Comme à ton habitude, tu avais dû mal à t'endormir. Tu étais allongé sur ton lit et fixais le plafond de ta chambre. Tu essayais de mettre en œuvre les conseils du psychomage que tu avais rencontré en début d'année passée et qui s'étaient avéré être plutôt efficace. Le thérapeute voulait que chaque soir, tu repenses à ce que tu avais fait dans la journée pour ainsi t'occuper l'esprit autrement qu'avec les images de ta femme. Celait faisait donc plus d'une heure que tu te repassais en boucle tes cours et d'autres moments de la journée, mais les fantômes du passé étaient plutôt coriaces, et même si tu parvenais de mieux en mieux à travailler ton esprit, ils semblaient ne pas vouloir se faire battre aussi facilement. Mais tu ne perdais pas espoir. La nuit n'était pas encore si avancée, et tu devais simplement essayer de te fatiguer un peu pour trouver le sommeil. Tu attrapais alors le bouquin posé sur ta table de chevet et te plongeais dans un chapitre, du moins, tu essayais ... Mais en fait,  tu n'arrivais pas à te concentrer totalement et ne comprenais rien à ce que tu lisais. En soupirant, tu reposais donc le livre à sa place et quittais ton lit. Tu t'emparais du jean et du pull que tu avais posé sur la chaise, à l'opposé de ta chambre, plus tôt dans la soirée. Une petite promenade nocturne, c'était ça qui allait te faire du bien, tu en étais convaincu.

Tu déambulais dans les couloirs, sans vraiment regarder où tu allais. Tu essayais de penser à nouveau à ta journée, mais sans plus de succès. Les couloirs étaient déserts à cette heure et bien que tu avais un certain penchant pour les balades au clair de lune, le calme de Poudlard ne se montrait pas si reposant qu'on pouvait le croire. Comme chaque fois, et contre ta volonté, ton esprit se replongeait dans des souvenirs douloureux quand tu entendis un hurlement. Tu en comprenais que des élèves étaient hors de leurs dortoirs, et cette voix … elle te semblait être celle de Peeves, qui était l'un des esprits du château, mais loin d'être le plus sympathique. Cependant, quand il hurlait ce genre de chose, on pouvait se fier à lui car il avait un malin plaisir à mettre n'importe qui, surtout les élèves, dans l'embarras. Seulement voilà, tu n'étais pas d'humeur à ça, et tu préférais continuer ta route plutôt que de te lancer à la recherche d'un élève somnambule. Au pire, tu tomberas simplement sur son chemin ...  

Et alors que tu arpentais les couloirs depuis plusieurs minutes, tu finis par foncer, littéralement, sur quelqu'un. Bordel, tu l'avais senti passer celle là. Tu prenais quelques secondes à reprendre tes esprits, avant de te rendre compte de ce qu'il venait de se passer. Instinctivement tu portais ta main droite à ton torse douloureux, dû au choc, et à cause de l'obscurité de la nuit, tu devais plisser les yeux pour reconnaître les traits de la personne qui venait de te rentrer dedans. « Miss MacMillan ? Mais, que faîtes vous hors du dortoir à cette heure ? » Rapidement, tu devinais que c'était cette fille qui faisait l'objet des hurlements de Peeves. En principe, tu aurais dû lui retirer des points immédiatement et l'emmener s'expliquer au bureau du directeur, mais voilà, tu savais pertinemment que ça ne servait à rien, et puis, de toute façon, toi non plus, tu n'avais rien à faire dans les couloirs en pleine nuit, professeur ou non ...

On pouvait dire que tes insomnies servaient au moins à quelque chose. Même si ce n'était pas à toi même, elles avaient au moins l'avantage de t'avoir amené à te balader dans les couloirs du château et à tomber en premier sur cette jeune fille qui faisait visiblement le mur. Lorsque tu avais entendu les hurlements de Peeves, tu n'y avais pas accordé grande importance, te disant qu'il y aurait bien d’autres professeurs en pleine ronde pour surprendre l'élève en question, et que si c'était à toi de le faire, le destin s'en chargerait. Tu avais encore du mal à te forger une autorité de professeur. Tu avais tellement vécu et fait toi-même des bêtises d'élèves quand tu étais à Poudlard que tu n'arrivais pas à leur en vouloir et à les réprimander. Ce fût alors une chance pour cette fille, que tu sois le premier à la croiser dans l'angle d'un couloir. Bon bien sûr, tu devais tout de même jouer un minimum ton rôle de professeur et lui demander ce qu'elle faisait hors du dortoir à cette heure, mais tu étais conscient que même avec la meilleure volonté du monde à essayer de paraître impassible, tu ne restais pas moins étonné de cette rencontre. Cependant, tu n'avais encore jamais été dans cette situation et ne savais donc pas comment t'y prendre. Dans ta tête, tu te disais qu'après tout, comme tu étais le seul à être tombé sur elle, autant que cela lui serve positivement. Tu espérais vraiment qu'elle ne fasse pas deux fois cette même erreur, mais c'était plus parce que tu savais pertinemment que la prochaine fois, tu ne pourrais pas lui faire de cadeau.

Au fond de toi, tu savais que tu n'agissais pas de façon très responsable, mais après tout, Miss MacMillan n'avait certainement rien fait de mal. Tu connaissais un peu le caractère de la jeune fille, ton collègue parlait d’elle comme une élève un peu dissipée en classe, mais tu te doutais qu'elle n'était pas du genre à mettre le feu à l'école. Pourtant, tu la trouvais assez étrange, ce soir. Elle te semblait énormément confuse d'avoir être prise sur le fait, et des échos que tu avais entendu de tes collègues, elle n'était pas à sa première bêtise. Tu croisais les bras, faisant mine d'attendre une réponse, quand enfin celle ci arrivait, et autant dire que ce n’était pas ce que tu attendais. Tu ne comprenais pas ce qu’il se passait. Tu ne comprenais pas ce qui lui arrivait, ce qu’elle disait. Tu restas quelques secondes sans réaction, tandis qu’elle semblait dans un total état de panique, entre ses paroles et son comportements. Elle parlait de gens qui allaient vous attraper, qu’il ne fallait pas rester ici, que tu devais les faire disparaître. C’est alors que tu sortis de ton mutisme, mais ne perdant pas pour autant ta confusion. « Calmez-vous Miss MacMillan, calmez vous ! » Tu tentais de l’immobiliser avec le plus de douceur possible, posant tes mains de part et d’autres de ses épaules, quand au même moment, tu entendis des bruits de pas qui semblaient s'approcher.

Sans même chercher à comprendre, tu poussais la porte la plus proche de vous et entraînas la jeune fille à l'intérieur d’une salle de cours. Ce n'était pas la plus brillante idée que tu avais pu avoir, tu savais que tu peinerais encore plus à la sortir de ce pétrin, et toi avec, si vous vous faisiez prendre dans cette pièce, mais tu n'avais pas eu le temps de trouver une excuse valable quant à ta présence en pleine nuit dans les couloirs avec une élève. Tu collas ton oreille contre la porte pour écouter de l'autre côté, et posas ton doigt sur ta bouche pour lui faire comprendre de garder le silence. Tu attendis ainsi pendant plusieurs secondes, puis constatas enfin que les pas s'éloignaient. En laissant tomber ta main, tu laissais échapper un soupire exaspéré. « Quelle soirée ... » Tu avais conscience que ton comportement était digne de celui d'un adolescent, mais tu n'avais aucune idée de ce qui se serait passé si un professeur vous avait surpris. Tu savais aussi que, dans la situation dans laquelle tu t'étais mis, tu allais perdre toute crédibilité aux yeux de cette élève, mais tant pis. Tu t'adossas alors au mur, sachant qu'il valait mieux attendre un peu avant de sortir, au risque de ruiner ton idée déjà pas très brillante. « Désolé Miss … Je n'ai pas la moindre idée de l'image que je vous donne … Je n'ai rien trouvé d'autre, sur le coup … » Oui, tu te sentais tellement con, en cet instant ...

C'était probablement la pire connerie que tu pouvais faire durant ta carrière de professeur. Du moins, si on te laissait le temps d'en construire une, ce qui n'était pas gagné dans le cas où tu te ferais prendre avec la jeune fille dans cette salle. Tu n'avais pas la moindre idée de ce qui t'étais passé par la tête pour en venir à ce geste, mais tu n'avais pas eu le temps de chercher une excuse valable si l'auteur des pas vous surprenait, alors c'était un peu la seule chose que tu avais trouvé pour gagner du temps. Et du temps, tu en avais, maintenant, mais surtout pour te sentir ridicule aux yeux de la demoiselle. Comment aurais-tu réagis, toi, si un de tes professeurs, à l'époque, avait agis de cette façon ? Certainement que tu l'aurais trouvé bizarre, et probablement que tu lui aurais suggéré de changer de profession. Oui, du courage, tu n'en manquais pas à l'époque. On ne pouvait pas vraiment en dire autant, à l'heure actuelle. Tu avais eu peur de te faire attraper, alors que tu n'avais pas plus le droit que les élèves de traîner dans les couloirs, en les temps qui couraient. Mais n'était-ce pas pire, à présent ? Tu avais sous doute enfreins un bon nombre de règles de l'école, et maintenant que tu y pensais, ce n'était rien comparé à ce que tu risquais si ton agissement était mal interprété.

Mais contrairement à ce que tu pensais, elle ne réagit pas tout de suite. A sa place, tu te serais traité d'inconscient, et tu te serais méfié, aussi. Mais Miss MacMillan ne semblait pas en mesure de t’insulter. Tu lui lanças un regard, mais décidas de ne pas y accorder plus d'importance. Mais alors que tu essayais une nouvelle fois d'entendre un moindre signe de vie de l'autre côté de la porte, elle reprit ses paroles incohérentes sous ton regard à la fois étonné et inquiet. Tu t'étais déjà assez fourré dans un sale pétrin, tu n'avais pas besoin d'avoir à calmer une élève en pleine crise de panique, en plus de ça. Instinctivement, tu tournas le regard vers elle, te détachant de la porte, mais tu n'en restas pas moins attentif à ce qu'il se passait à l'extérieur. « Ca va allez Miss MacMillan, je suis avec vous, il ne va rien vous arriver. Personne ne vient vous chercher, ce sont juste les professeurs qui font leur ronde. » Cette information était réelle. Seulement, tu ne savais pas qui était en charge de la ronde dans cette aile du château ce soir, et dans le doute, tu ne préférais pas prendre plus de risque que tu en avais déjà pris jusque là. Dernier recours, tu lanças un sortilège de verrouillage à la serrure, que tu savais illusoir face à un autre professeur, mais qui, tu l'espérais, le pousserait à continuer son chemin, puis tu reportas ton attention sur la demoiselle. « De qui avez vous peur ? Vous pensiez être sortie de quoi ? » Repris-tu en fronçant les sourcils.

C'était bien ce que tu comptais faire avant de vous retrouver dans cette situation. La pousser à te parler, comprendre son comportement, savoir ce que signifiait cette crise, et d’où elle provenait. Pourtant, la réponse que tu obtenais était très loin d'être celle que tu imaginais. Tu tournais brusquement la tête vers elle, les sourcils froncés, la fixant quelques secondes sans dire un mot. Les moldus, disait-elle ? Que venait faire une histoire de moldu là dedans ? Pourquoi pensait-elle qu’une bande de moldus viendrait la chercher ici, à Poudlard, certainement le lieu le plus magique de toute la Grande-Bretagne ? Tu t’approchas alors d’elle, plus curieux et confus encore qu’auparavant, tandis qu’elle continuait ses explications toujours plus surprenantes, avec cette même détresse dans son regard et ses mouvements. « Je ne comprends … » Tu n’eus pas le temps de finir ta phrase qu’elle reprit déjà. Si tu comprenais bien ce qu’elle te disait, elle avait été enfermée dans un endroit d’où elle avait su s’échapper, mais elle était à présent persuadée qu’ils voulaient la récupérer. Autant dire que cela n’avait aucun sens, pour toi. Pourtant, cela suffisait à t’alarmer. Tu te doutais qu’à la voir dans un état pareil, ce n’était pas une histoire qu’elle inventait de toute pièce qu’elle te racontait, même si cela te paraissait totalement irréel. Mais elle ne t’en disait pas assez pour que tu comprennes réellement. Ou du moins, ses paroles étaient bien trop incohérentes, incomplètes aussi. Ce n’était pas exactement le genre de réponse que tu attendais, même si vraisemblablement, tu en avais obtenu une.

Mais avant que tu ne puisses la questionner un peu plus, ce fut elle qui te posa une question contrastant complètement avec ce qu’elle venait de te révéler, et qui pourtant, était parfaitement dans le contexte. C’était même la première question à laquelle tu t’étais attendu en la croisant dans ce couloir, où à la place, elle avait commencé à t’inquiéter par son hystérie. « Pour que vous vous fassiez réprimander et punir ? Je ne pense pas que vous aillez besoin de ça, Miss MacMillan … »  Rétorquas-tu simplement, en fronçant les sourcils et en haussant les épaules, alors que tu te laissais tomber sur un banc, comme si cela était tout à fait normal, oubliant totalement la manière dont tu devais te comporter en tant que professeur. « Quand la voie sera libre je vous accompagnerai à votre dortoir pour être certain que vous ne vous baladiez plus dans les couloirs. En attendant, restez calme, et asseyez vous Miss. Tu montras de la main le banc sur lequel tu venais toi-même de prendre place. Et … Expliquez moi ? De quels moldus parlez vous ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ? » En réalité, tu savais que la voie était déjà libre, que vous ne risquiez plus de tomber sur un professeur et qu’il devait déjà être loin, à un autre étage. Mais tu voulais profiter encore un peu de ce moment enfermé avec la jeune fille pour avoir le fin mot de cette histoire, et essayer de comprendre exactement de quoi elle parlait. Tu attendais d'elle qu'elle soit clair et honnête avec toi, qu'elle t'aide à comprendre un peu mieux cette histoire pour espérer pouvoir l'aider, parce que ça, tu n’en avais aucun doute, elle avait besoin d’aide.