Tout se passait à la fois assez vite et assez lentement. Alors que je tentais d’ignorer mes blessures, le sang qui s’écoulaient de ces dernières, je me focalisais sur le loup dont je finissais par être certaine de l’identité. J’aurais aimé la découvrir dans d’autres circonstances… Soledad demandait à Théo de la soigner et j’aurais aimé dire que j’étais d’accord avec elle, mais avec la douleur les mots restaient malgré moi coincés dans ma gorge. Alors que je m’étais approchées, un autre loup arrivait et je me figeais sur place comprenant qu’il valait mieux rester à distance, l’avantage de connaitre le comportement animal des créatures magiques ou des animaux en tout genre. La réponse du médicomage me serrait le cœur, on ne pouvait pas laisser Maxime dans cet état et en même temps oui il soignait les humains, pas les animaux quand bien même Maxime était humaine la plupart du temps… Et moi je n’en savais pas encore assez pour essayer ce genre de choses… Lorsqu’une silhouette que je connaissais s’approchait, je constatais qu’elle n’était pas plus en bon état que moi si ce n’est pire… Kayla…Elle réussit à se frayer un chemin jusqu’à Maxime et je regardais la scène impuissante, désireuse d’aider pourtant tandis que la douleur irradiait de mon bras et de ma jambe à la fois, je trouvais un arbre contre lequel m’appuyer, restant sur le qui-vive, sentant mon cœur battre à la chamade tandis que les centaures ont décidés que c’était le meilleur moment pour se ramener. Est-ce que j’avais peur ? Oui et non, dans le sens où je savais que s’ils désiraient nous tuer ils auraient pu le faire, le fait qu’ils nous demandent de partir et nous mettent en garde prouvait qu’ils n’étaient pas là dans le but de nous faire du mal, mais de simplement protéger leur forêt.

« Il ne faut pas prendre leur demande à la légère, quoiqu’on fasse, il faut le faire vite. » Disais-je alors que tous cherchaient une solution jusqu’à ce que Sol aille chercher une Zoomage qu’elle semblait connaitre. Je hochais la tête lorsque Théo m’indiqua qu’il allait d’abord soigner Kayla. « Ça va aller. » Répondais-je plus pour paraitre forte qu’autre chose. J’étais surtout épuisée, terrifiée et il s’en fallait de peu pour que je me laisse glisser au sol, mais Kayla avait besoin de soin rapidement et je ne voulais pas inquiéter Théo. A la place je me concentrais sur la Zoomage qui était arrivée avec Sol. Je me rapprochais tenant toujours mon bras qui me faisait mal avec celui qui était valide. Je regardais ses gestes, sa façon de soigner Maxime, je reconnaissais certaines choses que j’avais vue en cours et quelque part j’avais comme une révélation, moi qui avait toujours hésité avec ce que je voulais faire vraiment aujourd’hui je savais, je voulais être en mesure de soigner les créatures moi aussi et mes amis qui en étaient par la même occasion. Je ne proposais pas mon aide parce que je savais que la gênerais plus qu’autre chose. Lorsque Théo vint pour me soigner je ressentais du soulagement en sentant la douleur s’apaiser. Ensuite vint le tour de Soledad, j’espérais que bientôt, nous pourrons rentrer et enfin quitter cette forêt…

Alors qu’Olivia souffrait le martyr, ses phrases difficilement articulées semblèrent embraser le sorcier qui lui faisait face tant il s’appliqua à lui répondre avec une tirade de quatre kilomètres de long. Olivia n’arriva pas en saisir la teneur. Dans son esprit anesthésié par la douleur, il ne s’agissait que d’une bouillie de sons avec parfois quelques mots éparses qu’elle comprenait. Mais ils étaient trop peu nombreux pour que la jeune femme puisse suivre la conversation qui lui était sans nul doute destinée.

La surprise fut totale lorsque le sorcier commença à la soigner. Était-ce un piège ? Que se passait-il exactement ?! L’hypothèse du piège devint bien plus plausible avec… Thomas O’Malley en chair et en os face à elle. Ce n’était pas possible c’était un humain lambda, un scientifique, qui n’avait rien à faire ici. De la magie devait être à l’œuvre ça c’était sûr ! Olivia, qui commençait à reprendre du poil de la bête, sortit son couteau et recula lentement en pointant son arme vers cet homme qui ne pouvait pas être Thomas. Et pourtant. Ce fut bien ce prénom qu’utilisa le sorcier pour s’adresser à lui. Le cerveau d’Olivia peinait à comprendre ce qui se passait. L’une des plus grandes peurs de la jeune femme commençait à se dévoiler devant ses yeux : et si… Et si une de ses connaissances se révélait être un sorcier ? Et si, il s’était servi d’elle ? Mais il n’aurait pas pu savoir qu’elle était du Blood Circle non ? Comment…. Ses pensées furent interrompues par… Des Centaures ?! Tels ceux des légendes, en chair et en os. Les yeux de la jeune femme s’agrandirent d’une surprise saupoudrée de terreur. Cela faisait beaucoup pour une soirée cueillette….

Le sorcier s’adressa de nouveau  elle avec plus de véhémence cette fois-ci. « Leur touchante réunion » ?! Non non c’était lui qui utilisait un sort pour… Vraiment ? Le Thomas avec lequel elle avait discuté un jour dans le désert ?! Le regard d’Olivia se durcit en faisant face à cet autre sorcier blond. Elle s’apprêtait à élégamment lui cracher à la figure mais « Thomas » s’adressa à lui. Non mais qu’est-ce qu’il faisait là ? L’instinct de survie d’Olivia se mit en marche. Les sorciers étaient occupés. Bien qu’elle serait bien restée pour comprendre tout ce qui se passait, elle préférait pouvoir y réfléchir libre que capturée par ces foutus ennemis. Alors elle continua de reculer lentement, utilisant la diversion que lui donnait Thomas. Reculer encore et encore. Jusqu’au moment où elle prit une grande inspiration  et se releva d’un coup pour partir en courant. Comme pour un sniper ou en présente d’une arme à distance, Olivia ne courra pas en ligne droite et zigzagua entre les arbres.

Sa respiration s’était accélérée à cause de sa course. Comme une folle, elle tentait de mettre le plus de distance possible entre elle et ses ennemis. Olivia faillit dans sa course folle entrer en collision avec… Carl ! Avec ses vêtements tachés de sang et ses cheveux en bataille, elle était de piètre présentation. Elle attrapa Carl par le bras pour être sûre qu’il s’agissait bien de lui.   « Il faut partir. »  Dit-elle mécaniquement. Ce qu’ils firent en se dirigeant le plus rapidement possible vers les voitures. Elle n’était pas sûre de pouvoir parler de ce qui venait de se passer. Ni à Carl, ni à Robin, ni à Charly…

Résumé:

Et il osait la ramener en plus cet imbécile ! Non seulement Thomas avait fait ami-ami avec une membre du Blood Circle, mais alors qu’elle avait clairement essayer de percer son petit frère de toute part avec son pompe, que LUI, lui prodiguait les premiers soins et LUI encore, lui évitait de se faire planter, ce boulet venait lui gueuler dessus ! Sean se retint de justesse de lui foutre son poing dans la gueule.

« Encore heureux que tu ne le savais pas ! »

Le regard de Sean n’avait pas quitté la moldue qui continuait de les menacer vainement avec son canif. Comme si ça allait la sauver… La voix des centaures s’éleva et Sean se détourna complètement de son frère pour interroger la fameuse Olivia, mais Thomas n’en avait pas fini avec lui. Il commençait à l’agacer sérieusement. Sean le fusilla du regard. Non seulement il avait l’impression qu’il faisait exprès de le déranger, mais en plus, ce qui l’énervait d’autant plus… il y arrivait.

« Ah bon ? Sans déconner ?! C’est pourtant ton boulot de bien t’entendre avec les créatures de la forêt non ? »

La patience de l’Auror commençait à se déliter comme le fil de magie qui reliait les soins qu’il prodiguait à la moldue. De toute façon, il faisait parti des personnes qui lui faisait perdre son calme bien trop facilement.

« J'ai mon stagiaire et ma partenaire à retrouver après ça, tu devrais en faire autant, t'es pas venu seul il me semble ! »

Soudain le fil de magie se cassa, Sean tourna la tête en direction d’Olivia qui s’échappait déjà entre les arbres. Avec les centaures dans le coin, il ne pouvait même pas se permettre de lancer une pluie de stupefix pour l’atteindre, et se mettre à sa poursuite maintenant était bien trop risqué pour sa survie. Elle allait rejoindre ses petits amis aux oreilles cramés…Et voilà ! De rage Sean repoussa violemment Thomas en arrière. Il était passé à un cheveu de le frapper. Il avait besoin d’extérioriser.

« Tu fais chier ! »

Il se recula de plusieurs pas, la sacoche d’Olivia toujours à l’épaule avec sa liste et ses plantes dedans. Rose saurait surement mieux que lui quoi en faire. Il fallait qu’il la retrouve, et Eirian aussi, c’est lui qui les avait appelés, il l’avait perdu de vue dans la bataille…. Merde !

« Des explications Thomas, ou j’te promets que l’Ordre entendra parler de tout ça ! » D’un index impérieux Sean le visait, les dents serrées pour réprimer son envie d’hurler et rester discret malgré tout. C’était une promesse pour plus tard, car dans l’immédiat il avait deux personnes de plus à retrouver. Il aurait le temps de penser au fait d’avoir laissé s’échapper cette moldue plus tard.

La douleur irradie dans le corps de Sofiane qui ne comprend pas comment il fait pour tenir encore debout. Il n’a jamais eu aussi mal de sa vie. Il s’est déjà pris une balle en mission en Syrie mais à l’époque, la souffrance ne venait qu’une seule partie de son corps. Aujourd’hui, c’est différent car il a l’impression que chaque membre, chaque articulation, chaque organe le fait souffrir. Le choc a été violent et s’il tente de ne pas s’écouter, Sofiane sait qu’il aura besoin d’être soigné rapidement. En retrouvant Charly, il retrouve un peu de force pour l’aider et elle s’appuie contre lui. « Merveilleuses. Ça me fait presque penser aux bombardements sur le terrain. » répond-t-il à Charly lorsqu’elle lui fait remarquer que cette mission cueillette est super sympa. Les deux blessés rejoignent avec une lenteur inégalée les frères Rosebury et Sofiane n’a plus qu’une idée en tête : partir le plus vite possible. Que ce soit Lyam ou Doryan, aucun d’entre eux ne semblent s’y opposer et taaaaant mieux parce que Sofiane n’est pas le genre d’homme qui aime parlementer, encore moins quand il pisse le sang. Une de ses bras soutient toujours Charly, l’autre comprime une plaie au niveau de l’estomac dont de l’hémoglobine s’échappe sans discontinuer.

Les quatre estropiés font demi-tour, retournant auprès des véhicules. Charly demande où est Olivia. Sofiane dodeline de la tête en faisant non : « J’en sais rien, elle se débrouillait bien. On a été séparé quand l’autre connard de sorcier m’a catapulté dans les airs. » Sofiane tente de plaisanter : « C’était un joli vol plané, vous avez loupé ça les gars. » dit-il en direction des frères. Putain ce qu’il a mal. Au bout de quelques minutes, la fine équipe arrive enfin aux voitures et Sofiane s’affale dans l’une d’elle et ferme les yeux deux minutes sans savoir qu’en s’endormant, il plongeait en réalité dans une sorte de léthargie dont il n’était pas près de se sortir : l’hémorragie a gagné. Sorcier 1 – Sofiane 0.

Résumé: