Chez les sang-purs les fiançailles c’était toujours toute une histoire. Beaucoup de discussions, de mains serrées et de sourires parfaitement calculés et absolument pas sincères. Ce n’était clairement pas des décisions qui se prenaient à la légère, après tout lier des familles était toujours une affaire sérieuse, surtout si les deux partis voulaient pouvoir tirer un maximum de cet accord. C’était presque tout un cérémonial, les parents qui se retrouvaient, les mères qui vantaient les mérites de leurs chérubins pendant que les pères parlaient accords financiers. Et les enfants en questions dans tout ça ? Oh bah clairement ils n’avaient pas voix au chapitre. Pour quoi faire ? C’était de leur avenir qu’on discutait mais ce n’était pas le plus important, le plus important c’était leurs familles et ça ils feraient bien de ne pas l’oublier. Et puis franchement ce n’était pas l’idéal ? Ne rien avoir à faire, ni à demander et se retrouver avec un mari soigneusement choisi par ses parents pour ses qualités financières humaines. Ah oui clairement chez les sang-purs les fiançailles respiraient le romantisme et l’amour sincère. Un vrai rêve qui se réalisait, même pas besoin de magie pour ça, si c’était pas merveilleux. D’ailleurs il suffisait de voir la tête que tirait Alcyone depuis quelques semaines pour comprendre qu’elle était sur un petit nuage depuis le jour où ses parents lui avaient annoncé son mariage prochain avec Dimka Dimitrov. Elle respirait la joie de vivre la Greengrass, une future mariée épanouie et impatiente de se voir liée pour la vie. Oui, vraiment ça faisait rêver tout ça.

D’ailleurs c’était pour fêter la merveilleuse idée des familles Greengrass et Dimitrov que Hestia sortait ce soir. Des fiançailles ce n’était pas rien, il fallait marquer le coup. Enfin ça c’était peut-être ce que les deux familles de sang-pur se disaient, ah pour sûr qu’ils avaient dû fêter leur petit accord en ouvrant une bonne bouteille et en trinquant à l’avenir assurés de leurs lignées. L’avis de leurs enfants ? Franchement ce n’était pas le plus important. Hestia savait bien comment ça fonctionnait chez les sang-pur. Elle n’avait peut-être pas de bague collée à l’annuaire de sa main gauche mais elle savait que son nom était lié à celui d’un héritier de sang-pur bien propre sur lui depuis des années. Ses parents aimaient à le lui rappeler à intervalle régulier mais de son côté elle faisait de son mieux pour oublier que sa famille l’avait littéralement vendue à une autre. Y penser lui donnait envie d’hurler et de tout casser alors autant essayer d’oublier tout ça puisqu’elle avait encore quelques années devant elle avant de devoir vraiment faire face à ce problème. Et puis aujourd’hui il ne s’agissait pas d’elle, il s’agissait d’Alcyone. C’était elle qui était confrontée à cette pratique moyenâgeuse. Hestia avait été un peu surprise de voir son amie choquée par la nouvelle. Ne s’y attendait-elle vraiment pas ? Vu la famille Greengrass elle aurait dû voir le coup venir. Mais après tout chacun se protégeait comme il pouvait et ce n’était pas le rôle de la Carrow de juger. Son rôle, en tant qu’amie, était de soutenir et aider Alcyone, ce qu’elle s’était efforcé de faire de son mieux. Mais face à une telle nouvelle il n’y avait pas grand-chose à faire à part apporter une présence réconfortante.

Elle ne savait plus vraiment qui avait lancé l’idée de sortir, mais Hestia n’avait pas hésité un instant. Elle avait sauté sur l’occasion et aussi un peu sur Alcyone pour la convaincre de ne pas abandonner cette idée. Rester à Poudlard à se morfondre ne servirait à rien, en revanche se morfondre dans un bar, avec de l’alcool, de la musique et des amies c’était tout de suite plus sympa. Là aussi ça ne changerait rien, mais puisqu’elles ne pouvaient rien faire d’autre autant éviter de passer son temps à déprimer. Petit à petit la soirée s’était organisée et Adèle, Elise et Sélénya s’y étaient jointes. Hestia savait que cette histoire de fiançailles ne résonnait pas pareil pour toutes mais chacune avait tenue à se montrer présente pour la Greengrass. Les deux cousines de Lestang qui acceptaient même de se supporter toute une soirée pour pouvoir apporter leur soutien à Alcyone, si ce n’était pas beau ça, une vraie preuve d’amitié. Quand l’heure approcha, la Serpentarde rejoignit donc son dortoir pour se préparer. Une petite robe d’un vert profond, juste ce qu’il faut de maquillage pour souligner ses yeux ambrés et des chaussures à hauts talons qui lui apportaient une plaisante sensation d’assurance. Une fois prête, la brune descendit rejoindre Alcyone et Adèle dans la salle commune des vipères avant de se rendre devant l’université où elles avaient rendez-vous avec Sélénya et Elise. On aurait presque pu parler de soir de fête, si le but n’était pas de soutenir Alcyone et de boire pour oublier.

L’arrivée dans le Londres sorcier les mit tout de suite dans l’ambiance. A cette heure les bars étaient tous ouverts, de la musique s’échappait de plusieurs portes entrouvertes et les rues étaient déjà bien animées. Un brusque changement par rapport au calme presque feutré de l’université mais exactement ce qu’elles recherchaient. Ce n’était pas un lieu pour discuter tranquillement qu’elles voulaient, mais un endroit où boire et se changer les idées. Le bar dans lequel Alcyone les emmena paraissait parfait pour ça. D’ailleurs la verte prit les rênes de la soirée, se saisissant de la carte des boissons et annonçant qu’elle payait la première tournée. Hestia hocha la tête et se laissa aller contre son siège pendant que la brune choisissait la boisson qui lancerait la soirée. Elle eut un sourire en voyant le regard dubitatif que lançait Elise, apparemment les soirées alcoolisées ne devaient pas faire partie de ses habitudes. Quelques minutes plus tard, une serveuse empressée leur apportait leurs verres. Hestia se saisit du sien et trinqua avec ses camarades. « T’inquiète, c’est dur de se débarrasser de nous. » Lança-t-elle avec un sourire avant de boire une gorgée. L’alcool lui brûla aussitôt la gorge mais elle accueilli cette sensation avec délice. Depuis combien de temps n’était-elle pas sortie faire la fête ? Une éternité certainement avec toutes les horreurs qui leur tombaient dessus. Autant en profiter ce soir, même si elle aurait préféré que ce soit pour une autre occasion que des fiançailles forcées. Hestia sourit à la remarque de la Greengrass sur l’enterrement de vie de jeune fille. Il était vrai que vu comme ça on pouvait prendre leur sortie pour une célébration. Malheureusement la Carrow n’était pas venue avec des idées d’animation. Heureusement, Elise et son imagination de Serdaigle étaient là. Et sa répulsion pour Dimka aussi apparemment. Faire du slave une cible de fléchettes géantes, Hestia ne s’étonnait même pas de cette suggestion. Elle se retint cependant de défendre son ami, ce n’était pas le moment de souligner qu’en fait elle et Dimka s’entendaient à la perfection et puis il ne s’agissait que d’une plaisanterie, autant rentrer dans le jeu de la bleue. Elle se tourna donc vers Elise. « Tu proposes quoi ? Cinq points pour le ventre, dix pour la tête, vingt pour… » Lança-t-elle sans pour autant finir sa phrase. Elle haussa les sourcils d’un air entendu, un sourire amusé flottant sur ses lèvres. Oh elle n’avait pas besoin de compléter ses propos, les sorcières allaient parfaitement comprendre où elle voulait en venir. Un léger rire s’échappa de sa gorge avant qu’elle ne reprenne, un peu plus sérieuse. « Non mais en fait c’est Dimitrov père qu’il faudrait dessiner, les idées pourries ça vient toujours de lui. » Et des Greengrass aussi, Hestia n’en doutait pas, il y avait toujours deux familles impliquées dans ces affaires, mais elle n’allait pas proposer à Alcyone de lancer des fléchettes sur ses propres parents. Elle avait beau leur en vouloir, ça craignait quand même. Dimitrov père était bien suffisant et ça permettait de dévier un peu la conversation de Dimka. Hestia avait entendu dire que ces fiançailles avait eu raison de leur relation, est-ce que c’était la vérité ça c’était une autre histoire. « Et puis il a une tête affreuse, ce sera plus facile à viser. » Ajouta-t-elle avec un sourire ironique. A bien y réfléchir ça pourrait presque être une activité thérapeutique. De l’alcool et des discussions qui n’avaient pas beaucoup de sens, la soirée était belle et bien lancée. Pour fêter ça, Hestia but une nouvelle gorgée de son verre.

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Habituellement célébrer des fiançailles était plutôt une occasion joyeuse. Celle de célébrer l’amour, celle de partager un moment entre familles qui se réunissaient, celle de marquer le coup en buvant et dansant avec des copines. Il y avait plein de manière de fêter des fiançailles, tout dépendait des personnes concernées, mais elles avaient toutes ça en commun : la joie de se voir unir à l’amour de sa vie. Hestia en avait entendu des récits de soirées suite à des fiançailles, leur point commun c’était que ça avait l’air vraiment joyeux et agréable. Le genre de moment qui permettait de tout oublier pour juste profiter de l’instant présent et de ses amis. Même si la Serpentarde n’était pas une grande fan des soirées où tout le monde passait son temps à piailler dès qu’une bonne chanson retentissait dans la pièce -cette image des autres nanas quand même mdr-, elle devait bien avouer qu’elle ne dirait pas non à ce genre de moment joyeux. Il fallait dire que le monde sorcier n’était pas des plus roses en ce moment, alors un peu de légèreté et quelques rires n’auraient fait de mal à personne. En fait pas mal de monde en avait besoin, et elle la première, elle devait bien le dire. Sauf que tout ça, se retrouver entre copines pour faire la fête et boire des verres en l’honneur de celle qui allait se faire passer la bague au doigt, c’était bien mignon mais chez les sorciers de sang pur ça n’existait pas vraiment. Les fiançailles étaient rarement un choix des principaux concernés alors rapidement l’idée de les célébrer ne venait à personne. Après tout, quand on vous annonçait que vous alliez vous marier à un mec que vous connaissiez à peine, ou pour qui vous n’aviez pas le moindre sentiment, quand ce n’était pas le mépris le plus total, eh bah ça coupait toute envie de faire la fête. Ah c’était sûr, immédiatement les soirées de fiançailles prenaient une autre dimension chez les sang-pur et le petit groupe d’étudiantes de Poudlard en était bien la preuve. Si elles avaient toutes répondues présentes sans la moindre hésitation ce n’était pas pour pouvoir partager la joie de leur amie, mais bien pour pouvoir la soutenir de leur mieux. Ca mettait dans l’ambiance. Bienvenue dans la haute société sorcière. Ou pas.

Si Alcyone n’avait pas été une sorcière issue d’une grande famille de sang-pur, la soirée aurait pu prendre un tournant tout à fait différent, peut-être alors que Hestia aurait pu assister à une de ces fêtes où tout le monde est si heureux qu’il n’est pas difficile de se lâcher et de profiter sans penser à rien d’autre. Mais ce n’était pas le cas, Alcyone n’était pas une heureuse fiancée impatiente de se marier à son promis et ses amies n’étaient absolument pas assez stupides pour espérer faire comme si de rien n’était. Se bercer d’illusion ce n’était pas leur truc, elles savaient toutes que c’était inutile, pire ça ne rendrait la chute que plus difficile. Au final, la sortie dans un bar n’était pas pour célébrer, mais pour s’éloigner des autres sorciers et les verres d’alcool n’étaient pas là pour se mettre dans l’ambiance de la fête mais pour essayer d’oublier un peu le sinistre de la situation. Tout de suite, c’était moins glamour, mais au moins ça aidait tout le monde à rester les pieds sur terre. D’ailleurs aucune ne tenta d’éviter le sujet. Ça aurait été comme essayer de ne pas voir un éruptif dans un couloir, totalement impossible mais aussi assez idiot. Alors les activités qui furent proposées n’eurent pas grand-chose à voir avec celles habituelles de ce type de soirée. Ce soir pas question qu’Alcyone se balade avec un voile rose sur la tête tout en devant faire la bise à tous les sorciers qu’elle croisait, pas de costume complètement perché, pas de questionnaire débile et surtout, surtout, pas de banderole « future mariée » qu’elle devrait arborer avec une fierté plus ou moins forcée jusqu’au bout de la nuit. A la place, les filles proposèrent de jouer aux fléchettes avec une image de Dimka. Ah direct il prenait cher le futur marié. Ce que Hestia dévia discrètement sur le père Dimitrov qu’elle savait plus responsable de toute cette affaire que son fils. D’ailleurs, Alcyone confirma les soupçons de la brune, c’était les parents les coupables. Ca n’avait rien d’étonnant, chez les sang-purs c’était toujours le cas, et les enfants se retrouvaient obligés de trinquer, tout ça pour l’honneur familial et plein d’autres bêtises auxquelles les adultes s’accrochaient désespérément. Clairement, le progrès et le modernisme ils ne connaissaient pas. De belles conneries quoi.

De fil en aiguille les propositions fusèrent, l’alcool qui coulait déjà librement dans les veines des sorcières devait aider leur imagination à se débrider. Bien vite, Hestia se retrouva avec une serviette en papier devant elle et un crayon en main. Elle devait dessiner quelqu’un qu’elle avait envie de torturer pour pouvoir lui lancer des fléchettes dessus. Et bien sûr, si elle n’y parvenait pas, elle allait devoir boire. Ce qui allait rendre sa précision encore moins… Eh bien précise. Ah, rien de tel qu’un peu de défi pour pimenter une activité fléchette. Alcyone ne tarda pas à relever sa feuille pour leur montrer son œuvre. C’était son père qui y figurait, évidemment. Ses explications arrachèrent une grimace écœurée à Hestia qui étouffa néanmoins un bref éclat de rire en entendant la remarque d’Elise. Par Merlin, Greengrass père était vraiment abject. « Ton père a toujours eu mauvais goût. » Marmonna-t-elle en glissant un regard vers son amie. Au fond, Hestia n’était même pas étonnée. Et c’était certainement ça le pire, être tellement habituée à ce style de vie que ça ne la surprenait même plus. Heureusement elle en était toujours scandalisée, à ses yeux il n’y avait rien de pire que la résignation. Reposant ses prunelles sur sa propre serviette blanche, la Serpentarde posa son verre sur la table pour réfléchir à la question. Les personnes qu’elle détestait il y en avait plein, celles qu’elle méprisait elle avait cessé d’en compter le nombre, mais celles qu’elle aurait aimé torturer ? C’était encore autre chose et pour le coup elle devait bien dire que le nombre était plus restreint. Habituellement elle vivait sa vie en s’efforçant de ne pas laisser les autres y avoir la moindre emprise. Tout pour éviter de se faire blesser. Or, pour répondre à la demande d’Alcyone il fallait qu’elle choisisse quelqu’un qui lui avait fait du mal. Hestia savait qu’elle aurait pu mentir, choisir n’importe qui qu’elle détestait un minimum et s’en sortir. Mais ce soir, elle n’avait pas vraiment envie de mentir, ce qu’elle mettait éhontément sur le compte de l’alcool. Un instant elle songea à dessiner Amaury, après tout il était celui qui lui avait fait le plus de mal et tout le monde ici -à part sûrement Sélénya- devait s’en douter, ou au moins avoir quelques doutes à ce sujet. Mais elle se stoppa après avoir jeté un coup d’œil à Elise. Hestia avait encore bien en tête la dispute qu’elle avait eu avec sa camarade bleue à ce sujet, elle savait parfaitement ce qu’il se passerait si elle dessinait Amaury, c’était même clair comme de l’eau de roche. Pas besoin d’être complètement sobre pour savoir ça. Elle était là pour soutenir Alcyone, pas pour causer du grabuge, et encore moins pour blesser Elise en affirmant que son frère jumeau était un sombre connard. Ca aurait été cruel de ramener ça sur la table devant toutes les autres sorcières, et franchement ça n’aurait soulagé personne. Les deux étudiantes avaient réussi à passer à autre chose et Hestia considérait même Elise comme une amie, elle n’avait pas envie de faire marche arrière. Non, elle trouverait bien quelqu’un d’autre, quelqu’un qui, non content d’avoir gâchés plusieurs mois de son existence, ne gâcherait pas toute la soirée.

Elise fut la suivante à terminer son dessin. La Serpentarde fut surprise de voir que ce n’était pas un visage humain qui y figurait mais plutôt une tête de loup avec des dents immenses. Un instant, Hestia fronça les sourcils, en tant que sorcière la blonde ne devait sûrement pas faire référence à un vrai loup, se pouvait-il qu’Elise ait elle aussi fait une rencontre avec un loup-garou ? Aux souvenirs que cela lui inspirait, Hestia se sentit frissonner. Elle jeta un regard à Adèle, à elle aussi ça devait lui rappeler des choses, certainement pas les meilleurs souvenirs qu’elles avaient ensemble mais au moins ceux là elles n’étaient pas prêtes de les oublier. La brune hocha la tête face aux explications d’Elise. « Je comprends que t’en ai peur, avec une tête pareille moi non plus je voudrais pas le croiser. » Souffla-t-elle en secouant la tête. Enfin elle ne voudrait pas re-croiser un loup-garou plutôt. Une fois lui avait largement suffit, ce n’était pas le genre d’expérience qu’elle souhaitait réitérer. Et elle ne le souhaitait pas à Elise non plus. Se décidant finalement, Hestia attrapa son crayon et commença à griffonner sur sa serviette un visage féminin. De long cheveux lisses, des traits droits et un petit quelque chose dans les sourcils qui donnait un air hautain. C’était pas mal. Hestia n’était pas une artiste, mais elle se débrouillait plutôt bien avec un crayon. « Je vous présente Athéna Carrow, ma mère. » Déclara-t-elle en tournant la feuille pour que les autres puissent voir. Les traits étaient quelque peu exagérés mais le tout était plutôt ressemblant pour qui connaissait sa mère. « J’aurais bien dessiné mon père aussi, mais j’avais plus assez de place. » Et franchement, avoir les têtes de ses deux parents qui semblaient la dévisager alors qu’elle buvait des verres avec des amies n’était pas trop à son goût. Hestia jeta un coup d’œil à ses camarades. Certaines devaient se douter que ce n’était pas tout rose chez elle, mais d’autres n’en avaient certainement aucune idée. Ce dessin était comme un aveu. Encore quelque chose qu’elle pourrait mettre sur le compte de l’alcool. Les confidences ce n’était pas son truc habituellement.

Consciente des questions et suppositions que ce dessin devait apporter, la Serpentarde se décida à donner quelques explications. « Parents de sang-pur, éducation familiale de sang-pur. Vous savez comment ça marche, pas la peine que je vous fasse un dessin de ça aussi. » Elle haussa les épaules, feignant un détachement qu’elle n’avait pourtant jamais ressentit quand il s’agissait de ses parents. Elle avait beau faire semblant, elle aurait aimé recevoir plus que des exigences et du mépris de la part de ses propres géniteurs. Mais la réalité c’était que le moins elle les voyait, le mieux elle se portait. Une constatation assez difficile à accepter malgré les années. Habituellement la Serpentarde ne s’étalait pas sur sa vie familiale. Rares étaient ceux à savoir comment ça se passait chez elle, la plupart des élèves s’imaginaient sûrement qu’elle était traitée en petite princesse capricieuse. Elle n’avait jamais rien fait pour les contredire, c’était se fatiguer pour rien et puis rien de tout ça ne les regardait. En revanche, c’était différent pour les quatre filles qui l’entouraient. Hestia savait qu’elle pouvait leur faire confiance, alors elle continua : « C’est de leur faute si je n’ai pas eu de nouvelles de Thalia pendant deux ans. Ils ont interceptés ses hiboux et certainement les miens aussi. Connaissant ma mère cette brillante idée devait être la sienne. » Ce n’était pas juste parce qu’elle avait reçu une éducation dénuée d’amour qu’elle avait dessiné sa mère. Ça, ça la rendait amère, mais ça ne lui donnait pas envie de torturer ses parents, par contre ce qu’ils avaient fait pendant l’absence de Thalia était une toute autre histoire. Et ça, Hestia n’était pas prête de leur pardonner. « Elle mérite bien sa place ici. » Conclut-elle d’une voix sourde. D’un doigt, elle fit glisser le dessin au centre de la table avant de se saisir de son verre qu’elle termina en une gorgée. Ce n’était que le premier, mais certainement pas le dernier, ni même l’antépénultième d'ailleurs. Pour la soirée joyeuse, il lui faudrait certainement plus qu’un seul verre.

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Ah bah voilà, grosse ambiance ce soir entre les cinq étudiantes. Hestia s’était douté que vu la raison de leur présence là, ce n’était pas la peine de s’attendre à une soirée joyeuse, pleine de rires, de chants et de déhanchés enflammés sur la piste de danse, mais elle ne s’était pas non plus imaginé que la soirée prendrait un tournant aussi déprimant aussi rapidement. Il ne leur avait fallu que quelques minutes et un seul verre d’alcool, ça devait être un record. En soit, se venger sur Dimitrov -ou Greengrass, pas de jaloux- père grâce à un portrait peu flatteur et quelques fléchettes était plutôt une bonne idée. De quoi détendre l’atmosphère, défouler Alcyone et leur donner l’impression de se battre un peu contre toute cette situation. En plus, tout le monde pouvait participer pour soutenir la Greengrass, franchement c’était pas mal. Et c’était ce que Hestia attendait de cette soirée. Par contre, se retrouver chacune à dessiner quelqu’un qui leur avait fait du mal, les avait mises en colère ou leur avait donné des envies de vengeance, tout de suite c’était plus réel, et moins réjouissant. Pourtant chacune s’était prêtée au jeu. Non contentes de soutenir la malheureuse future mariée, elles se dévoilaient toutes un peu plus à travers ces portraits et les explications qui allaient avec. Dans d’autres circonstances, Hestia aurait refusé de participer, se dévoiler, se montrer vulnérable, même face à des personnes bienveillantes, ce n’était pas son truc. Elle ne savait pas faire, et en fait elle n’en avait tout simplement pas envie. Mais ce soir c’était un peu différent. Elles étaient toutes ensembles, elles étaient là pour Alcyone -pas pour elle- et surtout elles ne jugeaient pas ce qui ressortait de ces dessins. Et puis il y avait l’alcool bien sûr, la boisson avait toujours eu tendance à rendre la Carrow plus bavarde, plus prompte à s’ouvrir même si ça n’enlevait rien de son malaise. Elle aurait pu botter en touche, dessiner une personne lambda, s’inventer un ex quelconque et lui faire porter le chapeau, mais voir qu’Alcyone et Elise avaient joué le jeu la poussa à se montrer sincère. Ses traits firent apparaitre le portrait de sa mère et ses mots vinrent préciser le contexte de son dessin. Elle en dit sûrement un peu trop, elle n’avait pas prévu de parler de Thalia, son éducation suffisait pour justifier ses sentiments envers sa propre génitrice, mais l’alcool lui déliait la langue aussi alla-t-elle plus loin que prévu. Au moins les autres filles pouvaient maintenant saisir comment ça se passait chez les Carrow, et surtout pourquoi Hestia et Thalia étaient resté en froid si longtemps après le retour de l’ainée. Pas que Hestia ait besoin de se justifier de quoi que ce soit, mais tout de même.

Avec un soupir, Hestia acquiesça à la remarque d’Alcyone. Reproduire les schémas connus, chez les sang-pur ça avait été élevé au rang d’art, et clairement les Carrow étaient des artistes de haut rang. Même la verte que ces schémas rendaient malade, avait du mal à s’en défaire. Thalia avait été la première à briser ce cercle vicieux, Hestia aurait aimé être aussi forte qu’elle pour en faire de même, mais elle ignorait si elle en serait capable. D’ailleurs en parlant de famille de sang-pur complètement tordue, Adèle n’était pas en reste. Hestia ne fut pas vraiment surprise de voir que son dessin représentait la mère de son beau-père. La française lui en avait déjà brossé un portrait rapide et clairement il ne faisait pas rêver. « Ça lui va à merveille. » Souffla-t-elle à sa meilleure amie. Oui mégère c’était parfait pour cette femme insupportable. Peut-être même que c’était un peu trop gentil, c’était le genre de femme capable de faire pleurer le père Noël. Bon clairement, les sang-purs ne faisaient pas dans les familles aimantes et encourageantes, Hestia savait cependant que les Macmillan faisaient exception à cette règle. Elle ne s’attendait donc pas à ce que Sélénya dessine un membre de sa famille. Mais elle ne s’attendait pas non plus à ce que son dessin plombe encore plus l’ambiance. Le moldu qui l’avait retenue prisonnière. Pfiu alors là, la jaune gagnait haut la main le concours de celle avec l’histoire la plus affreuse de tous les temps. Hestia avait vaguement entendu parler de cette histoire d’enlèvement par des moldus, elle n’y avait pas trop prêté attention vu qu’elle n’écoutait pas les bruits de couloirs, mais voir cette théorie vérifiée par la principale intéressée n’en était pas moins horrifiant. Consciente que ses mots ne changeraient rien, elle adressa un long regard à la Poufsouffle. Pas de pitié ou de compassion mal placée dans ses prunelles, juste de la force et de quoi lui montrer qu’elle n’était pas seule.

Bon, le moment déprime passé, il était temps d’enchaîner ! D’accord elles n’étaient pas là pour une raison joyeuse, mais tout de même, elles n’allaient pas passer le reste de la soirée à pleurer sur leurs vies en se goinfrant de chocolat. Adèle alla chercher une nouvelle tournée de shots pour pouvoir commencer leur défi et Sélénya se chargea d’afficher les portraits au mur. Hestia suivit ses camarades jusqu’à l’endroit désigné pendant qu’Alcyone prenait le premier tour. Voir tous ces visages problématiques les uns à coté des autres avait quelque chose de démoralisant. Leur douleur était étalée là, à la vue de tous. Heureusement la première fléchette de la Greengrass fit sortir Hestia de ses pensées sombres. Ces dessins n’étaient pas là pour leur rappeler leur souffrance, mais pour qu’elles se défoulent. Pas la peine de leur donner plus d’importance. Son enthousiasme retrouvé, la Serpentarde applaudit quand sa camarade verte réussi son premier lancer. Deux fléchettes et un verre plus tard, ce fut au tour d’Elise de s’essayer à l’exercice. Un léger rire s’échappa des lèvres d’Hestia quand, suite à son premier lancé loupé, la mauvaise foi d’Elise rappliqua au triple galop. La verte ne dit cependant rien, elle connaissait les talents sportifs de la bleue et vu qu’elle avait encore deux fléchettes à planter autant voir ce qu’elle en faisait. Laisser un sursit à la blonde fut une bonne idée puisqu’aucune de ses fléchettes restantes n’alla se planter dans le mur. Hestia haussa un sourcil en voyant qu’Elise avait manqué d’amputer d’un doigt une sorcière assise non loin. Alors la force c’était bon, par contre pour viser ce n’était pas encore ça. Hestia retint un rire quand son amie parla d’éborgner quelqu’un au prochain tour. « Pas sûr que le gérant du bar soit trop d’accord. » Chuchota-t-elle en retour alors que ledit sorcier les observait d’un regard pas très amène. Oups, le loupé de la bleue n’était pas passé inaperçu, si elles ne voulaient pas se faire jeter dehors elles allaient devoir être sages.

Sages avec les fléchettes mais certainement pas avec l’alcool. Elise eut le droit à deux verres, ce qui sembla mettre à rude épreuve son inexpérience de l’alcool. Hestia se garda bien de se moquer de ses remarques, elle voulait que la blonde s’amuse aussi, pas qu’elle se vexe, ou pire, qu’elle se sente exclue pour une histoire d’alcool. Un sourire apparu tout de même sur ses lèvres quand Elise se mit à tousser après avoir avalé cul-sec son second verre. Ah, on reconnaissait bien là les novices, c’était mignon à voir. « T’inquiète, la brûlure on l’oublie vite, tu vas t’y habituer. » Lui assura-t-elle en tapotant gentiment sur son avant-bras. Certes, boire aussi vite pouvait donner l’impression d’avoir du houx coincé dans la gorge, mais l’effet était aussi anesthésiant, bientôt Elise ne sentirait plus rien. C’était là que les choses marrantes commençaient. Après deux verres, pour une personne peu habituée à boire de l’alcool, ça devrait venir assez vite. Laissant la bleue se remettre de ses émotions, Hestia tapa dans ses mains. « Allez, à mon tour ! » S’exclama-t-elle en se saisissant de ses trois fléchettes. Elle alla se placer devant le portrait de sa mère, arma son bras et marqua une légère pause. Les sentiments qu’elle ressentaient envers sa génitrice étaient compliqués et emmêlés, elle avait du mal à les définir mais une chose était sûre : ce n’était pas l’amour qu’un enfant était censé ressentir pour sa mère. Déterminée, elle lança sa fléchette qui vint se planter au beau milieu du front du dessin. Voilà, ses années de Quidditch payaient. Son deuxième lancé fut un peu trop précipité, sa fléchette alla se ficher dans le portrait de Sélénya, frôlant de peu le crâne de son moldu. Hestia adressa un regard à sa camarade par-dessus son épaule, la verte non plus ne portait pas vraiment les moldus dans son cœur. Dommage qu’elle l’ait loupé de peu, celui-là méritait bien qu’on lui refasse le portrait, encore plus qu’Athéna Carrow. Sa dernière fléchette retrouva sa cible pour se planter au coin de la bouche de Carrow mère, comme pour tenter d’effacer son air méprisant. Bonne joueuse, Hestia alla chercher son verre qu’elle vida d’un coup. Pour elle aussi, la brûlure dans sa gorge était bien présente, mais elle ne la fit pas tousser. « A ce rythme c’est la bouteille qu’on aurait dû commander. » Lança-t-elle alors qu’elle reposait son verre vide sur le plateau déjà bien entamé. D’un geste, elle sortie sa baguette et attira à elle ses fléchettes toujours plantées au mur. Autant ne pas se mettre devant les cibles pour les récupérer. « Qui est la suivante ? » Demanda-t-elle en regardant alternativement Adèle et Sélénya. La verte savait que la Poufsouffle était une sportive avec de bons réflexes, elle savait aussi que le sport n’était pas le truc d’Adèle, mais jouer aux fléchettes n’était pas vraiment un sport, non ? Elle se demandait si elle allait être agréablement surprise. En fait, elle ne demandait que ça.

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Jouer aux fléchettes, un grand classique quand on passait une soirée dans un bar. Pourtant, pour Hestia c’était surtout une grande première. Déjà parce que quand la Serpentarde passait des soirées dans un bar, c’était rarement avec un groupe de copines motivées à jouer à un jeu. Et puis, pour commencer, depuis quand elle avait un groupe de copines exactement ? Certainement l’alcool qui commençait à lui monter à la tête. Bref, la dernière fois qu’elle avait passé plusieurs heures dans un tel endroit c’était pendant les vacances de Noël, en compagnie d’Adèle et elles avaient passé bien trop de temps à discuter en enchainant les verres pour tenter une partie de fléchettes. De toute façon vu l’état dans lequel elles avaient fini ça n’aurait clairement pas été une bonne idée. Ah, pour sûr, là elles auraient éborgné quelqu’un. Donc déjà les fléchettes classiques, elle n’avait jamais eu l’occasion de tester, mais alors les fléchettes classiques qu’on balance sur la tronche de quelqu’un qui nous avait fait du mal, là c’était encore plus une grande première, c’était carrément une exclusivité. Même en tant que sorcière, la verte ne s’était jamais imaginée d’adonner à une activité pareille. Certes certains aimaient se défouler en balançant des objets sur des photos représentants ceux qui les faisaient souffrir, Hestia était plus du genre à se munir d’une batte de Quidditch pour frapper sur des cognards, ou à mettre des coups de poings quand l’occasion se présentait, mais chacun son truc. Tout ça pour dire qu’après ce soir elle avait pouvoir rayer de sa « liste des activités invraisemblables qu’elle n’imaginait jamais faire un jour » les fléchettes avec visage pour cible et shot de vodka en option. Si si, ça se trouvait quelque part entre le drôle de cinéma qui bouge des moldus et l’activité bizarre où on lance une boulle sur une piste tout en portant d’affreuses chaussures de clown qu’Elise lui avait permis de rayer quelques semaines plus tôt. Maintenant qu’elle y pensait, la petite blonde était toujours là quand elle tentait quelque chose de nouveau. Peut-être y avait-il une conclusion à en tirer. Ou pas.

Et pour une grande première, Hestia ne fut pas mécontente de voir qu’elle s’en sortait plutôt bien. Oh, ce n’était pas de devoir ingurgiter des shots de vodka à chaque fléchette qui loupait sa cible qui la gênait, mais en tant que batteuse de son équipe de Quidditch, elle savait quand même viser et frapper avec justesse, elle avait donc son petit égo. Un rire s’échappa de ses lèvres à la remarque d’Alcyone. « On en reparlera à ce moment-là. » Lui lança-t-elle en avalant cul-sec son verre d’alcool. Certes, ce n’était pas avec deux verres qu’elle allait rouler sous les tables, mais la soirée était loin d’être fini, même si Hestia tenait plutôt bien l’alcool elle avait le sentiment qu’elles étaient bien parties pour boire un peu plus que deux ou trois verres. Après tout elles avaient quelque chose à fêter non ? Pas la peine d’être sages. D’ailleurs, les verres que Adèle et Sélénya eurent à boire n’avaient rien de sages. Mais c’était quand même le but de leur jeu, viser les portraits n’était qu’une excuse. Hestia hocha la tête à la remarque de sa meilleure amie, elle avait raison il commençait à faire plus chaud, en revanche ça n’avait sûrement pas grand-chose à voir avec le jeu de fléchettes. Elle ne dit cependant rien, c’était bien plus drôle d’essayer de se convaincre que l’alcool n’était pas en train de leur monter à la tête. Sauf que ce fut Elise qui se chargea de rompre le charme. Hum, son esprit implacable de Serdaigle n’était sûrement pas encore trop embrouillé par l’alcool, mais vu ce qu’elle venait de boire ça n’allait pas tarder. Là au moins elle allait être plus marrante, Hestia avait hâte de voir ça. Lorsque la Poufsouffle vint se placer aux côtés de son amie, la Carrow ne pu s’empêcher d’entendre ce qu’elle lui souffla. « Hé, on triche pas ! Sinon c’est toi qui nous ramènes Elise. » Leur lança-t-elle en arborant tout de même un sourire. Ah non c’était quand même moins drôle si Elise était la seule sobre au milieu d’elles cinq. Même pour elle ça ne tarderait pas à être moins marrant d’ici peu. Mais après si elle tenait à tout prix à les ramener, pourquoi pas, c’était à elle de se débrouiller quand les autres ne seraient plus capables de transplaner correctement.

Un nouveau tour avait débuté sur un joli échec de la part d’Alcyone. Hestia songeait qu’elle allait peut-être aller commander une deuxième tournée dès maintenant. Vu comme elles étaient parties, et avec l’alcool qui coulait désormais dans leur sang, elles allaient en avoir besoin. Ah, ils allaient être beaux les lancés à venir, ça promettait tout ça. La Serpentarde le voyait déjà d’ici. Ce qu’elle ne vit pas venir en revanche, ce fut le gros lourd qui se permit de venir jouer le mec viril qui sait tout faire mieux que les femmes auprès d’une Greengrass absolument pas réceptive. Et, ah bien sûr, il ne manqua pas de lui mettre une main aux fesses en partant, en parfait gros con qu’il était. Non, vraiment, à ce stade ça ne pouvait pas ne pas dégénérer, c’était impossible. Parce que si ce n’était pas Alcyone qui faisait quelque chose, Hestia elle avait bien envie d’aller lui mettre sa main dans la figure de ce goujat -ouuuh l’insulte de fou-, histoire de lui montrer que, non, c’était pas sympa de se prendre une main là où on veut pas. La verte n’eut pas besoin d’agir, sa camarade prit parfaitement les choses en main, en choisissant de balancer une fléchette à la gueule de l’autre idiot. Bien sûr cette fois-ci, aucun problème de force ou de visée, la fléchette alla frôler l’oreille du type. Etait-ce l’idée du siècle ? Certainement pas. Mais vu que Hestia était prête à aller coller son poing dans la figure d’un mec entouré de ses potes elle n’avait vraiment rien à dire. Alors elle se contenta d’une moue appréciatrice alors qu’Elise applaudissait avec ferveur. Pas mal comme lancé, allez, elles allaient bien le lui accorder celui-là. Sauf que bien sûr, le sorcier ne fut pas du même avis. Ni une, ni deux il se leva en furie, annonçant qu’il allait les buter. Rien que ça, il était vraiment vexé. Pourtant, il l’avait cherché non ? Et puis techniquement parlant la fléchette ne l’avait pas touché, selon Hestia il avait plutôt du bol. Son poing n’aurait pas loupé son nez si elle en avait eu l’occasion. Oh mais elle allait peut-être en avoir l’occasion tout compte fait !

Encouragé par ses potes -des lâches qui ne bougeaient pas de leur table- M. Lourdingue s’avança dans leur direction. C’était qu’il faisait presque peur avec ses petits yeux qui lançaient des éclairs. Un pas. Deux pas. Et boum, un verre dans la figure. Attendez, quoi ? Hestia ouvrit grands les yeux, ébahie par la scène. Elle se tourna lentement pour assister à la réaction de fierté d’Elise. « Joli lancé. » Lança-t-elle à la petite blonde, impressionnée. Bien visé, bon dosage de la force, en fait ce deuxième tour était vraiment pas mal. Pourquoi se contenter de dessins quand elles avaient une cible vivante qui ne méritait que ça à disposition ? « Vous êtes mortes. Toutes. » Oui, oui, elles avaient compris, il allait falloir qu’il se renouvelle celui-là. Ah, les potes qui se levaient enfin, décidés à le rejoindre, voilà qui était nouveau. Et pas franchement rassurant en fait, parce que même s’ils n’étaient que trois, ils avaient l’air quand même plus baraqués et en colère. Oups. Pendant que l’autre lourd se débarrassait du verre, Hestia se concentra sur les autres, réfléchissant à toute allure avant que l’alcool ne l’engourdisse vraiment. Gérer un idiot c’était largement faisable, mais quatre ça devenait plus compliqué. Autant éviter une situation délicate. Un peu camouflée par ses amies, elle sortit discrètement sa baguette et lança un coup d’œil à Adèle pour qu’elle suive son exemple. Profitant que personne ne lui prête attention, elle pointa son arme sur les autres malabars et d’un informulé, leur lança un sortilège de confusion. Quel beau spectacle de les voir se casser soudainement la figure dans un enchevêtrement de bras et de jambes. Oh, et ils n’arrivaient même pas à se relever, si c’était pas drôle ça. Et ça râlait, et ça baragouinait des trucs incompréhensibles. Merci le sort de confusion, c’était vraiment utile ce petit truc. « Dis donc ils ont pas l’air très en forme tes potes. Comme c’est dommage. » Lança-t-elle au sorcier avec un grand sourire ironique sur les lèvres. Il avait l’air toujours en colère mais aussi un peu perturbé de voir que ses potes jouaient les serpillères par terre. Hestia, adressa un sourire à ses camarades avant de relever le menton en direction du sorcier. « T’es tout seul sur ce coup-là. » Commenta-t-elle, pas peu fière de son idée. Par contre, l’autre avait l’air un peu moins fier tout d’un coup, il venait de comprendre que ses amis lui seraient complètement inutiles et maintenant il hésitait. Feignant l’ennui, la Serpentarde regarda autour d’elle et croisa le regard du patron du bar. Celui-ci observait la scène avec intérêt. S’il n’avait rien dit jusqu’à présent, pas sûr que ça dure encore longtemps. Hestia n’avait pas envie de se faire virer à cause d’un imbécile. « Tu devrais te décider vite, je crois que le patron se demande s’il va te virer lui-même ou s’il nous laisse nous en charger. » Reprit-elle en plantant ses prunelles dans celles du sorcier. Aux côtés de ses amies, elle faisait bloc. Les Serpentards n’étaient peut-être pas des exemples de courage, mais dans ce genre de situation la verte n’avait aucune intention de fuir. Néanmoins, l’autre serrait toujours les poings, sûrement que dans son esprit de chimpanzé, un homme ne devait pas s’incliner face à des femmes. Dommage pour lui, Hestia ne voyait pas pourquoi elles lui feraient cette fleur. « Bouges. Tu gâches tout là. » Bon il allait se décider ? A un contre cinq, le calcul était vite fait pourtant. Restait à savoir s’il était assez intelligent pour le faire lui-même.

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Attendez, c’était quoi leur programme déjà ? Fêter les fiançailles d’Alcyone ? Passer une soirée entre filles, à boire des verres en plaignant la Greengrass parce qu’elle avait des parents aux idées pourries et des beaux parents aux idées plus nulles encore, jouer aux fléchettes et danser ? Oui, maintenant que Hestia y repensait, ça devait être quelque chose dans ce genre là. Une soirée tranquille, sans prise de tête, au contraire de la raison qui les amenait là -parce que c’était bien connu, se retrouver fiancée de force c’était affreusement prise de tête- à juste profiter ensemble de quelques heures de relâchement avant de reprendre le cours de leurs vies. Ca sonnait plutôt simple dit comme ça. Et vraiment tentant aussi, des soirées comme ça, Hestia se disait que ça manquait dans sa vie, elle avait bien besoin de relâcher la pression mais elle n’en n’avait pas beaucoup l’opportunité. Dans les faits c’était aussi simple que prévu : un groupe de copines, un bar sympa, des boissons savoureuses et alcoolisées comme il fallait et un peu de bonne musique sur laquelle on avait envie de danser par la suite. Cet endroit avait tout. Facile. D’ailleurs, elles avaient plutôt bien commencé, après un moment de flottement un peu étrange à partager des histoires sur les personnes qui les avaient faits le plus souffrir -bon, d’accord, ça, ça avait été plutôt déprimant comme sujet de conversation, mais aussi un étrange moyen de les rapprocher un peu -, la partie de fléchettes avait été lancée avec pas mal de succès et plusieurs verres avaient déjà été vidés. Vu le plateau qu’elles venaient de ramener à leur table, elles n’allaient clairement pas s’arrêter en si bon chemin. Après tout, la soirée ne faisait que commencer. Hestia sentait l’alcool dans ses veines la réchauffer agréablement, mais pas encore assez pour lui faire perdre ses moyens, c’était le signe que la soirée était bel et bien loin de toucher à sa fin.

Enfin, ça c’était sans compter sur Monsieur Relou en Chef qui décida de venir jouer les méga-relou alors que personne ne lui avait rien demandé. Déjà, il se permit de donner des conseils à Alcyone sur la manière de lancer une fléchette -comme si il y en avait quinze mille- et osa ensuite lui mettre tranquillement la main aux fesses. Ah non mais dans le genre bien lourd il gagnait la palme direct, pas besoin de votes il avait la première place d’office. Et là, la petite soirée sympa entre nanas dérapa complètement. Certainement mue par une envie de vengeance -ouais enfin l’alcool quoi- Alcyone trouva que ce serait une excellente idée de balancer une fléchette sur le mufle. Bon, Hestia était clairement d’accord avec elle, d’ailleurs elle aurait pu l’applaudir pour lui montrer son soutien, mais ledit relou n’apprécia pas, mais alors pas du tout la provocation. En quelques secondes il se retrouva devant le groupe de filles, tout ça pour se prendre en pleine tronche un verre magnifiquement lancé par Elise. Que ce soit grâce à l’alcool ou pas, elle lançait bien la petite Serdaigle. Par contre ça n’arrangeait vraiment pas la situation puisque l’autre imbécile se mit à décider qu’elles étaient mortes. Ahlala c’était qu’il avait vraiment l’égo fragile celui-là, un petit piercing, un petit rafraichissement et il ne se sentait plus. Il aurait pu les remercier, elles avaient refait son look et pourtant Merlin savait qu’il y avait du boulot. Bon, alors les menaces c’était fait. Les potes qui se lèvent pour venir en renfort c’était la prochaine étape apparemment. Ah non mais un lourd c’était déjà plus qu’assez, Hestia elle avait pas envie de gérer cinq lourdingues à la fois. Allez hop, un petit coup d’œil à Adèle, un petit sortilège de confusion et la bande de potes se retrouvait à galérer par terre. C’était beau tout ça, la Serpentarde eut même envie de rire tellement la scène était ridicule.

Alors maintenant que ça c’était fait, Lourdingue 1er du nom n’avait plus qu’à prendre sa décision. Il avait l’air de réfléchir tellement fort que bientôt de la fumée allait sortir de ses oreilles. Il prit même tellement de temps que la situation eut le temps de complètement déraper de nouveau avant même qu’il ouvre la bouche. Hestia eut un peu de mal à suivre tout ce qui se déroula en même temps. Un des potes qui se releva de la mêlée, baguette en avant, Adèle qui se jeta sur Alcyone -pour lui faire un câlin ? Pour faire de la lutte grecquo-romaine ? Nul ne savait- et encore des verres qui explosaient. Et voilà c’était parti pour le bordel le plus complet. Le couple qui avait reçu le sort du mec -Lourdingue 2ème du nom- se mit à riposter, le propriétaire des lieux y alla de ses propres sorts et les sortilèges commencèrent à fuser, transformant rapidement le bar en zone de conflits ouverts. La Serpentarde plongea à la suite de ses amies sous leur table afin d’éviter de se prendre un sort perdu en pleine tronche. Elle haussa vaguement les épaules en entendant Adèle les interroger sur les enterrements de vie de jeune fille. « Je t’aurais bien dis non mais c’est le premier auquel j’assiste. » Pour ce qu’elle en savait c’était peut-être la tradition que la soirée se finisse en carnage. Allez savoir, les sorciers avaient des habitudes étranges parfois, déjà qu’ils fiançaient leurs enfants sans leur demander leur avis alors tout était possible. En fait, ça n’aurait même pas été étonnant que les enterrements de vie de jeune fille finissent toujours ainsi quand les mariées n’étaient pas ravies de se marier. Hestia hocha la tête en entendant la tirade d’Elise. Han non mais c’était clair, elles n’allaient pas les mettre de côté quand même ?! C’était quand même pas de leur faute si l’autre lourd avait décidé de venir gâcher la soirée, avant lui elles s’amusaient même bien. « Ouais, on fera mieux la prochaine fois sans lui vous verrez ! » Affirma-t-elle en hochant un peu trop énergiquement la tête alors qu’Elise gueulait au lourd qu’elles ne l’aimaient pas. Hestia aurait bien participé à la déclaration mais la petite blonde s’en sortait très bien. C’était qu’elle avait du coffre Elise. Entre ça, et le lancer de verre précédent, c’était qu’elle avait plein de talents cachés.

Dans le bar, personne n’avait l’air décidé à se calmer, en fait, la table qui protégeait à peu près les étudiantes s’envola purement et simplement pour les laisser complètement visibles. Hestia serra sa baguette entre ses doigts. Ses amies avaient raison, il était temps qu’elles se barrent de là. Alcyone proposa de rejoindre l’université mais Elise ne parut pas totalement convaincue par l’idée. Déjà elle avait du mal avec le fait de transplaner, alors là ça commençait franchement mal parce que Hestia ne voyait pas comment elles allaient pouvoir sortir autrement du bar sans se prendre un sortilège. Son argumentaire contre les heures de colle tenait la route -Hestia ne tiqua même pas sur la mention des castor garou, avec l’alcool la magie tout était possible- par contre elle ouvrit de grands yeux quand la blonde parla d’aller chez ses parents. Chez les de Lestang, les ex-presque-beaux-parents de la verte ? Oula non, pour le coup c’était Hestia qui n’était pas convaincue par l’idée. Certes, Amaury ne serait pas là mais quand même ce serait mille fois trop bizarre. Sans parler que les parents d’Elise n’allaient peut-être pas beaucoup aimer les trouver sur le pas de leur porte avec un petit peu trop d’alcool dans le sang. Ouf, la bleue balayait déjà cette idée. Pour parler de l’infirmerie. Ah non mais elle cherchait à faire de pire en pire ou quoi ? A quel moment elle pensait que c’était l’idée du siècle ? « Haaaan non mais tu veux qu’il nous envoie direct en retenue ? Si on débarque à l’infirmerie c’est lui qui va nous coller direct. » Protesta la verte en baissant la tête pour ne pas se recevoir un verre. Elle jeta un coup d’œil à Adèle, la dernière fois l’infirmier n’avait pas vraiment gobé leur histoire de chat et d’escalier alors s’il les trouvait cachées dans son infirmerie cette fois c’était la retenue directe. Bon, sauf peut-être pour Alcyone parce que c’était sa sœur et que ça devait bien avoir quelques avantages et alors pour Sely n’en parlons pas.

Hestia entraina ses amies vers une nouvelle table encore debout pour se protéger le temps qu’elles prennent une décision. A aucun moment il ne lui vint à l’esprit qu’elles auraient juste pu parler de ça tranquillement dans la rue déserte. « Non, non, non, mauvais plan l’infirmerie. Moi je vote pour les cuisines de Poudlard. Les elfes de maison sont trop gentils, ils pourront pas nous mettre dehors. Et avec un peu de chance ils nous offriront même à manger ! » Proposa-t-elle avec enthousiasme, persuadée d’avoir trouvé la solution du siècle. Elles allaient devoir traverser le hall discrètement, mais sinon les cuisines étaient faciles d’accès et les elfes de maison ne refuseraient jamais de les recevoir. D’un geste, elle tendit la main et tâtonna sur la table quelques instants. Quand elle ramena son bras, elle tenait une bouteille encore fermée. Bingo ! « On aura qu’à leur amener ça en cadeau ! » S’exclama-t-elle en montrant sa trouvaille à ses amies. Le mieux dans tout ça, c’était que si les elfes n’en voulaient pas, elles allaient pouvoir la boire. Enfin, pour ça il fallait déjà qu’elles ne se fassent pas dégommer par des sortilèges comme celui qui vint s’écraser à leurs pieds dans une jolie gerbe d’étincelles violettes. « Alors, on bouge ? » Lança-t-elle en tendant sa main à Adèle. Peu importait qui faisait transplaner qui, ça devenait urgent là.

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