La fête de la musique… Etais-je en train de rêver ? La folie des moldus pour ce genre de rassemblement gagnait le monde magique… Et les jeunes gens étaient les premières victimes de ces aberrations lancées par des molduphiles.
Alors, qu’est-ce que je fichais là ?
C’est très simple. Avec toutes ces histoires au niveau de l’actualité, ma femme ne voyait pas d’un très bon œil que nos enfants se rendent à un événement ouvert au public sans que nous ne soyons dans les parages. Paranoïa parentale, si vous préférez… Et moi, eh bien, que voulez-vous ? Mes enfants sont la prunelle de mes yeux, même s’il leur prenait l’envie de plonger dans un lac maudit, j’irais les rejoindre pour les protéger. Oui, au risque même de ma propre vie.

Il n’était pas évident pour moi de supporter tous les groupes de musique des heures durant, mais je pouvais bien faire un effort pour mes gosses et pour faire plaisir à ma chère et tendre. Et tant que nous n’étions pas au premier rang, je pensais pouvoir gérer la foule et le bruit sans trop de peine.
Bien sûr, un fils de 17 ans et une fille de 14 ans n’allaient pas rester bien sagement aux côtés de papa-maman, il ne fallait pas se faire d’illusion. Nous avions donc convenu d’un accord à respecter. Les adultes ensemble, les jeunes ensemble, avec regroupement prévu à intervalles réguliers pour éviter de se perdre de vue les uns les autres.

C’était dingue de devoir en arriver là, mais nous n’avions pas trouvé d’autre façon de faire et, visiblement, nous n’étions pas les seuls parents paranoïaques dans cette foule. Et je n’étais nullement le plus âgé. Preuve était faite, si elle était encore nécessaire, que les mangemorts pouvaient être de bons parents tout en étant de bons mangemorts.

« Je reviens dans quelques instants. » Je déposai un baiser dans le creux du cou de ma tendre et m’éloignai vers les stands de nourriture et de boissons. Il y en avait pour tous les goûts, alors, c’était l’occasion ou jamais de se faire plaisir.

Me dirigeant vers l’un des bars, je commandai un jus de pommes aux explobulles pour ma femme et une bière Lupulus pour moi. Les enfants viendraient se ravitailler plus tard, nous avions convenu les choses comme cela avec notre fils aîné.
Et je revins auprès de ma douce, chargé de nos boissons. Je lui tendis son jus et trinquai avec elle en la regardant droit dans les yeux. « A nous. »

Oui, je l’aimais toujours comme au premier jour, ça crevait les yeux. J’étais fou d’elle, comme seuls peuvent l’être de jeunes amoureux… nous n’étions plus si jeunes, mais nos sentiments n’avaient pas pris une ride.
Dans la foule, quand j’étais auprès d’elle, j’avais l’impression que nous n’étions que tous les deux… comme dans notre petite bulle à nous, sans que personne ne puisse venir troubler cet instant magique…

Enfin, ça, c’était en théorie. En réalité, quelqu’un venait de bousculer ma belle, qui, de surprise, en avait lâché son verre, répandant le liquide sur moi, tandis que je m’agrippais à mon propre verre pour éviter un autre incident du même acabit.

Un festival de musique, c’était l’invitation que j’avais reçu de mon amie d’enfance : Alcyone Greengrass. C’était bien la première fois que je participais à ce genre d’événement et je me demandais comment ça se déroulait concrètement. J’aurais apprécié une notice, en plus de la lettre, mais il n’y avait que le lieu, la date et l’heure. Pour le lieu, rien de très dépaysant, il s’agissait du camp d’été où je passais la majorité de mes journées. Ainsi, je ne risquais pas de me perdre. Même si je n’y connaissais rien en festival, j’avais hâte de retrouver la jolie brune. Cela faisait un certain temps que nous ne nous étions pas croisées. C’était en tout point des retrouvailles et il était temps d’échanger en personne au lieu d’user de lettres. Nous vivions désormais dans le même pays et j’espérais qu’on puisse davantage se voir. Nous avions du temps à rattraper toutes les deux et toute sorte d’aventure à se raconter, j’en étais sûre. Bien que les hiboux fissent correctement leur job, parfois, c’était compliqué de retranscrire fidèlement des émotions par des mots et de raconter des longues histoires. Ecrire prenait beaucoup plus de temps qu’un simple échange vocal. Alors oui, cette soirée entre filles était la bienvenue. Durant ma phase de préparation, un dilemme apparut concernant la tenue. Devais-je me mettre sur mon trente-et-un ? Le bon sens me fit souligner un point important : le festival se déroulait à l’extérieur. Ainsi, les robes longues et les talons ne faisaient pas bon ménage. Je finis par mettre une tenue des plus classique et adaptée à la température estivale. La simplicité, voilà ce que je devais écouter.

Dégustant calmement une bièraubeurre, j’étais déjà sur les lieux, bien en avance, comme à mon habitude. Prenant conscience du temps qu’il me restait, je finis même par sortir un livre de mon petit sac et à bouquiner dans cette atmosphère bruyante. La musique était sympathique, il est vrai, mais je me voyais mal gesticuler au milieu de la scène, en hurlant les paroles. Seule, ce genre d’attitude paraissait beaucoup moins fun et je préférais attendre mon acolyte avant de m’amuser de la sorte. Puis, mon livre était très intéressant, il abordait sous un œil nouveau le botruc. Vous savez, le petit animal tout mignon qui vit dans les arbres dont le bois sert à la création de baguettes magiques. J’étais si absorbée par mon livre, que je ne vis pas l’accident arrivé. J’étais adossée au bar assise sur une chaise haute et un idiot fit irruption. Il semblait avoir deux mains gauches, car sa main, tenant son verre rempli d’alcool, se déversa par mégarde sur mon ouvrage et sur ma tenue. Un cri s’échappa de mes lèvres et mes paroles sortirent sans que je puisse agir. « Pas ça ! Pas ça ! Il faut être… » Le mot con allait suivre, mais j’avais refermé ma bouche au bon moment. Le jeune homme en question me dévisagea et rougit. « Excuse-moi… » Je lui fis signe d’aller voir ailleurs si j’y étais, avant de râler dans ma barbe et d’observer l’encre bavait sur la page à cause de la bière...

J’étais légèrement irritée par ce contre-temps. Cet idiot avait osé renverser une boisson sur un tel manuscrit. Il s’agissait bel et bien d’une hérésie et le simple fait d’observer l’encre bavé sur le papier humidifié, me rendait malade. Certes, ce n’était pas l’endroit idéal pour une telle activité, mais je n’avais pas trouvé mieux pour passer le temps. Il est vrai que j’aurais pu me sociabiliser, apprendre à connaître de nouvelles personnes, mais j’avais envie de passer une soirée avec Alcyone et je n’avais pas besoin que des personnes interfèrent. C’était ambitieux de ma part, surtout dans un tel endroit, réunissant des centaines de sorciers, avide de festivité. M’amuser, c’était le mot qui résonnait dans ma tête et me faisait abandonner peu à peu ma mauvaise humeur du moment. Puis, l’arrivée inopinée de ma merveilleuse amie acheva de me faire oublier cette mésaventure. Alcyone était devant moi, en chair et en os et je répondis naturellement à son charmant sourire. J’émis un petit rire quand elle commenta mon lieu de lecture. Effectivement, il y avait que moi pour lire dans des endroits pareils. Elle tendit les bras et il ne me fallut pas longtemps pour l’enlacer. J’étais heureuse de la retrouver et ses mots me réchauffaient. « Enfin, nous nous retrouvons ! Tu ne peux pas imaginer à quel point, je suis heureuse de te revoir aussi ! » Soufflai-je d’une voix douce, tout en me délogeant de ses bras pour mieux l’observer. Elle semblait en bonne santé et cette simple observation me rassurait. « Alors, comment se passe ce début d’été ? En forme pour ce soir ? » D’un coup, j’étais éveillée et prête à me laisser bercer par la musique du festival.

Enfin, jusqu’au moment où un indésirable fit irruption. C’était inattendu et sur le moment, j’étais surprise, d’autant plus, que cette personne s’adressait directement à moi. Je lançais un regard d’incompréhension totale à mon amie, avant de mettre quelques secondes à répondre. « Oui, j’ai enfin fini mes études à Durmstrang… » Je n’avais pas trouvé mieux comme réponse pour une question bateau. Je ne rêvais pas, mon cousin Dimka était bel et bien devant moi et entamait une discussion comme si c’était normal. Sur le moment, j’avais envie de rire de moi-même, car le hasard se moquait de moi. Histoire d’occuper mon esprit, je sortis ma baguette magique que je brandis, non pas vers mon cousin, mais vers le désastre près du bar où mon livre dégoulinait encore de bière. D’un léger mouvement, tout ce cirque fut oublié, effaçant l’accident et rendant son aspect authentique aux pages de ce manuscrit. Satisfait de moi-même, je rangeais le livre dans mon petit sac. « Tu attends quelqu’un, Dimka ? » Dis-je innocemment tout en regardant autour de lui, espérant ne pas apercevoir mon frangin. Après tout, le pire pouvait encore arriver. Ainsi, cette soirée ne s’engageait pas comme prévue et sur le moment, j’étais assez mal à l’aise. Difficile de se comporter en présence d’une personne m’ayant toujours ignoré, mais je devais faire un effort pour Alcyone.

J’étais heureuse de retrouver pour de bons Alcyone. Il n’y avait plus toute cette distance qui nous séparait et en cet instant, l’avoir dans mes bras, avait le don de réchauffer mon cœur. J’oubliais bien des soucis comme le fait d’être fraîchement débarquée dans un pays étranger. A ma question sur la tournure de ses vacances, la jeune femme toucha son ventre avant d’afficher un large sourire et de mentionner son nouveau travail. Je m’exclamai enjouée. « Vraiment ? Je veux être l’une de tes premières clientes, si tu le permets ! » J’étais sincère, voulant à tout prix encourager mon ami dans son activité professionnelle. Enfin, les réjouissances furent bien vite assombries par l’arrivée inopinée de mon cher cousin, Dimka. J’eus l’impression qu’un courant d’air glacial s’était faufilé tout d’un coup et il m’était compliqué d’arborer mon beau sourire. J’étais légèrement crispée, d’où ma question de savoir s’il attendait des personnes en particulier. C’était le cas apparemment, même s’il ne mentionna aucun nom et cela me rassura un peu. Je lançais un léger coup d’œil derrière lui, surveillant ses arrières et sur le coup, ce fut une surprise. Je devins rouge pivoine alors que je bégayais. « Hein ? Je… C’est… C’est inhabituel. » Les festivals de musique n’étaient pas un lieu commun que je fréquentais habituellement, parce que je n’avais jamais eu réellement l’opportunité d’y participer. Mon regard fut orienté vers le nouveau venu alors qu’il nous salua. D’une petite voix, je répondis poliment. « Salut Owen. » Ses yeux se posèrent sur moi et j’eus comme réflexe d’avoir un peu la bougeotte, en plus de maintenir mon rougissement. Pourtant, il semblait lui aussi gêné et proposait une porte de sortie. Seulement, Alcyone n’était pas de cet avis et agrippa le bras du jeune homme en lui reprochant de n’avoir pas amené des verres. Je souris à sa remarque, alors que mon cousin affirma lui aussi les dires de mon amie.

Or, la jeune femme proposait tout naturellement de boire un peu d’alcool pour aller danser par la suite. Impossible de refuser, si nous devions rester tous les quatre ensembles, j’avais bien besoin d’un peu d’aide pour surmonter toute cette gêne. J’acquiesçai, tout en précisant. « Je prendrai la même chose que toi, merci ! » J’étais partie pour l’accompagner et éviter de me retrouver seule avec les deux garçons. Cependant, Dimka fut plus rapide et trouva un prétexte bidon pour coller Alcyone. Je les regardais s’éloigner vers le bar, tandis que mes yeux se posèrent sur Owen. Je restais un instant muet, avant de demander. « Bien remis de notre dernière soirée ? Je… Je ne m’attendais pas à te croiser ici ! Et je ne savais pas que tu connaissais Alcyone ! » Et Dimka aussi, apparemment. Mon sourire s’accentua et je remis nerveusement une mèche rebelle derrière mon oreille. Un peu d’alcool ne me ferait pas de mal, pensai-je. Même si Owen allait penser à la longue que j’avais la bouteille trop facile en sa présence.

Quand je regardais autour de moi, je ne voyais que de tout jeunes sorciers et sorcières, comme si mon épouse et moi n’étions pas à notre place… Bon, il était clair que nous sortions du ton, ici, en ayant – même mon épouse – le double de l’âge des participants… Et nous étions sans doute les seuls parents à avoir voulu écouter un peu ce qui était en vogue chez les ados et chez les adulescents.
Somme toute, ce n’était pas exactement notre style.
Et après m’être fait renverser un verre dessus, je n’avais pas eu très envie de rester dans cet endroit.
J’avais donc proposé à ma femme de profiter de cette soirée où nous serions seuls pour aller dans un restaurant et passer du temps ensemble, en amoureux, comme au bon vieux temps. A croire qu’elle n’attendait que cela, puisque ma chère et tendre accepta immédiatement ma proposition, il est vrai que nous avions un peu besoin de nous retrouver, après tout ce qui s’était passé ces derniers mois.

Un peu de temps pour nous deux… parce que ces derniers temps, nous ne faisions pratiquement que nous croiser, nous avions beaucoup de choses en tête et même lorsque nous allions nous coucher, si la tendresse était bel et bien présente, nous étions souvent bien trop fatigués pour envisager autre chose qu’une bonne nuit de sommeil, en nous endormant, enlacés.
Ce soir, ce serait différent.

Elianor prit la peine de prévenir Marcus que nous ne restions pas, qu’il devait veiller sur la petite et que nous comptions sur lui pour faire preuve de bon sens et de responsabilité. C’était un discours auquel il était habitué, mais je n’avais pas toujours une totale confiance en mon fils pour sa capacité à gérer seul une situation qui pouvait devenir délicate, puisqu’il se comportait encore trop souvent comme un gamin immature.
Je pris ma tendre épouse par la main pour quitter cette foule étouffante. En dehors de la masse de personnes, nous pourrions déjà parler plus facilement, notamment pour choisir notre destination pour un repas romantique. Elle aimait tant la cuisine italienne que nous ne fûmes pas bien longs à nous décider… et comme cela me convenait parfaitement – peu m’importait le repas, en réalité, tant que je me trouvais en sa compagnie – nous transplanâmes, ensemble, pour mettre en pratique nos projets pour la soirée.

J’aurais aimé avoir eu la présence d’esprit de préparer notre chambre pour créer une ambiance intime et tamisée, mais je n’avais pas pensé que nous allions quitter la fête si tôt. Alors, je devrais me dépêcher, une fois chez nous, pour tout préparer rapidement, pendant qu’Eli passerait à la salle de bains. C’était tout à fait faisable, surtout si nos elfes de maison se montraient efficaces.
Nous quittâmes donc le festival, en espérant au fond de nous qu’aucun moldu imbécile ne vienne mettre son nez dans cette soirée où se trouvaient nos enfants, prunelles de nos yeux…