'espèce d'ignoble personnage qui a décidé de donner à cette créature maléfiques d'autres options pour le torturer ? Non. Non, il refuse de l'accepter. Ce n'est pas possible.
— Mais pourquoi faire ? Tu es sûr ?
Il prend le Tamagotchi dans ses mains et respecte religieusement les consignes que lui a donné son ami. Il clique sur "A", une fois, puis choisit avec B un icône qui lui parle bien. C'est alors qu'apparaissent à l'écran des... Des quoi ? Des fantômes ? Des monstres ? Une exclamation paniquée lui échappe :
— Eirian, j'ai merdé, j'ai merdé !!
La réalité, qu'il apprendra plus tard, c'est qu'il s'agit simplement d'un mini jeu. Pour le moment, il est persuadé que la vie de sa créature nouvellement sauvée repose sur sa capacité à résoudre le conflit qui vient de se lancer à l'écran. Autrement dit : fuir. Autrement dit : cliquer en boucle sur tous les boutons et improviser.
La première ligne droite se déroule bien. Il va jusqu'au bout et... est coincé. Bon. Il clique sur A, fébrile, puis sur B lorsque ça ne fonctionne pas. Le personnage tourne finalement et il évite de justesse le fantôme qui tentait de le dévorer.
— C'est quoi cet Enfer ?!
Il ignore comment on résout ce problème. Il ignore comment on survit à cet obstacle. Il ignore même qu'il s'agit d'une référence à un jeu emblématique des années 60/70. Non, pour Sévastian, c'est le coeur brisé d'une petite fille qui se cristallise sur l'écran.
— Eirian, je vais le faire crever, qu'est-ce que je dois faire ?!
Pourquoi ? Pourquoi a-t-il touché ce foutu appareil ? Pourquoi a-t-il pensé qu'explorer ses fonctionnalités était une bonne idée ?
Eirian Howl
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Jeu 26 Aoû - 19:31
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Il faut admettre que pour des petites créatures virtuelles normalement inoffensives et présentée dans des œufs aux couleurs bien girly, les tamagotchis sont particulièrement redoutables lorsqu’il s’agit de susciter des pulsions violentes à leur égard. À peine commences-tu à en parler avec Sévastian que fleurit bientôt l’idée de monter une entreprise spécialisée dans l’éradication des charmantes bestioles – et vous ne doutez clairement pas du succès que cela pourrait avoir. Et vous n’êtes certainement pas les seuls à penser de cette manière. Tu émets tes idées sur le sujet et tes propositions font sourire Sévastian.
— Presque, il me faudrait une étude de marché pour être sûr que c’est vraiment porteur, mais c’est quand même bien engagé ! On trouvera bien quelques investisseurs désespérés du tamagotchi de leurs enfants pour nous aider à faire la promotion…
Le cas de ce père ne doit pas être isolé. Beaucoup de parents doivent regretter l’achat de ce cadeau sorti des enfers – et maudire tout ensemble le Père Noël, les grands-parents ou eux-mêmes. Sans oublier les enfants et les petites créatures. Bref, il y a sans doute de quoi ouvrir aussi une entreprise spécialisée dans le vaudou, mais c’est peut-être un poil trop risqué dans le contexte actuel, mieux vaut s’en tenir à l’assassinat ou la garde, ça peut bien payer aussi. Sévastian te propose la place de bras droit.
— J’accepte. Avec partage des bénéfices à 50/50.
Tu attends de voir ce qu’il va te donner comme titre. Après le tueur d’œufs, difficile de trouver autre chose d’aussi… claquant. Tu te méfies de son sourire. Accusateur… Oh, oh, lourde responsabilité que voilà, il te propulse grand juge des tamagotchis avec pouvoir de vie et de mort sur eux. Tu n’es quand même pas dupe de ce qu’il fait, parce qu’il est clairement en train de te refiler la gestion complète des petites créatures alors que lui n’aura que leur exécution à mettre en place. Totalement injuste, même si tu admets que ça colle avec vos compétences actuelles.
— Je prends le poste, mais on fait un peu des deux tous les deux. Avec de l’entraînement, tu arriveras aussi à leur donner une deuxième chance. Ce n’est pas drôle si tu gardes toute cette partie-là pour toi.
Tu fais semblant de bouder – mais tu imagines très bien l’enfer d’être entouré de bips permanents de bestioles qui hurlent à la mort pour manger, dormir, être nettoyées, retrouver un logis propre et tout ce que tu ignores encore sur leurs activités. Tu observes avec soin les gestes de Sévastian pour tenter de comprendre le fonctionnement de la chose – c’est presque surprenant que ça ait encore du succès, vu le côté monochrome et pixélisé, on peut faire tellement mieux sur des écrans à présent… Mais c’est peut-être cette (apparente) simplicité qui séduit les gens avant qu’ils ne comprennent dans quel engrenage infernal ils ont mis le doigt. Tu ne juges pas, non, tu as juste du mal à comprendre. Tu as beau t’efforcer de remonter le moral de Sévastian, il maintient que la technologie ne veut pas de lui. Hm, hm, c’est peut-être plutôt lui qui ne veut pas d’elle, mais tu sais bien que tout cela représente pratiquement un changement d’univers pour les sorciers, bien plus qu’un choc des cultures. Comme si un homme du XIXe siècle se retrouvait soudain propulsé deux cents ans plus tard… et il faut bien plus de temps pour s’y adapter quand on est déjà adulte et que tout ceci ressemble à une forme de magie particulière.
— Je ne vais pas dire que ça ait été très concluant jusqu’à maintenant, mais ton cas n’est pas aussi désespéré que tu le penses. Et je t’assure qu’un certain nombre de moldus ont aussi du mal avec la technologie, et pas juste les plus âgés. Haut les cœurs, tu vas y arriver !
Tu en rajoutes pour répondre à son ton outrageusement plaintif. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas eu un moment aussi… détendu, à ne te prendre la tête sur rien d’autre qu’un jouet. Ajuster ton ton n’est pas le plus simple, mais tu as l’impression de ne pas trop mal t’en sortir. Et Sévastian offre un grand spectacle à lui tout seul, en mimant son désespoir absolu. Pour un peu, il te demanderait presque d’abréger ses souffrances plutôt que celles du tamagotchi. Ça te fait sourire largement, et le mouvement te tire dans les joues comme si tu n’en avais plus vraiment l’habitude. Bon, tu préfères quand même régler le problème par le biais du Tamagotchi, et tu commences à manipuler les boutons. C’est plus simple avec la chose en main – et franchement leurs petites icônes ne sont pas des plus lisibles, ce n’est vraiment pas simple de s’y retrouver. Tu exultes en arrivant à remettre un peu d’ordre dans le petit appareil.
Sévastian chante tes louanges, il écarte les bras comme si tu venais de résoudre l’un des profonds mystères de l’univers. Un rire léger te monte aux lèvres, tu sais bien que c’est pour de faux.
— Je n’ai vraiment pas fait grand-chose. Mais si ça me vaut le titre de Merlin de la technologie, je prends !
Tu es cependant bien obligé d’avouer qu’au-delà de tes derniers gestes, tu ignores complètement fonctionne le reste. Sévastian se décompose en t’entendant, te faisant regretter aussitôt tes paroles. Mais le problème se serait posé tôt ou tard.
— Oui, tu vois toutes les icônes ? Elles ont chacune un rôle. Il y a celle de la nourriture, de la baignoire… Celle qui ressemble à un truc de soin, peut-être s’il tombe malade. Mais le reste…
Tu écartes les mains en aveu d’impuissance, rends le tamagotchi à Sévastian. Il commence à explorer le menu, clique sur l’une des options inconnues. Tu guettes ce qui va se passer. De drôles d’êtres apparaissent à l’écran. Ton ami panique aussitôt. Tu te mords la lèvre, tu n’as aucune idée de comment vous êtes censés vous en débarrasser. Bon, ça reste un jeu pour enfants, les conséquences ne doivent pas être trop dramatiques, peu de chance que l’animal meure dans d’atroces souffrances ou dans une mare de sang, mais ça ne résout pas le problème.
Sur l’écran, c’est un autre personnage qui a pris la place de l’animal virtuel. Tu fronces les sourcils en reconnaissant une sorte de… Pac-Man ? Le nom émerge dans ta mémoire, un vague souvenir d’anciens jeux vidéo. Mais tu n’as aucune idée de ce qu’il fait là. Sévastian n’a rien pu télécharger dans l’intervalle, alors tu dois partir du principe que ça fait partie du package du Tamagotchi, mais… Sévastian lutte pour se déplacer sur l’écran. A ou B encore une fois lui sauvent la mise… juste quelques secondes. Il est toujours traqué par les fantômes.
— Ne panique pas ! Appuie sur C pour voir ? Ça devrait te sortir de là ! Et sinon, déplace-toi avec les deux autres tranquillement, l’important c’est d’éviter les fantômes. Mais… normalement, ça ne devrait pas tuer l’animal, c’est un jouet pour enfants, il peut pas mourir comme ça…
Tu l’espères du moins.
— Il faut que tu y ailles petit à petit. Et… euh, je vais regarder si je trouve quelque chose sur le sujet sur Internet…
Tu t’en voudrais si la bestiole mourrait prématurément par ta faute. Bon sang, les concepteurs du jeu ne pouvaient pas s’en tenir à des choses basiques ? Pourquoi des fantômes et pourquoi un Pac-Man ? Tout en gardant un œil sur l’écran pour suivre les avancées de Sévastian, tu attrapes ton téléphone portable, ouvres une page Google, tapes « Tamagotchi Pac Man ». Le temps que ça charge, tu reviens à Sévastian.
— Tu veux que je le récupère ? Je garantis pas de faire mieux…
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Lun 6 Sep - 16:21
— Je prends le poste, mais on fait un peu des deux tous les deux. Avec de l’entraînement, tu arriveras aussi à leur donner une deuxième chance. Ce n’est pas drôle si tu gardes toute cette partie-là pour toi.
Un rire s'arrache aux lèvres de Sévastian sur fond de "bip" agonisant. Le tamagotchi semble peu enclin à lancer ce type de commerce et signer ainsi l'arrêt de mort d'une partie de son espèce. Ca, ou le manque d'eau et de nourriture et d'hygiène et... de tout, à vrai dire, commence à trop coûter à la créature virtuelle. Il la montre du doigt :
— Oui, parce que c'est vrai qu'entendre cette douce mélodie...
Il laisse quelques secondes planer pour bien faire résonner les cris de leur ennemi commun.
— Est clairement un sort des plus enviables. Clairement. Ah, et pour ce qui est de la seconde chance...
Le jeune homme s'embarque dans une grande déclaration défaitiste. Ce n'est pas qu'il est nul, non, c'est simplement que la technologie moldue est allergique à lui. Ce n'est pas qu'il éprouve d'insurmontables difficultés à produire un résultat concluant face à semble-t-il n'importe quel outil numérique, c'est simplement que ces équipements refusent d'opérer avec lui. Eirian semble peu convaincu mais lui sait la vérité : il est maudit. Ses encouragements n'y changeront rien.
— Haut les cœurs, haut les cœurs, je t'y vois bien moi !
Un sourire amusé bourgeonne sur ses lèvres et pousse sur son visage à mesure que la conversation glisse dans le théâtral. Sévastian pose sa main sur son front :
— Tu ne peux pas comprendre, Eirian.
La démonstration ne tarde pas à se faire : le garçon parvient avec une suite de mouvements simples à obtenir un soin basique pour l'animal. Un miracle. Non : un prodige. C'est un petit pas pour son cadet, un grand pas pour les sorciers. La comparaison n'est pas hyperbolique. Le commun des mortels ne comprendrait pas, évidemment, mais ils sont au delà de ça. Cette douche est plus que Sévastian n'est parvenu à avoir en plusieurs jours de calvaire, heure après heures de supplice, de torture à coup de "bip" stridents... Et puisque l'heure est au léger, il n'hésite pas à insister. Il joue, proclame, en fait des caisses. Eirian est son sauveur, son héros, son messi. Il est celui qui est venu pour l'arracher à son Enfer personnel ; un ange descendu tout droit des cieux.
Mais l'heure vient vite à la désillusion. Son ami ne peut le protéger de tout, et le tamagotchi a le bras long pour ce qui est de le torturer. Il n'échappera pas à son joug. Pas aujourd'hui, peut-être jamais. Si l'heure n'était aussi grave, le barman s'auto-dédierait une minute de silence. Il n'est vraiment pas certain de survivre à son essai - non, plus honnêtement, il n'est pas certain qu'une nouvelle tentative ne se soldera pas par la mort de l'un ou l'autre des partis, si ce n'est les deux.
Pourtant, il essaie, bercé par les paroles rassurantes de son coach. Bien sûr, qu'il peut y arriver. Bien sûr, qu'il en est capable. Eirian a compris à sa place comment fonctionnait le système de boutons ; il sait désormais ce qu'il doit faire dans les grandes lignes.
Et ça marche. Au début, du moins. Sévastian, fébrile, saisit patiemment le code qu'il croit avoir analysé. A, puis B, un écran d'options différentes... Jusqu'ici, tout va bien. Avec le recul bien sûr, le jeune homme saura que c'est précisément cette pensée qui l'aura perdu. Pour le moment, il clique allégrement sur un bouton... Et c'est là qu'arrive la catastrophe. L'hécatombe. Une armada de fantômes - il croit que c'est des fantômes ? Pas sûr que ceux qui hantent Poudlard et le Ministère soient flattés de la comparaison, mais ils n'ont jamais vu Ghostbusters non plus - apparaît brusquement à l'écran, et ce sans aucune justification. S'il n'était paniqué, le jeune homme serait outré par une telle impolitesse. Seulement voilà, il est à peu près certain qu'une promiscuité avec les spectres signerait l'arrêt de mort de sa créature, et il s'est donné trop de mal pour qu'elle crève aussi bêtement. Non. Il vaut mieux que ça. Il a survécu à la rue, à des Mangemorts, au Blood Circle, Sévastian espère bien parvenir à l'emporter sur des foutus ectoplasmes virtuels.
Une frénésie de touches, d'appels à l'aide et de hoquets terrifiés s'en suit. Eirian, dont il est bien possible qu'il ait couiné le nom à plusieurs reprises, se penche sur l'écran sans avoir l'air de comprendre. C'est bien, ils sont deux.
— Ne panique pas ! Appuie sur C pour voir ? Ça devrait te sortir de là ! Et sinon, déplace-toi avec les deux autres tranquillement, l’important c’est d’éviter les fantômes. Mais… normalement, ça ne devrait pas tuer l’animal, c’est un jouet pour enfants, il peut pas mourir comme ça… — Il peut crever de faim, de soif, agoniser dans sa merde, mais pas mourir bouffé par un fantôme ? T'es sûr de toi, là ?
Tout en soulevant ses objections, le jeune homme suit méthodiquement les consignes de son ami. Il n'est peut-être pas certain de la véracité du confort qu'il cherche à apporter, mais son cadet est indubitablement meilleur que lui pour gérer les tamagotchis - comme le prouve douloureusement la situation actuelle - et il lui voue une confiance aveugle dans le domaine. C, donc. Cliquer sur C. Puis sur A et B.
Une respiration tremblante lui échappe alors qu'il tente de retrouver son calme. Comme Eirian est concentré sur internet, il commente à voix haute :
— OK. Alors C me fait aller en haut. A et B me font aller sur les côtés. Je peux le faire. Je peux le faire.
A ce stade, Sévastian a conscience que son ton plaintif a quelque chose de pathétique, mais sa dignité a fondu à peu près à l'instant où il a adressé un hibou à Eirian pour lui quémander de l'aide avec un oeuf en plastique. Il s'en fout.
Concentré sur l'écran, les yeux plissés pour ne rien en louper, les doigts crispés sur les trois uniques boutons de l'appareil, le barman joue sa vie. C'est du moins ce qu'il lui semble. Son coeur bat à tout rompre contre ses côtes, une nervosité croissante brûlant ses veines, ses dents colmatées ensemble par une incroyable crispation. Lorsque son compagnon lui propose gentiment de prendre le relais, il secoue la tête.
— Non, non, je pense que le temps que je te le passe je vais me faire bouffer.
C'est que cette course folle se caractérise par une succession de close-calls. Le jeune homme est certain que son niveau de jeu est risible, mais il est surtout convaincu de ne pas pouvoir faire mieux. Et puisque les fantômes sont de plus en plus proches, la moindre seconde d'inattention lui sera fatale.
— Je crois qu'il y a un score. T'as des infos sur Google ?
Les chiffres en haut à droite de l'écran augmentent à chaque seconde qu'il passe sans se faire buter. Il trouve ça un peu cynique, de donner une note au temps que met quelqu'un a mourir, mais le jeu n'en est plus vraiment à ça près.
— Et erm... je crois que ça accélère.
Il manque de mourir une première fois, puis une seconde. Une exclamation aiguë lui échappe tandis qu'il confirme :
— Ca accélère, ça accélère clairement !
C'est une catastrophe. Manifestement, Sévastian a déclenché l'apocalypse tamagotchi : le niveau de départ était déjà trop élevé pour lui et il est à peu près convaincu qu'il est en train de signer activement son arrêt de mort. Enfin, celui de la créature. Enfin les deux.
— Je vais y arriver, aller, je peux le faire.... Allé allé allé all-
Un fantôme referme brusquement sa mâchoire sur son personnage. C'est une mort profondément anti-climatique, d'une banalité décevante, sans éclat. C'est une mort ratée, comme son jeu, comme sa tentative d'entretenir la bestiole. Le "Game Over" qui s'affiche sur l'écran n'en est que plus cuisant.
Le jeune homme laisse un grand silence s'abattre sur la pièce tandis qu'il pose religieusement l'oeuf en plastique sur la table. Il ne fait aucun bruit. De grands yeux bleus se tournent vers Eirian, qu'il fixe d'une moue coupable.
— Je suis mort...
Eirian Howl
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Jeu 9 Sep - 16:18
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Tandis que vous montez vos plans machiavéliques pour exterminer la créature infernale que vous avez entre les mains (l’allure innocente des tamagotchis devrait être assimilée à de la publicité mensongère de ton point de vue,) celle-ci continue de protester. Que ce soit contre vos projets ou parce qu’elle manque cruellement de toutes les nécessités de base, cela n’en reste pas moins agaçant. Sévastian appuie justement sur le doux chant que l’objet fait entendre. Tu grimaces un peu. C’est plus une cacophonie qu’autre chose, à dire vrai. Ça te rappelle un peu les détecteurs de fumée dans les appartements, lorsqu’ils se déclenchent ou, pire, lorsque la pile est en train d’agoniser et qu’ils bipent comme des âmes en peine, égarées depuis des siècles dans une oubliette humide. La seule solution est souvent un arrachage sauvage et désespéré pour faire taire l’engin de malheur, souvent solidement fixé au plafond, d’ailleurs. Non que tu doutes de leur utilité, mais il y a sans doute un équilibre à trouver.
— C’est une arme de plus dans son arsenal. Ça te pousse à satisfaire ses moindres désirs plutôt que de l’entendre biper une fois de plus. Ou à sortir un marteau, mais bon…
Une fillette n’apprécierait sans doute pas que son tamagotchi finisse écrasé par une masse – même si l’image a quelque chose d’assez réjouissant, tu dois bien l’avouer. La classification en jouet est aussi mensongère, il faudrait basculer vers les objets de torture et l’inscription sur les listes de pratiques interdites. Avec une peine de prison conséquente pour tout contrevenant. Tu essaies de remonter le moral de Sévastian qui semble prêt à battre en retraite devant la technologie. Mais cela ne fonctionne guère, ou plutôt il en rajoute dans le théâtral et le dramatique, et tu commences à saisir qu’au fond, tout ça n’est qu’un jeu et que tu prends peut-être cela trop au sérieux depuis le début de cette conversation. Dans le pire des cas, vous aurez encore le temps d’élever une nouvelle créature – et dans le pire du pire des cas, eh bien… vous aurez été vaincus par un jouet pour enfants. Ce n’est pas un exploit dont tu te vanteras et ton amour-propre de né-moldu qui connaît à peu près tout de son monde en sortira peut-être un poil froissé, mais ce n’est rien de dramatique en soi. Tu entres dans le jeu théâtral de Sévastian et lui réponds avec détermination.
— Tu ne vas pas renoncer aussi vite, une enfant compte sur toi. Les chevaliers ne renoncent pas face aux dragons, tu ne vas pas reculer devant... euh, cet animal !
Quelle créature est-ce exactement d’ailleurs ? C’est une bonne question, même s’il n’y a pas vraiment besoin de la réponse pour en prendre soin.
— Plus de défaitisme !
En tâtonnant un peu, tu parviens à arranger la situation de la petite créature. Tu ne sais pas exactement à qui tu sauves la vie, de Sévastian ou du tamagotchi, peut-être les deux à la fois. En tout cas, le petit être a l’air un peu plus content qu’au début et ton ami t’encense comme si tu étais l’Élu en personne. Mais tu acceptes le titre avec un rire léger, ça claque et puis de toute façon, cette conversation a de moins en moins de sens, quiconque entrerait dans l’appartement à ce moment se demanderait sans doute pourquoi vous criez victoire au-dessus de cet objet. Ou se dirait que vous avez l’air de deux poules devant un couteau, ce qui n’est pas tout à fait faux non plus.
Cependant, ta grande expérience en matière de technologie moldue ne te mène malheureusement pas très loin sur ce sujet précis. Le tamagotchi est retors jusqu’au bout – c’est peut-être un jeu éducatif, en fait, pour apprendre aux enfants l’injustice et les vicissitudes de la vie. Mais tu pousses peut-être un peu loin. Tu avoues néanmoins ton impuissance : vous avez remporté une bataille mais pas la guerre, autant rester lucide. Cette créature n’aura pas votre peau, hors de question de lui abandonner le terrain – oui, tu étais prêt à admettre que ce n’était pas grave quelques minutes plus tôt, mais ce serait quand même un peu triste d’être mis en échec par un jouet – sans doute faut-il être un enfant pour trouver que c’en est, et ce n’est plus ton cas depuis longtemps. Bref, philosopher et te poser des questions existentielles ne te mènera pas non plus très loin pour lui sauver la vie.
Une nouvelle urgence surgit. Cette fois, il s’agit de fantômes et d’un mini Pac-Man parce que pourquoi pas après tout. Sauf que là, tu n’as aucune idée des règles qui peuvent bien s’appliquer. Face à la panique, sans doute en partie jouée, de Sévastian, tu essaies de rester pragmatique sans savoir si ça n’aggravera pas les choses. Tu t’efforces de le rassurer, mais sa réponse te tire une grimace.
— D’accord, point pour toi. Ça va sans doute le tuer dans d’atroces souffrances, donc ne te laisse surtout pas avoir !
Ça donnera peut-être une motivation supplémentaire à Sévastian. Pour le coup, tu ne sais pas, si c’est une activité annexe ce n’est peut-être pas aussi dramatique que ça en a l’air. Mais on parle d’un anima, tama… objet de torture, alors tout est sans doute possible. Sévastian applique tes instructions tandis que tu essaies de trouver un mode d’emploi de la chose infernale avant que la situation achève de vous exploser entre les mains. Il trouve comment se déplacer et comment éviter les fantômes.
— Bravo ! Continue, continue, je crois en toi ! Tu vas le sauver !
Ton encouragement est plus théâtral qu’autre chose pour le coup – autant sans doute que les gémissements plaintifs de Sévastian. Qui a l’air de s’en sortir pas si mal en fin de compte. Tu relèves un instant les yeux du téléphone et un sourire vient jouer sur tes lèvres. Ton ami garde le regard sur l’écran, extrêmement concentré, comme si sa vie dépendait de l’œuf qu’il a entre les mains. C’est drôle de le voir ainsi et tu regrettes presque de ne pas pouvoir prendre une photo, juste pour pouvoir la lui montrer. Tu lui proposes quand même de prendre le relais, mais il refuse. C’est vrai qu’il a l’air de gérer.
Tu reviens à ton histoire de photo. Peut-être en étant suffisamment discret… Mais il te demande si Google te renseigne et tu replonges le nez dans ton téléphone.
— Euh… Je suis tombé sur un article de témoignages de parents. Tiens, y a une maman qui a appuyé sur tous les boutons, elle dit qu’un nouvel œuf est apparu, elle ne sait même pas comment. Elle a dû tuer le précédent… Sa fille a trouvé qu’il avait rajeuni, c’est tout. Oh, un papa qui a laissé les crottes envahir l’écran, le tamagotchi est tombé malade… Tu vois, à côté d’eux, tu t’en sors très bien !
Ton ton est moqueur… et tu es bien loin de l’aide que tu es censée apporter à Sévastian qui recommence à paniquer tandis que le jeu accélère. Tu essaies de faire passer ton rire pour une quinte de toux tandis que tu ouvres un nouvel onglet qui est clairement un mode d’emploi cette fois. Écrit en minuscule, histoire de t’arracher les yeux, et tu plisses le nez au-dessus des rubriques. Ils ne font vraiment rien pour faciliter la vie des gens. Tu finis par tomber sur un écran qui illustre à peu près cette histoire de fantôme et de Pac-Man. Un mini-jeu qu’ils appellent ça. Tu parcours vaguement les indications, mais tu es bien plus intéressé par l’agitation de Sévastian et tu te penches vers l’écran.
— Plus vite, tu vas y arriver ! Allez, allez… ouh, c’est passé juste ! Vas-y, vas-y, tu peux le faire !
Ou pas. Le fantôme finit par attraper le personnage et un Game Over que tu trouves un poil ironique clignote sur l’écran. Oups. Tu relèves les yeux vers Sévastian, répètes à voix haute:
— Ou pas.
Le silence retombe dans la pièce, incongru après l’agitation des dernières minutes. Tu te mords les joues pour ne pas rire devant la mine absolument dépitée de Sévastian, mais ton regard et ton expression doivent te trahir. Il se tourne vers toi. Mort…
— Oh non, quelle tragédie ! Après avoir mené un si beau combat... Tu veux quel genre de funérailles ? Solennelles, festives ? On se souviendra de toi comme celui qui a failli vaincre les fantômes qui assaillaient ce pauvre Tamagotchi. Je ferai un beau discours pour vanter ta lutte héroïque et acharnée, l’ardeur que tu as mis à défendre cette pauvre créature, ton courage et ton dévouement sans failles… C’était beau et admirable, Sévastian, vraiment.
Tu agites ton propre téléphone.
— Crois-le ou non, mais j’avais raison, les fantômes ne te tuent pas vraiment. C’est encore plus vicieux, ça se finit seulement quand tu te fais attraper, le but c’est juste de faire le plus haut score possible avant de te faire bouffer… et de revenir sans doute à l’écran de jeu. Ça doit avoir une super morale pour les enfants, du style « tu as beau essayer, tu te feras quand même avoir à la fin ».
Ton sourire revient.
— C’était assez magique de te voir te battre contre ces fantômes, tu ne veux pas recommencer, que je puisse te filmer ?
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Ven 10 Sep - 17:17
L'ambiance est au théâtral et Sévastian est ravi de voir qu'Eirian, lui aussi, se laisse embarquer par cette légèreté qu'il partage. Rien n'est important, au fond. Ni le tamagotchi, ni son état, ni même les conséquences de son éventuelle disparition. Il y a mille façons de rattraper leur erreur s'ils en commettent une, et même si l'œuf devait exploser en cas de maltraitance, le coeur brisé de la petite fille serait vite réparé par son remplaçant. Dans un monde en guerre, dans un quotidien hanté par le fantôme trop tangible de la précarité, les deux garçons n'ont que faire du destin d'un animal virtuel. C'est ce qui rend tout ça si... fun. Et ça fait du bien.
Sévastian peine à se souvenir de la dernière fois qu'il s'est autant amusé sobre. Enfin, sobre... Presque sobre. L'alcool n'a rien à voir avec l'amusement qui le consume de toute manière. Non, ce qui le divertit, ce qui fait pétiller ses yeux et déclenche les grands discours exagérés qu'il surjoue, c'est cette situation cocasse et atypique, c'est la compagnie qu'il a la chance d'entretenir, c'est aussi cette peine incroyable qu'il a à faire fonctionner tout ce qui est doté d'un circuit électrique. Les blagues d'Eirian ne sont qu'une cerise sur ce beau gâteau.
— D’accord, point pour toi. Ça va sans doute le tuer dans d’atroces souffrances, donc ne te laisse surtout pas avoir !
Un rire s'étouffe contre les dents serrées du barman. Concentré corps et âmes sur l'incroyable course-poursuite qui se déroule entre ses doigts, il laisse s'égarer une pensée vers son cadet. Il ne croit pas l'avoir un jour vu si détendu avec lui. Il ne croit pas l'avoir déjà entendu se laisser avoir par une ambiance festive. Cette pensée le galvanise, et il en rajoute une couche :
— J'espère que le Paradis des Tamagotchis compensera sa mort terrible alors, parce que c'e-hééééééééé mal parti !
Un fantôme frôle son personnage au milieu de sa phrase et sa voix part honteusement dans les aigus tandis que, dans un geste absurde et pourtant drôlement naturel, le jeune homme embarque l'oeuf en plastique vers la gauche, en l'air. Comme si bouger l'objet bougerait son avatar virtuel. Sévastian envoie un regard faussement colérique à son ami, d'un air de dire "Pas de commentaire", avant de se reconcentrer. Ses mots ne sont en réalité qu'une jérémiade de plus. Il quémande de l'aide. Ne s'en cache pas.
Eirian, ce traitre, a l'air plus occupé à observer son écran qu'à l'aider. Lui lancer une oeillade outrée manque de lui faire perdre la vie. Il ne commente donc pas mais gémit de plus belle, histoire de lui faire les pieds, parce qu'on n'a pas idée d'abandonner un ami dans le besoin, surtout lorsqu'il s'agit littéralement de vie ou de mort.
Et lorsque finalement il obtient une réponse, celle-ci est offerte sur un ton légèrement moqueur, une étincelle amusée brillant dans les yeux clairs de son compagnon. Le barman se prétendrait bien révolté, mais il est trop heureux de savoir que son ami joue. Avec lui. Cela fait des années qu'ils se connaissent et pourtant il est certain de n'avoir jamais partagé un moment aussi privilégié avec son cadet. Son coeur enfle d'une joie gorgée de tendresse à cette idée, et il tente avec toute sa bonne volonté de le cacher. C'est qu'il ne veut pas mettre le garçon mal à l'aise. C'est qu'il ne veut pas prendre le risque d'intellectualiser un instant qui se ressent. C'est qu'il ne veut pas briser cette fragile bulle de bonheur.
Alors il se penche un peu plus proche du minuscule écran de son Tamagotchi - une pensée plaintive pour les enfants myopes le traverse - et appuie frénétiquement sur les touches tout en lui répondant :
— Est-ce que ça doit me rassurer ou est-ce que ça doit m'horrifier ? Rappelle-moi de jamais avoir de gosses, Eiri-hiiiiiii !
Hélé si élégamment, l'intéressé ne peut semble-t-il résister à son appel. Sévastian sent son regard par dessus la table, son engouement aussi. Et quel tableau ils doivent dresser, tous deux frénétiquement impliqués dans la survie d'un oeuf monstrueux virtuel ! Oh, le jeune homme ferait blague sur blague à ce sujet si le jeu n'accélérait pas encore et encore, dans une boucle infernale vers une mort certaine.
— Plus vite, tu vas y arriver ! Allez, allez… ouh, c’est passé juste ! Vas-y, vas-y, tu peux le faire !
Il ignore pourquoi, mais un instant, Sévastian y croit. Pendant quelques secondes, il se persuade qu'il en est capable, visualise une victoire suprême sur la technologie, se convainc qu'il pourra célébrer son héroïsme. Il le verbalise, l'exclame, s'encourage lui-même en chœur avec Eirian...
Et meurt. Lamentablement.
Un silence funèbre s'installe, sous les tentatives désespérées de son ami pour ne pas montrer son hilarité. Il le fusille faussement du regard après avoir annoncé la tragédie qui vient de se dérouler, écoutant avec un amusement croissant la longue tirade proclamée. Le sens d'humour bien caché de son cadet ne manque pas de charme et il se laisse embarquer, posant une main sur son coeur dans un air de déchirement :
— Oh, non, je refuse d'être ainsi vanté... Ma défaite fut si terrible !
Une fausse larme à droite, une fausse larme à gauche.
— Mais puisque tu insistes, hé bien, je suis dans l'obligation de te céder... Je t'en prie, vante-moi encore un peu.
Un sourire amusé bourgeonne progressivement sur ses lèvres et il finit par éclater franchement de rire, trop hilare de son incapacité à gagner. Alors, soit, une petite fille se trouvera sans doute avec un autre animal, mais ce n'est qu'un détail. Un détail insignifiant. Un détail d'autant plus insignifiant que, s'il en croit le téléphone agité par son compagnon, le tamagotchi n'est finalement pas mort. Ca, et sa défaite était apparemment inévitable.
Pour être honnête, Sévastian est un peu confus.
— Mais... Mais ça sert à quoi ? Enfin, tant mieux, on n'a pas buté le machin, mais quand même. Pourquoi jouer à un jeu auquel on ne peut pas gagner ?
Un sourire amusé :
— Ne me sors pas la belle morale du "Il ne faut pas jouer pour gagner", entendu ?
C'est en réalité une toute autre boutade qui échappe à Eirian. Déridé, celui-ci semble décidé à le charrier - pour son plus grand plaisir. C'est agréable, comme moment, comme échange, un beau souvenir à ajouter à cet appartement. Sévastian fait mine de lui asséner un coup dans l'épaule, faussement vexé :
— Eh, je t'y verrais bien toi !
Les mots sont irréfléchis et spontanés. Pourtant, l'idée est née. Il s'en frotte déjà les mains tandis qu'il s'empare du tamagotchi dans un geste théâtral. Il se fait l'incarnation d'un méchant des films nuls des années 80 qu'on n'arrête pas de lui imposer de regarder. Le rictus qui grandit sur les lèvres du barman est carnassier ; son projet diabolique.
— Oh, mais quelle excellente suggestion, tu ne crois pas ?
L'objet glisse jusqu'à Eirian dans un son lisse et monocorde. Sévastian, lui, perche son menton dans ses paumes ouvertes, penchés sur la table d'un air à la fois innocent et démoniaque.
— Je t'en prie, Eirian, à ton tour. Tu ne peux pas te défiler : après tout, tu m'as proposé de prendre le relais pendant la partie, c'est bien que tu en es capable, non ?
Eirian Howl
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Dim 12 Sep - 15:18
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
« Jouer », ce mot a presque une saveur étrange, un goût de nostalgie et d’enfance, de moments qui ont existé mais qui ne sont plus – et que tu ne t’attendais pas vraiment à revivre. Depuis quand n’as-tu pas joué, ne t’es-tu pas amusé ? Tu n’en sais rien et tu ne tiens pas particulièrement à t’attarder sur la question, parce qu’alors, le mot se teinte d’une pointe d’amertume, et tu refuses qu’elle vienne ternir ces instants. Oh, tu as bien disputé quelques parties d’échecs sorciers ces dernières années, mais ce n’est pas la même chose, cela restait sérieux malgré tout, un champ de bataille que tu n’entendais pas céder à l’adversaire sans combattre. Tu as gagné et tu as perdu, selon les jours. Avant, il y avait ta console portable et les quelques jeux que tu partageais avec ta mère – c’était détendu, alors, cette détente un peu particulière toujours empreinte d’une légère tension, parce que vous guettiez les bruits, les pas de l’autre côté de la porte de l’appartement, les coups de klaxon dans la rue. Le silence, aussi. Mais depuis… depuis, « survie », « nécessité » et « protection » ont pris le dessus, même à Poudlard, et le jeu auquel on s’abandonne sans penser à rien d’autre, tout entier dans l’instant présent, t’est devenu assez étranger. Tu plaisantes certes avec tes amis, mais c’est différent. On joue quand on est en sécurité ou presque, on joue quand tout le reste est assuré et préservé, on joue quand on peut s’autoriser à baisser sa garde, à être un peu moins en alerte et un peu plus relâché. On s’amuse quand on ne craint rien, on s’amuse quand on a l’esprit libre, on s’amuse quand on ne lutte pas pour maintenir ensemble un assemblage de mensonges, quand on ne danse pas sur des œufs pour être toujours sûr de ne jamais laisser échapper le mot de trop, de contrôler ses réactions – autant que possible du moins. Une petite voix te souffle que tu as peut-être tort sur ces points ou peut-être pas totalement raison, parce que se relâcher malgré tout peut permettre de prendre un peu de distance avec ce qu’on vit, de s’accorder un moment de paix. Mais tu ne t’en es jamais vraiment donné le droit, et tu redécouvres tout cela avec Sévastian, autour de cet œuf en plastique, tandis que la conversation se fait de plus en plus théâtrale et que tu le suis dans l’exagération et que tu en rajoutes à ton tour. Oh, tu n’oublies pas que tu es chez lui, tu n’oublies pas non plus les sons étouffés de l’extérieur, cependant tu arrives à le faire passer à l’arrière-plan, assez proche pour pouvoir réagir rapidement, mais assez loin pour que ça ne parasite pas le reste.
Tu alternes entre Sévastian et ton portable, te laisses gagner par l’ambiance légère qu’il instaure, si différente de tes perceptions habituelles. Alors, tu plaisantes aussi, cherches un peu le bon ton et les mots, essaies de t’accorder. Ce n’est pas sérieux, ce n’est pas grave, ce n’est pas vital ni important non plus, ou peut-être juste pour une petite fille, mais son tamagotchi est sans doute déjà mort par le passé, et il mourra encore, c’est l’histoire de la vie, le cycle éternel. Que ce soit de ton fait, de celui de Sévastian ou de celui de quelqu’un d’autre… eh bien, ça ne change pas grand-chose. La pensée est assez libératrice, malgré une petite pointe de culpabilité. Mais le fait est que vous ne jouez pas vos vies – vous ne jouez celle de personne en vérité, ce ne sont que quelques pixels tordus sur un écran trop petit.
Sévastian se bat pourtant face aux fantômes, et lorsque tu évoques les horribles souffrances qu’ils ne manqueront pas d’infliger à l’animal, il évoque l’au-delà virtuel.
— Oh sûrement, ça doit les soulager de toutes les souffrances infligées par les humains et les fantômes, c’est finalement une triste vie, d’être un tamagotchi…
Et il en rajoute encore, faisant virevolter l’œuf au lieu de seulement appuyer sur les bons boutons, ravivant aussi des souvenirs où tu pressais frénétiquement les boutons de ta console, comme si ça pouvait aider ton personnage dans les jeux, comme si ça pouvait faire baisser plus vite les points de vie de ton adversaire. Devant le regard clairement menaçant et invitant au silence qu’il te lance, tu lèves les mains d’un air totalement innocent, comme si l’idée de commenter ne t’avait jamais traversé l’esprit et que de toute façon, tu n’oserais pas faire de remarques sur ses exploits. Non, non, pas du tout. Tu lâches :
— Tu gères comme un chef !
Et s’il y a une petite pointe de taquinerie dans ta voix, ce n’est pas totalement ta faute, n’est-ce pas ? Tu reviens cependant à ta mission première, trouver des informations utiles sur Internet. Ce qui t’amène naturellement à consulter un article sur les tamagotchis en général, parce que c’est de toute évidence de première nécessité. Tu relèves cependant les yeux en entendant les jérémiades persistantes de Sévastian et peut-être un peu insistantes aussi, comme un rappel à l’ordre. Puisqu’il souhaite tant une réponse, alors qu’il gère si bien, tu lui offres ce que tu as sous les yeux. Sévastian n’a pas l’air aussi outré qu’il pourrait et il revient au jeu, le nez presque collé contre l’écran – ça, clairement, tu ne comprends pas pourquoi c’est aussi petit. L’esthétique vintage a de beaux jours devant elle, mais il y a de quoi y laisser ses yeux.
— Moi, je trouvais ça rassurant pour nos capacités. Après, du point de vue des gosses, c’est sûrement différent.
Sévastian perd toute dignité – et ton prénom aussi – lorsqu’il t’appelle dans une envolée aiguë. Tu ne peux que le regarder faire, avec un entrain qui n’est pas joué, tandis que le jeu accélère vicieusement – mais qu’est-ce qui ne l’est pas avec ces œufs ? Un concentré de sadisme caché sous des couleurs pastel. Un véritable traquenard pour parent peu méfiant et sorcier guère averti. Tu l’encourages tant que tu peux, et Sévastian livre une lutte héroïque, mais le destin s’acharne contre lui et les fantômes finissent par l’emporter.
Le silence retombe, accompagnant de son poids la défaite de ton ami. Tu fais tout ce que tu peux pour ne pas rire, mais vu son regard, il n’est absolument pas dupe. Tu embrayes sur les funérailles qu’il mérite après ce combat sauvage pour sauver son protégé. Sévastian joue la modestie, fait semblant de pleurer, mais n’est finalement pas contre un peu plus de louanges que tu lui accordes charitablement :
— Dans ma grande générosité, je partagerai le récit de ton combat farouche contre ces hordes cauchemardesques, il se transmettra avec respect et admiration entre parents regroupés autour des tamagotchis de leurs enfants. Tu seras un exemple pour tous, loué même lorsque les tamagotchis seront tombés dans l’oubli…
Sévastian éclate de rire, un rire franc et joyeux, que tu as rarement entendu, pas en étant seul avec lui. Tu es trop sérieux la plupart du temps, trop retranché derrière tes barrières, mais cette distance en moins te plaît, et tu es bien loin de la prudence avec laquelle tu es entré chez lui. C’est bien ; c’est mieux, surtout. Et tu te prends à espérer que vous pourrez partager d’autres moments comme celui-ci – le tamagotchi en moins, il ne te paraît pas une composante nécessaire de l’équation. Ça dépend surtout de toi, Sévastian a eu bien trop de patience. En attendant, tu es bien décidé à profiter de ce moment, à retenir tout ce qu’il t’offre, à savourer cette bulle à l’opposé complet des pensées qui t’envahissent trop souvent. Tu rassures cependant Sévastian sur le sort de la petite créature qui n’est finalement pas morte. Tu ouvres la bouche, il précise qu’il ne veut pas entendre qu’en soi, on ne joue pas pour gagner. Tu secoues la tête, amusé.
— Non, mieux : tu joues contre toi-même, donc tu apprends à te dépasser sans cesse en faisant mieux que la fois d’avant ! Et tu auras beau tout faire pour te surpasser, il y aura toujours plus fort que toi.
Tu en rajoutes en regrettant de ne pas avoir pu filmer. Il tend le bras vers toi, comme pour te donner un coup dans l’épaule, mais il s’arrête au moment où tu esquisses un mouvement pour esquiver. La suite te plaît nettement moins. T’y voir ? Tes soupçons se confirment lorsqu’il se frotte les mains d’un air digne d’un méchant de dessin animé.
— Ah ? Je trouve pas, moi. Tu gérais parfaitement tout seul, je ne pense pas faire mieux que toi.
Cela ne le retient pas. Le tamagotchi glisse jusqu’à toi et tu lui jettes un coup d’œil boudeur sous l’air machiavélique de Sévastian. Tu ne peux pas dire que tu es franchement surpris, le retour de bâton n’était pas loin. Et à dire vrai, tu es rarement contre un petit défi.
— Relais que tu as refusé, je te signale. Mais puisque tu le veux… tu vas voir ce que tu vas voir ! Tu te souviens de ton score, j’espère ?
Tu ramasses le petit œuf – vraiment petit et les boutons sont minuscules. C pour te déplacer verticalement, A et B pour les côtés. Tu l’agites dans sa direction d’un air menaçant.
— Pas d’images ou tu devras expliquer à une petite fille en larmes et au cœur brisé pourquoi son tamagotchi a fini en miettes.
La menace est complètement fausse, mais la demande est sérieuse. Tu n’as pas le talent de Sévastian pour faire le show, mais tu en rajoutes quand même, comme un sportif sur le point de s’élancer. Tu fais jouer tes épaules et tes poignets comme si tu t’étirais, agites les doigts pour les dégourdir de façon exagérée. Tu souffles plusieurs fois, puis prends un ton de commentateur sportif – pas le plus difficile, tu t’es assez traîné jusqu’au stade de Quidditch pour savoir ce que ça donne.
— Messieurs, le deuxième joueur se prépare pour l’affrontement qui va bientôt commencer.
Tu englobes Bulochka dans ton commentaire. Le pauvre chat doit se demander ce qui vous prend. Tu poursuis, mimant les gestes à mesure que tu les énonces.
— Il ramasse le tamagotchi, le présente au public venu au nombre impressionnant de deux, un chat et un humain, et peut-être une chouette, ce n’est pas sûr. Et il l’alluuuume ! Courageusement, il sélectionne l’icône du jeu, une dernière inspiration, il se concentre… et c’est partiiiii, les fantômes apparaissent, avides de dévorer Pac-Man, dont on se demande ce qu’il vient faire là…
C’est vrai que ce n’est pas évident comme jeu. Surtout sur un écran aussi petit. Le début est un peu bousculé, le temps que tu trouves le rythme.
— Et c’est passé juste, mais Pac-Man s’en sort toujours ! Et un fantôme à droite, un fantôme en haut, et c’est esquivé, quel talent, chers spectateurs, admi… reeez !
Et un rattrapage de justesse plus tard, tu peux continuer la partie. Bizarrement, tu parles moins lorsque le jeu commence à accélérer, et tu plisses le nez. Hors de question de perdre aussi vite !
— Les fantômes accélèrent, on garde le rythme, on esquive, le deuxième joueur est toujours en forme et garde sa dignité en ne se plaignant pas… oups, de ce qu’il endure, lui. Les fantômes tentent un encerclement… mais un plongeon… vers le bas… le sauve !
Tu te tais quand ça gagne encore en vitesse, concentré, jonglant entre les trois boutons (et pourquoi la diagonale n’est pas possible, hein ?), montant et descendant, filant à droite et à gauche.
— C’est vrai que c’est rapide… Mais on garde le rythme, on ne s’essouffle pas ! On lutte, on lutte, on ne renonce pas !
Hop, hop, un fantôme esquivé, un autre, pfiou, ça commence à devenir tendu. Et ce qui devait arriver arrive : un fantôme finit par se montrer plus malin que les autres et absorbe ton Pac-Man.
— Et c’est perdu pour le deuxième joueur, hélas, quelle tristesse ! Les fantômes l’ont emporté une fois de plus et ravissent l’âme de Pac-Man, dont ils se nourriront sûrement, festoyant pour célébrer leur victoire…
Dans un immense soupir à fendre le cœur, tu redéposes le tamagotchi sur la table. Le « Game over » scintille sur l’écran et te nargue de tous ses pixels. Tu te laisses tomber contre le dossier du canapé, fais mine de t’éponger le front.
— Je suis absolument épuisé, c’est digne d’un entraînement des forces spéciales !
Tu jettes un coup d’œil à Sévastian, ajoutes avec un sourire faussement modeste et un poil perfide :
— Je crois que j’ai gagné.
Dés :
-OUI/OUI : Eirian fait mieux que Sévastian avec un bon score -OUI/NON: Eirian l'emporte de justesse, Pac-Man est vraiment un truc de vieux -NON/OUI: Bulochka s'en mêle, intrigué par ces bips, et déconcentre Eirian qui perd -NON/NON : Même pas besoin de Bulochka, Eirian perd tout seul comme un grand
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L'Augurey
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Dim 12 Sep - 15:18
Le membre 'Eirian Howl' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Oui/Non' :
Résultat :
Invité
INRP
IRL
Mar 14 Sep - 15:46
— Dans ma grande générosité, je partagerai le récit de ton combat farouche contre ces hordes cauchemardesques, il se transmettra avec respect et admiration entre parents regroupés autour des tamagotchis de leurs enfants. Tu seras un exemple pour tous, loué même lorsque les tamagotchis seront tombés dans l’oubli…
L'image solennelle a quelque chose de ridicule qui arrache à Sévastian un nouvel éclat de rire. Il visualise sans peine la scène: des parents penchés autour d'un feu dont la danse illumine les visages graves, des verres à la main en écoutant les récits épiques d'un héros de guerre. La vision a tout d'une histoire fantastique, que l'on trouve dans les épais ouvrages qu'il s'occupe à lire, sauf que l'ennemi est un œuf en plastique et le héros... lui, un sorcier doté d'un sérieux problème technologique. La grande saga de fantaisie qu'ils dépeignent à des allures de parodie. Le jeune homme décide de jouer le jeu : il prend une gorgée de sa bière avant de coller sa main occupée sur sa poitrine dans un salut formel et prend un ton plus grave que son timbre naturel:
— Et je soufflerai, contre cette foule qui m'acclame : "je n'ai fait que mon devoir."
La posture dure dix secondes avant de se briser sur une hilarité sincère. Il passe quelques temps ainsi, à simplement rire, à simplement vivre. L'instant a quelque chose de léger et de doux, qui l'emplit d'une lumière à laquelle il voudrait s'accrocher pour toujours. Il sait, sans vouloir s'y pencher, qu'il est en train de forger de ces souvenirs qu'on garde précieusement, qu'on range dans les étagères heureuses de l'esprit et dont on se sert de phare quand les ténèbres semblent infinies. Il est ravi qu'Eirian soit ça pour lui, espère qu'il est en train de lui rendre la pareille.
La flamme de ce moment brûle encore avec ferveur, alors le barman l'entretient, de jeux et de questions et d'exclamations qu'il joue avec enthousiasme. Lorsqu'il taquine son cadet, celui-ci rend la pareille avec ferveur, et ses explications au pourquoi des jeux absurdes des moldus l'étonnent autant qu'elles l'impressionnent :
— Donc c'est à la fois une victoire et une défaite permanente. Tu sais que tu viens de rendre Pack-Man philosophique ?
Sait-il ce qu'est Pack Man ? Non. Sans doute que ça ne s'écrit même pas comme ça, mais ses connaissances de l'anglais lui font comprendre le titre du jeu qu'a mentionné son compagnon de travers. Pour être honnête il ne voit pas le rapport entre du rangement, un groupe et une course-poursuite avec des fantômes, mais il est tout sauf un expert du domaine et il n'est pas né anglophone.
Ce qu'il comprend très bien en revanche, c'est qu'Eirian se fout de sa gueule. C'est totalement compréhensible, bien sûr, étant donné ses performances remarquables, mais il s'agit surtout d'un affront inacceptable pour le compétiteur russe. Et puis l'occasion est trop bonne : Sévastian prend son air le plus machiavélique et rend la pareille à son compagnon. Oh, le jeune serdaigle tente bien de se défiler, mais rien n'y fait. Il demeure intransigeant, maintient la pression jusqu'à obtenir ce qu'il veut.
— Oh, me la fais pas à moi Eirian... J'ai bien vu que ça t'amusait, de me voir en chier ! Tu vas pouvoir me faire démonstration, comme ça ! Et oui, je me sovuiens parfaitement de mon score.
3254. Quatre chiffres témoins d'un enfer personnel dont il n'exagère pas la torture. Ou à peine. Peu importe, son cadet lui aussi s'apprête à s'y essayer, et il a hâte de se trouver de l'autre côté des railleries qui lui ont été adressées. Il s'éclate, pour être honnête. Il s'éclate et, ivre de cette légèreté qui les enveloppe, ne peut s'empêcher d'en quémander plus, de tremper ses lèvres encore et encore dans ce nectar de douceur dont il n'ignore pas la rareté.
Derrière ses airs, la compétition fantoche semble amuser son ami autant que lui. Eirian se fait commentateur de son propre match, prenant une voix faussement professionnelle qui lui arrache immédiatement un éclat de rire. C'est qu'il est bon, le bougre. Et il parvient sans sourciller à concilier ses pitreries avec ses mouvements virtuels, une prouesse dont Sévastian ne peut que s'émerveiller. Le silence ne retombe sur l'assemblée que quelques secondes, lorsque le garçon paraît plus en difficulté qu'auparavant. Il en profite pour en rajouter une couche :
— Aille Aille aille-aille-aille, le joueur britannique semble soudain en difficulté, parviendra-t-il à remonter la pente ? — C’est vrai que c’est rapide… Mais on garde le rythme, on ne s’essouffle pas ! On lutte, on lutte, on ne renonce pas !
Sa voix imite sciemment celles des présentateurs sportifs que les pubs britanniques diffusent trop souvent dans les heures tranquilles de l'après-midi.
— C’est vrai que c’est ça, finalement, l'esprit de la compétition : on n'a-ban-donne pas ! Pack-Man s'élance dans le labyrinthe, il a plusieurs fantômes aux trousses ! Va-t-il réussir à survivre ? AH- Et non ! C'est évité de JUS-TESSE pour le britannique, peut-être pas pour longtemps ! Encore un crochet du droit, eeeeet c'est un cul de sac ! Pack-Man tente d'avaler un concurrent, c'est un effort louable mais-
Un fantôme se referme finalement sur le personnage d'Eirian, après une lutte acharnée. Sévastian se sait battu et s'en moque, préfère au contraire s'amuser de la conclusion solennelle de son adversaire. Ce dernier s'affale contre le canapé, un épuisement palpable dans ses gestes fatigués, et déclame une comparaison qui ferait s'étouffer nombre de membres du BC... Et tant mieux. Amusé, le barman s'empare de sa bouteille vide et s'avance vers son compagnon, deux doigts plaqués contre son oreille gauche, faisant mine de s'adresser à une caméra tandis que le goulot de la bière se pointe vers les lèvres de son ami:
— Et tout de suite, un interview exclusif avec notre gagnant ! M. Eirian, êtes-vous plutôt déçu de votre score, ou fier d'avoir battu le redoutable Sévastian, surnommé "La loque" dans le milieu Pack-Manien ?
Une pause puis, d'un ton solennel :
— Pourriez-vous nous commenter votre conclusion ? Pour vous citer "c'est digne d'un entraînement des forces spéciales" !
Très vite, l'interview se relâche et le jeune homme reprend position dans son fauteuil. Bulochka s'approche des deux garçons, sent son maître, puis décide d'aller accaparer l'attention de son invité. Il pose une patte formelle sur sa cuisse, lui adresse un regard vindicatif, puis pose sa seconde patte. Il masse énergiquement la zone avant de décider de s'y installer, déposant son corps massif sur les jambes d'Eirian.
— Hé bien cette journée n'est pas terminée mesdames et messieurs ! Une prise d'otage est en cours !
Sévastian éclate de rire. Bouboule, lui, semble ravi de son emplacement et s'y roule en boule avec un enthousiasme qui ignore parfaitement le consentement de l'humain qui lui sert de promontoire. La scène est... adorable, et s'il ne s'était pas engagé à oublier les photos, il en aurait déjà prise une. C'est un peu frustrant, de ne pas pouvoir immortaliser cet instant, mais il craint trop de briser la confiance friable d'Eirian en lui pour aller contre son avis. C'est important, de toute manière. Il est certain que son cadet n'a connu que trop peu d'adultes prêts à l'écouter, et il tient à ne pas s'y intégrer. Il sera là pour lui.
— Bien joué, en vrai !
Il laisse un peu traîner sa phrase, puis un sourire taquin bourgeonne sur ses lèvres.
— Enfin, on va pas se mentir, ç'aurait été la honte de perdre contre moi !
Eirian Howl
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Jeu 16 Sep - 18:31
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Tu te laisses gagner par le jeu de Sévastian et tu en rajoutes à ton tour, vantant ses mérites et chantant ses louanges de façon pleinement exagérée. Tu t’inspires des ambiances de roman de fantasy, paraphrasant les images de quêtes épiques et de grands discours chevaleresques. Ils en deviennent ridicules quand on sait que l’ennemi est un tamagotchi. Ça faisait longtemps que tu ne t’étais pas amusé à ce point, que tu n’étais pas entré ainsi dans les plaisanteries d’un autre, te laissant porter par le moment. Un moment qui prend une saveur particulière, qui ressemble à une bulle un peu hors du temps et du monde, une bulle où tu peux te relâcher et céder au jeu. Une bulle pétillante et dorée, qui gardera un relief particulier, et que tu pourras placer au rang des bons souvenirs, des souvenirs chaleureux et heureux, et tu t’y accroches. Il n’y en a pas tellement, de ceux-ci, les dernières années ont été avares de ce côté-là – et il faut bien avouer que tu ne les as pas particulièrement cherchés non plus, concentré sur autre chose. La situation commence à changer maintenant que le cercle de tes relations s’étend, mais tu ne sais pas encore trop sur quel pied danser avec les uns et les autres, hésitant sur les pas de portes des amitiés qui s’esquissent et se construisent, sans savoir si tu peux les franchir – ou en les franchissant avec le sentiment d’être un voleur, parce que tu ne réponds à leur confiance que par des mensonges et des dérobades, à leurs questions que par des silences et des feintes. C’est aussi le cas avec Sévastian, mais tu es heureux des pas déjà faits, des barrières qui tombent, de cette complicité nouvelle et surtout, surtout, tu espères que ça durera. Que tu ne le décevras pas trop. Que tes secrets ne se mettront pas en travers de ce chemin, qu’ils ne te prendront pas ça non plus. Sévastian se glisse dans son rôle de héros vaillant et fort, salue d’un air pénétré avant de sortir le discours si classique du devoir accompli. Tu souris.
— Parfait !
Il rit et les échanges s’enchaînent, puis les explications que tu essaies de donner au jeu, des explications certainement bien trop poussées pour ce qui n’est qu’un jouet pour enfant, mais qu’est-ce qui n’est pas absurde avec cet œuf en plastique qui tente de se faire passer pour un animal virtuel ? Sévastian souligne la portée philosophique que tu donnes au jeu, et tu hausses les épaules avec une mine faussement modeste :
— C’est le talent des Serdaigles. On arrive à donner du sens à ce qui n’en a pas.
Tes plaisanteries ne passent pas inaperçues – tu espères trouver le ton juste, ne pas en faire trop ni que ça ait l’air forcé. Tu ne sais plus vraiment gérer les interactions et les relations, même si recommences à avoir un peu d’entraînement, et tu tâtonnes à la recherche d’un équilibre que tu n’es pas sûr d’atteindre. Mais pour l’instant, cela a l’air de fonctionner. En tout cas, Sévastian te retourne un air machiavélique en suggérant que tu testes toi-même le jeu, puisque tu t’amusais tant à le voir galérer. Tu protestes pour la forme, mais tu n’es jamais contre un peu de défi. Même s’il s’agit d’échapper à des fantômes virtuels prisonniers d’un œuf. Il se souvient de son score, parfait. Tu n’as pas l’intention de le laisser gagner cette partie-là. Tu te doutes qu’il ne manquera pas à son tour de plaisanter sur tes performances, et tu en rajoutes dès le départ, adoptant le ton des commentateurs sportifs. L’accélération du jeu t’oblige à te concentrer un peu plus dessus – même si en réalité la difficulté n’est pas si élevée. Il y aura juste un peu d’ego froissé si tu perds alors que tu t’y connais davantage que lui, mais ce n’est pas le genre de chose sur lequel tu t’attardes. Ça n’a tellement pas d’importance. Mais pour le moment, tu fais comme si ça en avait, comme si tu étais en train de livrer le match de ta vie. Sévastian en rajoute une couche lors de tes pauses, mais tu ne te laisses pas déstabiliser. Bien sûr que tu vas remonter la pente, et hop, quelques pressions de bouton et tu retrouves une sécurité qui ne dure pas.
— Pas pour longtemps, pas pour longtemps, non mais ! Tu as donc si peu confiance dans mes talents ? Tu vas voir !
Mais malgré tous tes efforts – pas très sérieux au demeurant –, les fantômes finissent par attraper ton personnage. Avec satisfaction, tu vois ton score s’afficher après le game over. 3325. Pas extraordinaire, mais suffisant pour battre Sévastian, c’est l’essentiel. Tu mimes l’épuisement suite à cet immense effort que tu as consenti – sans compter que tu t’étais fatigué avant en l’encourageant, et ce n’est pas pris en compte, il y avait une flagrante rupture d’égalité entre vous. Mais tu n’as pas besoin de faire étalage de mauvaise foi. Sévastian pointe sa bouteille vers toi à l’imitation d’un micro.
— On peut toujours faire mieux, mais je suis ravi de mon score et de l’avoir emporté face à Sévastian qui est un re-dou-ta-ble adversaire, son surnom dissimule ses forces !
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, hein ! Autant souligner la valeur de ton adversaire, histoire d’augmenter ton propre mérite totalement artificiellement. La question suivante te fait sourire :
— Je sais que cela peut avoir l’air simple quand on nous regarde faire, mais vous n’imaginez pas les entraînements et les sacrifices nécessaires pour atteindre un tel niveau. Le jeu exige une concentration absolue et demande énormément d’énergie, il faut un entraînement sportif draconien pour tenir le rythme imposé par les fantômes… Mais l’enjeu en vaut la peine, surtout devant un tel public !
Pour un peu, on dirait que tu viens de remporter les Jeux olympiques, alors que tu es toujours avachi sur le canapé de Sévastian, en complète contradiction avec ce que tu énonces. Tu te redresses quand Sévastian se recule. À ce moment, Bulochka décide de se joindre à vous, tourne autour de son maître avant de s’intéresser à toi. L’attrait de la nouveauté, sûrement. Un sourire t’échappe tandis qu’il semble réfléchir à si tu fais un coussin décent ou non. La réponse penche vers le oui et il termine de s’installer sur tes jambes.
— Pourvu que les secours viennent vite, il semblerait que l’otage risque un syndrome de Stockholm…
Tu caresses le chat qui estime que tu es un terrain assez sûr pour se rouler en boule. On ne contrarie pas un félin de toute façon et s’il a décidé que tu étais digne de lui, c’est que tu dois l’être. Tes doigts se perdent dans la fourrure soyeuse. Autant tu ne supportes pas que d’autres personnes te touchent, autant tu n’as aucun souci avec les animaux – et ton hibou le sait bien, qui vient régulièrement quémander des caresses ou te prendre pour perchoir. Tu en rajoutes un peu :
— Ça va, Bulochka ? Bien installé ? Je peux faire quelque chose d’autre pour assurer ton confort ou mes jambes suffisent ?
Il te retourne un regard à la hauteur du Chat Potté puis s’installe encore plus confortablement sur tes jambes, un peu plus près de ton ventre comme pour se caler contre toi.
— Voilà un chat qui a l’air profondément malheureux…
Sévastian revient au jeu, tu hausses un sourcil sceptique dans sa direction, tu ne peux pas dire que tu aies été particulièrement brillant non plus. Son sourire taquin te confirme qu’il n’en a pas terminé. Tu souris en réponse.
— Un peu. Mais j’aurai survécu et mon ego aussi. Par contre, j’ai du souci à me faire : au bout de quelques jours à jouer, je suis sûr que tu deviendras imbattable au sujet des fantômes. Puis quand tu devras le rendre, tu ne pourras tellement plus t'en passer que tu n’auras d’autre choix que de t’en acheter un… Les bips rythmeront toute ta vie…
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Invité
INRP
IRL
Lun 20 Sep - 14:31
Le jeu est doux et l'amusement fort. Sévastian a du rire dans le regard et une chaleur croissante dans les tripes, quelque chose qui s'anime et le consume d'une flamme plus tendre que celle des démons qui le dévorent. Il profite, sa bouteille vide à la main, le goulot comme un micro tendu vers l'athlète que serait Eirian :
— On peut toujours faire mieux, mais je suis ravi de mon score et de l’avoir emporté face à Sévastian qui est un re-dou-ta-ble adversaire, son surnom dissimule ses forces ! — Mais quel joueur in-croi-yable que voilà ! C'est ça, messieurs dames, l'esprit du sport. Quel fair-play ! Encore félicitations pour cette victoire que vous avez arrachée au jeu, Eirian.
Le ton est solennel et enthousiaste, son timbre plus grave que d'ordinaire, comme ceux de ces présentateurs qui se prennent un peu trop au sérieux. Il est hilare, au fond, et cet engouement ne fait qu'enfler dans sa poitrine tandis qu'il rebondit sur les dires de son ami.
— Oh, non, non, nous voyons bien les innombrables efforts que vous avez fourni dans cette... cette BATAILLE ! Regardez-moi la sueur du champion : c'est ce qu'il faut pour vaincre un tamagotchi ! Avez-vous un régime spécifique à conseiller aux téléspectateurs ?
Sévastian attend la réponse avec une apparente ferveur, pris dans l'intensité de son interview. La dynamique de leur discussion l'amuse grandement. C'est une pause, une bulle, une célébration des instants trop légers pour rester. Il tâche donc d'en profiter pendant que ça dure, et laisse la conversation journalistique retomber progressivement entre quelques éclats de rire. Mais ça, c'était sans compter sur son chat. Manifestement peu enclin à se trouver exclu de la fête, Bulochka débarque et monopolise sans vergogne les jambes d'Eirian. Son pelage soigneux ondule de plaisir lorsque les doigts du garçons s'y perdent, et un ronronnement grave ne tarde pas à s'échapper de sa masse sombre. Il se dandine afin de dévoiler un peu plus de ses flancs, exigeant discrètement des caresses supplémentaires.
— Pourvu que les secours viennent vite, il semblerait que l’otage risque un syndrome de Stockholm…
Un rire lui échappe. Le jeune homme s'empare de nouveau de sa bouteille et, se tournant vers un public invisible, murmure d'un ton grave :
— Il semblerait que le criminel dispose d'un charisme incroyable. Notre athlète n'a aucune chance de résister à son charme !
Comme ayant compris la teneur de ses propos, Bulochka tend une patte dramatique vers l'avant et la plante, toutes griffes dehors, dans le genou d'Eirian. Il enfonce ensuite les petites aiguilles dans le pantalon, puis dans la chair, témoignant de son incommensurable plaisir à être ainsi choyé par celui qu'il a vraisemblablement kidnappé. Ses ronronnements redoublent d'intensité. Sévastian, lui, rompt immédiatement son jeu et s'approche du chat, prêt à le sermonner de son manque de manières :
— Non, Bouboule, pas les griffes.
Son ton est strict mais semble avoir peu d'effet sur l'intéressé, qui donne un coup de tête ravi aux jambes de son otage. Autant pour le semblant d'autorité que le russe prétend posséder. Ses lèvres se pincent dans une moue faussement agacée, et il adresse un regard désolé à Eirian :
— Manifestement, le terroriste est décidé à faire usage de la violence...
En réalité, la scène est adorable. La douceur que dégage souvent son cadet s'accentue encore par les gestes délicats dont il gratifie le chat, pelotonné contre lui. Un sourire tendre bourgeonne sur les traits de Sévastian qui, pour la énième fois ce jour, regrette de ne pouvoir immortaliser l'instant.
Il compense en le taquinant :
— Vous êtes trop choux.
Mais Bulochka a déjà fait son œuvre et il est certain que son compagnon est déjà charmé par la grande créature noire qui ronronne sous ses doigts. Au constat, tranquillement amusé, du malheur de son pacha, le barman a un rire :
— Oui, oui. Malheureux, maltraité...
Il se demande, parfois, si ça compte. Il l'a entraîné dans des situations qu'il n'aurait pas dû connaître, l'a fait vivre des hivers qu'il n'aurait pas dû vivre. Pas comme ça. Mais ce n'est pas le moment de ruminer. Il ne veut pas tout gâcher, ne veut pas alourdir l'atmosphère de ses insécurités. Un sourire nostalgique s'empare de son visage tandis qu'il s'accroupit à côté, tendant ses doigts afin de les laisser renifler :
— Bouboule est un vieux vieux chat, très très malheureux. Hm ? Tu en penses quoi, toi ?
L'intéressé se contente de se frotter contre ses ongles pour toute réponse. Manifestement, la présente situation lui convient fort bien, et un rire échappe à son maître tandis qu'il se redresse, revenant sur le sujet initial de leur conversation pour éviter de se perdre dans ses démons. Il taquine Eirian, et Eirian le taquine en retour. Cela suffit. Il n'a pas besoin de plus, constate-t-il avec étonnement. Cet après-midi se passe bien, là, maintenant, et c'est tout ce à quoi il aspire.
Alors il rit, rit plus fort, s'empare de l'oeuf en plastique et tente au hasard quelques boutons selon la logique découverte par son compagnon :
— Tu sais quoi ? Ouais. Nouvel objectif : battre ton record.
C'est simple, et c'est doux, et c'est tout ce qu'il lui faut.
Eirian Howl
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Mar 21 Sep - 22:00
Sorciers vs Tamagotchi
« petite citation »
Tu profites du jeu et du moment, savoures la complicité nouvelle avec Sévastian. Ça te fait du bien, beaucoup de bien, et il y avait longtemps que tu ne t’étais pas détendu ainsi. L’ambiance est chaleureuse, amicale et bienveillante, à l’image du jeune homme qui te fait face, et tu acceptes ce qu’il t’offre, ces quelques heures de répit loin du monde et de sa violence. Là, tu peux oublier un peu le reste, faire émerger le garçon que tu aurais pu être si tout avait été différent. Le garçon que tu étais, peut-être, avant de tomber en morceaux que tu essaies de recoller tant bien que mal. C’est dur à dire, tu as eu une adolescence extrêmement solitaire, à cause de ton refus de te lier avec tes condisciples. Tu restais à la marge, sans vraiment prendre part aux discussions, sans chercher non plus à faire davantage qu’acte de présence dans les fêtes – lorsque tu te décidais à t’y rendre. Alors, tu te glisses dans cette peau d’athlète champion de tamagotchi, parce que c’est drôle, parce que c’est absurde, parce que ça n’a rien à voir avec la réalité. Parce que ce ne sont pas des mensonges que tu débites pour une fois, juste des stupidités, et tu n’as pas vraiment besoin de surveiller tes mots. Parce que c’est un rôle qui est un jeu, pas un rôle pour survivre, et ça fait toute la différence. Sévastian vante ton fair-play avec enthousiasme, toujours dans son rôle de présentateur qu’il remplit à la perfection. Tu mimes une courbette faussement modeste, salues une foule en délire imaginaire, avant de répondre d’un air tout aussi faussement modeste :
— Merci. J’ai donné tout ce que j’ai pu pour mon public qui est rassemblé là aujourd’hui, c’est grâce à eux que j’ai réussi et je leur dédie cette victoire.
Il revient sur ton entraînement si intensif pour atteindre ce statut de champion incontesté – pour le moment.
— Bien sûr, un régime extrêmement sain pour garder la forme, mais ce qui fait vraiment la différence, ce sont les heures d’entraînement, à travailler la concentration pour être toujours en mesure de vaincre ces fantômes et me dépasser moi-même.
La fin de l’interview sonne et tu te relâches. Mais c’est alors que surgit Bulochka, qui doit se demander ce que vous trafiquez – ou qui n’est pas content de ne pas participer au jeu quel qu’il soit. Le vénérable matou s’installe en conquérant sur tes jambes sans te demander ton avis – et tu n’as de toute façon aucune envie de l’écarter, trop content qu’il vienne vers toi de lui-même. Sévastian a bien dit que la chouette compensait son caractère, mais ça fait plaisir de le constater. Tu le caresses doucement et il ronronne. Ses flancs se dévoilent un peu plus, ce que tu prends pour une invitation à des caresses supplémentaires et tu ne te fais pas davantage prier pour continuer. Clairement, la prise d’otage se déroule selon toutes ses attentes : aucune protestation ni quoi que ce soit de ta part, et en plus tu exauces ses désirs.
Sévastian commente à destination de la foule. Aucune chance, non, en effet.
— C’est impossible.
Quoique… Les petites griffes bien pointues qui se plantent dans ton jean puis dans ton genou, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, n’est-ce pas, pourraient te faire changer d’avis. Tu restes stoïque cependant, attentant qu’il se dégage plutôt que de bouger et de le coincer dans la toile. Ses ronronnements redoublent tandis que Sévastian intervient aussitôt pour sermonner Bulochka qui l’ignore royalement. Ça te tire un rire léger, que tu étouffes devant la remarque de Sévastian. Tu prends une mine dramatique, ta main libre posée sur ton genou, comme pour comprimer une hémorragie.
— Affreusement blessé par son kidnappeur, l’otage se vide de son sang, il se fait tant bien que mal un garrot, mais pourra-t-il survivre… ?
Tu baisses la voix et termines ta phrase sur un ton tragique. Pour autant, tu es encore assez en forme pour continuer de câliner Bouboule et tu ne t’en prives pas. Tu guettes ses réactions pour identifier les endroits qu’il préfère et ceux qu’il n’aime pas. Sévastian te taquine et tu lui retournes un regard faussement noir – les mains toujours perdues dans les poils soyeux de Boulochka, ce qui nuit grandement à l’effet que tu voulais obtenir.
Tu fais semblant de plaindre l’animal et Sévastian renchérit. Il s’accroupit juste à côté, avec un sourire que tu trouves un peu triste, pour demander son avis à Bulochka qui se contente d’une réponse cryptique.
— Hmm, je crois qu’en fait, il essaie de se faire plaindre pour avoir davantage de caresses, alors qu’en réalité, il est très heureux de son sort. C’était juste un piège pour devenir le centre de l’attention. Ce qui a très bien fonctionné.
Et tu en es convaincu. Tu sais bien que la vie de Sévastian n’a pas été simple, mais tu es tout aussi certain qu’il a tout fait pour protéger son chat au maximum pendant ses années d’errance. Et Bulochka n’a vraiment pas l’air malheureux. Tu t’efforces de préserver Nox au mieux aussi, même si c’est plus simple à Poudlard où il vit sa vie un peu comme il l’entend. C’est surtout l’été que tu fais attention à ce qu’il ne se sente pas négligé – et c’est surtout lui qui revient vers toi les soirs où ça va moins bien.
Les taquineries reprennent autour du tamagotchi. Qui aurait cru que ce simple œuf en plastique aurait pu offrir tant de divertissement ? C’est la magie de Sévastian, certainement, pas celle qu’il pratique avec sa baguette, mais celle plus profonde et plus précieuse qu’il possède au fond de lui. Il récupère le tamagotchi en affichant son intention de battre ton exceptionnel record.
— Ah, encore un défi, parfait ! Et j’essaierai de faire davantage ensuite, on verra qui aura le record de la journée ! Si Sa Majesté Bouboule accepte bien sûr que je récupère mes mains pour quelques minutes.
Ça n’a pas d’importance en vérité. Ce qui compte, c’est que ce moment va continuer, et tu n’en demandes pas davantage. Tu regardes Sévastian jouer et tu l’encourages plus doucement que tout à l’heure, tout en profitant du vénérable matou qui se prélasse toujours sur tes jambes.
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