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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Ne me jugez pas vous qui ne me connaissez pas ☺ Ludivine Tallec ☻ :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Garnet Davis
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Lun 20 Avr - 19:20
Ne me jugez pas vous qui ne me connaissez pas
«Février 2019 - Cirque Neverland - Écosse.»


La vie en dehors des cachots des sorciers n’est pas vraiment telle que je l’imaginais. C’est comme si je quittais une prison physique pour rejoindre une autre prison, invisible, où l’on me donne l’impression que je suis libre, mais je suis tout aussi enchaînée. Sans argent, nous ne sommes rien ici. On se partage un loyer pour trois mais c’est compliqué de trouver des petits boulots. Le point positif de ne plus être dans une cage, c’est que je peux maintenant rechercher mes vieux amis pour m’amuser avec eux. Et pour ça, avoir rejoint le Blood Circle était vraiment très utile. Cela faisait déjà deux mois que je les avais rejoint, et dès le premier jour je me suis déjà beaucoup amusée ! Bon, ils n’ont pas aimé se retrouver en tête à tête avec ma vieille Tante, mais ma mission était accomplie. On va pas se mentir, au début je voulais rejoindre le Cercle pour des raisons financières, échange de bon procédé, je leur rendais service et ils subvenaient partiellement à nos besoin à Ange, Alexander et moi. Alors certes, c’était toujours la merde, mais au moins on n’était pas à la rue.

Ce jour là, c’était ma première mission en solo. Les Moldus, contrairement aux sorciers, appréciaient énormément le fait que je sois née sans pouvoir tout en ayant du sang de sorcier. Grâce à ça, je pouvais aller incognito à certains endroits que les véritables moldus ne peuvent accéder. Je peux voir des choses qu’ils ne peuvent pas voir. Je ne suis pas une moldue, je ne suis pas une sorcière, je suis une Cracmol. Le sorciers pensaient que j’étais une abomination, que le fait de ne pas avoir de magie faisait de moi un être faible. Ils m’ont traitée comme un animal, ils ont fait de moi un prédateur. Un prédateur qui pouvait passer inaperçu au milieu de ses proies grâce au sang-pur que j’avais dans mon corps. Je m’adressa à Sheila :

«Qu’est ce que le loup fait quand il est dans une bergerie ?»

Elle se contenta de rire. Oui, on s’était bien comprises elle et moi. Je la rangea dans son fourreau, cachée dans ma manche gauche, tout contre ma chair. Elle n’était pas très appréciée dans le monde moldu. Visiblement, avoir une dague sur soi était illégal ,bien que Sheila ne fût pas qu’une simple dague. Mais bon c’était l’un des autres avantages de collaborer avec le Blood Circle : on est pas trop ennuyé par la législation moldue. J’ai déjà eu pas mal de sanctions moins lourdes que prévues. D’ailleurs, ça m’avait valu de me faire sacrément réprimander ; depuis je devais faire attention à ne pas me faire prendre avec Sheila. La pauvre se sent parfois exclue, mais de manière générale, elle comprend que c’est pour notre bien à toutes les deux et elle sait que je l’aimerai toujours.

J’approchais de la zone où était ce soi-disant Cirque que je devais infiltrer. Je n’allais pas infiltrer grand chose en étant vêtue comme je l’étais. Mais tout avait été prévu, il me suffisait de trouver un endroit tranquille pour me changer et vêtir cette immonde robe de sorcier. C’était en Février, il faisait froid, mais je ne craignais pas le froid. Un peu de vent froid n’allait pas me tuer pendant que je me changeais. La seule chose que je craignais, c’était qu’un moldu me voit me changer et aperçoive Sheila, là ça serait contraignant. Surtout que je ne suis pas sûre que l’influence des Kane soit aussi forte en Écosse qu’à Londres. Une fois déguisée en sorcière, je fourrais le reste de mes habits dans mon sac à dos et je me mis à la recherche du cirque en sautillant. Je chuchota à Sheila :

«C’est Halloween ! On va chercher des bonbons ! » J’ignorais quand était Halloween. C’est peut-être aujourd’hui ?

Je finis par trouver le fameux cirque Neverland. Je disposais d’un peu d’argent sorcier que je pouvais utiliser pour m’aider à passer inaperçue. Pas question de buter qui que ce soit, aujourd’hui en tout cas. Tous ces moutons, et interdiction d’en toucher un seul… J’étais excitée comme n’importe quel enfant allant au cirque, mais peut-être pas pour les mêmes raisons cela dit. Mais je n’étais pas là pour m’amuser, c’était frustrant. Oh juste un, discrètement, personne n’en saura rien. «Non, Sheila, non. On reviendra exprès pour ça, mais pas aujourd’hui. » C’était à contrecoeur que je gronda ma manche gauche. Je cherchais un endroit où m’installer pour observer les lieux. Combien de sorciers venaient régulièrement ici, et surtout la proportion d’adultes. Même si le Blood Circle préparait une contre-attaque suite à ce qu’il s’était passé à Regent’s Park au début du mois, je n’accepterais pas que des enfants soient mêlés à cette guerre. N’empêche… C’était d’un ennui de rester là à juste observer… Il ne se passe rien… Rien… du… tout…  

Le froid me réveille rapidement. Où-suis-je ?! J’ai tellement froid, je me frictionne les bras et le torse pour me réchauffer. Je cherche dans mon sac pour enfiler une veste en plus de ma robe. Je suis où ?

«Maman ?»

Maman n’est pas là, mais il y a plein de gens et d’animaux que je connais pas le nom. Est-ce que j’ai le droit de m’approcher ? On ne me dit rien, c’est que ça doit être autorisé.

«Dada !»

je vois un enclos avec en affiche le dessin d’un cheval avec des ailes. Le cheval est tout maigre, on peut voir la forme de ses os, il ne doit pas manger beaucoup et ses ailes ressemblent à celles des chauves-souris. Je regarde par derrière la clôture pour essayer de les voir.

«Mais ils sont oùùùù ?»

Personne ne me répond ou ne fait attention à moi. Je décide donc de traverser la clôture pour aller voir les chevaux de près.

«Dadas ?»

Ils ont des ailes, peut-être qu’ils volent dans le ciel. Je marche donc en regardant dans le ciel si je ne peux pas apercevoir l’une des créatures ailées.

«Aïe ! »

Je suis tombée par terre. À force de ne pas regarder, je me suis cogné à un… Mais, il n’y a pas de mur ? Je me suis cognée à quoi ? Je me relève et j’avance doucement, les mains en avant. Rapidement, je peux sentir quelque chose de tiède au bout de mes doigts, suivi d’une vive douleur à la tête…

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@Ludivine Tallec


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Mer 22 Avr - 22:50
Ne me jugez pas, vous qui ne me connaissez pas
Garnet & Ludivine

« So please don't judge me and I won't judge you 'Cause it could get ugly before it gets beautiful. »
La journée avait très bien commencé. Mademoiselle m’avait réveillée, comme à tous les matins, avec de grosses lichettes sur ma joue. C’était l’avantage d’avoir un chien à son chevet. Je n’avais pas besoin d’avoir un cadran pour me réveiller de façon agressive. C’était beaucoup plus doux comme réveil, il y avait de l’amour dans ce que Mademoiselle faisait pour me réveiller. Bon, j’avais une horloge sur ma table de chevet pour que je puisse voir l’heure si besoin et je laissais tout de même mon cadran ouvert, au cas où j’en aurais besoin. Par contre, tous les matins, je le fermais avant de l’utiliser. J’avais un ours qui avait faim et qui voulait de l’attention. J’aurais pu dormir plus longtemps, j’étais d’accord, mais ça me faisait plaisir. Depuis que Mademoiselle était dans ma vie, j’avais le temps de prendre mon temps le matin. Je n’avais pas à courir après mon temps, je n’avais pas à vivre du stress qui n’était pas nécessaire. Je nourrissais mon chien, qui s’empiffrait comme la gloutonne qu’elle était, je me faisais une tisane ou bien un café et je lisais les journaux. Je recevais le London Press moldu et la Gazette du sorcier. Je pouvais m’asseoir à ma table de cuisine et lire les deux quotidiens tranquillement, siroter ma boisson chaude et préparer ma journée. Je regardais qui je devais traiter, si j’étais au bureau bien sûr.

Ce matin-là n’avait pas fait exception. Mademoiselle était venue me réveiller avec son haleine tout à fait charmante. Après quelques caresses derrière les oreilles, je me suis levée, j’ai enfilé ma robe de chambre et je suis allée prendre une douche. Avec la bave de mon Terre-Neuve, j’aurais dû me laver le visage alors bon, la douche complète était plus simple. Les cheveux mouillés, je suis allée à la cuisine, suivie de très près par Mademoiselle qui me faisait comprendre qu’elle avait hâte d’avoir son repas du matin. J’ai nourri la bête, qui s’est jetée sur son plat comme s’il n’y avait pas de lendemain. La machine à café laissait planer une bonne odeur alors que j’allais chercher mon agenda sur la table du salon pour voir quel était le plan de ma journée. Bon, je savais rondement ce que j’allais faire, j’étais une professionnelle tout de même. Je tenais surtout à me remémorer les heures de mes différents rendez-vous. Ce matin-là, je devais passer à Neverland pour évaluer un sombral qui boitait pour une raison inconnue. Si c’était une fracture, j’allais devoir plâtrer et ce ne serait franchement pas rigolo. J’espère sincèrement ne pas devoir en arriver là, me disant qu’il y avait peut-être seulement quelque chose de coincé dans son sabot. Une petite extraction et ce serait réglé.

J’ai mangé un bol de céréales, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, j’ai rangé ma vaisselle pour ensuite aller m’habiller, encore une fois accompagnée de ma fidèle Mademoiselle. Pour aller travailler, je ne portais que rarement la robe sorcière. Je préférais être confortable pour bouger et ne pas risque de me prendre les pieds dans du tissu inutile. Je ne m’étais jamais habituée à porter les vêtements sorciers, je préférais largement les vêtements moldus, c’est plus simple. J’ai donc enfilé un jean usé qui ne me ferait pas de peine s’il était sali en travaillant. J’ai enfilé un tricot beige que ma mère avait fait elle-même. J’en recevais généralement un à deux chaque année dans le temps des fêtes. J’adorais ces tricots qui me gardaient toujours bien au chaud. J’avais pensé la veille à apporter mon sac de matériel de la clinique, je n’aurai donc pas besoin de m’y rendre avant d’aller au cirque. Ce partenariat était assez récent et je devais avouer que ça me plaisait bien de faire du travail de terrain. Ça changeait de ma routine au bureau qui pouvait devenir redondante. J’aimais bien soigner les chats, les botrucs et les chouettes, mais parfois la variété avec des créatures un peu plus… grandes était agréable.

Quand je fus prête à partir, j’ai enfilé un manteau noir, un bonnet bleu, des gants bien épais et j’ai mis mon sac sur mon épaule. J’ai fait signe à Mademoiselle de se redresser et de s’appuyer sur moi et quand elle fut en place, je l’ai entourée de mon autre bras et je nous ai fait transplaner jusqu’en Écosse. Arrivée sur place, j’ai laissé retomber les pattes avant de mon chien et elle s’est mise à sautiller de joie, contente de la visite que nous allions faire. J’ai fait quelques pas pour m’orienter et j’ai fait signe à mon chien de me suivre.

« Suis moi Mademoiselle, on a un Sombral à trouver et à examiner. Je te fais confiance pour être sage, sinon je vais me prendre un sabot en pleine tronche. »

Je me suis donc dirigée vers l’enclos qui était près de la forêt, où les chevaux ailés restaient la plupart du temps. Arrivée près de l’enclos, j’ai vu un truc étrange au sol. Qui penserait à faire la sieste dans un endroit pareil. Il faisait beaucoup trop froid pour ça, quelle idée! Je me suis approchée rapidement, histoire de voir si la personne n’était pas en détresse. Aucun sorcier sain s’esprit ne ferait de sieste à même le sol en plein mois de décembre. Surtout près d’un enclos à sombral, il n’y avait rien de logique là-dedans. Arrivée plus près, j’ai vu que c’était une jeune femme, probablement à la fin de l’adolescence avec de jolis cheveux roux. Elle était allongée au sol et deux sombrals se tenaient plus loin, l’air nerveux. Clairement, il s’était passé quelque chose entre les créatures et la jeune sorcière. Je me suis accroupie près de la rousse pour voir si elle était blessée. Elle s’était pris un coup à la tête, probablement un sabot, et la plaie saignait pas mal. Les blessures à la tête saignaient toujours beaucoup, même si elles n’étaient pas profondes. C’était l’avantage d’avoir plein de vaisseaux sanguins. Avant de faire quoi que ce soit, il fallait que je réveille la jeune fille qui avait perdu conscience. Mademoiselle, arrivée à mes côtés, donna un grand coup de lichette sur le visage de la rousse, pour m’aider.

« Mademoiselle… mademoiselle il faut vous réveiller. Vous allez tomber malade à rester comme ça. Mademoiselle… »

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Lun 27 Avr - 0:40
NE ME JUGEZ PAS, VOUS QUI NE ME CONNAISSEZ PAS
«Où suis-je ?»



Il y avait quelque chose d’humide et chaud qui me caressait le visage. Je repris peu à peu mes sens, je pouvais sentir l’humidité et le froid de la neige et entendre une voix tout proche parlait. À qui ? Mademoiselle… Mademoiselle ? À moi ? Réveiller… Malade… Mademoiselle… Ma conscience revenait peu à peu et je ressentis un horrible mal de crâne. J’ai encore laissé Alexander m’embarquer dans une soirée de beuverie c’est ça ? La femme me parlait toujours, elle me secouait doucement, et je compris que ce qui me caressait le visage n’était autre que la langue de l’animal qui devait l’accompagner. J’ouvris doucement les yeux. Saloperie de gamine… Il faudrait m’attacher pour pas qu’elle aille n’importe où faire n’importe quoi. Je me releva lentement, pour pouvoir m’asseoir, d’un geste lent je repoussa la bête qui me témoignait un peu trop d’affection. Qu’est-ce que je fichais ici ? Où est-ce que Amber m’a emmenée, pourquoi est-ce que cette enfant ne tenait jamais en place ? Instinctivement, je vérifiai que Sheila était toujours à sa place, dans le fourreau caché dans ma manche. Je soupira de soulagement en constatant que la morveuse n’avait pas égarée ma précieuse amie tandis que je sentais quelque chose couler le long de mon visage.

Où suis-je ? Il paraît que cette phrase est un cliché de la narration, quand quelqu’un reprenait connaissance, alors je me devais de la sortir dans pareille circonstance. Il me fallut un petit temps d’adaptation pour que la mémoire me revienne entièrement. Le cirque sorcier… Enquêter sur son existence et sur le nombre de personnes… Mais dans ce cas, la fille qui m’avait aidé à reprendre connaissance était une sorcière ! Je pris rapidement Sheila dans le creux de ma main et commença à la dégainer. Non ! C’était une mission d’infiltration, cette femme devait penser que j’étais une sorcière. D’ailleurs, pourquoi est-ce que je portais cette veste ? Ça risquait de griller ma couverture. Je m'empressais de la retirer pour la fourrer de nouveau dans mon sac. Je vis que du sang tombait de mon front pour souiller la neige. Je me releva, en serrant les poings et les dents. La vue de mon propre sang me rappelait ces dix longues années dans ces fichus cachots. Pour moi, ça n'avait pas été si difficile que ça. C’était surtout la frustration, ce sentiment de faiblesse que j'avais dans cette prison, de ne pas pouvoir physiquement les étriper tous et de les étrangler avec leur propres boyaux. C’était pour Amber que ça aurait pu être terrible. Ils nous voyaient comme des sous-êtres, mais les véritables sous-races sans honneur, c’était eux. Franchement, comment peut-on faire couler le sang d’une enfant ? Le seul sang qui devrait couler, c’est celui de ceux qui pensent que la pureté de leur sang leur octroi droit de vie ou de mort sur un enfant.

Je m’essuyai le front d’un revers de ma manche. Je remerciai froidement cette femme, elle était vêtue d’un simple jean abîmé et d’un manteau noir. Je fis quelque pas dans la neige avant de chanceler. Surement le mal de crâne… et la fati… gue… Non…! Il ne fallait pas que je m’écroule à nouveau. Qu’est-ce que Amber serait capable de faire si elle gambadait encore en liberté au milieu de tous ces sorciers ? Ma tête tournait, il fallait que je m’assieds un peu par terre, sinon je risquais de choir à nouveau. À peine m’étais-je assise que l’énorme chien accompagnait la femme vint de nouveau me lécher le visage.

«Hey calme toi sac à puces ! »

Sac à puces ? Est-ce que les sorciers utilisaient ce genre d’insulte. Je devais faire attention à ne pas griller ma couverture déjà si fragile. Après tout, je n’avais que de l’Argent sorcier et une robe pour me faire passer pour l’une des leurs… Et mon sang… Et puis… Pas besoin d’insulter ce pauvre chien, il n’avait rien fait de mal.

«Les chiens polis se présentent avant de jouer.»

J’aimais bien jouer avec les animaux. J’aurais voulu un chien, ou un chat, juste pour moi. Mais Ange et Alexander y étaient opposés, soi-disant que j’étais pas encore assez responsable. C’était quand ça les arrangeait ça. A mon avis, il avaient peur que je ne leur fasse du mal, mais il n’y avait rien d’amusant à dépecer vivant un chien… Les amis de Tante Gladys en revanche…

«Moi c’est Garnet, et toi mon gros ?»

Un jean et un manteau ?! Je me tournai vers la mystérieuse femme ; pourquoi était-elle habillée en moldue ?


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Jeu 30 Avr - 4:05
Ne me jugez pas, vous qui ne me connaissez pas
Garnet & Ludivine

« So please don't judge me and I won't judge you 'Cause it could get ugly before it gets beautiful. »
J’étais agenouillée au sol, près de ce corps de jeune femme aux cheveux roux, éparpillés autour de sa tête comme des rayons de soleil. Elle semblait très paisible comme ça, on aurait pu croire qu’elle dormait. La seule ombre au tableau, c’était le filet de sang qui lui coulait sur le côté de la tête, venant de son front. Bon, quand je disais soleil, je ne voulais pas dire que la jeune femme ressemblait à une grosse boule, pas du tout. Elle était très petite, menue, elle avait encore des airs de jeunesse sur le visage. Elle venait probablement seulement de sortir de l’enfance. Ceci étant dit, je savais très bien que la jeune fille ne dormait pas et je devais faire ce que je pouvais pour la ramener sur le plancher des vaches. Je devais la soigner. Je n’étais qu’une zoomage, je n’avais pas la réputation et tout le crédit des médicomages, mais je savais comment panser une plaie, peu importe qui la portait. Mais avant de penser à faire tout ça, je devais lui faire reprendre conscience. J’essayais de lui parler, de retenir son attention tout en lui tenant la main, en la tapotant. Mademoiselle, pendant ce temps, ne comprenait pas tout ce qui se passait. Sans m’en rendre compte, j’appelais la jeune fille par son nom. Ne connaissant pas le prénom de la rousse, je m’adressais à elle en l’appelant Mademoiselle, qui était aussi le nom de ma chienne. Cette dernière était donc hyper excitée et léchait le visage de la jeune femme.

Après quelques secondes, les yeux de la jeune femme se sont ouverts tranquillement. Ils étaient d’un magnifique bleu clair, comme le ciel sans nuage de ce jour-là. Je me suis reculée de quelques centimètres pour donner de l’espace pour que la jeune fille puisse s’asseoir. Elle repousse avec difficulté Mademoiselle qui se sentit probablement rejetée, comme à chaque fois où je refusais qu’elle me suive. Quand je fermais la porte de ma salle de bain, j’avais l’impression d’avoir insulté sa mère tellement elle semblait brisée. C’est difficile la séparation. Je m’attendais à ce que la rousse reste au sol, mais elle décida tout de même de se relever, ce que je n’aurais jamais recommandé à quiconque. Je n’ai rien dit, préférant me relever rapidement à mon tour, prête à soutenir la blessée si elle venait à tomber. Un remerciement froid et du sang étendu sur le front après s’être essuyée maladroitement, je vis la jeune femme chanceler sur ses pieds et s’asseoir rapidement. Il n’en fallait pas plus pour que Mademoiselle veuille donner de l’amour comme jamais à la rousse pour qu’elle devienne son amie. « Hey calme toi sac à puces ! » Mademoiselle s’est arrêtée subitement, comme si elle avait compris ce que la rousse lui disait. Le pauvre chou. J’ai mis ma main sur la tête de ma chienne, la caressant entre les oreilles pour la réconforter. J’allais prendre la parole pour expliquer la situation à la jeune fille, mais elle sembla rapidement se radoucir. Peut-être s’était-elle rendu compte que son ton n’était pas nécessaire. Malgré ça, je ne pouvais pas lui en vouloir, elle était encore blessée à la tête, et sa plaie saignait toujours, et en plus il se pouvait qu’elle n’aime pas les chiens. Ce n’était pas la passion de tous; ce sont des animaux qui prennent pas mal de place, surtout le mien; ils sentent fort, surtout quand ils sont gros et ils ont la plupart du temps beaucoup d’énergie, généralement de façon inversement proportionnelle à leur taille. « Les chiens polis se présentent avant de jouer. » C’était assez amusant, quand on y pensait bien. Je ne pus que sourire en entendant la jeune fille s’expliquer à Mademoiselle qui l’écoutait religieusement. « Moi c’est Garnet, et toi mon gros ? » J’aimais bien cette fille qui semblait préférer discuter avec mon ours miniature qu’avec l’humaine qui était tout près d’elle. Je me suis adressée à Mademoiselle, joyeuse.

« Mademoiselle, donne à la patte à Garnet. Garnet, je te présente Mademoiselle. Une chienne Terre-Neuve qui est impressionnante, mais c’est seulement 50 kilos d’amour et de fourrure. Moi c’est Ludivine. »

J’ai souri à la jeune fille, histoire de la mettre à l’aise puisqu’elle semblait plus confortable avec mon chien qu’avec moi. Si j’avais de la chance et qu’elle avait un peu de jugeote, elle me laisserait m’occuper de sa tête. Mon but n’était pas de l’effrayer après tout. Si elle n’était pas effrayée de Mademoiselle, j’avais mes chances.

« Je suis zoomage. Je venais m’occuper d’un sombral quand je t’ai trouvée au sol. Est-ce que tu me permettrais de m’occuper de la plaie que tu as au front ? Elle saigne pas mal et je ne voudrais pas que ça s’infecte. Ce n’est pas grand-chose, mais je voudrais être certaine que tout est sous contrôle. »

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Sam 2 Mai - 3:11
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«Drôles de fringues que tu portes»


Il me fallait un peu de temps avant de pouvoir me barrer d'ici, le temps de récupérer totalement mon équilibre et mes repères. Je me sentais ridicule, assise par terre, mais je m’en fichais, la seule chose qui importait, c’était de ne pas griller ma couverture. Personne ne devait se douter que je n’étais pas vraiment une sorcière et que j'enquêtais pour le Blood Circle. Je n’étais pas supposée entrer en contact avec qui que ce soit, moins je parlais aux mages, et moins ils avaient de chances de découvrir que je n’étais pas comme eux. Mais il avait fallu que Amber s’en mêle. Est-ce que la gamine avait parlé à quelqu’un ? J’avais beau essayer de me rappeler ce qu’elle avait fait, en fouillant dans ma mémoire, mais impossible de savoir quoi que ce soit, quelle frustration. Saleté de morveuse, elle finira par nous tuer un jour. Je n’avais pas encore la force de marcher et l’énorme chien cherchait à jouer avec moi. En temps normal, j’aurais passé mon chemin, par manque de temps, mais là je ne pouvais pas me lever de suite sans risquer de défaillir. J’essayai de me montrer dure, pour repousser l’animal et avoir la paix mais je réalisai rapidement qu’en me comportant ainsi, je risquais d’être démasquée, tant par mon attitude que par mes expressions. Je devais me montrer le plus neutre possible, d’autant plus que ce chien n’avait pas choisi de vivre au milieu de sorciers. Il n’avait pas à subir mon ressentiment, donc je me corrigeai rapidement, en me présentant auprès de l’animal en ignorant totalement la sorcière qui se tenait à côté de moi. Je pris le chien contre moi, l’entourant de mes bras. Ma main droite se glissa sous ma manche gauche, comme un réflexe. La bête avait l'air de bien m’apprécier, il serait si simple de demander à Sheila de trancher la gorge de cette femme, et de repartir avec le pauvre animal enfin libéré du joug de la sorcellerie. J’avais la dague en main, prête à la sortir de son fourreau. Et le cadavre ? Et la mission ? Je sentais comme des fourmillement dans les mains, à cause de l'impatience. Est-ce que ça valait le coup de tout gâcher pour un chien que je ne connaissais pas ? Je pourrais tuer tellement plus de sorcier en laissant cette sorcière ci vivre. Je lâchai finalement, avec regret, le manche de mon amie tandis que la femme essayait de communiquer avec moi en présentant son compagnon à pattes.

Mademoiselle ? Pas très original comme nom, mais je suppose qu’on ne peut pas trop en demander à un peuple capable d’enfermer des enfants dans une cave. Amour ou pas amour, la “Mademoiselle” était bien plus lourde que moi, sacré morceau quand même. Elle en profita pour se présenter… Elle croyait quoi ? Que parce que je tolérait son chien, nous étions devenus potes ? “Oh, tu aimes ma chienne ? Moi aussi ! Soyons amies, vite allons écarteler quelques Cracmols pour fêter ça !” Je souris malgré moi en me disant que l’offre pourrait être intéressante si elle s’appliquait à des Mangemorts. La femme me souriait également. C’était troublant. Quand j’étais en captivité, les sorciers aussi étaient tout sourire avec moi en me parlant, en me décrivant précisément la manière dont ils comptaient ouvrir ma chair, la faire cicatriser magiquement pour faire couler à nouveau mon sang sur les pavés des cachots. Y’en avaient même qui me racontaient, toujours avec un large sourire le plaisir qu’ils auraient à m' effacer ma mémoire pour prendre plaisir de redécouvrir mes réactions face aux diverses tortures qu'ils allaient m'infliger encore et encore. Je me méfie des sourires, ils peuvent révéler des intentions malsaines. Ludivine m’expliqua qu’elle était Zoomage et qu’elle était venue s’occuper d’un Sombrals.

«Je ne suis pas un sombral» répondis-je sèchement. D’ailleurs, je ne n’avais aucune idée de ce qu’était un sombral, tout comme j’ignorais ce qu'était un Zoomage. Il y avait Zoo dedans, c’était probablement un genre de médecin pour animal, un genre de vétérinaire magique. Et elle se proposait de soigner sa plaie ? Elle venait vraiment de la comparer à un animal ?

«T’inquiète paupiette, t’en fais pas pour ma tête, il a connu pire mon squelette.»

Je sais pas si mes rimes en "ette" suffisaient à prouver que j’avais toute ma tête et que tout allait bien, ou si au contraire c’était dérangeant. Cela dit, je trouvais que le message était assez clair pour signifier que j’avais pas besoin de son aide. Quelque part, elle était mignonne à s’inquiéter pour moi pour cette petite blessure que j’avais au front, elle ne devait pas être là pour me voir il y a 6 mois, dans ces geôles. Je l’observais, pour juger sa réaction. J’étais toujours intriguée par ses habits…

«Drôles de fringues que tu portes… »

Derrière elle, je pouvais apercevoir des formes qui bougeaient. Des animaux, des espèces de chevaux sombres avec des ailes. C’était ça des Sombrals ? Je n’avais vraiment rien à voir avec eux effectivement. Est-ce que je devais accepter son aide ? Est-ce que c’était suspect si je refusais ? Après tout, si elle m’avait voulu du mal, elle aurait profité que je sois inconsciente pour s’en prendre à moi. Est-ce que Amber est entrée en contact avec elle ? Non… Sinon on n’aurait pas eu besoin de faire des présentations.

«Tu peux jeter un oeil, si ça peut te rassurer. Mais tu verras bien que je n’ai rien de grave. »

Et puis, peut-être que ce mal de crâne allait cesser. Parce que même si la douleur physique était supportable, j’avais quand même du mal avec les conséquences à l’intérieur de ma tête. Je souris : si je meurs d'une hémorragie interne, Alexander voudra me tuer…
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Sam 9 Mai - 4:10
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Garnet & Ludivine

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Je m’inquiétais pour cette sorcière, clairement, le choc à la tête avait été plus grand qu’elle le pensait. Son instabilité sur ses pieds en était une preuve flagrante. Par contre, de ce que j’avais cru comprendre, elle ne voulait pas que je m’occupe d’elle, avant de retomber au sol à tout le moins. Certains me disaient que je m’en faisais trop pour tout le monde, que je devrais m’occuper plus de moi-même et moins des autres. Comme si me faire dire quelque chose du genre allait m’aider. C’était plutôt l’inverse. Je serais du genre à me demander ce qui s’était passé dans la vie de cette personne pour se foutre des autres. Bon, je suis d’accord, s’occuper de soi ne veut pas dire qu’on se fout des autres, seulement qu’on prend soin de soi. Je le faisais, ça aussi. Je faisais du yoga, je buvais du thé, je lisais, je faisais ce qui me plaisait en dehors des heures de bureau. Je me souciais de mes proches tout le temps. C’était dans ma nature, je m’occupais des autres, j’avais un instinct de protection très fort pour mes proches. Je me serais laissée passer dessus par un train si ça avait pu aider quelqu’un. Pour sauver mon père, j’aurais fait n’importe quoi. Son cancer le grugeait et rien ne semblait pouvoir le guérir. Il suivait ses traitements religieusement, il faisait tout ce qu’il fallait. Il ne restait plus qu’à attendre, mais les médecins n’avaient pas de réponses précises pour nous. La patience et le positivisme étaient les seules choses qu’ils nous recommandaient.

C’était ce que ma mère et moi faisions. Nous vivions nos vies comme à l’habitude, je travaillais, voyais mes patients et allaient à mes rendez-vous à l’externe. C’est bien pourquoi je me trouvais à Neverland ce jour-là. C’est surtout pourquoi je m’en faisais pour une rousse qui semblait bien amochée. J’avais été rassurée en voyant la jeune fille se présenter à mon chien qui lui semblait complètement épanoui. Il n’en fallait pas plus pour que Mademoiselle déclare que cette sorcière était sa nouvelle amie pour la vie. Elle était comme ça ma grosse boule de poils. De l’amour et beaucoup de fourrure, rien de plus. Alors que je me présentais, j’ai vu la jeune sorcière sourire et je lui ai répondu par la pareille. J’avais expliqué ce que je faisais là et à la réaction de la rousse, je ne pus que lâcher un petit gloussement amusé. « Je ne suis pas un sombral. » Elle avait raison, elle n’était pas un sombral, elle était même très loin de l’être. Alors qu’ils étaient des créatures troublantes, terrifiantes pour certains, elles étaient squelettiques et je les voyais comme des animaux nocturnes, très lunaires bien qu’ils ne soient pas plus nocturnes que d’autres. Sous l’éclat de la lune, je les trouvais majestueux. Ils m’inspiraient le respect, étaient en parfait contrôle de leur environnement et faisaient leur petite vie sans se soucier des autres. Ils s’en foutaient. La rouquine, quant à elle, était solaire. Bon, c’était un méga jugement, mais il ne se basait pas seulement sur la couleur de ses cheveux, qui je devais l’avouer y était beaucoup. Son sourire était franchement joli, il irradiait et inspirait confiance. Je lui aurais donné le Bon Dieu sans confession.

« C’est évident que tu n’es pas un sombral. Par contre, une plaie sur eux ou une plaie sur toi, c’est globalement la même chose. Il faut l’inspecter, la désinfecter et la fermée. Le processus est le même. »

La réponse de la jeune femme avait été plutôt sèche et sur le coup, même si j’avais ri un peu, j’étais restée surprise. Je me disais qu’elle était nerveuse et ne voulais pas que je fasse un travail sur sa tête comme si elle était un animal. Je m’appliquais énormément sur les créatures magiques, je ne faisais pas un travail à la va-vite seulement parce que l’esthétique ne comptait pas pour eux. Pas du tout. C’était peut-être le cas de certains zoomages qui faisaient honte à la profession, mais ce n’était pas mon cas. Mon but n’était pas de la comparer à un animal, je voulais seulement lui prouver que je savais soigner les gens, les créatures dans mon cas, mais l’idée restait la même. « T’inquiète paupiette, t’en fais pas pour ma tête, il a connu pire mon squelette. » Encore une fois, en bonne poire, j’ai ri en l’entendant faire ses rimes. Je trouvais ça plutôt étrange, je devais l’avouer, mais ça restait amusant. Ça n’empêcherait tout de même pas la jeune fille de passer entre mes doigts pour une petite inspection en règle. Aucune chance que je la laisse partir dans l’état où elle était. Je m’en ferais beaucoup trop par la suite et j’allais culpabiliser. J’avais un devoir non? Mon code moral me disait que oui à tout le moins.

« Tu es encore assez en forme pour jouer avec les mots, c’est bien. Par contre, tu as de la difficulté à tenir debout. Je préférerais regarder ta plaie de la soigner. Je ne te retiendrai pas longtemps, ça me rassurerait… Garnet. »

J’espérais sincèrement que mon inquiétude la ferait flancher en mon sens. Nous ne nous connaissions pas et je comprenais que laisser une inconnue s’approcher comme ça pouvait la rendre mal à l’aise. Les codes sociaux faisaient que les distances entre les personnes étaient régies par la relation entre ces dites personnes. Plus nous étions avions des relations de proximité, plus cette proximité pouvait se faire sentir physiquement. La plus grande des logiques. Bref, notre relation ne permettait pas une si grande proximité à la base. « Drôles de fringues que tu portes… » Ça, ça pouvait expliquer une partie de sa méfiance et le regard intrigué qu’elle portait sur moi depuis mon arrivée près d’elle. Mon look à la moldu faisait souvent sourciller les gens autour de moi. J’étais trop moldue pour certains goûts, mais ça me passait à plusieurs mètres au-dessus de la tête. J’avais été habituée à porter ces vêtements toute ma vie quand j’étais chez mes parents, je les trouvais plus confortables et beaucoup plus pratiques, surtout dans mon travail. J’avais plus de facilité à bouger, à me mettre au niveau des créatures qui étaient plus petites et j’avais moins de risque qu’un animal marche sur ma robe et tout ça. J’ai haussé les sourcils, en hochant la tête.

« Ah ça ouais. J’ai toujours été habituée à porter ce genre de vêtements, mes parents sont moldus. J’ai pris l’habitude et je dois t’avouer un truc, je trouve ça beaucoup plus confortable que les robes de sorcière. Et puis bon, pour le travail ça me facilite la tâche, j’ai pas faire attention qu’une créature ne marche sur le bas de ma robe. »

J’espérais que la révélation de mon sang n’empirerait pas la situation, mais je préférais toujours jouer franc jeu. Je n’avais pas honte de mes racines, au contraire, j’en étais très fière. Les insultes coulaient sur mon dos comme de l’eau sur le dos d’un canard. Par contre, si elle s’en prenait à mes parents, la rouquine allait me voir sous mon mauvais jour. J’ai souri, espérant que ça ne changerait rien à la situation et que toutes mes explications l’auraient rassurée. « Tu peux jeter un oeil, si ça peut te rassurer. Mais tu verras bien que je n’ai rien de grave. » Je la croyais, ce n’était probablement pas grave, mais je tenais à en être certaine. Je ne pus que sourire quand elle me donna la permission de m’approcher d’elle. J’ai jeté un coup d’œil à Mademoiselle qui se tenait toujours assise près de Garnet et je lui ai fait signe de se coucher près d’elle. La zoothérapie était toujours efficace, alors autant tout faire pour que la jeune femme soit calme pendant mon inspection.

« Je te remercie, je vais être rassurée quand tu vas te sentir assez bien pour partir. Tu vas voir, ça ne sera pas très long. »

J’ai donc saisi mon sac avec mon équipement de soins et je me suis approchée de la jeune sorcière. Je me suis agenouillée près d’elle et je me suis dit que la première chose à faire serait de nettoyer son visage. J’ai sorti un linge de mon sac et d’un petit Aguamenti, je l’ai imbibé. Après un regard confiant sur la jeune femme, je lui ai essayé le visage, enlevant tout le sang qui avait séché et qui cachait son joli minois.

« C’est beaucoup moins effrayant comme ça. Juste comme ça, ça doit déjà te soulager non ? C’est pas parfait, mais on voit ton visage comme il faut maintenant. C’est beaucoup plus joli. »

J’ai fait un clin d’œil malicieux de la jeune femme, attendant une certaine réaction. Si ça ne lui plaisait pas, je préférais arrêter que de la forcer.
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«Une sang-de-bourbe ?»


Si c’était si évident que ça que je n’étais pas un Sombral… Pourquoi cette attardée s’attardait sur moi ? Qu’elle s’occupe donc de ces fameux Sombrals et qu’elle me fiche la paix ! Elle prétendait que ces créatures et moi, c’était le même tarif. Que si on avait besoin de soins, on serait logés à la même enseigne. Autant dire, qu’elle comptait pas me lâcher les basques de sitôt… Je tentai de lui montrer que j’allais bien en faisant quelques jeux de mots. Non mais franchement, elle n’allait tout de même pas me tenir la jambe pour un malheureux coup sur le crâne. Elle me pensait fragile à ce point ? Visiblement, elle n’avait absolument aucune idée de ce que mon corps avait déjà vécu. Malheureusement, ma petite pirouette avec les mots semblait lui plaire, puisqu’elle se mit à rire. Mon corps se crispa, je n’apprécie pas que des inconnus rient ou sourient de moi sans que je ne le veuille. Cela me rappelait inévitablement ces sorciers tarés, pas que ça soit une tare d’être taré mais dans leur cas c’était vraiment malsain. Malgré son rire et son amusement face à mes belles rimes, elle insistait pour m’ausculter, elle ponctua même sa demande par mon prénom. Comment l’avait t-elle deviné ? Ah oui… Elle m’a entendue me présenter à Mademoiselle, elle s’était présentée aussi… C’était quoi déjà, je n’avait pas fait attention. Alors que je tentais de me rappeler, je fus une fois de plus intriguée par ses vêtements et le lui fit remarquer. “Fringues” Je me giflai intérieurement, c’était pas un peu trop moldu comme expression ? Elle ne releva pas ma gaffe et m’expliqua même que ses parents étaient moldus.

«Une sang-de-bourbe ?»

Je crois qu’ils étaient à peine mieux classé que les Cracmols dans l’opinions des Mangemorts. À moins que ça soit l’inverse ? En tout cas, cette fille était une abomination. Ça nous faisait un point commun. C’était pas vraiment une sorcière, comme moi je n’étais pas vraiment une moldue. Je commençais à me détendre, un peu moins méfiante.

«Tes parents ils sont au courant ? Ça a dû leur faire un choc. Mais bon, j’imagine qu’il vaut mieux être une sang-de-bourbe qu’une Cracmol.»

Je serrais les poings, c'était une phrase de mon père, et repenser à la manière dont mon père  me rabaissait quand j’étais gamine m'énerva aussitôt. Non. Quand il rabaissait cette pauvre Amber. Quand il nous rabaissait. Il n’y avait rien de pire qu’un Cracmol à ses yeux. Cracmouille, comme il nous appelait. Il faudrait que j’économise assez pour pouvoir me payer un voyage pour lui rendre visite, histoire de tailler le bout de gras entre géniteur et progéniture. On avait des frères aussi, dans mes souvenirs… Je crois qu’il ne valaient pas mieux que lui, difficile de m’en rappeler, il nous était interdit de leur parler. Vivement la réunion de famille, j'amènerai tante Gladys si monsieur Kane m'y autorise.

Je signalai à la sorcière qu’elle pouvait m'ausculter, si ça pouvait la rassurer. De toutes façons, elle n’avait pas l’air d’être prête à me lâcher comme ça mais, concrètement, je préférais être inspectée par une Né-Moldu que par une sorcière de Sang-Pur. Pour le coup, le fait qu’elle soit sorcière me dérangeait beaucoup moins, même Sheila avait arrêté de me supplier de l’égorger. Elle était comme moi, elle n’a pas eu de chance à la loterie génétique. Elle fit un signe à Mademoiselle et, comme si elle était soumise à un ordre d’autorité divine, la chienne s’allongea calmement à côté de moi. Divine… Divine…

«Ludivine ?»

Oui, c’était ça son prénom ! J’étais tellement occupée à l’ignorer que je n’avais pas vraiment écouté.

«Non, rien, t’occupes. Je viens juste de me rappeler ton prénom.»

Ludivine farfouilla dans son sac pour en sortir divers équipements. Elle s’approcha ensuite de moi avec un linge et sa baguette magique. Je me suis raidis en voyant la baguette, et j'eus un geste de recul quand elle fit jaillir de l’eau pour imbiber le tissus. C’est pas que j’avais peur de la magie, mais après tout ce temps passé avec des sorciers, mon corps réagit instinctivement aux sortilèges. Je caressai doucement la fourrure de Mademoiselle avec ma main gauche, pour empêcher ma main droite de sortir instinctivement ma dague pour tuer cette pauvre fille. Ça foutrait en l’air ma mission, tout ça pour éliminer la moins pire des sorcière… Quel gâchis ! La Zoomage approcha le chiffon de mon visage pour me le nettoyer. Elle s’y prenait lentement et avec délicatesse. C’était chiant. Je restais impassible tandis que Ludivine tâchait de prendre soin de moi comme l’aurait fait maman. Maman est là ? Non, c’est juste une inconnue. Il ne faut pas parler aux inconnus. Mais elle semble gentille. Tante Gladys aussi avait l’air gentille, mais elle n’a pas su garder la tête sur les épaules. La sorcière reprit la parole ; elle me demandait si ça me soulageait. Ben… Pour le mal de crâne, si le chiffon humide était plus efficace que l’aspirine, ça ferait longtemps que les pharmacies auraient fait faillites…

«Oui, ça va super maintenant. Grâce à toi. Tu vas me laisser partir maintenant ? » Tentais-je

Je soupirais en voyant qu’elle n’était pas de mon avis. Apparemment voir mon “joli” visage ne suffisait pas. Le terme “joli” pour qualifier mon corps me fit sourire, mais pas pour les raisons que l’on pourrait croire. C’était juste que ça m'évoquait un souvenir plutôt amusant du" club des Mangemorts". Y’avait pas que des gars sympas chez les Cracmols enfermés. Des salopards, y’en a de partout… Mais si les Mangemorts étaient tous des enculés, les prisonniers avaient également leur petit lot d’enfants de putains. Globalement, nous étions assez unis, car nous étions tous dans la même galère. Mais… Mais il arrivait qu’un petit nouveau ne comprennent pas trop le système. En l'occurrence le petit nouveau en question trouvait mon corps plutôt joli et il m’avait proposé de venir s’amuser avec moi. Pauvre type, il aurait pu apprendre à mieux me connaître, les Mangemorts n’aiment pas trop quand on tente de tuer un autre prisonnier après lui avoir broyé l'entrejambe en serrant trop fort le poing. À cause de lui j’ai été privée de nourriture pendant 2 jours. Mais bon, deux jours de jeûne à être forcée de le regarder se faire fouetter jusqu’à la mort, littéralement, c’était pas cher payé. Je crois que c’était une forme de cadeau que mes geôliers m’ont faite sans vraiment me l’avouer.

Mon sourire s’effaça quand je voyais une des deux formes sombres s’approcher de nous. Intrigué je demandai.

«Ce sont ces espèces de chevaux les Sombrals ?»


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Ça ne paraissait pas du tout, mais ce que je faisais était assez important. Les blessures au visage, autant chez les humains que chez les créatures, saignaient toujours abondamment. Il y avait énormément de vaisseaux sanguins dans cette région, comme dans les mains. Même les blessures peu profondes saignaient en quantité industrielle. Dans le visage, ça pouvait donner des scènes assez impressionnantes, comme ce que je vivais en ce moment. Avec tout ce sang et le foin qui était collé dans le sang coagulé, j’avais de la difficulté à évaluer la gravité de la blessure. Ce que je savais en tout cas, c’est qu’elle n’était pas assez grave pour la rouquine soit encore à côté de ses chaussures. Elle avait repris conscience et pouvait avoir une conversation normalement, c’était bon signe. Bon, son équilibre semblait un peu atteint, mais avec un choc à la tête, même les plus petits, ça pouvait toujours arriver. Près d’elle, j’ai senti que la jeune femme se crispait alors que je riais. Pensait-elle que je me moquais d’elle? Ce n’était pas du tout mon intention, j’avais seulement trouvé sa boutade amusante. J’ai repris mon sérieux pour expliquer ma situation sur mes vêtements. Pour moi, ce n’était pas grand-chose d’avoir des parents moldus, mais elle dit les mots qui me firent me crisper à mon tour. « Une sang-de-bourbe ? » C’était effectivement ce que j’étais, mais je détestais ces mots, comme tous les nés-moldus de la planète. C’était tellement préjudiciable. Comme si mon sang ne valait pas mieux que de la merde. Ça me faisait toujours un pincement au cœur d’entendre ça, mais j’ai tout de même gardé mon calme. Le meilleur moyen d’éduquer était de parler, d’expliquer et non pas de piquer une crise. Ça ne servirait à rien. En plus, Garnet était restée en place quand elle s’était exprimée, surprise. Ça ne semblait pas la dégoûter, ça semblait seulement la surprendre. J’ai hoché la tête en choisissant mes mots pour reprendre calmement. « Tes parents ils sont au courant ? Ça a dû leur faire un choc. Mais bon, j’imagine qu’il vaut mieux être une sang-de-bourbe qu’une Cracmol. » La jeune fille venait de me confirmer que son vocabulaire venait seulement d’un manque d’éducation. Elle ne semblait pas connaître mieux et ses questions semblaient vraiment venir de son fond. Elle voulait vraiment savoir. J’ai pris une inspiration en souriant doucement.

« Oui, c’est bien ça. Par contre, je préfère qu’on dise née-moldu, je me sens moins sale comme ça. Et oui, bien sûr que mes parents sont au courant. Les parents de ma meilleure amie les ont aidés à tout comprendre cette histoire de magie et un représentant de l’école est venu leur parler avant ma première rentrée à Poudlard. Pour les cracmols, je n’en connais pas, mais je ne crois pas qu’il y ait des sorciers mieux que d’autres. Chacun a son petit je-ne-sais-quoi non? Ils peuvent vivre une belle vie aussi en vivant différemment, c’est tout. »

Des grands mots pour peut-être pas grand-chose, mais je tenais à expliquer mon point de vue. Je ne croyais pas qu’il y avait de vraies classes dans le monde sorcier. Sang-pur ou pas, ce n’était pas ça qui faisait la valeur d’une personne. Il y avait des personnes extraordinaires autant chez les purs et les nés-moldus ou les cracmols. Même chose pour l’inverse. Il y avait des gens horribles de tous les côtés. C’était ce qu’on avait dans la tête qui faisait la différence, pas ce qu’on avait dans les veines. Maintenant accroupie à côté de la rouquine alors que Mademoiselle s’était allongée à côté d’elle, je commençais à essuyer son visage. « Ludivine ? » J’ai éloigné un peu mon visage du sien pour la regarder directement sans avoir l’air de la dévisager tellement j’étais dans sa bulle. « Non, rien, t’occupes. Je viens juste de me rappeler ton prénom. » J’ai souri malicieusement, amusée, en me disant qu’elle avait cherché et qu’elle voulait s’en souvenir. Pour une jeune fille qui ne voulait pas que je m’occupe d’elle, je me disais que je commençais à gagner des points. Je n’ai pas relevé, retournant à mon ouvrage sur son visage. Alors que je mouillais mon linge, j’ai vu la jeune fille sursauter. J’ai essayé de cacher ma surprise. Elle ne semblait pas habituée à côtoyer des baguettes. Mademoiselle présente au poste pour faire son emploi, elle se laissa caresser par la jeune femme qui passait son stress dans la fourrure de mon chien. Les gens me trouvaient étrange de trainer mon chien partout où j’allais, mais c’était dans des situations comme ça que je me disais que j’allais continuer. C’était payant pour calmer les gens en moment de panique. Tout en nettoyant le visage doucement pour ne pas brusquer la rousse, je réfléchissais à toute vitesse. Pourquoi une sorcière aurait peur de la magie? Nous ne nous connaissions pas assez pour que je lui pose la question. Je me suis donc dit que pour la suite, j’allais expliquer tout ce que j’allais faire pour ne pas la prendre par surprise. Mon but était de la soigner, pas de la faire quitter le cirque avec un syndrome de stress post-traumatique. « Oui, ça va super maintenant. Grâce à toi. Tu vas me laisser partir maintenant ? » J’ai hoché la tête négativement. On y était presque, mais c’était pas encore ça. Maintenant que son visage était propre, il fallait que je désinfecte tout ça et que j’aide la cicatrisation. Ce ne serait pas bien long, mais elle allait devoir encore rester au sol quelques minutes.

« Non, pas encore. Désolé Garnet. Là, je veux appliquer un onguent pour désinfecter tout ça et faire cicatriser ton front plus rapidement. »

Je me suis éloignée de la jeune fille de quelques centimètres pour retourner fouiller dans ma sacoche de travail. Je cherchais un pot d’onguent de dictame. Cette plante était franchement merveilleuse pour le soin des plaies. J’ai entendu la jeune rousse soupirer, mais je n’ai pas réagi, faisant comme si je n’avais rien entendu. Clairement, elle aurait voulu être ailleurs, mais elle serait coincée avec moi encore quelques minutes et après elle pourrait aller gambader où ses jambes voulaient bien la porter. En retournant pour la regarder du coin de l’œil je l’ai vu sourire. Était-ce mon compliment qui la faisait réagir ainsi? Peut-être bien. Je ne le savais pas, mais si c’était le cas, tant mieux. C’était le but. Je voulais qu’elle baisse sa garde un peu, on aurait dit un chat errant qui ne savait pas s’il devait faire confiance ou non. Après quelques secondes, j’ai enfin trouvé mon pot de pommade et je suis revenue doucement vers Garnet. Alors que je me remettais à son niveau, j’ai vu son sourire disparaitre. En suivant son regard, mes yeux se sont posés sur des sombrals curieux qui venaient voir ce qu’on faisait. « Ce sont ces espèces de chevaux les Sombrals ? » J’ai hoché la tête en me plaçant sur les genoux face à la rouquine. Souriante, j’ai joué avec le pot qui était maintenant entre mes mains.

« Exactement. Là ces deux-là sont sûrement curieux de savoir ce qu’on est en train de faire. Ils n’ont pas beaucoup de visites alors quand ils voient du monde ils attendent toujours un peu avant de s’approcher, histoire de voir si on vient en paix. Ils n’ont pas une bonne réputation et peuvent faire peur à cause de leur apparence, mais ils sont doux comme des agneaux. Tu en as déjà vus ? »

J’ai ouvert le pot d’onguent et je l’ai tendu à la jeune fille, au cas où elle voudrait le prendre pour sentir ou toucher ce qu’il y avait à l’intérieur. Elle semblait plutôt nerveuse alors je préférais ne pas prendre de chance.

« C’est ce que je vais mettre sur ton front. Tu peux sentir la crème si tu veux, ça ne sent presque rien. C’est un onguent que j’ai fait avec des tiges de dictame. C’est une herbe médicinale, j’en utilise souvent et les médicomages aussi, si ça peut te rassurer. Ça va désinfecter ta plaie si elle en a encore besoin et surtout ça va aider à cicatriser plus vite. Tu ne devrais pas avoir de cicatrices, c’est un gros plus. Je pourrais t’en laisser un petit pot si tu veux pour que tu puisses en remettre dessus ce soir. Après ça tu devrais être tranquille. »

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«Pourquoi est-ce que je saigne ?»


Après une courte pause, la sorcière me répondit. Elle préférait qu’on utilise le terme “Né-moldu”, ça lui donnait le sentiment d’être moins sale. Elle me parla de la famille de sa meilleure amie et d’une école de sorcellerie. Poudlard ? Je ne connaissais que Livermorny, et simplement de nom. Nos frères n’arrêtaient pas de nous narguer en nous disant qu’on ne pourrais jamais y aller parce qu'on n'était qu'une pauvre Cracmouille. Maman les sermonait, papa les encourageait… On n’avait même pas cinq ans, trop jeune pour comprendre, ça ressemblait à un jeu. Maintenant je sais. Ludivine réagit également à propos des Cracmols, je décidai donc de détourner le regard. Je me fiche de savoir ce qu’elle peut penser de ce que je suis, je sais très bien que les sorciers ont les Cracmols en horreur. Je ne répondis pas de suite, je la laissais silencieusement prendre soin de ma “blessure” jusqu’à ce qu’elle fasse jaillir de l’eau de sa baguette, ce qui me fit avoir instinctivement un mouvement de recul. J’espérais qu’elle ne remarque pas ce mouvement étrange et je me focalisais donc sur la fourrure de l’animal entre mes doigts pour m’empêcher de massacrer cette fille sur-le-champ. C’était une sang de bourbe, elle pouvait pas simplement utiliser une bouteille d’eau pour imbiber son tissu ?

«Née Moldu… Sang-de-bourbe… Ce ne sont que des mots pour dire la même chose.» Je me décidais enfin de réagir à sa réponse, je me sentais plus à l’aise. Comme si ellle m’avait demandé pourquoi j’avais eu un mouvement de recul et que j’essayais de changer de sujet. «Si t’as pas honte d’être Née Moldue, pourquoi avoir honte d’être une Sang-de-Bourbe. Les seuls à devoir se sentir sales, ce sont ceux qui pensent pouvoir te faire du mal en utilisant comme insulte ce qui justement fait ta force. »

Pour les Cracmols par exemple, notre force c’était de pouvoir s’introduire au milieu de sorciers et de passer presque inaperçus pour pouvoir tous les trucider par âge décroissant, n’épargnant que les enfants… Et peut-être les Sang-de-Bourbes… Je me demandais comment le Cercle considérait ces gens là, il n’appartiennent pas à la culture sorcières, ils ont eu des pouvoirs malgré eux, mais leur famille était normale.

«Les Cracmols ne sont pas, par définition, des sorciers. De là à dire qu’il valent autant que des Sorcier ; Sang-Pur ou de Sang-de-bo… je veux dire Né-Moldu ; c’est une autre histoire. Beaucoup de sorciers ne pensent pas comme toi, et visiblement tu en as déjà fait les frais à une moindre échelle.»

Cette fille dégoulinait de naïveté même si c’était très généreux de sa part de penser que chaque personne se valait. Mais son avis ne valait rien par rapport à celui de tant d’autres sorciers. Ce n’est pas avec des belles paroles que l’on gagne sa liberté, mais dans le sang et les larmes. Il faut savoir saisir la bonne occasion pour prendre les armes afin d’éliminer ceux qui s’opposent à notre droit d’existence. Ludivine ne devait pas encore avoir assez souffert de ses origines pour en avoir conscience. Cette chance était aussi sa malchance pour le coup, puisqu’elle n’avait donc jamais eu l’occasion de voir le véritable visage de certains sorciers, et qu’elle continuait de jouir de cette innocence que je n’avais plus depuis bien longtemps.

Lorsque je tentai de la convaincre que tout allait bien pour moi, afin qu’elle me laisse partir, mais elle m’annonça qu’elle allait chercher de l’onguent pour m’aider à cicatriser. Je poussai un soupire de dépit juste avant d’avoir un sourire impie en repensant à une anecdote de ma captivité. Mon sourire s’effaça rapidement en voyant deux créatures s’approcher. Ludivine m’expliqua que les deux Sombrals devaient surement être intrigués par ce qu’il se passait. Elle ajouta que les gens les jugeaient souvent à tort, qu’ils avaient une mauvaise réputation.

«Comme les Sang-de-bourbe hein ? On juge les Né-Moldu à cause de leur sang, sans raisons. Non, c’est la première fois que je viens ici et je n’en ai jamais vu ailleurs. C’est rare ?»

Clairement, le cirque sorcier c’était pas l’endroit où j'étais le plus à l’aise. Alors, il y avait quelque trucs appréciables, comme la présence de plusieurs créatures. Mais alors les autres trucs qu’il y avait à côté, non merci. Il y avait vraiment des demeurés qui venaient voir “La Catrina” et ses dons de voyance ? Quelle bouffonnerie. D’un autre côté, c’était pas pire que l’autre folle qui prétendait parler aux cadavres… La Zoomage ouvrit son pot d’onguent et me proposa de sentir en me parlant de dictames et de médicomagie pour finalement me dire que ça allait désinfecter et aider à cicatriser la plaie. Beaucoup de blabla pour pas grand chose. Je m’emparai du pot pour le sentir. En humant la crème, je pouvais confirmer qu’effectivement, elle ne sentait presque rien, une très légère odeur indescriptible. Je fermais les yeux pour essayer de me concentrer sur ce que ça m’évoquait. Je fis le calme dans mes pensées, oubliant Ludivine, délaissant Mademoiselle et écartant les Sombrals de mon esprit.

Quelqu’un me propose de me laisser un petit pot pour m’en remettre le soir. Je ne comprends pas. J’ouvre les yeux et je vois que je tiens un pot de crème dans le mains. Une femme me regarde. Je la regarde aussi, n’osant pas parler. Où est maman ? Je la cherche en regardant un peu partout. Elle n'est pas là. Tourner la tête me donne mal au crâne, comme si je m’étais cognée. La femme me regarde comme si elle attendait une réponse. C’est qui ? Me souvenant qu’elle me proposait de garder un pot, je comprends que c’était une vendeuse mais je n’ai pas d’argent à lui donner. D’ailleurs ni maman, ni Axelander ne m’a laissé d’argent pour acheter quoi que ce soit. Je réponds donc poliment en lui tendant le pot.

«Non merci, je n’en ai pas besoin. Tenez madame. »

J’ai froid, et j'ai mal à la tête. Je n’ai pas le temps de parler avec les marchands. En plus je ne sais pas où je suis. Je pose la paume de ma main sur mon front, comme pour calmer la douleur, on sait jamais. Mon front est humide. Je suis malade ? J’ai de la fièvre ? Ma main résiste un peu quand je la retire et en la regardant je peux voir de légères traces de sang sur le centre de ma paume.

«Aaah ! »

Je pousse un léger cri de surprise en reculant brusquement, faisant sursauter l’énorme chien qui était à côté de moi et qui était tellement calme que je ne vis que maintenant.

«Pourquoi est-ce que je saigne ?!»

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Jeu 23 Juil - 20:56
Ne me jugez pas, vous qui ne me connaissez pas
Garnet & Ludivine

« So please don't judge me and I won't judge you 'Cause it could get ugly before it gets beautiful. »
La jeune rousse avait compris ce que j’étais, mais je n’avais pas pu faire autrement que jouer à l’éducatrice en lui parlant de ce que je préférais comme vocabulaire. Je lui avais dit que je me sentais sale quand on utilisait « sang de bourbe ». Ce n’était pas le mot en soi qui faisait que je me sentais ainsi. Ce n’était qu’un mot après tout. Tout comme les autres, en principe, il aurait dû couler sur mon doc comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Le problème était le ton que les gens utilisaient quand ils le disaient. Il y avait du dégoût, parfois, du dédain, souvent. C’était cette attitude qui pouvait faire mal. Avec le temps, j’avais pris l’habitude. Les sorciers utilisaient ce terme et moins en moins et ça faisait plaisir. Mais pour ceux qui l’utilisaient encore, je ne réagissais pas. Ils pouvaient penser ce qu’ils voulaient, même si ça me pinçait quand même. Cependant, là, venant de la bouche de la jeune fille, je me disais que je pouvais l’éduquer un peu. Dans son cas, il n’était pas trop tard. Au contraire, elle était encore à l’aube de sa vie, tout restait à faire. J’étais restée douce, sans hausser le ton, ça ne servait à rien. Une conversation avait plus d’influence qu’une crise venant d’une pure étrangère. Je donnais les soins dont Garnet avait besoin et on discutait, sans plus.

Je me disais que même si elle ne voulait pas entendre ce que je disais, ça pourrait tout de même semer une graine qui allait peut-être germer avec le temps. On ne peut pas forcer une plante à pousser plus vite, il faut lui laisser le temps. Bon, on peut bien mettre de l’engrais, mais elle va tout de même suivre son rythme. Avec les idées, c’était la même chose. Ce fut la même chose quand elle me parla des cracmols. Quand je lui ai dit ce que je pensais, son regard est parti vers la droite, évitant de me regarder. Je me demandais si elle parlait en connaissance de cause, mais ce n’était pas à moi de demander. Si elle voulait en parler, elle le pouvait sans problème, mais je ne la forcerais pas. Je sentais la jeune fille énormément sur la défensive et je ne tenais pas à la faire fuir. Du moins, pas avant que j’ai terminé de m’occuper de sa plaie. Un peu d’eau fit sursauter la jeune fille, mais je n’ai pas relevé. Il y avait sûrement bien plus derrière ses comportements et pensées que ce que je pouvais voir et ce n’était pas à moi à jouer de ça. Sa plaie nettoyée, elle a enchaîné. « Née Moldu… Sang-de-bourbe… Ce ne sont que des mots pour dire la même chose. » J’ai hoché la tête, elle avait raison sur ce point, les deux expressions voulaient dire la même chose. C’était l’historique qui suivait ces expressions qui donnait un poids différent aux deux idées. D’un autre côté, il y avait une insinuation différente quand on dit sang de bourbe. En tant que tel, on parle de la même chose, mais de façons différentes. « Si t’as pas honte d’être Née Moldue, pourquoi avoir honte d’être une Sang-de-Bourbe. Les seuls à devoir se sentir sales, ce sont ceux qui pensent pouvoir te faire du mal en utilisant comme insulte ce qui justement fait ta force. » J’ai arrêté ce que je faisais quelques secondes pour réfléchir à ce que la jeune fille disait. Elle avait raison, encore une fois. Pour une femme aussi jeune, elle avait de belles réflexions. Je disais que ça ne m’atteignait pas, mais il y avait tout de même un petit pincement quand je disais ça. Comme si le sang de mes parents valait moins que celui des sorciers, c’était ridicule.

« C’est bien dit. C’est surtout que j’ai l’impression qu’ils insultent plus mes parents que moi en parlant ainsi. Mais t’as raison, c’est eux qui devraient avoir honte. »

Maintenant que ma pensée était dite, j’ai repris les soins en fouillant dans mon sac et en écoutant ce que la rouquine racontait. « Les Cracmols ne sont pas, par définition, des sorciers. De là à dire qu’ils valent autant que des Sorciers ; Sang-Pur ou de Sang-de-bo… je veux dire Né-Moldu ; c’est une autre histoire. Beaucoup de sorciers ne pensent pas comme toi, et visiblement tu en as déjà fait les frais à une moindre échelle.» Pour ce qu’elle disait pour le statut des cracmols, je ne savais pas ce qu’il en était vraiment. D’un point de vue, effectivement, ils ne pouvaient pas pratiquer la magie, ils ne l’avaient pas en eux, alors on ne pouvait pas dire qu’ils étaient sorciers. C’était exactement l’inverse des nés moldus en fait. Mais en fin de compte, chaque vie en vaut bien une autre, tout le monde a ses différences, mais ça reste une personne. C’était comme ça que je voyais les choses. C’était pour ça que son discours me rendait un peu triste. Je trouvais ça dommage qu’une jeune femme de son âge ait déjà réalisé que certains se croient supérieurs aux autres. J’ai tout de même souri avant de prendre la parole. Après tout, elle avait fait l’effort de dire né-moldu et non pas sang-de-bourbe.

« C’est certain que c’est pas tout le monde qui pense comme moi, mais ces gens-là, selon moi, ne valent pas la peine d’être entendus. Je les ignore. J’ai pas besoin de tout ce négatif dans ma vie. Y’en a assez au naturel. »

Le pot d’onguent en main, j’étais prête à mettre la touche finale aux soins de Garnet. J’ai expliqué quelques détails sur la vie des sombrals à la jeune femme qui semblait très curieuse. Intérieurement, je me suis dis que si elle les voyait, elle avait déjà vu la mort avant. Clairement, il y avait plus à la rouquine que ce qu’elle disait. Et puis, c’était peut-être ce décès qui la rendait si méfiante. J’étais aussi peut-être complètement dans le faux, qu’est-ce que j’en savais ? «Comme les Sang-de-bourbe hein ? On juge les Né-Moldu à cause de leur sang, sans raisons. Non, c’est la première fois que je viens ici et je n’en ai jamais vu ailleurs. C’est rare ?» J’ai lâché un petit rire amusé, elle avait, encore une fois, raison. Ils étaient jugés sur leur apparence alors qu’ils étaient de magnifiques créatures très douces. Aucune once de méchanceté en elles. M’asseyant sur mes talons, j’ai regardé pensivement les sombrals qui s’étaient approchés de nous curieusement. Nous étions restées assez longtemps sur place pour qu’ils s’habituent à notre présence et surtout pour venir quémander à manger.

« Pas mal comme comparaison, je m’étais déjà fait cette réflexion. Mais non, ils ne sont pas rares en soit. Par contre, ce n’est pas tout le monde qui peut les voir. Seules les personnes qui ont vu la mort peuvent les voir. On ne sait pas pourquoi… mais c’est un peu pour ça qu’ils ont une mauvaise réputation aussi. Encore là, c’est pas leur faute. »

J’ai expliqué les effets de l’onguent pour que la rouquine comprenne bien ce que je faisais et elle prit le pot entre ses mains pour humeur comme je le lui avais suggéré. Elle ferma les yeux et quand elle les rouvrit, un truc s’est passé et je n’ai pas compris. La dureté dans les yeux de Garnet était disparue. À la place, de l’inquiétude y est apparue et la jeune femme regarda partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. J’ai rapidement froncé les sourcils, ne comprenant pas ce qui venait de se passer. « Non merci, je n’en ai pas besoin. Tenez madame. » Madame ? Pas besoin ? Bien sûr qu’elle en avait besoin, je venais de lui expliquer. Je me suis reculée un peu pour l’observer, reprenant le pot qu’elle me tendait. Qu’est-ce qui se passait ? «Aaah ! » Mademoiselle a été surprise par le léger cris de la rouquine et elle s’est levée pour venir me rejoindre alors que la jeune femme reculait. « Pourquoi est-ce que je saigne ?! » Clairement, un truc n’allait pas. Sa mémoire pouvait-elle flancher à ce point en à peine une seconde à cause du choc qu’elle avait reçue à la tête ? J’ai caressé Mademoiselle pour qu’elle se détende un peu. La nervosité de la jeune sorcière semblait être contagieuse et s’être agrippé à ma chienne.

« Du calme Garnet, tout va bien. Je t’ai trouvée ici tout à l’heure et j’étais en train de te soigner. Tu as dû tomber et te cogner, je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai lavé ta plaie et j’allais mettre l’onguent que tu m’as rendu pour t’aider à cicatriser…je comptais te donner le pot pour que tu puisses en mettre plus tard. Tout va bien ? Tu permets que je te mette l’onguent ? Après je te laisse tranquille, c’est promis. Tu pourras partir. »

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« C’est pas comme ça que je m’appelle ! »


Cette Ludivine était bien plus naïve que méchante, surtout pour une sorcière. Elle avait honte de ce qu’elle était, à cause du regard des autres. Elle était rejetée par les autres sorciers à cause de ses origines, tout comme moi. Elle avait l’impression qu’on insultait ses parents quand on la dénigrait à cause de son sang… Mais oui simplette, c’est exactement ce que les sorciers font. Et encore, elle pouvait s’estimer heureuse qu’elle n’ait simplement droit à des insultes… Nous, on avait eu beaucoup moins de chance… Les sorciers n’étaient tous que des connards, à se vanter la pureté de leur sang, ils méritaient de mourir pour ça.  Je parlai comme ceux qui nous avaient séquestrés pendant plusieurs années, à prôner le fait que les Cracmols ne valaient rien. À leurs yeux je ne suis rien, je suis une abomination, et ils allaient amèrement regretter de ne pas m’avoir tuée quand ils le pouvaient encore. Tous ces Mangemorts, tous ces sorciers qui pensent que leur sang valent mieux que celui d’un autre, je vais leur faire payer. Ils me supplieront de leur pardonner. La Famille Terry m’a déjà parlé de Dieu et Pardon. Dieu pardonne, mais je ne suis qu’une pauvre “Cracmouille” insignifiante, comme le disais notre géniteur.  Je n’ai pas le pouvoir de pardonner, mais j’ai celui d’envoyer ces démons auprès du Créateur, s’il existe, pour qu’il leur pardonne lui-même leurs péchés.

Cela dit, cette sorcière semblait ne pas penser pas comme les autres, c’était surement grâce à ses origines moldues. Elle disait respecter les personnes qui n’avaient pas de pouvoir, les personnes comme moi en fait. Je me mis davantage dans la peau d’une sorcière arrogante qui méprisait les cracmols, afin de jauger un peu sa réaction et surtout ça me permettait de passer plus facilement inaperçue dans ce repère de sorcier. Sa réponse confirmait ce que je pensais, elle avait probablement été victime de brimade, par le passé, à cause de son sang et elle passait outre la pureté du sang ou la capacité d’utiliser la magie. Elle voulait chasser le négatif dans le coeur des gens. Naïve… Le meilleur moyen d’éliminer le négatif, c’était précisément de l’éliminer.

Étrangement, je me sentais calme en présence de Ludivine et de son énorme toutou. Elle avait quelque chose… d’apaisant. Je me méfiais d’elle par réflexe, par habitude, mais en réalité je me sentais en confiance, en sécurité… Mais ce sentiment de sécurité me mettait mal à l’aise. Je n’étais pas du genre à baisser ma garde, surtout en présence de sorciers. Est-ce qu’elle m’avait lancé un sort ? Je l’ignore… En tout cas, elle me perdit dès l’instant où elle me fit humer la douce odeur du pot de crème et que j’essayais de me concentrer sur son contenu.

J’ouvre les yeux parce qu’une dame me parle. Comprenant qu’elle voulait me vendre de la crème je lui rends le pot en refusant sa proposition. J’ai l’impression que que j’ai la tête humide et en tâtant avec mes mains, je sens que mon front est un peu collant, et je constate, en regardant ma main, qu’il y a du sang dessus. Je crie. Je ne comprends pas pourquoi je saigne de la tête. Est-ce que je vais mourir ? Si je saigne, c’est que c’est très grave. Des larmes commencent à couler le long de mes joues. Mais qu’est ce qu’il s’est passé ? J’essaye de me souvenir, et je me rappelle que je voulais voir les chevaux bizarres qui étaient dans l’enclos, mais je n’ai rien vu et ensuite j’ai cogné un truc, mais je sais pas quoi.

La vendeuse est encore ici, à me regarder en attendant que je lui achète le pot de crème. Elle finit par me parler en disant qu’elle m’a trouvée blessée ici et qu’elle essaie de me soigner. Pourquoi tout le monde m’appelle Garnet ? C’est fatiguant… Axelander aussi il m’appelle Garnet des fois.

«Arrêtez de m’appeler Garnet ! C’est pas comme ça que je m’appelle ! »

Je regarde le pot qu’elle a maintenant repris. C’est pour me soigner le sang qui coule à ma tête ?

«T’es pas une vendeuse ? Parce que moi j’ai pas d’argent pour acheter.»

Est-ce que je vais bien ? Je sais pas, je saigne. Mais la dame elle a pas l’air plus inquiète que ça, donc peut-être c'est pas grave ? J’arrête de pleurer et j’essuie mes larmes.

«J’ai mal à la tête. Mais c’est pas grave hein ? T’as dit que tu veux me soigner ?»

J’ai peur. Je connais pas cette femme, mais aussi, j’ai très peur de ce que j’ai à la tête alors il faut que je lui fasse confiance. J’ai pas le choix parce que sinon… Sinon… Je sais pas ce qui va m’arriver… Avec le gros chien on se regarde. Il semble nerveux, je crois il a peur de moi. C’est parce que j’ai crié juste avant ? En tout cas, il a pas l’air méchant.

« Je peux caresser ton chien ? Il s’appelle comment ? Et y'a pas de cheval ici ? J'ai vu une affiche avec des dadas»


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Lun 10 Aoû - 18:48
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Je ne le réalisais pas encore, mais il se passait quelque chose devant moi qui allait me suivre pendant un bon moment. Quand je disais « me suivre », ce n’était pas comme un bébé canard qui suit sa mère ou bien de la même façon que Mademoiselle me suivait partout où j’allais. Cette histoire allait me suivre, mais en pensées. Ça allait me rester en tête, me pousser à réfléchir énormément, j’allais analyser et décortiquer ce qui allait se passer. Pour le moment, je ne m’en rendais pas assez bien compte. Je voyais que quelque chose d’étrange se produisait, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Ça allait venir, plus tard, bien plus tard. Là, je me disais seulement que j’étais en discussion avec une jeune femme un peu troublée avec une éducation qui n’était pas du tout à la hauteur. Ce que je pouvais me dire, c’était que je pouvais peut-être l’influencer en semant une graine dans sa tête. Clairement, une discussion avec une pure étrangère n’était pas ce qui allait bouleverser la vie de la rouquine. Je ne me prenais pas pour une divinité, je n’étais qu’une petite née-moldue zoomage qui avait, je le croyais, une bonne tête sur les épaules. Ce ne serait pas moi qui la ferais changer, ce n’était pas mon objectif non plus. Par contre, je me disais que si elle entendait des commentaires comme les miens de la bouche d’autres personnes, peut-être qu’elle finirait par les intégrer et changer ses idées. Pourquoi pas? L’espoir fait vivre qu’on dit.

Alors que Garnet était encore au sol et semblait amère, je me plaisais bien à lui dire ce que je pensais, sans me cacher. Nous pouvions avoir une discussion civilisée même si nous n’avions pas la même opinion, non? Pour ce que j’en voyais, nous étions capables. La jeune sorcière fronçait les sourcils, mais elle ne levait pas le ton et ne semblait pas chercher la confrontation, alors que je la soignais. En plus, plus nous parlions, plus je la sentais se détendre. Je ne disais pas qu’elle semblait aussi à l’aise qu’avec un parent, mais assez pour me laisser faire et me répondre comme il faut quand je lui parlais. C’était très bien. Mais quand je lui ai donné le pot d’onguent pour qu’elle le sente, quelque chose s’est passé. La posture de la jeune femme s’est raidie, m’a rendu mon pot et m’a appelée madame. Tout ça, mais surtout le dernier point, me faisait sourciller. Je ne la connaissais pas, mais depuis qu’elle avait repris conscience, elle ne m’avait pas appelée madame. La panique a semblé prendre la jeune femme, sa respiration s’est mise à aller plus vite et de petites larmes se sont mises à couler sur ses jours. Mais que se passait-il? « Arrêtez de m’appeler Garnet ! C’est pas comme ça que je m’appelle ! » Dernière nouvelle ça! Elle m’avait dit s’appeler Garnet il y a de ça quelques minutes à peine. Et son attitude était franchement étrange. Ça façon de parler n’était plus la même, il y avait comme une sorte de vulnérabilité qui n’était pas là tout à l’heure. Troublée, j’ai repris mon sang-froid et je me suis adressé à elle calmement.

« Je suis désolée, j’ai dû mal comprendre tout à l’heure. Comment tu t’appelles ? »

Là, ce que je vivais était complètement surréaliste. Je m’étais présentée, elle s’était présentée et elle m’avait dit que son nom était Garnet. Là, elle me disait que ce n’était pas ça. Et son attitude, c’était quoi ça? La jeune femme solide semblait avoir disparu derrière un masque de fragilité et d’inquiétudes. Elle ne se rappelait vraiment rien. « T’es pas une vendeuse ? Parce que moi j’ai pas d’argent pour acheter. » J’ai hoché la tête négativement, elle intégrait tranquillement ce que je lui avais dit. Cette fille était un mystère.

« Non, promis, je ne suis pas vendeuse. Je suis Ludivine, je suis zoomage tu te rappelles ? J’ai toujours des onguents et d’autres babioles sur moi en cas de besoin, comme là. C’est pour te soigner, aider à cicatriser ta coupure. Si tu en remets ce soir, demain ça ne devrait plus paraître. »

J’ai souri doucement à la jeune femme, essayant encore une fois de l’amadouer. Tout semblait être à refaire, à réexpliquer. Le choc à la tête avait dû être beaucoup plus important que je le croyais à la base… à moins que ce soit autre chose. J’avais déjà entendu des histoires sur des troubles dissociatifs. Est-ce que ça pouvait être ça? Ça semblait si rare dans ce que j’avais lu. J’allais devoir creuser un peu plus, elle la rousse m’en laissait la chance. « J’ai mal à la tête. Mais c’est pas grave hein ? T’as dit que tu veux me soigner ? » On aurait vraiment dit une enfant apeurée quand elle me parlait. La Garnet de tout à l’heure et la personne que j’avais devant moi auraient pu être deux personnes complètement différentes. Mais ce n’était pas le cas, elle n’avait pas bougé, c’était elle, mais autrement. Mon cerveau fonctionnait à toute vitesse. Il n’y avait pas beaucoup d’options possibles dans une situation du genre. J’allais devoir jouer le jeu et essayer de comprendre plus tard, à tête reposée.

« Non, j’ai bien examiné ta blessure et elle n’est pas profonde. C’est seulement une petite coupure. En mettant cet onguent, ça va aller mieux et ça ne laissera pas de cicatrice. Alors oui, je voudrais te soigner si tu le veux bien. J’ai déjà nettoyé ta blessure, il ne reste plus que ça à faire et après tu vas être tranquille. »

Encore une fois, j’ai fait un sourire doux à la jeune femme. Elle semblait vraiment inquiète, ça me faisait de la peine de la voir si troublée. Mademoiselle se tenait à mes côtés, ne sachant plus trop où se mettre, préférant sûrement attendre que je lui dise quoi faire. « Je peux caresser ton chien ? Il s’appelle comment ? Et y'a pas de cheval ici ? J'ai vu une affiche avec des dadas. » Au début j’hésitais, mais maintenant j’étais convaincue, elle parlait vraiment comme une très jeune enfant. Personne ne dit un dada passé le cap des dix ans non ? Au moins, elle semblait se détendre un peu en regardant autour d’elle. Avec ses questions, j’allais devoir, encore une fois répéter ce que j’avais dis plus tôt.

« Oui, aucun problème, elle adore les caresses. Elle s’appelle Mademoiselle. Allez Mademoiselle, va te coucher là. »

J’ai touché le sol à côté de la jeune fille et ma chienne est allée s’y installer bien docilement, comme la bonne chienne qu’elle était.

« T’es un bon chien ma jolie, oui. Pour ce qui est des chevaux, il y en a une espère ici, mais ils sont partis plus loin par là-bas, on peut les voir près de la forêt. Ils ont sursauté quand tu as fait un petit cris tout à l’heure. Ils vont sûrement revenir un peu plus tard. »

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«Du...livine ? »


La dame essaie de me parler gentiment, elle dit qu’elle s’est trompée quand j’ai dit mon prénom. Je sais bien que je lui ai pas dit m’en prénom, c’est la première fois que je la vois.

«Maman elle dit je dois pas parler aux inconnus»

J’ai dis ça à voix passe, dans mon menton. Je crois elle m’a pas entendu. J’ai un peu peur, je la connais pas. Mais elle a pas l’air méchante. Je détourne doucement le regard pour pas la voir directement.

«Moi je m’appelle Amber.»

Je lui demande si elle est une vendeuse, en précisant que j’ai pas d’argent pour payer. La dame hoche la tête négativement.

«Mon papa il dit que ce sont les ânes qui hochent la tête pour répondre.»

La femme se reprend en disant qu’elle est pas vendeuse. Elle est… Zoomage ? Je sais pas ce que c'est. Elle dit qu'elle s’appelle…

«Du… livine ?»

Elle dit aussi qu’elle a plein de trucs, des trucs que je connais pas, des mots que je comprends pas. Ce que je comprends par contre, c’est qu’elle dit qu’elle peut me soigner et que demain j’aurais pas de cicatrice. Une cicatrice ? Je repense à mon mal de tête, et au sang sur mes mains. Oh là là, ça doit être très grave. Mais elle dit elle veut me soigner, c’est peut-être pas très grave. Je demande à savoir plus. Elle répond encore plein de trucs et je comprends encore pas tout, j’arrête de faire attention à ce qu’elle dit après qu’elle dit que c’est une petite coupure. Je fais semblant d’écouter poliment pour qu’elle soit contente. Quand elle a fini je dis juste

«D’accord.»

Je comprends vraiment pas tout, elle parle encore beaucoup avec des mots que je connais pas. Mais bon, c’est pas grave elle a dit… je crois elle a dit ça ? Elle me sourit. Oui, ça pas l’air grave si elle sourit. Je regarde le gros chien, et demande c’est quoi son nom et si je peux le caresser, je demande aussi où sont les dadas. Je pose pleins de questions pour retarder le moment où Dulivine va soigner ma blessure. Je pense que ça va faire mal.

«Mamoiselle ? C’est une fille ?»

Je rigole.

«C’est rigolo comme nom. J’aime bien.»

Je prends l’énorme toutou dans mes bras et colle ma joue dans sa fourrure pendant que la dame me parle des chevaux qu’on peut voir près de la forêt. Je me retourne et me courbe comme je peux pour essayer de les voir. Je les trouve pas.

«Je les vois pas, ils sont cachés ?»

Je regarde Dulivine. Peut-être elle me fait une blague. Elle dit qu’il y’ a des dadas, mais je vois bien qu’il y en a pas. Je trouve pas ça drôle comme blague. J’ai mal à la tête à cause ma blessure, je tremble à cause du froid, j’ai pas trop envie qu’elle rigole de moi.

«On peut aller les voir ?»

La femme répond pas de suite, elle approche mon front avec sa main avec plein de crème dessus. Je ferme les yeux et serre fort Mamoiselle contre moi. J’ai peur que ça me fait mal, mais finalement la crème est toute douce et tiède. J’ouvre un oeil, puis le deuxième. Je suis surprise.

«Ça fait pas mal !»

Je regarde Dulivine.

«C'est fini ? On va voir les dadas maintenant ? Il y a des petits ? Tu crois je peux monter sur un ?»

Je tremble encore un peu parce que j’ai froid même si Mamoiselle me tient chaud. Maman elle dit que quand j’ai froid, il faut bouger. Peut-être que aller voir les chevaux (ne) me donnera plus froid, mais je crois que je tremble aussi parce que j'ai très envie de voir les dadas.

«S'il te plait ?»



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Dim 30 Aoû - 5:08
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J’avais rarement été si confuse dans ma vie. J’avais des trucs étranges, autant dans mon métier avec des créatures magiques particulières qu’avec des sorciers. Dans le monde sorcier, tout peut paraitre étrange, aux yeux des gens qui ne s’attendent à rien, surtout aux yeux des moldus. Je me rappelle encore la première fois où mes parents m’ont accompagnée sur le Chemin de Traverse pour acheter mon matériel scolaire avant ma première année. Ils étaient complètement sous le choc. Nous y étions allés en compagnie de la famille de Soledad qui allait nous guider. Elle en était à sa première année elle aussi, mais au moins le monde magique leur était connu. C’est comme ça que nous nous en étions sortis et ça avait été le premier vrai contact de mes parents avec le monde magique. Je me souviens des yeux de mon père, plein de merveilles à s’éblouir de tout ce qui passait devant nous. Je me souviens de l’inquiétude de ma mère qui ne savait pas vraiment où elle allait et ça ne la rassurait pas. Nous avions vécu ce moment tous en famille et tout s’est bien déroulé. Ça, ça avait été un moment étrange, mais ce que je vivais maintenant, c’était encore pire. J’avais eu une jeune femme devant moi pendant quelques minutes et là, je me retrouvais avec une jeune femme qui me parlait comme si elle avait 6 ans. Qui faisait? Elle semblait complètement différente, comme s’il y avait deux personnes en elle.

Ne sachant pas quoi faire, je suivais la vague, naviguant au gré des réactions de la rouquine. Alors que je m’excusais pour avoir mentionné le mauvais nom bien que ce soit le nom qu’elle m’avait donné quelques minutes plus tôt. Je lui parlais le plus gentiment possible et je lui ai demandé son « vrai » nom. « Maman elle dit je dois pas parler aux inconnus. » Sa voix avait été si base que j’avais eu peine à l’entendre, mais c’était quand même audible. Vraiment, elle parlait comme une enfant alors qu’elle devait avoir quoi, entre 17 et 20 ans peut-être. Elle n’avait pas l’apparence d’une fille qui écoute encore les conseils de sa mère en ce qui a trait aux nouvelles rencontres, mais c’était ce qu’elle faisait. Je suis restée là, à attendre, pour ne pas la brusquer. « Moi je m’appelle Amber. » Garnet était donc officiellement disparue. J’avais devant moi Amber, une enfant dans le corps d’une jeune femme et plus que jamais je me disais qu’elle avait probablement un trouble dissociatif. Je ne savais pas si c’était un truc qui était connu du côté sorcier, mais du côté moldu, c’était un phénomène que nous pouvions surtout voir dans les films. J’avais l’impression que c’était plutôt rare. Je disais ça, mais je n’étais sûre de rien. Je ne la connaissais que depuis quelques minutes. Mais j’avais des « preuves » devant moi. Sa voix avait changé, sa posture, son attitude et son discours. Elle avait changé de nom, par Merlin! Si c’était bel et bien ce problème qui la hantait, sa vie avait probablement été très troublée et ça me rendait triste de savoir qu’une si jeune femme avait déjà tant souffert. Après tout, c’était ça qui créait la cassure dans la personne, un trauma.

« Enchantée Amber. »

Encore là, on pouvait considérer que je m’emportais, que j’allais trop vite en besogne, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Cette situation me chamboulait, bien que j’essayais de ne pas le montrer à la rouquine. Tout en réfléchissant, j’avais hoché la tête pour répondre à la jeune femme. « Mon papa il dit que ce sont les ânes qui hochent la tête pour répondre. » Il n’avait pas tort, dans un certain sens. Normalement, je préférais répondre comme il faut aux gens, avec des mots. Cependant, parfois, certaines situations me faisaient tourner en bourrique ou bien l’émotion me prenait à la gorge, m’empêchant de m’exprimer comme je le voudrais. Ravalant mes pensées troublées, préférant rester dans le présent avec l’enfant qui n’en était pas une, j’ai souri en essayant de paraitre amusée.

« Il n’a pas tort ton papa, je suis une vraie tête de mule… ça fait peut-être de moi un âne. T’en penses quoi? »

J’ai fini par expliquer qui j’étais et ce que je faisais dans la vie sans que la jeune fille ne trouve quoi que ce soit à redire. Après tout, c’était bien la deuxième fois que je lui expliquais ce que je faisais là. Encore là, je devais garder en tête que la rousse avait peut-être des troubles mentaux, ou bien le coup à la tête avait fait beaucoup plus de dommages que je le pensais. En surface, tout semblait très bien, mais à l’intérieur, le mal était peut-être bien pire. Aurais-je dû l’emmener à Sainte-Mangouste ? Peut-être. Je ne croyais pas que sa visite à l’hôpital aurait eu des effets dans l’immédiat. Je préférais me faire une idée plus tard. C’était peut-être irresponsable, mais je voulais être certaine de ce que j’avançais. « Du… livine ? » Encore une fois, j’ai fait l’âne et j’ai hoché la tête. Je n’ai pas eu le courage de lui dire que ce n’était pas exactement ça. J’étais en surcharge cognitive. J’avais une enfant qui avait encore de la difficulté avec la prononciation des sons simples, mais elle semblait être une jeune adulte. C’était totalement surréaliste. J’ai expliqué comment fonctionnait mon onguent, encore une fois et l’effet que ça aurait sur elle jusqu’à ce qu’elle me dise : « D’accord. » En ayant enfin l’accord de la jeune fille, j’ai doucement pris de l’onguent avec mon doigt pour l’appliquer sur la blessure au front d’Amber. En même temps, j’ai présenté, encore une fois, Mademoiselle à la rousse. « Mamoiselle ? C’est une fille ? » Je ne pu me retenir de sourire en entendant le rire de la jeune femme. Accroupie près d’elle pour bien badigeonner la plaie de dictame, j’ai regardé ses yeux avant de retourner mon attention vers la plaie. « C’est rigolo comme nom. J’aime bien. » Super, au moins il y avait quelque chose de positif qui ressortait de tout ça.

« Ouais ! Vu comme ça, poilue comme elle est et grande comme elle est, on n’y croit pas trop. C’est pour ça que je l’ai appelée comme ça. Les gens savent que c’est une dame… en plus ça fait distingué. »

Terminant mon ouvrage dans le front d’Amber, je me suis finalement reculée pour la voir prendre mon chien dans ses bras et s’y blottir. C’était assez mignon comme image. Je lui ai parlé des sombrals à nouveau et c’est là que j’ai eu une énième preuve que quelque chose clochait. « Je les vois pas, ils sont cachés ? » À peine quelques instants auparavant elle pouvait les voir et maintenant ce n’était plus possible. Ce n’était pas seulement le choc à la tête qui jouait sur sa mémoire, il y avait définitivement quelque chose de plus profond à tout ça. « On peut aller les voir ? » Pour me donner une contenance, j’ai recommencé à appliquer l’onguent sur le front de la jeune fille qui a semblé plutôt surprise que ça ne soit pas douloureux. Je lui ai fait un grand sourire, troublé à l’intérieur mais fraiche comme une rose à l’extérieur. « C'est fini ? On va voir les dadas maintenant ? Il y a des petits ? Tu crois je peux monter sur un ? »  Comment détourner l’attention d’une fausse gamine qui veut voir des cheveux qu’elle ne peut malheureusement plus voir. Je devais réfléchir vite, très vite même. « S'il te plait ? » Un mensonge pour un but humanitaire était moins dommageable qu’un mensonge dans le but de nuire, n’est-ce pas ? J’étais en train de m’en convaincre parce que je n’avais aucune autre alternative.

« Oui c’est terminé. Comme promis, aucune douleur. Pour ce qui est des dadas, je crois qu’ils sont partis faire la sieste, en revenant plus tard, ils seront peut-être revenus. À la place, je te proposerais une tasse de chocolat chaud, qu’est-ce que tu en penses ? »

Quel enfant refuserait du chocolat chaud ? Aucun, du moins, je le croyais. J’ai fait sortir une tasse de chocolat chaud de mon sac et j’ai fait sortir un jet de chocolat chaud de ma baguette. N’était-ce pas merveilleux la magie ? Confortablement installée contre mon chien, la rousse a bu tranquillement son chocolat et s’est endormie, le visage dans la fourrure de Mademoiselle qui semblait plutôt être un grand coussin chauffant. Profitant de ce petit moment de répit, je me suis dépêchée à aller examiner le sombral blessé. Je me suis affairé à la tâche le plus rapidement et efficacement possible tout en pensant à la jeune fille endormie. Je n’avais pas de mots pour décrire la situation. En revenant près d’Amber, je l’ai vue commencer à gigoter, comme si elle se réveillait. Une petite sieste lui aurait peut-être fait du bien.

« Alors Amber, ça va mieux ? »

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«Comment tu m'as appelé ?!»


La dame me regarde bizarre. Comme si ce que je dis c’est pas vrai. Elle me parle un peu comme si j’étais une idiote. Mais je suis pas idiote. Je comprends quand on me parle. Les grands ils pensent toujours mieux savoir que tout le monde, mais le plus souvent, c’est eux qui se trompent. Non mais… Je sais quand même c’est quoi mon nom… Je sais pas pourquoi ils veulent tous que je m’appelle autrement. Elle me demande finalement mon nom et je commence à dire que je ne dois pas parler aux inconnus, mais en fin de compte je décide quand même de le lui dire parce qu'elle a pas l'air méchante. Lorsque je lui demande si c’est une vendeuse, la dame secoue la tête pour dire non, je lui fait alors remarquer que c’est les ânes qui hochent la tête pour répondre. Elle me répond qu’elle est une vrai tête de mule et que ça fait peut-être d’elle un âne. Je rigole.

«Mais non, je vois bien t’es pas un âne. »

Elle dit s’appeler Dulivine et être Zoomage. Elle utilise des mots compliqués que je comprends pas. Mais en fin de compte, ce que j’arrive à comprendre c’est qu’elle peut soigner ma blessure à la tête. Elle me dit même qu’elle était en train de m’aider et qu’il ne restait plus qu’à mettre de la crème sur ma tête pour finir de guérir. Je comprends que je vais pas mourir, grâce à elle, alors j’accepte son aide. J’ai peur que sa crème me pique ou me brûle, que ça fasse mal, alors j’essaie de changer de sujet pour retarder le moment où elle va m’en mettre. Je parle de l’immense chien, j’apprends que c’est une fille qui s’appelle Mamoiselle. Je trouve le nom rigolo et Dulivine confirme en disant que ça fait distingué.

«Oui, c’est vrai.»

Je sais pas ce que ça veut dire, mais je veux pas la vexer alors je suis d’accord. Je parle ensuite des chevaux, je me souviens que je suis venue voir des dadas avant de me cogner contre quelque chose. Où sont-ils ? Dulivine me dit qu’ils sont un peu plus loin mais je ne les vois pas… En fin de compte, je (ne) trouve plus de trucs à dire pour retarder le moment où elle doit mettre sa crème sur mon front. Elle approche sa main et je ferme les yeux tandis qu’elle met la pommade sur ma tête. Ça brûle pas. Ça pique pas. En fait… C’est même agréable. J’ouvre les yeux et je m’extasie que ça fait pas mal. Je crois elle a fini de réparer ma blessure au front alors je demande… Je demande tout pleins de choses. Est-ce qu’on peut voir les dadas, si y’a des petits ou si je peux monter dessus ? Elle répond pas alors je tente en utilisant le mot magique. Ça marche des fois avec maman. Elle me dit que les chevaux sont partis et qu’ils vont revenir plus tard quand ils seront reposés. Elle me propose un chocolat chaud à la place.

«Tu dis ça parce que tu veux pas me les montrer. Je sais hein, j’ai bien compris ! Et tu veux m’acheter avec du chocolat chaud pour pas que je t’embête, je suis pas bête.»

Je me penche pour regarder en direction de la forêt pour trouver les dadas. Mais elle a raison, ils ne sont plus là, je les vois toujours pas. Elle ne ment peut-être pas. Je souris.

«Bon… D’accord»

Ce serait bête de refuser. C’est gentil de sa part. Elle sort une tasse de son sac et fait apparaître du chocolat chaud fumant de sa baguette pour remplir la tasse.

«Ouah !»

Je sens l’odeur sucrée de la boisson, et la chaleur me réchauffe le corps en respirant la fumée chaude et sucrée. Mon ventre gargouille. Je bois une petite gorgée. C’est très chaud. Mamoiselle était toujours contre moi. Je me dis qu’elle aussi voudrait boire un chocolat mais c’est sûrement trop chaud pour elle et sa grosse langue.

«Et Mamoiselle, elle boit quoi ? »

Je finis de boire mon chocolat chaud et pose ma tasse vide sur le sol avant de prendre l’énorme chien dans mes bras pour le câliner. La boisson me chauffe le ventre qui se remet à faire du bruit. Je crois qu’il est content, mon ventre. Je bâille une fois Alors je sais pas toi, mais moi en écrivant ça la première fois sur papier, ça m’a fait bailler. Entre temps j’ai pas avancé, puis en revenant, j’ai relu, ça m’a refait bailler, et là que j’y mets sur brouillon sur ordi, ça m’a refait bailler… puis pose ma tête contre le gros ventre poilu et chaud de la chienne. Je baille encore une fois avant de fermer les yeux.

J’étais de retour dans leur prison, j’avais les pieds et poignets attachés au mur de la salle de torture principale. Un de ces enfoirés me menaçait. Il parlait de m’entailler les veines, de faire couler mon sang jusqu’à mes derniers retranchements, d’attendre le dernier instant, le moment où la vie commencerait à quitter mon corps avant de me réparer, de me faire cicatriser et de recommencer encore, et encore, et encore. Je lui adressais mon plus beau sourire provocateur, ce sourire qui faisait que quoi qu’ils me feraient ne serait capable de m’atteindre. «Déjà fait mon grand, trouve autre chose, innove. Allez ! Même un débile comme toi peut le faire ! » Il me sourit à son tour en me rétorquant qu’il ne s’adressait pas à moi. Il s’approcha de moi et me tira par les cheveux, cherchant à m’entraîner vers le centre de la pièce. Je ferme les yeux pendant que je résiste en tirant de mon côté avec ma tête. Je ressentis une violente secousse et la pression de sa main sur ma crinière ne m’oppresse plus. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, jusqu’à ce que j’entende des cris et des pleurs et que je rouvre les yeux. «Noooon ! Noooon ! Laisseeeeez moi !» Une enfant se débattait tandis que le sorcier l’enchaînait magiquement sur un chevalet de torture au centre de la pièce, orienté dans ma direction. Amber ! La raclure me regarda droit dans les yeux tout en me souriant. Il avait sa baguette apposée contre les poignets de cette autre partie de moi. Sectumsempra

«NON !»

Je m’agitai dans mon sommeil. Je commençais à prendre conscience que ce n’était qu’un horrible rêve créé par un mélange de mes souvenirs et de mes craintes. J’émerge peu à peu pour retrouver le monde réel, la rage au ventre. Je les tuerai. Tous ces salauds ils crèveront, mais pas sans souffrir. Une voix bien réelle finit de me réveiller.

«Comment tu m’as appelée ?!»

Mon ton était froid, menaçant, tout en me relevant brusquement,  effrayant à nouveau la chienne au passage. Je toisais Ludivine. Elle avait rencontré Amber ?! Que s’était-il passé ? Je m’excusai du regard auprès de la chienne tandis que j'empoignais Sheila, ma fidèle dague, prête à dégainer et à attaquer.

«Qu’est ce que tu as raconté à Amber ? Que s’est-il passé ?»

Elle avait intérêt à ne pas lui avoir fait de mal. Physiquement j’avais l’air de bien aller, mais Dieu sait ce que Amber avait pu apprendre pendant mon absence. Si elle se doutait de mon existence, la pauvre risquerait d’être anéantie. Elle était beaucoup trop fragile pour ce monde. Je devais la protéger.

«Alors ? Réponds ! »

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« So please don't judge me and I won't judge you 'Cause it could get ugly before it gets beautiful. »
Ce que je vivais avec la rouquine me semblait complètement irréaliste. J’essayais de camoufler mon incompréhension, mais ça devait tout de même transparaitre un peu sur mon visage que Garnet, ou Amber, me dépassait complètement. Elle se comportait comme deux personnes différentes, semblait avoir deux noms différents et je ne savais pas si elle se foutait de moi où si elle était vraiment sérieuse. À voir la façon dont elle agissait, je ne croyais pas qu’elle me prenait pour une tanche. Elle ne semblait pas se retenir de rire et il n’y avait pas d’éclats malveillants dans ses yeux. Elle semblait elle-même plutôt perdue. Ce genre de chose, ça ne peut pas se feindre, pas autant que ça, surtout pas chez une jeune sorcière comme elle qui ne vient pas du milieu des acteurs, du moins pour ce que j’en savais. J’en étais même à ne plus savoir comment lui parler. Au départ, j’avais parlé à la jeune sorcière comme à une adulte, ce qu’elle devait être ou presque, mais ensuite, avec sa deuxième personnalité, j’avais l’impression de devoir lui parler comme à une enfant de 5 ans. Tout cela était franchement confus dans ma tête et j’avais peur que la rouquine le sente. Au début, je sentais la gamine tendue, mais finalement, ma petite blague sur ma tête de mule a fait mouche. Elle rit et ça m’a permis de me détendre. «Mais non, je vois bien t’es pas un âne. » Elle était mignonne, comme une enfant de 5 ans, dans le corps d’une jeune femme. C’était étrange, mais je devais m’y faire, du moins pour le moment. Je me suis présentée à nouveau et je lui ai expliqué, encore une fois, que je pouvais soigner sa blessure rapidement si elle me laissait faire. La gamine accepta mon aide et je pus enfin appliquer mon onguent de dictame. Par contre, avant d’y arriver, j’ai dû détendre la jeune femme. Elle semblait nerveuse et changea un peu de sujet pour parler de Mademoiselle, la chienne qui semblait être un outil de zoothérapie sans s’en rendre compte.

C’est là que la gamine s’est mise à chercher les sombrals. Elle voulait les voir, mais elle ne les voyait pas… en fait, elle ne les voyait plus. Quelques instants plus tôt, elle les avait vus, quand elle avait son autre personnalité. Mais là, avec son air de gamine, elle ne les voyait plus. C’était la dernière preuve dont j’avais besoin pour confirmer que ce n’était pas du flan que la rouquine faisait. Essayant encore une fois de changer de sujet, j’ai fini par mettre la jeune femme assez à l’aide pour lui mettre mon onguent sur le front. J’ai vu la jeune femme se crisper un peu, jusqu’au temps où j’ai pu enfin mettre mes doigts sur la plaie. Là, elle s’est rendu compte que le dictame était inoffensif et elle s’est détendue. J’ai pu m’occuper de la jeune fille tranquillement, mais en étant si près d’elle, je voyais qu’il y avait encore un peu de frustration dans ses yeux. La crainte était partie, mais il restait un peu de négatif. Quand je me suis reculée, mon travail accompli sur la plaie, j’ai regardé la rouquine qui semblait vouloir encore s’exprimer. « Tu dis ça parce que tu veux pas me les montrer. Je sais hein, j’ai bien compris ! Et tu veux m’acheter avec du chocolat chaud pour pas que je t’embête, je suis pas bête. » Oui, j’avais voulu lui changer les idées en lui proposant du chocolat chaud et elle avait vu clair dans mon jeu. Cette jeune sorcière était très loin d’être bête. Elle le savait et moi aussi je le savais. J’espérais tout de même que son apparente naïveté m’aide à prendre le dessus. Comment expliquer à une enfant qu’elle ne peut pas voir des animaux parce qu’ils sont invisibles? Je n’avais pas du tout envie d’entrer dans cette conversation à ce moment de la journée. J’ai observé la jeune femme regarder autour comme pour me prouver que les dadas étaient bel et bien là, mais elle ne put que réaliser qu’elle ne pouvait pas les voir. Un petit sourire vint éclairer son visage, ce qui me rassura. « Bon… D’accord. » J’ai hoché la tête, contente de la direction que prenait la situation.

« Je le vois bien que tu n’es pas bête Amber. Ils ont dû partir dans la forêt, tu pourras revenir plus tard, ils vont finir par sortir. »

Est-ce que j’en faisais trop? Non, je ne voulais seulement pas écraser ses petites espérances. Pour mettre un peu de positif dans cette journée fatigante pour la jeune femme, j’ai sorti deux tasses de mon sac sans fond et ma baguette remplit les deux tasses du liquide chocolaté. Rien de mieux pour les petits cœurs en peine et pour réchauffer les doigts les plus glacés. « Ouah ! » La magie avait un drôle d’effet sur la jeune fille, comme si elle n’en avait jamais vu. Cela me fit réfléchir. C’était bien étrange. Je me disais que si elle pouvait être au cirque comme ça, elle était sorcière. Autrement, elle ne pourrait pas entrer à Neverland, elle réagirait au sort repousse moldu et nous n’en serions pas là. C’était donc une option à rejeter. Laissant ces idées un peu plus loin, j’ai tendu une tasse à la jeune rousse et je l’ai regardée prendre une gorgée de la boisson chaude. Je ne pus que sourire, elle semblait détendue, enfin. J’en pris moi-même une petite gorgée alors que mon chien humait l’air, curieuse, comme à son habitude. « Et Mamoiselle, elle boit quoi ? » J’ai fait un clin d’œil à Amber en posant ma tasse sur le sol. J’ai enfoncé mon bras dans mon sac pour en sortir un grand bol.

« Aguamenti. Eh bien, Mademoiselle, ce qu’elle adore boire, c’est de l’eau. Elle a toujours très chaud avec sa grosse fourrure alors elle n’a pas vraiment besoin de se réchauffer de cette façon. »

Sa tasse terminée de boire, la jeune sorcière posa sa tasse au sol et se jeta au cou de Mademoiselle qui était plus que ravie d’être le centre d’attention. La gamine sembla s’endormir encore une fois sur mon chien qui ne semblait pas du tout s’en plaindre. Plus elle avait de câlins, plus elle avait le sentiment du devoir accompli. Zoothérapie for the win! Pendant la courte sieste de la rouquine, je me suis occupée à nettoyer m’occuper des sombrals et à mon retour, le sommeil de la jeune fille semblait très agité. Je me suis approchée d’Amber et je lui ai demandé si sa sieste lui avait fait du bien. « Comment tu m’as appelée ?! » Quelque chose avait changé, encore une fois. Les yeux de la rousse étaient glacials, sa mâchoire était serrée et le ton de sa voix était menaçant. Elle s’est brusquement redressée sur ses deux pieds et Mademoiselle s’est relevée à son tour pour venir se poser à côté de moi. Elle-même sentait que quelque chose clochait. « Qu’est ce que tu as raconté à Amber ? Que s’est-il passé ? » Garnet était de retour. La transition semblait se faire durant son sommeil. Ce serait logique. Mais là, la jeune sorcière semblait en colère. J’allais devoir me la jouer fine pour ne pas empirer la situation. « Alors ? Réponds ! » J’allais devoir rester calme et faire comme si tout allait bien. Ludivine, soit toi-même. Ça va aller.

« Tout va bien Garnet. J’ai seulement expliqué à Amber qu’elle était blessée au front et que je pouvais la soigner. Tu peux toucher, tu vas voir, y’a déjà presque plus rien. Elle a bu un chocolat chaud, s’est endormie sur Mademoiselle et maintenant on est là. Tout va bien, n'est-ce pas ? »

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«Je décide qui doit vivre ou mourir»


Cette sorcière avait été en contact avec Amber. Elle lui avait parlé, elle l’avait peut-être… touchée ? Qu’est ce qu’elle lui avait dit ? Qu’est ce qu’elle lui avait fait ? Je fis un rapide examen mental de mon corps, je n’avais pas l’air d’avoir de blessure supplémentaire. J’avais seulement une sensation de chaleur dans le ventre, mais en dehors de ça, rien à signaler. Elle n’avait pas fait de mal à Amber, physiquement en tout cas, mais que lui avait-elle dit ? Elle aurait pu lui dire des choses graves qui l'ont perturbée. Elle répondit à mes interrogations. Ludivine m’expliqua qu’elle avait expliqué à la gamine qu’elle s’était blessée au front et qu’elle l’avait soignée avant de lui offrir un chocolat chaud.

«Tu lui as montré la blessure ? Elle a vu son visage ?»

Je ne sais pas si Amber s’était déjà rendue compte qu’elle n’avait plus l’apparence d’une enfant. C’était quelque chose qui ne m'était pas venu à l'esprit avant cet instant. Dans tous les cas, cette enfant n’était qu’une… bah une enfant… par conséquent, voir une plaie sanguinolente sur son front, ça allait forcément la paniquer. Je palpai mon front pour vérifier les dires de la sorcière. Effectivement, je n’avais presque plus rien, le sang avait arrêté de couler. Le chocolat chaud semblait expliquer la sensation de chaleur dans mon ventre. À priori, elle avait pris soin d’Amber.

«Elle t’a dit quelque chose ?»

Je préférais m’assurer que l’enfant n’ait pas raconté de choses importantes à cette sorcière. Est-ce qu’elle lui avait dit qu’elle était une cracmol ? Concernant notre détention, heureusement, elle n’en a aucun souvenir, j’étais là pour l’empêcher d’être contrainte de devoir surmonter ça. Mais pour le reste… J’étais peut-être beaucoup trop méfiante vis-à-vis de cette sorcière. Elle s’était montrée plutôt bienveillante avec moi, et avec Amber. Et elle semblait plutôt compréhensive. Il fallait dire que c’était une sang-de-bourbe et que quelque part, elle avait subi les mêmes types de discrimination que moi de la part des mangemorts. À la différence près que moi, ma famille ne nous avait jamais soutenues. Au contraire, Amber a été vendue à ces monstres sans âme. La vieille tante Gladys n'était plus. Entre son corps mutilé, décapité et calciné, je doutais très fortement que cette chienne trouve le repos dans la mort. Je ne devrais pas penser ainsi, c’était immoral. Je caressai la tête de Mademoiselle qui s'agitait à côté de moi. Je ne devais pas insulter les chiens en les comparants à ces monstres sans cœur de sorciers Mangemorts. Qu’ils aillent pourrir avec leur pureté de sang. Je ne rêvais que du moment où je retournerai dans ma ville natale, et que je frapperai à la porte de la maison de mon enfance. Je pourrais massacrer un à un mes frères. Puis mon père... Faire une magnifique guirlande pour le sapin avec leurs entrailles tandis que leurs organes génitaux serviraient de boules de Noël. Concernant ma mère, j'étais indécise. Amber tenait à elle, devrais-je l’épargner ? Les jappements amicaux de Mademoiselle me ramenèrent dans le présent.

«Il te reste du chocolat chaud ? Je pense qu’on a pas mal de choses à se dire.»

Et à la fin de cette discussion, je déciderais si tu peux vivre ou mourir.

«Qu'est ce que tu penses savoir sur moi ?»

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Dim 21 Fév - 4:37
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Moi qui avait pensé ne faire qu’une visite de routine au cirque, je m’étais royalement plantée. Un simple aller-retour, c’était ça mon objectif de base. J’aurais pu dire que malheureusement ce n’était pas ce que j’avais récolté en voulant aider Soledad et ses collègues, mais ce n’était pas vrai. Ce n’était pas malheureux ce qui se passait, en tout cas, pas pour moi. Je devais avouer que je ne comprenais pas nécessairement ce que c’était que tout ça. J’étais aussi intriguée qu’inquiète pour la rouquine. La situation dépassait tout ce que j’avais vécu comme bizarreries et j’en avais vu un paquet en travaillant avec des créatures magiques. Il y avait deux filles dans la jeune femme, Garnet et Amber. Je ne saisissais pas qui était la personnalité de base, mais il était simple de comprendre qui était la dominante entre les deux. Il y avait Amber qui semblait douce, fragile, beaucoup plus jeune que l’apparence de jeune adulte que je voyais. Elle parlait et se comportait comme une enfant de 6 ou 7 ans. Garnet, quant à elle, était plus dure, sèche et semblait vouloir protéger la gamine à tout prix. J’étais intriguée, inquiète et aussi triste. Pour devenir ainsi, elle avait dû vivre des choses horribles. « Tu lui as montré la blessure ? Elle a vu son visage ? » J’ai haussé les sourcil, surprise. Ne voulant pas froisser la jeune femme inquiète, j’ai réfléchi. Je ne lui avais pas tendu de miroir. Aurait-elle pu voir son reflet dans l’eau que j’avais utilisé pour nettoyer sa plaie un peu plus tôt ? Avec le mouvement constant, j’en doutais fortement.

« Je ne crois pas, non. Je lui ai seulement expliqué ce qui se passait, elle a tâté son front, mais elle ne s’est pas vue. »

Un sourire triste sur le visage, j’ai regardé Garnet se toucher le front, comme pour vérifier que je ne lui avais pas fait pousser une corne en plein milieu. Je savais que tout ce que j’avais fait était bien, que tout était en règle, mais je restait tout de même nerveuse. J’avais beau être l’adulte de la situation, tout était tellement nouveau que je ne savais pas sur quel pied danser. Me faire confiance et lui faire confiance, c’était la clé. J’essayais de paraître détendue et j’arrivais presque à m’en convaincre. « Elle t’a dit quelque chose ? » J’ai ouvert la bouche rapidement avant de la refermer. Par où commencer ? Elle m’avait parlé. Ce n’est pas comme si nous étions restées en silence toutes les deux pendant que je m’occupais d’elle. La pauvre enfant avait eu besoin d’être rassurée, de se sentir en confiance et c’est ce que je lui avais fait sentir du meilleur de mes capacités. Nous avions parlé de choses et d’autres, mais ce n’était sûrement pas ça qui intéressait la rousse. Elle voulait probablement savoir si elle avait parlé d’elle. Je ne savais pas si c’était une bonne chose ou non,mais nous étions restées loin de ce sujet.

« Rien de bien important vu la situation. Elle aime bien mon chien, le chocolat chaud et voulait voir les dadas...les sombrals. C'est tout. »

J’avais parlé d’une voix calme, douce, faisant simplement l’état des faits qui s’étaient déroulés entre les deux apparitions de Garnet. J’avais ma baguette sur moi, au cas où il se passerait quelque chose, mais je doutais fortement d’arriver à une telle extrémité. L'interrogatoire était plutôt tendu, pour le moment, mais je comptais bien calmer le jeu. J’allais jouer franc jeu avec la jeune femme. En plus de cette intention pleine de bon sens, j’avais une arme supplémentaire dans ma manche, Mademoiselle. Personne ne pouvait résister à sa bouille joufflue, baveuse et si douce. J’emmenais la chienne avec moi presque partout où j’allais, dans la mesure du possible pour ne pas la laisser seule et que sa présence était rassurante quand j’étais seule. Elle n’est pas là pour attaquer, mais elle repousse sans le vouloir. Un gros chien noir comme ça peut passer pour un sinistros pour certains incultes. Et puis, seulement par son format, elle impressionnait. Cependant, dans le cas présent, ce n’était pas ce qu’elle faisait. Elle se laissait caresser la tête par Garnet et bien qu’elle s’agitait un peu, elle restait là, sentant que c’était la place où elle se devait d’être. Le silence s’allongea un peu, mais un petit jappement (aussi petit qu’un chien du format de Mademoiselle le pouvait en tout cas) ramena la rousse dans notre réalité. « Il te reste du chocolat chaud ? Je pense qu’on a pas mal de choses à se dire. » J’aurais pensé qu’aussitôt qu’elle l’aurait pu, la fille aurait pris ses jambes à son cou et serait partie le plus loin possible de moi, mais ce n’était pas du tout le cas. J’étais surprise, agréablement surprise même. Considérait-elle que j’étais digne de confiance ? C’était ce que je comprenais de son commentaire.

« Bien sûr. C’est à volonté, tends-moi ta tasse. Je vais la remplir. »

Baguette à la main, j’ai fait sortir le liquide chocolaté pour qu’il remplisse la tasse de la jeune femme. Le liquide fumant prêt à être consommé, j’ai planté ma baguette dans un chignon plutôt lâche au-dessus de ma tête. « Qu'est ce que tu penses savoir sur moi ? » Ce que je pensais savoir ? C’était plutôt vague comme question et je devais avouer que j’avais l’impression que c’était une question piège, on me disait d’avancer sur un terrain miné, sans me dire où elles étaient enterrées. J’ai pris quelques secondes pour réfléchir. Je ne voulais pas me mettre les pieds dans les plats alors j’allais devoir choisir les bons mots pour expliquer mes pensées. Je me suis moi-même remplie une tasse de chocolat pour accompagner Garnet. Franc jeu Ludivine, franc jeu.

« Pas grand-chose franchement. Tu t’appelles Garnet, je pense qu’Amber est toujours avec toi. Je pense aussi que tu es là pour la protéger. Tu en prends soin, comme une grande sœur. Je ne sais pas pourquoi votre duo existe, mais je pense qu’il s’est passé quelque chose de grave à un certain moment. C’est ce que je pense et c’est basé sur à peu près rien. Donc...voilà. »

Tasse à la main, j’ai pris une gorgée de chocolat chaud en me disant que j’aurais aimé que Mademoiselle soit à côté de moi. Sa présence était toujours rassurante, mais vu les circonstances, la laisser à côté de Garnet était aussi sage.

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Lumos
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Mon allégeance : Blood Circle
Sam 8 Mai - 14:41
NE ME JUGEZ PAS, VOUS QUI NE ME CONNAISSEZ PAS
«Avion ? J'ai prononcé le mot avion ?»


La sorcière m’assura que Amber n’avait pas vu son visage ; qu’elle avait seulement tâté son front mais qu’elle n’avait pas vu notre visage. Elle m’avait également affirmé qu’elle avait pris soin de notre blessure, et en palpant je pus constater qu’effectivement, la blessure était bénigne. Il semblerait qu’elle ait bel et bien pris soin de nous. Une fois un peu plus rassurée sur ce que Amber savait, j’avais besoin d'en savoir plus sur ce que cette Ludivine savait. Est-ce qu’elle lui a parlé d’Alexander ? Du Blood Circle ? De Tante Gladys ? Moins elle en savait sur nous, et mieux ça serait. Bien sûr, Amber n’avait pas forcément conscience de l’environnement qui nous entourait. Même si elle ne savait pas ce qu’était le Blood Circle, elle pourrait parler de Robin, ou d’autres personnes qui permettraient de remonter jusqu’au Cercle. Il y avait aussi la Marque que l’on portait derrière l’oreille. Tellement de choses qui risquaient de briser ma couverture.

À mesure que je réfléchissais et que la sang-de-bourbe répondait à mes questions, je prenais conscience que si elle m’avait démasquée, j’aurais déjà été éliminée. Il n’était pas dans la nature des sorciers de se montrer bienveillants avec des gens comme moi. J’avais la dague qui me démangeait. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’elle découvre mon secret et qu’elle me dénonce aux autres sorciers. Mais je ne pouvais pas la tuer. J’avais une Dette envers elle. Elle avait pris soin de nous, et elle s’était montrée… compatissante ? Était-ce donc ça la compassion ? D'après la sorcière, Amber avait simplement réclamé de voir les sombrals, bu du chocolat chaud et joué avec Mademoiselle. Enfin, je suppose qu’elle a joué avec. J’observai l’énorme chienne. L’animal semblait également être en bonne santé, et heureux de vivre avec la sorcière. On pouvait voir qu’elle avait un caractère plutôt jovial. Elle était docile, mais pas par peur de sa maîtresse. De plus, cette femme travaillait avec des animaux, pour les aider. Elle ne pouvait pas être méchante. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire d’elle. Ma mission restait de recueillir des informations sur ce lieu, puisque visiblement il existait bel et bien. Je ne pouvais pas éliminer les personnes qui étaient présentes dans ce parc ; ni cette Ludivine, ni personne ; sans risquer de tirer la sonnette d’alarme. L’effet de surprise était notre atout, et je ne pouvais pas risquer de le perdre comme ça. D’autant plus que… Méritait-elle de mourir ? J’avais besoin d’en savoir plus, et je lui demandai donc s’il lui restait du chocolat. Elle me proposa de remplir ma tasse que je lui tendis. Elle pointa sa baguette et la tasse se remplit magiquement. Je me fis violence pour ne pas la violenter. Je serrai les dents, je devais prendre sur moi. C’est une sorcière, elle utilise la magie, mais elle ne me veut pas de mal, c’est l’exception. ne pas tuer... Ne pas tuer... Sans la remercier, je lui demandai ce qu’elle pensait savoir de moi. Qu’est-ce qu’elle avait deviné, et qu’est-ce que je devais continuer de lui cacher ? Je la vis ranger sa baguette dans les cheveux. Je m’interrogeai sur la facilité de la récupérer dans pareil endroit. Était-ce plus optimisé que dans une poche, ou une manche ? Dans mon cas, je ne pouvais pas cacher Sheila dans mes cheveux, ça ne serait pas assez discret. Elle devait rester dans ma manche, bien planquée sous cette immonde robe de sorcière que je portais pour me fondre dans la foule. Je bus une gorgée de la boisson sucrée pendant qu’elle répondait à ma question.

«Je vois… »

Effectivement, elle ne savait pas grand-chose. En fait, elle connaissait juste l’existence d’Amber, et ça s’arrêtait là. Elle supposait qu’il s’était passé quelque chose de grave pour que notre duo existe, mais elle ne savait pas quoi. C’était parfait, elle n’avait pas besoin d’en savoir plus. Même si, pour une raison que j’ignorais, je me sentais plutôt en sécurité avec cette femme. Bien qu’elle soit une sorcière. Bien qu’elle soit une inconnue. Était-ce parce qu’elle avait une certaine affinité avec les animaux et que mes années de séquestrations ont fait de moi un animal sauvage ? Pour être franche, ce sentiment de sécurité et de sérénité me mettait mal à l’aise.

«Merci pour le chocolat. Et pour les soins. » Mon regard se perdit sur les sombrals au loin. «T’as pu t’occuper de ton sombral ? » Mon ton était bien plus adoucit. Après quelques échanges, je finis par commencer à chercher à vouloir prendre congé.

«Il commence à se faire tard et j’ai d’autres projets pour la journée. Je pense pas que j’aurais le temps de repasser ici. Je viens de Londres et j’étais juste venue en vacances. Et comme j’ai pas trop les moyens de me payer régulièrement le billet d’avion jusqu’en Écosse. En tout cas… J’étais ravie de faire ta connaissance Mademoiselle.» J’ébouriffai la fourrure du chien. «Et c’était… Intéressant de te rencontrer Ludivine.»

C’était intéressant d’apprendre que les sang-de-bourbes étaient jugés par les autres sorciers. Mais la personne elle-même aussi était intéressante. Dans un autre contexte,  nous aurions pu garder contact. Si elle vivait à Londres, si elle savait et acceptait le fait que je ne sois pas une sorcière. Mais dès que j’aurais pris l’avion pour rentrer à Lond… Avion ? J’avais prononcé le mot avion ?

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