Découverte du monde moldu. Voilà le programme que Elise leur avait préparé pour la journée. Hestia n'en savait pas plus, juste que sa camarade lui promettait de lui faire découvrir les meilleurs aspects de cette société encore complètement inconnue pour la sorcière. Les détails, la blonde les avait gardés pour elle, et même si Hestia n’était pas une grande fan des surprises elle avait accepté de ne pas en savoir plus. La Serpentarde savait que la bleue savait de quoi elle parlait, contrairement à elle, elle avait vécu dans les deux mondes alors elle savait ce que les moldus avaient à offrir. Hestia était bien plus perplexe sur le sujet. Même si elle ne souhaitait pas leur destruction comme sa famille tentait de lui inculquer depuis toujours, elle devait bien admettre que le monde moldu ne l'intéressait pas du tout. A ses yeux, elle ne voyait pas l’intérêt d’en apprendre plus sur un monde dans lequel elle n’avait aucune intention de vivre, ou même de côtoyer. Et puis après ce qu'elle avait vécu à la fête foraine, son intérêt n'avait pas grandi, bien au contraire il s'était même un peu fait la malle. Passant de zéro à... et bien un peu plus que le néant. Si ce n’était pas pour Elise, Hestia n’aurait jamais envisagé une telle expédition. Après la fête foraine, la de Lestang s’était mise en tête de montrer à la verte ce qu’était véritablement le monde moldu, et pas seulement l’aspect extrémiste et violent que leur avait montré les dégénérés du Blood Circle. Dire que la Serpentarde avait été emballée par cette idée serait franchement exagéré, après la fête foraine elle n’avait plus très envie de se frotter aux moldus, mais c’était sans compter sur la ténacité et l’enthousiasme d’Elise. Déjà, elle avait réussi à la trainer à l’atelier de Miss O’Hara et maintenant elle avait décidé qu’il était temps d’aller sur le terrain pour une petite mise en pratique. Un peu comme une sortie scolaire quoi. Au départ, Hestia avait été réfractaire à l’idée, franchement les moldus elle avait tenté une fois et le résultat avait été plutôt catastrophique, pas la peine de remettre ça, son épaule droite était toujours indemne et c’était très bien comme ça. Mais Elise n’avait cessé de revenir à la charge et devant l’enthousiasme de son amie, la verte avait fini par accepter. Clairement ce n’était toujours pas la curiosité qui expliquait cette décision mais plutôt l’idée de faire un peu plaisir à Elise en acceptant de découvrir ce monde qui était une part d’elle. Et puis la bleue ne cessait de lui promettre monts et merveilles et après tout ce qu’elles avaient vécues, passer un peu de bon temps ne serait pas de refus. Elles le méritaient bien.

Hestia ne fut donc pas vraiment surprise de voir Elise s’assoir à ses côtés ce matin-là. A croire qu’elle avait un radar la petite Serdaigle, Hestia avait à peine eu le temps de se poser qu’elle était déjà là avec l’air surexcité. Un café, la Serpentarde décida automatiquement que c’était ce dont elle aurait besoin aujourd’hui, la théine ne serait pas assez il lui fallait de la caféine. Voir deux cafés même. Elise avait l’air de déborder d’énergie, ce ne serait pas de trop pour que la Carrow puisse la suivre. « Tu te souviens qu’aujourd’hui, tu avais dit oui pour m’accompagner faire un truc moldu ? Et pas un truc qui craint où on se fait agresser par des gens masqués et où on se fait cramer ? » Hestia haussa les sourcils pour souligner les paroles de sa camarade, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Au moins cette fois-ci elle ne lui avait pas sauté dessus comme elle avait eu tendance à le faire toute la semaine à chaque fois qu’elles se croisaient dans les couloirs. Chaque jour Elise avait été un rappel humain que cette fameuse sortie approchait. Autant de motivation ça forçait le respect, par contre la subtilité, pour le coup c’était pas trop ça. « Je n’ai pas oublié… Mais merci de la précision. » Ah oui, pour le coup Hestia se serait bien passé de se voir rappeler qu’elles allaient passer la journée au milieu d’une société dont la moitié de la population avait jurée d’exterminer son propre monde. Ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour la motivation. Mais Hestia savait qu’Elise ne pensait pas à mal, qu’elle voulait juste qu’elles passent une bonne journée - pas comme la fête foraine, un vrai désastre ce truc. Et pour cette fois la verte avait accepté de garder l’esprit ouvert et de laisser la blonde lui faire découvrir un aspect plus positif des moldus alors elle lui assura que oui, elle la retrouvait bien comme prévu plus tard, et que non, elle ne lui ferait pas faux bond à la dernière minute, le tout avec un sourire, certes moins excité, mais tout aussi sincère.

Sauf que ce que Hestia n’avait pas prévu c’était que le trajet en lui-même se ferait complètement à la mode moldue. Elle se sentie perdue quand, une fois dans les rues du Londres moldu, Elise lui expliqua qu’elles n’allaient pas transplaner ou utiliser un portoloin. Et complètement désarçonnée quand elle vit une voiture noire agrémenté d’une plaque « taxi » s’arrêter devant elles. « Tu vas voir ça va être super sympa. » Hestia hocha pensivement la tête. Parler avec Elise de visiter le monde moldu était une chose, se retrouver face au fait accompli s’en était une autre. La Carrow avait déjà entendu parler de ce mode de transport moldu qu’étaient les taxis -merci l’atelier spécial entourloupage de moldu au moins ça lui avait donné un peu de culture sur le sujet- mais elle n’avait jamais pensé l’utiliser un jour. Puisqu’elle avait dit à Elise qu’elle lui faisait confiance, elle ne fit pas de commentaire, se contentant d’afficher un air perplexe avant d’ouvrir la portière. Aussitôt elle eut l’impression de se faire agresser par la musique qui retentissait dans l’habitacle. Oh que c’était mauvais. « Tant que c’est plus sympa que cette musique. » Souffla-t-elle à sa camarade avec un sourire ironique avant de se glisser dans la voiture. Là elle laissa Elise s’arranger avec le conducteur et suivi son exemple quand celle-ci boucla sa ceinture. D’ailleurs le nom de « ceinture » elle ne le comprenait pas Hestia, ce truc qui lui barrait la poitrine et menaçait de l’étrangler elle ne voyait pas pourquoi ça portait ce nom. Et puis c’était ce petit machin tout fin qui était censé leur sauver la vie en cas d’accident ? De sécurité ça n’en avait que le nom hein. Ah non mais les portoloins c’était quand même plus sécurisé à ses yeux il n’y avait pas photo. Au moins elle n’avait pas peur qu’un énorme truc en métal lui rentre dedans. Clairement dans la voiture, Hestia n’était pas un modèle de tranquillité. Elle tentait de ne rien laisser paraitre mais sa main accrochée à la portière et ses doigts qui se crispaient un peu plus à chaque arrêt un peu brusque ne trompaient pas. Par Merlin comment Elise faisait pour s’habituer à ça ? Hestia doutait de pouvoir se faire à ce mode de transport un jour.

Le Serpentarde ne fut pas mécontente de sentir le taxi s’arrêter définitivement. Les jambes pas très assurée, elle s’extirpa de la voiture et pendant qu’Elise se chargeait de régler leur trajet -non fallait pas déconner, comprendre la monnaie moldue c’était trop lui demander- elle tenta de repérer là où son amie les avait emmenées. Un immense bâtiment se dressait devant elles, encore plus grand que l’université. Hestia cherchait un panneau quand Elise la rejoignit. « Fais moi confiance, tu vas voir ça va être trop bien. » La verte observa un instant sa camarade. Elles en avaient parcouru du chemin toutes les deux. D’une ébauche d’amitié, à l’ignorance puis les prises de becs, elles en étaient arrivées à se serrer les coudes pour finalement visiter le monde moldu ensemble. Elise avait l’air sincèrement heureuse de faire ça, son regard brillant et son sourire le démontraient sans peine. Cette idée fit plaisir à Hestia, elle n’était pas habituée à ce qu’on fasse ce genre de chose pour elle mais c’était agréable. La de Lestang était prête à partager son monde avec elle et même si tout ce qui avait trait aux moldu laissait souvent Hestia hésitante, elle réalisait qu’elle avait de la chance. Mais puisque les confidences larmoyantes ce n’était pas le truc de la Serpentarde, elle se contenta d’afficher un sourire sur son visage et de donner un léger coup d’épaule à sa camarade -très léger vas pas dire qu’elle l’a envoyé par terre hein mdr. « Tu sais, si tu continues à répéter que ça va être trop bien je vais finir par trouver ça louche. » Lâcha-t-elle avec un grand sourire. Mais malgré sa touche d’humour, elle se laissa entrainer dans l’immense bâtiment plein de moldus. Hestia eut instantanément l’impression d’être aspirée dans un tourbillon. Il y avait de la musique, des néons lumineux, des boutiques par dizaines et des gens partout. La sorcière était habituée à l’animation du Chemin de traverse mais là ça n’avait rien à voir, même les heures de rush à l’université n’étaient pas aussi animée. Malgré la sensation de tournis que toute cette agitation provoquait chez la Serpentarde elle s’efforça de suivre Elise de son mieux, laissant son regard s’arrêter par-ci par-là mais ne perdant pas la trace de son amie. Hestia n’avait aucune envie de se perdre dans un tel endroit.

Finalement, Elise entraina Hestia dans ce qu’elle avait nommé un cinéma. Même si la verte ne savait pas à quoi s’attendre elle évita de poser des questions, la bleue lui avait dit que c’était une surprise alors elle jouait le jeu. Elle pouvait bien faire ça pour Elise. En quelques minutes, la Serpentarde se retrouva installée dans un fauteuil moelleux, un grand écran blanc devant elle et un pot de friandises sucrées -ouais je suis team popcorns sucrés- et croustillantes sur les genoux -et non Hestia ne connait pas les popcorns c’est triste je sais. C’était que c’était bon ces petits trucs, elle en fit la remarque à Elise tout en se demandant pourquoi les sorciers n’avaient pas ça. « Ce n’est pas un cinéma comme les autres, celui-là est un peu spécial mais ça devrait te plaire… » Hestia s’apprêtait à demander des précisions quand le noir se fit dans la salle. Instantanément, la verte se raidit dans son siège. Etre plongée dans la pénombre dans une pièce remplie de moldu n’avait absolument rien de rassurant, pas après la fête foraine, mais autour d’elle personne ne réagissait, même Elise à ses côtés semblait trouver ça totalement normal. La Serpentarde prit donc une profonde inspiration et s’efforça de se détendre mais fini par sursauter quand une musique retentit dans la salle. Puis une image envahie le grand écran blanc et elle retint un sifflement admiratif. Devant ses yeux la mer s’étendait et la silhouette d’un bateau lointain se rapprochait lentement. C’était impressionnant, bien plus que les télévisions sorcières auxquelles Hestia était habituée. C’était beau même, les couleurs, la musique, il y avait même une petite brise qui semblait s’être engouffrée dans la salle. La Serpentarde avait l’impression d’y être. Comme si elle était un oiseau qui s’approchait avec aisance du bateau. Non, plutôt comme si elle était sur un balai. Hestia se disait que oui, Elise avait raison ça lui plaisait beaucoup, elle tourna d’ailleurs la tête dans sa direction pour lui faire part de son impression quand une gerbe d’eau vint lui atterrir en plein visage. « Qu’est-ce que… » Marmonna-t-elle en s’essuyant les yeux. Autour d’elle, les gens riaient visiblement ravis de s’être fait arrosé. La verte voulu se concentrer sur l’écran mais son siège se mit en mouvement, la forçant à s’accrocher aux accoudoirs pour ne pas être ballottée dans tous les sens. Ce que la sorcière avait pris pour une brise opportune était maintenant un vent plus fort qui lui soufflait sur le côté du visage. A l’écran l’image montrait les vagues se fracassant contre la coque du navire. Un nouveau jet d’eau vint arroser le public. Comme si, eh bien comme si tout ça était synchronisé avec l’image à l’écran. « C’est quoi ce bordel ?! » Lâcha-t-elle avec l’impression que les éléments s’étaient ligués contre elle. Ce qui lui valut des chuuuut courroucés de la part des autres spectateurs. Non mais pour qui ils se prenaient les moldus ? Hestia leur lança un regard noir -que personne ne vit bien sûr puisque la salle elle-même était plongée dans le noir, CQFD- avant de se pencher vers sa camarade. « Elise ! » Grogna-t-elle en baissant d’un ton pour éviter de se faire plus engueuler. Enfin son siège se calma, ce qui lui donna au moins un peu de répit. Enfin, elle devait se dépêcher avant de se retrouver complètement trempée. « Tu étais au courant ? » Chuchota-t-elle avec empressement. Au fond, pas la peine de répondre à la question, bien sûr qu’elle était au courant. Ses paroles précédentes prenaient tout leur sens maintenant. Mais surtout ça ouvrait plus de questions : comme ce à quoi Hestia devait s’attendre de cette journée si ça commençait comme ça.

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Est-ce que Hestia doutait de passer un bon moment ? Pas vraiment. Est-ce qu’elle aurait pu affirmer sans la moindre hésitation et avec grand enthousiasme qu’elle était sûre de passer une excellente journée ? C’était peut-être un peu trop demander. Après tout la Serpentarde avait vécu plus de dix-huit ans sans se préoccuper de la manière dont les moldus vivaient, tout ça ne l’avait jamais vraiment intéressé, alors ce n’était pas maintenant qu’elle allait commencer à sauter au plafond d’excitation à l’idée de passer une journée dans leur monde. Surtout pas après la fête foraine. Il fallait rester un peu logique tout de même. Mais elle savait que la proposition d’Elise de lui faire découvrir la société moldue partait d’une bonne intention. Elle voyait bien que son amie était sincèrement heureusement de pouvoir partager ces moments avec elle. Alors non, la Serpentarde n’avait aucun doute quant à savoir si elle allait passer un bon moment aux côtés de la blonde. Elle le voyait à la manière dont Elise se comportait, aux regards à la fois curieux et plein d’espoir qu’elle lui lançait et surtout au nombre de fois incalculable -ah zéro exagération- qu’elle lui répéta qu’elle allait voir, elles allaient passer une bonne journée. Si avec tout ça Hestia ne comprenait pas que sa camarade faisait son maximum pour qu’elle passe vraiment une bonne journée alors ça aurait vraiment été de la mauvaise foi de sa part. Mais tout ça, la verte en était bel et bien témoin et c’était exactement ce qui effaçait les doutes qu’elle pouvait avoir. Elise faisait des efforts pour elle, pour partager tout un pan de sa vie et lui faire découvrir des choses dont Hestia ne connaissait sûrement pas l’existence. Ce n’était pas juste une sortie comme les autres, la de Lestang y avait réfléchi, elle l’avait organisée avec soin, elle avait tout planifié pour que la verte découvre son monde mais aussi qu’elle en ressorte avec une impression positive qui viendrait remplacer l’horreur de la fête foraine dans son esprit quand elle pensait aux moldus. Pourtant ça ne l’empêcha pas de taquiner son amie tout en lui adressant un coup d’œil amical pour qu’elle comprenne bien qu’elle plaisantait. « J’essaie surtout de te convaincre et que tu ne te dises pas que tu as eu tort de me suivre » Un léger sourire vint flotter sur les lèvres de la verte. Si le Blood Circle venait encore tout mettre à feu et à sang alors sûrement qu’elle se dirait qu’elle avait eu tort de suivre sa camarade, mais vu qu’elles faisaient une excursion en plein monde moldu, Hestia ne voyait pas de raison pour que tout dérape -heureusement que c’est pas un event parce que là je me serais dit mais quel foutage de gueule lol-. Et puis, Elise n’avait pas ménagé ses efforts, la brune pouvait le sentir, tout comme elle pouvait voir l’appréhension qui habitait sa camarade à l’idée qu’elle lui annonce détester cette journée. Mais vu l’implication et l’enthousiasme d’Elise, Hestia pensait sincèrement qu’il lui serait impossible de passer une mauvaise journée.

Les deux sorcières étaient entrées sans attendre dans ce qu’Elise lui avait présenté comme un centre commercial. Même si elle avait eu envie de ralentir pour pouvoir observer tous ces trucs inconnus qui s’étalaient devant ses yeux, Hestia avait suivi sa camarade dans une salle annexe où tout le monde s’était assis face à une grande étendue blanche. La brune avait décidé de placer sa confiance en Elise, c’était elle qui connaissait ce monde, autant la laisser la guider, Hestia savait qu’elle pouvait totalement s’en remettre à elle dans ce genre de situation. Elle lui laissa donc bien volontiers les rênes, se contentant de suivre sans poser la moindre question. Et elle ne fut pas déçue, les friandises que la bleue leur fourni étaient délicieuses et le fauteuil où elle s’installa particulièrement confortable. Tout se passait pour le mieux, du moins jusqu’à ce que le noir se fasse dans la salle et que Hestia en vienne à se demander si elle allait devoir lutter contre les éléments tout en se trouvant assise sur un siège qui menaçait de l’éjecter à tout instant. Face aux gerbes d’eau et aux secousses de son fauteuil, la verte ne put contenir sa surprise. Ce qui fut loin de plaire aux moldus présents. Contrairement à Elise que tout ça sembla beaucoup amuser. Consciente qu’elle était en terrain inconnu, et surtout en sous-nombre, la brune se résigna à souffrir en silence mais Elise en décida autrement puisqu’elle plongea la main dans le seau de popcorn pour en balancer sur les mécontents tout en lançant des chut à tous ceux qui osaient se plaindre. Hestia ne put retenir un sourire en voyant son amie prendre sa défense, leur amitié venait de loin quand même mais c’était dans ces instants que la Serpentarde voyait qu’elle en valait la peine. Elle fut néanmoins rappelée à l’ordre par une nouvelle vague qui vint lui éclabousser le visage. Hestia râla donc en direction de la Serdaigle mais se stoppa brutalement face à une Elise qui lui balança un chut autoritaire. Ah c'était qu'elle était presque impressionnante la petite blonde quand elle voulait. « C’est pas à toi que je parlais. » Hestia se détendit, légèrement au cas où une nouvelle vague viendrait tenter de la noyer, si en plus de devoir lutter pour sa survie elle devait faire face à une Elise soudainement revêche alors la sortie risquait de mal finir. Heureusement la Serdaigle s'apaisa aussi, ce qui laissa tout le loisir à la verte de lui demander si elle était au courant de ce qui les attendait quand elles s'étaient assises dans la salle. Sauf qu'en fait, Hestia comprit bien vite qu'elle n'avait pas besoin de poser la question pour savoir que oui, Elise était bien au courant. Il suffisait de voir les attitudes complètement opposées des deux étudiantes pour le comprendre. Hestia restait sur ses gardes comme si toutes les catastrophes du monde menaçaient de lui tomber dessus, alors que la blonde paraissait parfaitement à l'aise et laissait même échapper quelques éclats de rire ravis. La réponse était évidente et ne surprit même pas la brune. « Oui, c’était voulu.» Hestia lui adressa un long regard où les reproches et la résignation se mêlaient à un début d'amusement. Elle s'était fait la réflexion un peu plus tôt que son amie avait organisé cette journée avec soin, bien sûr que tout ça était prévu au programme, c'était même parfaitement volontaire de la part de la bleue. Elle l'avait bien eut sur ce coup-là. Ah elle devait bien se marrer à voir la sang-pur complètement prise au dépourvu.

Hestia dû bien avouer qu'elle ne vit pas le reste de la séance passer. Une fois sa surprise et son mécontentement de s'être laissé avoir dépassés, elle passa même un bon moment. Se prendre de l'eau en pleine figure n'était pas trop son truc mais ça allait bien avec l'histoire de pirates qui se déroulait devant ses yeux. Les images qui se succédaient étaient pleines d’actions et d’une bonne dose d’humour, la Serpentarde se surprit à sourire à plusieurs reprises, et même à rire un peu. Une fois habituée elle trouva que les secousses de son siège et les éléments qui venaient embêter les spectateurs aidaient à entrer dans l’histoire. Les minutes défilèrent et sans que la verte ne s’en rende compte, le film toucha à sa fin. Alors que les lumières se rallumaient et que les moldus filaient vers la sortie comme s’ils étaient soudainement ultra pressés alors qu’ils venaient de passer 1h30 assis, Hestia resta à sa place, attendant qu’Elise lui explique la suite du programme. C’était la petite blonde qui était aux commandes aujourd’hui et se perdre dans un centre commercial rempli de moldus possiblement remontés contre les sorciers n’était pas un bon plan aux yeux de la Serpentarde. Mais Elise n’avait pas l’air pressée de quitter les lieux. « Alors ? ça t’allait ? » Hestia pris le temps d’observer la réaction de sa camarade mais aussi son ressentit sur ce qu’elle venait de vivre. Elle pouvait bien voir que la Serdaigle voulait qu’elle ait aimé le film et toute l’expérience qui allait avec, surtout après sa réaction initiale. Un sourire vint se loger sur les lèvres de la Serpentarde, c’était un peu étrange de voir Elise essayer de lui faire plaisir, mais c’était aussi agréable. Hestia n’était simplement pas habituée à être l’objet d’une telle attention. Consciente que son amie attendait une réponse, elle ne garda pas le silence plus longtemps. « J’avoue, c’était assez cool. » Elle était sincère. Quand la séance avait débuté elle n’avait pas été sûre d’apprécier l’expérience, les surprises ça n’avait jamais été trop son truc, mais une fois plongée dans l’histoire qui se déployait sur le grand écran, elle avait complètement oublié ce qu’elle avait pensé être un désagrément. « Une fois la surprise passée. » Souligna-t-elle cependant en sentant son sourire s’agrandir un peu. Elise aurait pu la prévenir quand même, ça aurait été moins drôle pour elle, mais tout de même. Est-ce que Hestia lui en voulait pour autant ? Non, bien sûr que non. Est-ce qu’elle se méfiait un peu plus de la suite du programme ? Bien évidemment.

Une fois la salle vide, les deux étudiantes se levèrent à leur tour pour se diriger vers la sortie. « Tous les cénimas sont comme ça ? On aurait presque pu croire à de la magie. On devrait avoir ça chez nous aussi, ça aurait un succès fou. » Demanda-t-elle en choisissant ses mots avec soin au cas où un moldu serait encore dans les parages. Elle imaginait déjà ce qu’une telle invention pourrait donner chez les sorciers. Si ce film lui avait fait une certaine impression, il était évident qu’avec un peu de magie le résultat pourrait être spectaculaire. Voilà qui changerait bien des télévisions magiques auxquels les sorciers étaient habitués. Hestia fut un peu surprise de voir Elise l’entrainer dans une grande allée où des enclos étaient disposés. Elle avait toujours eu l’impression que sa camarade n’était pas une grande fan des animaux. Il ne lui fallut cependant que quelques minutes pour comprendre que les animaux dans les cages n’avaient pas grand-chose de vivants. Voilà qui expliquait tout. Tout en déambulant entre les différents espaces, Hestia observait les faux animaux mis en scène. Elle en connaissait la plupart, il y avait pas mal d’animaux communs aux mondes moldus et sorciers, mais certains, parmi les plus exotiques, ne lui disaient pas grand-chose et retinrent un peu plus son attention. Elle passa ainsi de longues minutes à observer un paresseux accroché à sa branche, ça les sorciers britanniques n’y étaient pas habitués, et fini par décréter à Elise que c’était vraiment moche comme bestiole. Non, vraiment, avec sa fourrure d’un gris triste, ses longues griffes bizarres et sa tête aplatie, l’animal n’allait pas gagner un concours de beauté de sitôt. En revanche, celui qui se trouvait dans l’enclos suivant était bien plus agréable à regarder avec sa petite taille, ses oreilles duveteuses et ses yeux brillants. L’étiquette expliquait que c’était un koala. « C’est plutôt mignon ça. Ca fait quoi ? » Demanda la verte en se tournant vers Elise. Dans son esprit habitué au monde magique, les animaux possédaient une particularité. Les dragons crachaient du feu, les hiboux étaient capables de distribuer du courrier sur plusieurs centaines de kilomètres de distance, mêmes certaines races de rats étaient capables d’effectuer des tours. Et quand les animaux n’avaient rien pour se distinguer alors ils avaient tout de même leur utilité, notamment dans le domaine des potions. Hestia se demandait s’il en allait de même pour les animaux moldus. Surtout que celui-là, elle avait du mal à l’imaginer faire autre chose que grignoter tranquillement des feuilles. Enfin, peut-être avait-il son utilité. La tête légèrement penchée, la verte se concentra sur les mouvements de l’animal. Ils étaient répétitifs et pas très naturels mais quand on ne s’attardait pas trop dessus l’illusion était plutôt bonne. « Alors je vois bien que c’est pas des vrais… » Non franchement elle avait beau ne rien connaitre au monde moldu, elle n’était pas non plus complètement stupide. « Mais ça marche comment ? » La curiosité n’était pas vraiment ce qui la caractérisait le plus quand il s’agissait du monde moldu, mais elle devait bien avouer que maintenant qu’elle se trouvait plongée dans leur monde, elle se posait une foule de questions.

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Quand Elise se décidait à apprendre à une de ses camarades ce qu’était le monde moldu, elle ne faisait pas les choses à moitié. Franchement, les professeurs de Poudlard devraient prendre un peu plus exemple sur elle, avec des cours comme ça tous les élèves de l’école s’inscriraient sans hésitation. Hestia n’avait déjà jamais été intéressée par le monde des personnes sans magie mais quand on lui avait expliqué comment se déroulait les cours d’études des moldus ça avait été loin de piquer sa curiosité. Rester assis dans une salle de classe pendant qu’on vous présentait d’obscurs objets issus d’une technologie inconnue qui ne vous servirait certainement jamais c’était loin de faire rêver. Au moins aux côtés d’Elise elle ne manquait pas d’action et de surprises, même si elle se serait bien passée de ce dernier point. Mais étonnement, quand elle s’était imaginé cette journée passée en la compagnie de sa camarade, elle n’avait pas pensé vivre un seul instant d’ennui. L’oisiveté ne semblait pas dans les habitudes de la bleue, bien au contraire, quand elle faisait quelque chose, elle le faisait à fond. Quand elle avait loupé sa potion quelques semaines plus tôt elle ne s’était pas contentée de produire un mélange nauséabond et explosif, non, elle avait créé une monstruosité qui avait attenté à leur vie. Après on interprétait ça comme on voulait -ouais parce que de base je voulais faire un compliment, et puis c’est parti en vrille XD- mais on ne pouvait pas reprocher à la Serdaigle de faire les choses à moitié. Bien évidemment, si elle devait faire découvrir le cinéma à Hestia ce n’était pas un cinéma classique qu’elle choisissait mais un avec tout plein d’options qui faisait vivre le film aux spectateurs au lieu de simplement le leur montrer. Même si elle aurait préféré être prévenue avant, Hestia se disait qu’elle aurait dû voir le coup venir, elle commençait à bien connaitre sa camarade maintenant. La surprise ne l’empêcha pas d’apprécier l’expérience et même de la rendre curieuse, un petit miracle en soi. La verte écouta les explications d’Elise avec attention, elle était d’accord, les moldus étaient vraiment doués. Son éducation lui avait toujours asséné le contraire alors elle était agréablement surprise. Elle s’était toujours douté que la vision de ses parents sur les moldus était loin d’être objective, mais elle n’aurait tout de même pas pu les imaginer capable d’inventer ce qu’elle venait de voir. L’affirmation suivante de la bleue lui fit hocher la tête avec résignation. Elise avait raison, l’évolution du monde magique était retardée par les esprits arriérés des sang-purs, Hestia était bien placée pour le savoir. Elle ne commenta cependant pas, elles étaient toutes les deux bien conscientes de la situation et elle n’avait pas envie de plomber l’ambiance alors qu’Elise faisait tant d’efforts. Mais c’était dommage, la société magique aurait bien eu besoin de ce genre de divertissements. Surtout en ce moment.

La suite fut moins animée mais tout autant à la hauteur. Une exposition de faux animaux moldus qui se mouvaient par un procédé dont Hestia ne savait rien. Encore une fois elle se disait qu’elle avait beau savoir que les moldus ne pouvaient pas faire de magie, leurs inventions en imitaient plutôt bien les effets. Si les bêtes n’allaient pas jusqu’à paraitre réelles, aucun système en vue ne permettait de deviner comment elles bougeaient. Peu habituée à certaines espèces, Hestia ne put s’empêcher de s’attarder devant certains enclos pour mieux les observer et interroger sa camarade à leur sujet. Une petite boule de poils d’un gris duveteux accroché à un arbre retint son attention. Elle l’observa un instant, essayant de deviner quelles capacités se cachait derrière ces grands yeux noirs et ces petites oreilles rondes mais fini par abandonner pour se tourner vers Elise. « Pas grand-chose, ça mange de l’eucalyptus toute la journée et c’est mignon. » Une petite moue déçue s’afficha sur les traits de la verte. Chez les sorciers la plupart des animaux possédaient des capacités magiques plus ou moins marquées comme une intelligence exceptionnelle, changer de taille ou soigner avec ses larmes. C’était dommage de voir que ce n’était pas le cas pour la faune moldue, mais après tout c’était aussi logique, tout ça relevait de la magie, et comme leurs pendants humains, ils en étaient dépourvus. Hestia haussa les épaules en regardant le koala mâchouiller lentement la plante qu’Elise avait mentionnée. Apparemment être particulièrement croquignolet était assez pour lui. Etre beau mais inutile était toute une philosophie en vie apparemment. « En règle générale, les hommes ont domestiqué les animaux qui leur servait à quelque chose, ceux qui sont sauvages, donc exposés ici, ils ne servent pas vraiment. Alors certes, il y aura toujours des dresseurs qui diront qu’ils sont capables d’exécuter des ordres mais moi mes grands parents m’ont toujours dit qu’il fallait laisser les animaux sauvages là où ils étaient, chacun sa vie, chacun son monde. Ils n’ont rien besoin de faire pour nous, nous devons les laisser vivre en paix. » La verte hocha pensivement la tête. Elle n’était pas une grande défenseuse de la cause animale, elle n’avait rien contre les bêtes mais avait déjà bien assez de préoccupations en tête pour ça. Et puis elle n’avait jamais été proche d’un animal, même le chat de sa famille lui avait toujours préféré Thalia. Pourtant ça ne l’empêchait pas d’être d’accord avec le raisonnement des grands-parents de Lestang. « Ils ont raison. Après certains se plaignent de se faire croquer, mais s’ils avaient laissé les bêtes tranquilles dès le début ils n’en arriveraient pas là. » Déclara-t-elle avec un détachement qui montrait que le sort des personnes en question était loin de l’émouvoir. A force de tout vouloir contrôler, l’Homme finissait souvent par se mener au désastre. Les récents évènements entre moldus et sorciers en étaient la preuve.

Hestia laissa Elise l’entrainer vers une nouvelle cage. Derrière les barreaux se trouvait un félin au pelage orangé tacheté de noir, sa silhouette fine laissait entrevoir des réflexes impressionnants et ses membres étaient musclés sous sa fourrure. Le guépard, comme lui indiqua le panneau explicatif, n’avait pas grand-chose à voir avec le koala, si l’un était mignon et paraissait inoffensif, l’autre respirait la force et le danger. « Ca c’est mon animal préféré, ça court super vite ! Et pour répondre à ta question, ça fonctionne avec des sortes de batteries qui sont chargés d’électricités et chaque animatronic, je crois que ça s’appelle ainsi, est programmé pour reproduire, le comportement des animaux dans leur environnement naturel. » Un sourire apparu sur les lèvres de la Serpentarde, l’enthousiasme de la bleue était contagieux. Même si elle faisait tout ça pour Hestia, cette dernière était contente de voir qu’Elise aussi profitait de ces instants. La verte n’était pas habituée à ce qu’on fasse des choses pour elle alors quelque part ça la soulageait de voir que son amie aussi appréciait cette journée. Elle aurait détesté être juste un boulet ignorant à qui Elise devait tout apprendre. Mais ça ne semblait pas le cas, la Serdaigle accueillait ses questions sans râler ou les qualifier de stupide et Hestia en apprenait un peu plus sur ce monde qui lui était inconnu. Alors bien sûr, elle n’avait aucune idée de comment fonctionnait l’électricité exactement, ou en quoi cela faisait bouger ces animaniacs -si vous avez pas la référence je plains votre enfance mdr-, mais elle s’efforçait de retenir ces informations. D’un côté elle voulait faire plaisir à Elise et lui montrer que tout ça n’était pas pour rien, mais une partie d’elle voulait aussi ne plus se sentir aussi ignorante face à une partie de son monde. Bien sûr, elle n’avait toujours aucune intention de devenir une experte en moldus mais elle reconnaissait qu’il n’était jamais bon de rester dans le noir. « J’imagine qu’il était difficile de faire courir un guépard dans un espace aussi petit. » Hestia opina du chef, il était vrai que si l’effet était très réussi c’était parce que les animaux n’en faisaient pas trop, tenter d’en faire courir un gâcherait surement tout. La verte s’approcha un peu plus de l’enclos pour bien voir le félin. L’animal courrait super vite, hein ? Pour le moment il paraissait plutôt tranquille. « Tu crois que ce serait plus rapide qu’un sombral ? Ca me parait pas bien impressionnant. » Demanda-t-elle machinalement. Ces bêtes étaient connues de tous les moldus, mais pour elle ils étaient encore plein de mystères. Elle avait besoin d’un point de comparaison. De ce qu’elle savait parmi les animaux magiques les plus rapides se trouvaient les sombrals ou encore le zouwu, mais ils avaient tous deux une carrure bien plus impressionnante que le guépard. « Mais je suis d’accord, c’est un bel animal. » Ajouta-t-elle pour ne pas vexer Elise qui prenait la peine de lui présenter son animal préféré. Elle était sincère, le félin donnait une impression de force tranquille, et puis il était beau avec ses grands yeux et sa silhouette élancée. Les sorciers avaient peut être les animaux les plus impressionnants, mais les moldus avaient des spécimens d’une grande beauté.

Les deux étudiantes déambulèrent encore un moment entre les cages -et les gamins qui s’insultaient- avant de prendre la direction de la sortie. Hestia se demandait où Elise allait l’emmener encore, entre le cinéma et le faux zoo, ce centre commercial semblait plein de surprises. Il y avait beaucoup de potentiel pour les plans de la bleue. « Que serait cette journée si on avait pas un t-shirt spécial ? » Plongée dans ses réflexions, la verte mit un instant à saisir les paroles de sa camarade. Elle eut à peine le temps de marmonner, un « Quoi ? » surpris, que déjà la petite blonde l’entrainait dans une boutique. Pour le coup, Hestia n’aurait pas imaginé le shopping comme une étape de leur journée vu que c’était un truc que sorciers et moldus avaient en commun, pourtant Elise la traina jusqu’à un présentoir où se trouvait des t-shirts. « C’est des t-shirts qui vont ensemble. Hakuna Matata, ça veut dire pas de soucis. C’est la phrase la plus célèbre du roi lion, c’est mon dessin animé préféré. Vient-on les porte steuplait, steuplait. Tu veux lequel Hakuna ou Matata ? » La Serpentarde resta un instant interdite face au flot de paroles de la bleue, et surtout de références qu’elle ne connaissait pas. Hakuna Matata. Le roi lion. Dessin animé. Encore beaucoup de notions qui ne disaient rien à la verte. Ce qu’elle comprenait en revanche, c’était que sa camarade voulait qu’elles portent des t-shirts assortis. Hestia cligna des yeux, Elise avait-elle oublié qui elle avait en face d’elle ? Porter le même t-shirt que ses copines n’était pas vraiment le genre d’Hestia. Avoir des copines tout court non plus d’ailleurs, mais ça c’était encore autre chose. Apparemment, Elise bousculait toutes ses habitudes. « Sérieux, Elise ? Tu veux vraiment que je porte un t-shirt rose avec… Attends mais c’est un phacochère dessus ? » Demanda-t-elle, de plus en plus atterrée à mesure qu’elle parlait. Ah mais la Serdaigle lui en demandait beaucoup d’un coup là tout de même. Déjà le rose ce n’était pas vraiment sa couleur, et puis les deux bestioles qui se baladaient sur le tissu n’étaient pas non plus trop à son gout, surtout qu’il y en avait une qu’elle ne parvenait pas à identifier avec ses gros yeux et ses pattes qui ressemblaient à des mains oui bah non les mangoustes elle connait pas Hestia, faut pas lui en demander autant. La Serpentarde avait envie de refuser, mais Elise ne lui rendait pas la tâche facile, loin de là. Pour commencer, elle avait déjà payé les t-shirts, ce qui rendait compliqué de dire non, en plus il s’agissait de son dessin animé préféré, et maintenant elle lui adressait des regards suppliants. Sans oublier qu’elle avait organisé cette journée de A à Z, tout ça pour Hestia. Par Merlin, pourquoi elle rendait ça si compliqué de dire non ? « Boooon… C’est bien parce que c’est toi, et parce que tu as organisé toute cette journée pour moi. » Capitula finalement la verte en se saisissant d’un des t-shirts. Elle l’ouvrit devant elle pour découvrir qu’elle avait choisi celui floqué de « Hakuna ». Bien, elle porterait donc du rose, pour Elise. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire. « Mais n’en profite pas trop, je vais pas me déguiser en vahiné non plus ! » Prévint-elle en se dirigeant vers une cabine d’essayage pour se changer. Elle voulait bien faire des efforts pour son amie mais il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Porter ces t-shirts serait déjà bien assez. « Verdict ? » Demanda-t-elle machinalement une fois qu’elles furent sorties. Le résultat n’était pas aussi pire qu’elle s’y était attendue mais, tout de même, elle ne s’était jamais imaginée porter ce genre de vêtement. Si ses parents la voyaient ils en feraient une syncope.

La session shopping terminée, Hestia laissa Elise reprendre les rênes de la journée. Après avoir traversé la moitié du centre, elles entrèrent dans un immense espace qui fit vaguement penser la verte à un entrepôt. Sauf que là, pas de marchandises ou de machines, mais de la musique, des lumières colorées et des jeunes moldus qui riaient en lançant des trucs au sol. Tout en regardant autours d’elle, la verte suivit sa camarade jusqu’à un comptoir. Quand elle posa ses prunelles sur l’homme avec lequel Elise parlait ce fut pour découvrir qu’il avait posé devant elles des paires d’horribles chaussures bleues et rouges. Hestia ouvrir de grands yeux devant cette horreur. « Je sais que j’ai parlé uniquement de vahiné, mais les chaussures de clown c’est pas mieux. » Râla-t-elle en se penchant vers Elise pour n’être entendue que d’elle. Mais apparemment elle n’avait pas le choix, tout le monde portait les mêmes chaussures. Bon, au moins ça voulait dire qu’elles s’en débarrasseraient avant de partir. Une fois ces accessoires affreux enfilés, les deux sorcières prirent la direction de ce qui ressemblait à des pistes. Hestia observa les gens autour d’elle pour tenter de comprendre leur manège mais fini par abandonner pour se tourner vers l’experte du jour. « On est sensé faire quoi au juste ? » Oui parce que pour le moment de ce qu’elle voyait, soit les gens avaient l’air de bien s’amuser, soit la folie les avait atteint et les poussait à lancer des trucs dans tous les sens.

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Il y avait des trucs que Hestia n’aurait jamais imaginé faire un jour. Et pourtant, elle était une sorcière, alors tout de suite, le domaine de l’impossible se retrouvait repoussé à ses limites les plus extrêmes. Après tout, voler sur un balai, préparer des potions, lancer des sorts grâce à un simple bout de bois, tout ça faisait partie de son quotidien. Elle le faisait sans sourciller. La magie n’avait plus grand-chose d’étonnant à ses yeux, elle restait merveilleuse bien sûr, elle n’en était pas au point d’être blasée par quelque chose d’aussi beau que la magie, ce serait bien triste. Mais tout de même, après plus de dix-huit ans à vivre dans cet univers, elle devait bien le dire, elle était moins souvent surprise. Et pourtant aujourd’hui, elle se retrouvait plongée dans une aventure qu’elle n’aurait jamais pensé vivre de sa vie, mieux, plongée dans un monde qui lui était encore totalement inconnu : celui des moldus. Alors tout de suite, la liste des choses qu’elle n’avait jamais pensé faire de toute son existence se réduisait d’heure en heure. Et la journée ne faisait que commencer. Déjà le cinéma qui faisait vivre le film au spectateur, non mais même avec son imagination de sorcière elle n’aurait jamais pu l’inventer celle-là. Elise avait fait fort dès le début, elle devait bien l’admettre. Et maintenant le zoo mécanique qui se transformait peu à peu en cours sur la faune moldue. Peut-être que le plus étonnant dans tout ça c’était que la curiosité d’Hestia n’était absolument pas feinte. S’occuper d’animaux n’était peut-être pas pour elle, mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne leur portait aucun intérêt. Là elles se trouvaient devant un jaguar, un animal aussi beau qu’impressionnant mais  elles auraient pu se trouver devant un hippocampe ou un banc de plancton qu’elle aurait certainement eu aussi des questions à poser à la petite blonde. Alors elle partageait ses réflexions avec Elise, faisait des comparaisons avec les animaux magiques et hochait la tête sagement aux réponses qu’elle recevait, s’efforçant de les enregistrer pour que cette journée découverte ne soit pas vite oubliée. Savoir qu’un jaguar était nettement plus rapide qu’un sombral ne lui servirait peut-être pas dans sa vie de tous les jours mais ça lui permettait de mieux comprendre cette faune dont elle ne savait rien. Son rôle de professeur, Elise semblait le prendre à cœur, et Hestia faisait de son mieux pour s’en montrer digne. La Serdaigle aurait pu déclarer « En fait c’est un préjugé absolument sans fondement. Les poissons-clowns ne sont pas particulièrement drôles. » que la verte l’aurait cru sans se poser de question. C’était dire le niveau de confiance qu’elle plaçait en son amie.

D’ailleurs, cette confiance, la blonde ne tarda pas à en jouer pour obtenir ce qu’elle voulait : acheter des t-shirts assortis, et surtout réussir à en faire porter un à Hestia. Et pas n’importe quel t-shirt bien sûr, une pièce rose, estampillée d’un mot complètement inconnu pour la sorcière, le tout surmonté par un animal étrangement en longueur. Hestia tenta de résister de son mieux mais le regard suppliant d’Elise eu raison de sa volonté, elle était là pour passer une bonne journée et se plia donc à la demande de la bleue. « YOUPIIIII ! » Hestia tressaillit devant la réaction de son amie, elle réprima un mouvement de recul, dès fois que la blonde ait envie de lui sauter au cou pour lui manifester sa joie. Heureusement elle se retint, laissant à la place un immense sourire illuminer son visage. Expression à laquelle, la verte ne put s’empêcher de répondre en miroir, bien qu’avec peut-être un peu de résignation sur ses traits. « Tu es sûre que tu n’as jamais vu le roi lion ? » Hestia haussa un sourcil à la question, ce n’était pas la première fois qu’Elise lui parlait de ce « roi lion » mais ça n’avait toujours pas de sens à ses yeux. Sûrement un truc moldu mais quoi ? Et surtout qu’est-ce qui justifiait son interrogation ? Le monde moldu, Hestia n’y connaissait absolument rien, pour ce qu’elle en savait le roi lion aurait pu faire référence à tout et n’importe quoi. Machinalement elle pointa sur doigt la zone du centre qu’elles venaient de quitter. « Il y avait un lion là-bas. » Répondit-elle, un peu perdue. C’était le seul lien qu’elle pouvait faire avec la question de son amie mais elle ne voyait pas trop le rapport. Surtout que les animaux sur les t-shirts n’étaient pas des lions, ça au moins elle en était sûre. « Mais j’ai rien lu sur des rois. » Ajouta-t-elle après un instant de réflexion. Perplexe, elle haussa les épaules avant de rejoindre une cabine d’essayage pour passer le vêtement. En se voyant dans le miroir, elle se dit que ce n’était décidément pas le genre de pièce qu’elle aurait porté en temps normal mais que ça aurait pu être pire. « Il te va très bien ! » Elle sourit au compliment de son amie. Ah, qu’elle se qu’elle ne faisait pas pour la remercier de ce qu’elle faisait pour elle aujourd’hui. Au fond, elle pouvait sûrement s’estimer heureuse que la bleue ait jeté son dévolu sur de simples t-shirts et pas sur quelque chose de plus voyant. Même si la couleur n’était pas à son gout, au moins le vêtement n’avait pas de paillettes ou de froufrous. Peut-être qu’elle aurait été plus capable de refuser si ça avait été le cas. « A toi aussi. » Assura-t-elle alors qu’elles sortaient du magasin pour rejoindre leur prochaine destination. « Comme ça on est assorties. » Voilà, encore un truc qu’elle n’aurait jamais pensé faire. Elle avait l’impression de les collectionner aujourd’hui, et la journée n’était pas terminée. Qui sait ce qu’Elise avait encore en stock pour elle.

La suite se nommait « bowling » et avait tout l’air d’un jeu bien apprécié des jeunes moldus si on en croyait les rires et exclamations de joie qui résonnaient dans les lieux. Et bien évidemment, pour y jouer il fallait porter des chaussures affreusement moches. Si elle ne venait pas de passer devant plusieurs magasins moldus, Hestia aurait pu croire que leur sens de la mode était franchement douteux. « Pour le coup, cette fois, ce n’est pas ma faute. J’ai jamais compris l’utilité de nous faire mettre ces chaussures mais si on veut jouer, on a pas le choix, faut mettre ces trucs ringards. » Hestia soupira, résignée. Au moins elles ne seraient pas les seules à s’affubler de chaussures de clown. Elle passa donc les souliers colorés, s’efforçant d’ignorer combien elle devait avoir l’air ridicule avec ça aux pieds. Un coup d’œil aux alentours la rassura un peu : tout le monde avait l’air ridicule avec ça. Elle suivit ensuite sa guide de la journée jusqu’aux pistes et s’assit à ses côtés pour écouter ses explications. « Tu vois tu as des boules avec trois trous. Tu mets ton index, ton majeur et ton pouce dans les trous… elles sont un peu lourdes d’ailleurs. Il y a des boules plus ou moins lourde, ça c’est à la convenance de chacun quelle boule prendre. Une fois que tu as ta boule, tu vas jusqu’au trait noir, ton bras prend de l’élan et tu lances ta boule. Le but c’est de faire tomber le plus de boule possible en deux coups ! Une fois que c’est fait, c’est mon tour. Le but c’est de faire le plus de points. Je vais te montrer. » Hestia hochait la tête au fur et à mesure pour montrer qu’elle comprenait. Au moins ça n’avait pas l’air trop compliqué. Et puis, de ce qu’elle voyait, il y avait des moldus de tous les âges qui jouaient, ça devait être à la portée de tout le monde. Néanmoins, elle laissa Elise lui faire une démonstration, mais resta perplexe devant le résultat. La boule devait-elle vraiment partir sur le côté comme ça ? Elle n’en était pas sûre et un signal sonore aux airs de lamentation suraiguë confirma son impression. « Bon, le but c’est de surtout pas faire comme moi. Si elle tombe dans la rigole, à moins qu’elle soit pleine de puissance et qu’elle en ressorte, aucune chance de faire tomber la moindre quille. » Hestia opina du chef. Effectivement ça paraissait logique, mais apparemment ce n’était pas un jeu aussi simple que ça. D’ailleurs de ce qu’elle pouvait voir, les plus jeunes jouaient avec des petites barrières sur les bords de la piste pour éviter les fameuses rigoles. « Okay, éviter les rigoles, je note. » Tout de même, elle ne pouvait pas jouer avec des barrières pour enfant.

Le second lancé d’Elise fut plus maîtrisé et fit tomber quelques quilles. Si elle suivait les explications de son amie, la bleue n’avait pas atteint l’objectif du jeu, mais connaissant son amour pour le sport Hestia se disait que c’était déjà un bon début. Elle lui adressa donc un sourire d’encouragement alors que le score apparaissait sur l’écran. « A ton tour ! Tu as tout compris ? » Hestia observa un instant la piste et les joueurs qui les entouraient avant de se lever pour choisir une boule. Elle s’efforça de garder en tête les explications de la Serdaigle et aussi ce qu’elle avait vu de sa démonstration. Au final ce n’était pas une activité aussi basique qu’elle l’avait cru. Il ne s’agissait pas de juste jeter des boules par terre -en espérant n’écraser aucun pied au passage. « Gérer sa force, viser droit, tout faire tomber. Je crois que j’ai compris le truc. » Enuméra-t-elle en hochant la tête. Au fond ça ressemblait un peu à son poste de batteuse au Quidditch, sauf que là elle ne se trouvait pas sur un balai volant et que personne ne cherchait à la percuter pour la faire chuter -le Quidditch, ce sport de rêve- sûrement pourrait-elle s’en sortir. La verte soupesa la première boule qui lui tomba sous la main mais l’abandonna rapidement en voyant qu’elle peinait à la soulever d’une main. Elle se saisit d’une boule turquoise plus appropriée, plaça ses doigts comme Elise lui avait appris et se dirigea vers la piste. D’un geste du bras qu’elle tenta de calquer sur celui de la Serdaigle, elle fit glisser la boule au sol. « Comme ça ? » Demanda-t-elle, les prunelles fixées sur la boule qui tourbillonnait tranquillement sur la piste. Ah oui mais c’était que c’était bien lent tout ça. A ce rythme, elles y étaient encore le lendemain. En plus, sa boule se dirigeait lentement, mais sûrement, vers la rigole. Comme pour la narguer, elle sembla flirter un instant avec l’idée de tomber dedans avant de finalement atteindre les quilles.

Tout ça pour n’en faire tomber qu’une seule. Une seule et unique quille qui tomba dans un bruit désespérant sans même faire frémir les autres. Hestia la contempla quelques instant, une moue dépitée sur les traits. Bon, ça ne s’annonçait pas fameux tout ça. Elle était passée où la chance du débutant ? Avec un haussement d’épaule, la Serpentarde se tourna vers Elise. « Hum. Je crois que je suis plus douée en Quidditch. » Ce qui restait tout de même étonnant. Pourtant, entre un jeu plutôt tranquille, qui se passait sur la terre ferme et sans grands risques et un sport violent, qui se déroulait dans les airs et pendant lequel on était une véritable cible humaine, on aurait pu croire que le premier serait plus simple. Mais peut-être pas pour la Serpentarde. Il fallait dire que la tranquillité, ce n’était pas vraiment le trait de caractère le plus prononcé chez Hestia. Sans se décourager, la verte alla chercher une seconde boule, verte cette fois. Avec plus de force dans son lancer, elle fit glisser la boule sur la piste. La voyant partir en vrille dans la mauvaise direction, Hestia se détourna, pas loin de se dire que c’était sûr elle était vouée à être nulle. Il y eut un grand fracas et aussitôt une musique assourdissante envahi l’espace où Elise et elle étaient installées. Hestia sursauta et jeta des regards partout autour d’elle, complètement paumée face à ce déferlement de musique forte et de lumières clignotantes. Sur la piste, toutes les quilles avaient disparues. Figée, elle tourna la tête vers Elise. « J’ai fait quoi ? Il fallait pas faire ça ? » Demanda-t-elle précipitamment. Peut-être qu’elle avait tout cassé, c’était ça que ça voulait dire « spare » ?

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Il suffisait à Hestia de voir le regard atterré qu’Elise lui lançait à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche pour comprendre combien elle passait pour une ignorante. Alors clairement, la Serdaigle avait raison, mais ça la verte n’allait certainement pas le lui avouer. Mais au fond, pas besoin d’avouer quoi que ce soit, ses réactions et ses questionnements parlaient pour elle. Quand il s’agissait du monde moldu, Hestia était complètement paumée, elle le savait, Elise le savait, tout le monde le savait. Mais c’était tout à fait logique, elle était née dans une famille de sorciers de sang-pur et avait été élevée comme telle. Chez elle, la magie faisait loi, les sortilèges étaient partout et les ensorcellements régissaient chaque aspect de son existence. Alors bien sûr, dès qu’il s’agissait du monde moldu, ses connaissances frôlaient le zéro polaire, un vrai paysage arctique avec bonhommes de neige inclus. Elle avait bien quelques notions, grâce aux échos de ses camarades nés-moldus et à ce qu’elle avait pu lire dans quelques livres. Mais ça s’arrêtait là et ça ne compensait absolument pas toutes ses lacunes. Et puis l’inverse était vrai, il suffisait de plonger soudainement un moldu dans le monde magique pour qu’il se sente aussi paumé que la Serpentarde en ce moment. Néanmoins, c’était bien en ces instants que la verte comprenait à quel point ce monde dont elle ignorait tout était vaste. Maintenant que la bleue la plongeait dans cet univers, elle avait l’impression qu’il lui faudrait toute une vie pour tout en apprendre. Elle avait près de dix-neuf ans de retard après tout. Il lui suffisait de voir la lueur presque paniquée qui éclairait les prunelles d’Elise quand elle mentionna un lion qui serait roi pour comprendre que son amie la prenait définitivement pour une inculte. Oh, quand même, ce n’était pas comme si la verte lui avait demandé qui était le père Noël tout de même, pas la peine de prendre cet air catastrophé. Pourtant, Hestia ne s’en formalisait pas, elle ne connaissait rien aux moldus, c’était un fait avéré, c’était pour ça qu’elles étaient là non ? Pour combler un peu ces lacunes qu’apparemment la Serdaigle jugeait impardonnables.

Au fur et à mesure que la journée avançait, Hestia comprenait que non seulement Elise prenait sa mission à cœur, mais qu’elle nourrissait aussi l’objectif de montrer à sa camarade le monde moldu sous son aspect le plus fantasque. Oubliées les activités banales partagées par tout moldu qui se respectait, exit l’après-midi sous le signe de la normalité. Quand Elise faisait découvrir son monde, elle ne faisait pas semblant. Chaque instant devenait un peu comme le soir du réveillon où Hestia se demandait quelles surprises l’attendaient ensuite. En toute logique, elles se retrouvèrent donc ensuite affublées d’hideuses chaussures de clown, à lancer des boules colorées sur des quilles situées tout au bout d’une piste glissante. Le bowling était peut-être une activité classique pour les moldus, mais pour la sorcière ça sortait complètement du lot. Bien décidée à passer une bonne journée en compagnie de la Serdaigle, Hestia ne se fit pas prier pour essayer. Elle tenta de suivre l’exemple de sa camarade mais le résultat ne fut pas vraiment à la hauteur. Bon en fait, vu le regard de la blonde -oui, oui elle pouvait le voir malgré le sourire qu’elle lui adressait- le résultat était même plutôt pathétique. Peut-être que la Serpentarde n’était tout simplement pas faite pour ce jeu ? Tout était possible, elle était douée pour frapper des balles tueuses tout en se tenant en équilibre sur un balai volant, mais pas pour lancer une boule droite sur une piste parfaitement stable. Des fois il ne fallait pas chercher à comprendre. Elle en fit la remarque à Elise, répondant à son sourire encourageant par un haussement d’épaules résignés. « Oui mais c’était ton tout premier lancer, est ce que la première fois que tu as frappé un cognard de ta batte, tout s’est bien passé ? » Alors là, la blonde n’avait pas tort. Entre deux lancés, Hestia prit le temps de réfléchir à la remarque de sa camarade. Elle avait commencé à voler assez tôt, comme la plupart des enfants de sorciers. Bien sûr, ses parents n’avaient jamais approuvé cette activité qu’ils trouvaient indigne de leur classe sociale, mais poussée par Thalia, Hestia avait enfourché son premier balai avant même de partir pour Poudlard. Ses tous premiers souvenirs de vols étaient assez joyeux, elle avait chuté, bien évidemment, mais elle n’avait pas connu de catastrophe majeure. En revanche, en ce qui concernait le quidditch en lui-même, elle avait dû attendre son entrée à Poudlard pour pouvoir s’y essayer et les choses avaient été un peu différentes. « Pas trop. Je n’avais pas frappé assez fort alors le cognard s’est vengé et m’a envoyé faire mon tout premier séjour à l’infirmerie. » Expliqua-t-elle en se replongeant dans ses souvenirs. C’était après avoir assisté au premier match de sa maison qu’elle avait été irrémédiablement attirée par ce sport. Puisque les élèves de première année n’avaient pas le droit d’intégrer une équipe, elle avait profité de ce laps de temps pour s’entrainer et mettre toutes les chances de son côté quand les sélections arriveraient l’année suivante. Autant dire que ses premiers entrainements avaient été plutôt… douloureux. Si la Serpentarde avait un don inné pour les potions, ça n’avait pas été le cas du Quidditch, elle avait dû travailler pour atteindre son niveau actuel. Les difficultés et déceptions avaient été nombreuses, mais elle avait réussi. Et si elle avait réussi à maitriser un sport violent, elle pouvait sûrement en faire de même avec le bowling. Serpentarde ou pas, Hestia n’abandonnait pas aussi facilement.

Ce fut avec cette résolution en tête que la Carrow fit son deuxième lancé. Malgré tout, il lui sembla si mal parti qu’elle se détourna avant même de voir le résultat, la plongeant dans un état de stupeur quand une vive musique se déclencha. Complètement paumée, Hestia se tourna vers son amie pour lui demander ce qu’il se passait. Elle se détendit en voyant Elise l’applaudir, un grand sourire aux lèvres. « Si c’est exactement ce qu’il faut faire, bon en un coup ça fait plus de points qu’en deux mais c’est très bien. » Instantanément, Hestia se sentit bête d’avoir paniquée pour rien. Mais ce n’était pas de sa faute aussi, elle n’avait pas été préparée à cette explosion de musique et de lumière. Soudainement, elle avait eu l’impression que tout le monde la regardait, et être au centre de l’attention n’était pas à son gout. Bon, en fait, personne n’avait été perturbé par la musique, tous les moldus étaient trop concentrés sur leur propre jeu pour ça. Et puis, ils étaient habitués à ce genre de réaction, il n’y avait qu’une sorcière absolument pas dans son élément pour paniquer comme ça. Rassurée, Hestia prit une profonde inspiration et hocha la tête avec ferveur. « Essayons de tout faire tomber en un seul coup alors. » Lança-t-elle avec un sourire de défi à Elise. Maintenant qu’elle savait qu’elle n’était pas condamnée à être complètement nulle au bowling, elle avait envie de voir jusqu’où elle pouvait aller. Une part d’elle se demandait aussi ce qu’il adviendrait si l’une d’entre elles parvenait à faire tomber toutes les quilles en une seule fois. Après la musique et la lumière, il y aurait peut-être des confettis et des serpentins. Oui, maintenant avec les moldus, Hestia s’attendait à tout. Les sorciers avaient peut-être la magie pour repousser les limites du réel, mais les moldus avaient de l’imagination à revendre. Et clairement, ils n’en manquaient pas.

Hestia dû bien l’admettre, elle ne vit pas le reste de la partie passer. Elle se laissa complètement prendre au jeu. Ici personne ne l’observait ou ne la jugeait et même si elle n’était pas dans son élément, ça lui faisait un bien fou. Elise était là pour s’assurer qu’elle passe une bonne journée et franchement elle réussissait haut la main. Loin de son quotidien, la Serpentarde était aisément déstabilisée, mais aussi plus prompt à s’ouvrir et à s’amuser sans se laisser influencer par le regard des autres. Clairement, la verte s’amusa beaucoup, la de Lestang avait eu une excellente idée en l’amenant jouer au bowling. Avec un peu plus d’entrainement, Hestia parvint à enchainer quelques bons lancés, Elise fut la première à faire tomber toutes les quilles, ce qui déclencha une explosion de musique et de lumière encore plus vives que pour un spare. La verte applaudit la dextérité de son amie et parvint au même résultat deux tours plus tard. Leur score n’était peut-être pas mirobolant et elles n’avaient peut-être pas une carrière toute tracée dans l’art du bowling qui les attendait, mais ce n’était pas le plus important. Hestia ne s’enorgueilli pas d’avoir battu Elise, là n’était pas l’intérêt de la journée, elles s’éclataient et s’était tout ce qui comptait. Leur partie terminée, les deux sorcières purent enfin ôter les affreuses chaussures pour récupérer les leurs -bien plus jolies si jamais vous n’aviez pas encore compris.  

De nouveau, Hestia se laissa entrainer dans le dédale du centre commercial par Elise. Un instant elle se demanda si la blonde connaissait les lieux par cœur. Depuis le début de la journée elle n’avait pas hésité une seule seconde sur le chemin à prendre, pourtant, de ce que voyait la verte, le centre était immense et ressemblait à un labyrinthe surpeuplé. Heureusement que Hestia n’était pas seule, sinon cela ferait longtemps qu’elle aurait fait demi tour. Mais étrangement, Elise semblait dans son élément. Elle guida la verte à travers plusieurs couloirs, lui fit monter des escaliers avant de traverser d’autres couloirs pour finalement se stopper devant ce qui ressemblait à un restaurant. Du moins Hestia le supposait grâce à l’immense enseigne en néon rose qui précisait bien « Diner ». Parce que pour le reste, la Serpentarde ne savait pas trop où elle avait mis les pieds. « Wow, on a fait un retour dans le passé ? » Lâcha-t-elle alors qu’elles venaient de franchir la porte d’entrée. Il y avait de quoi se poser des questions. Le restaurant -puisque c’était bien ça- était décoré de couleurs fluos et de néons flashys rose et bleu turquoise, le sol était un damier noir et blanc et les murs étaient recouverts de portraits de ce que la sorcière supposait être des célébrités moldues d’une autre ère. Tout paraissait ancien, pas seulement d’une autre époque, mais aussi d’un autre mode de vie, d’une autre manière de penser et d’évoluer. C’était déroutant, pour un peu elle ne se serait plus crue chez les moldus, tout ça ne leur ressemblait pas. Ou du moins ça ne ressemblait pas à l’image que la sorcière avait d’eux et de leur monde. Hestia fit une pause, il y avait beaucoup trop d’informations à assimiler d’un coup, où Elise l’avait-elle emmené exactement ? Dans un restaurant, elle l’imaginait bien, mais elle n’en avait jamais vu de semblable.

Et elle n’était pas au bout de ses surprises. Alors qu’elles s’installaient sur les banquettes en cuir turquoise d’un box, Hestia remarqua enfin l’allure des serveuses. Ce n’était pas seulement le fait qu’elles portent de petites robes roses à col blanc qui attira l’attention d’Hestia. C’était aussi leur petit tablier blanc, leur rouge à lèvres rouge vif et leurs cheveux bouclés à la perfection. « Les moldus s’habillaient vraiment comme ça ? J’avais toujours imaginé leur mode plus sobre que la nôtre, apparemment j’avais tort. » Interrogea la verte en se penchant par-dessus la table pour que personne d’autre qu’Elise ne puisse l’entendre. De ce qu’elle savait, les sorciers étaient toujours passés pour des originaux, leur manière de s’habiller, leur ouverture d’esprit, leur magie, tout les démarquait nettement des moldus. Hestia avait toujours trouvé que les moldus étaient plus mornes, pas seulement parce qu’ils vivaient sans magie, mais aussi dans leur manière d’être et de s’habiller. De ce qu’elle avait vu aujourd’hui la mode moldue était plutôt classique, il n’y avait pas de faute de gout, mais pas vraiment d’originalité non plus. Apparemment ça n’avait pas toujours été le cas. Finalement, le regard de la Serpentarde fut attiré par les drôles de chaussures que les serveuses portaient -ce rp va devenir un rp fétichiste des chaussures XD. « Elles portent quoi aux pieds ? Ça a l’air… Casse-gueule. » Demanda-t-elle en avisant les roulettes qui permettaient aux jeunes femmes de glisser sur le sol. Hestia se demandait pourquoi est-ce que les serveuses ne pouvaient pas tout simplement marcher mais elle songeait aussi que ça avait l’air plutôt sympa de se déplacer ainsi, surtout que les moldues donnaient l’impression que c’était vraiment facile.

Sa surprise enfin passée, la verte se saisit d’une des deux cartes qui trainaient sur la table. Elle parcourut des yeux le menu, se demandant si Elise avait remarqué qu’elle ne mangeait que peu quand elle se trouvait en public. Grâce à maman Carrow qui n’avait cessé de lui répéter depuis sa plus tendre enfance qu’une femme ne devait pas se goinfrer, Hestia avait du mal à faire un vrai repas en public. Néanmoins elle parcouru le menu des yeux. Si elle connaissait certains plats proposés, comme les sandwichs qui étaient universels, d’autres lui étaient totalement inconnus comme le cheesecake ou les milkshakes. Avec de tels noms, elle pouvait deviner de quoi il s’agissait, mais elle ignorait tout du goût que c’était censé avoir, ou même si c’était bon. Heureusement, elle n’était pas seule. « Alors, qu’est-ce que tu me conseilles ? » Demanda-t-elle finalement à Elise. L’experte des moldus c’était elle, aussi Hestia s’en remettait totalement à ses conseils.

CODAGE PAR AMATIS

Okay, Hestia devait bien l’avouer, elle avait toujours cru que les moldus menaient une existence plutôt morne. Bon d’accord, pour être totalement honnête les termes qui lui venaient en tête quand il s’agissait de la manière de vivre des moldus étaient plutôt du genre de monotone, terne, sans surprise, insipide… Chiante quoi. Alors non, ce n’était pas très glorieux, voire même un peu -carrément- nourri de préjugés mais c’était aussi logique comme manière de penser. Après tout, en étant née sorcière, il était difficile d’imaginer la vie sans magie autrement que pleine d’ennui. Pas de sortilèges, pas de potions, pas de balais volants, de créatures fantastiques ou d’objets qui prenaient vie tous seuls, franchement ça n’aidait pas à imaginer une vie géniale aux moldus. Et puis, Hestia n’avait pas vraiment eu les parents les plus objectifs sur la question pour lui parler du monde moldu. Déjà les Carrow ne parlaient presque pas de cette autre société qui vivait pourtant à leurs côtés, épiloguer sur les personnes sans magie pour autre chose que les rabaisser c’était leur donner trop d’importance et leur famille ne s’entacherait pas d’un tel déshonneur. Alors tout ce qu’elle avait entendu depuis sa plus tendre enfance c’était à quel point ils étaient des êtres inférieurs, condamnés à une existence sombre et insignifiante, indignes de respirer le même air que les sorciers. Tout de suite ça donnait le ton. Alors, même si Hestia avait toujours eu du mal à adhérer à ces idéaux dignes d’un autre temps, elle devait bien admettre que l’idée que les moldus menaient une existence bien moins intéressante que la leur lui était restée en tête. Et par certains aspects c’était vrai, sans magie la vie était plutôt classique, moins pétillante, moins surprenante. Les moldus avaient développé des technologies de pointe, mais aux yeux d’Hestia elles paraissaient froides et sans âmes. Leur mode était de bon goût et développée avec soin, mais elle n’avait rien d’exceptionnelle et manquait d’originalité. Quant à leurs personnalités, eh bien souvent ils avaient l’air de moutons sortis du même moule, mais pour être totalement honnête on pouvait aussi dire ça de la plupart des sorciers qui travaillaient au Ministère de la magie alors ce n’était pas vraiment un argument recevable. Par tous ces aspects, Hestia avait toujours imaginé le quotidien des moldus en nuances de gris, sans grande saveur ni surprise, mais aujourd’hui elle n’avait pas d’autre choix que d’avouer qu’elle avait eu tort. -Enfin, dans une certaine mesure, il ne fallait pas exagérer.-

Plus la journée avançait et plus la Serpentarde réalisait que si l’existence des moldus pouvait bien être morne, ce qui pouvait être le cas de la vie de n’importe qui, sorciers compris, ils avaient aussi trouvé le moyen -de mettre des paillettes dans leur vie- de la pimenter. Chaque activité qu’Elise lui proposait le lui démontrait à la perfection. Hestia se doutait bien que tous les loisirs des moldus n’étaient pas ainsi, mais au moins sa camarade Serdaigle arrivait à lui montrer que même sans magie ils parvenaient à vivre avec une bonne dose d’originalité. D’accord, il fallait bien l’admettre, même si la Carrow n’échangerait pour rien au monde son existence de sorcière avec celle d’une personne née sans magie, elle reconnaissait que finalement leur vie n’avait pas l’air SI morne que ça. Bien sûr, ils n’atteindraient jamais le niveau des sorciers, dont certains étaient passés experts dans l’art de vivre de manière surprenante -peut-être même un peu trop- mais au moins ils faisaient des efforts. Et c’était payant. Il suffisait de voir le restaurant dans lequel Elise venait de la faire rentrer. Le centre commercial regorgeait de lieux ou manger, mais aucun n’avait l’air aussi original que celui-là. D’ailleurs pendant un instant, Hestia eut clairement l’impression d’avoir fait un petit retour dans le passé et elle ne put s’empêcher d’en faire la remarque à Elise. « Aucun sortilège là-dessous, je t’assure. » La verte hocha la tête. Il n’y avait pas de magie, non, mais le résultat était bien là, le décors, l’ambiance, les tenues des serveurs, le maquillage des serveuses, même la musique de fond, rien n’était laissé au hasard. Et ça faisait son petit effet. Si à l’extérieur le 21e siècle était bien présent partout, là la sorcière avait l’impression d’avoir reculé de plusieurs décennies.

Clairement, quand ils s’en donnaient les moyens, les moldus savaient faire dans l’originalité. Ou du moins ils savaient revenir à cette originalité passée, comme en attestait ce lieu tout droit sorti d’un autre siècle. Trop habituée aux moldus modernes, Hestia avait un peu de mal à les imaginer tous vêtus de la sorte, pourtant Elise était sûre d’elle, leurs vêtements étaient fidèles à ceux de l’époque. « Je crois bien que oui, en tout cas que ce soit dans ce restaurant ou dans certains films ou séries, il y a des filles habillées comme ça. » Finalement, les moldus n’avaient pas toujours menés une existence morne, il suffisait de voir les tenues colorées des serveuses. Peut-être qu’en ce temps là, un temps qui paraissait multicolore et joyeux, il leur aurait été plus facile d’accepter les sorciers. Puisqu’ils faisaient dans l’originalité, peut-être que celle des sorciers aurait pu les séduire. Mais il était trop tard pour songer à tout ça, et surtout Hestia avait des questions d’un tout autre ordre en tête. Comme ces étranges chaussures dotées de roues que les serveurs portaient. « ça s’appelle des patins à roulette et je confirme, c’est casse-gueule. J’en avais enfant, je passais plus de temps sur les fesses à devoir me relever qu’à glisser comme elles le font. » Un sourire s’épanouit sur les lèvres de la Serpentarde alors qu’elle s’imaginait une toute jeune Elise galérant avec ces fameux patins à roulettes aux pieds. Elle ne voulait pas se moquer, mais connaissant le caractère de son amie, ça avait dû donner naissance à des situations plutôt drôles. « Ici, en plus d’être un peu rétro, je pense que ça leur permet de se déplacer plus rapidement. Je pourrais pas être embauché, je casserai toutes les assiettes, je serais un gouffre pour le restaurant. » Cette fois un bref éclat de rire s’échappa des lèvres de la Serpentarde. Imaginer Elise à la place des serveuses c’était clairement imaginer une catastrophe en direct. Mais une de celles vraiment hilarantes à base de réactions en chaine et d’atterrissage sur les fesses. Enfin, Hestia avait beau en rire, elle doutait de mieux s’en sortir que la blonde. « T’inquiète, je ne suis pas sûre d’être plus douée. Tu te rappelles quand on était bloquées en salle de potion avec ton mélange fou ? Le sol glissant à la fin n’était pas vraiment une réussite. » Lui lança-t-elle avec un haussement de sourcils. Sur le moment cette aventure ne l’avait pas du tout fait rire, au contraire elle avait bien cru que la potion folle arriverait à ses fins. Mais au final tout s’était bien terminé, et ça avait même réussi à les rapprocher, alors désormais elle pouvait y repenser en souriant. Ce genre de péripéties, les moldus ne pourraient pas les reproduire, mais ce n’était sûrement pas plus mal, et puis ils s’en sortaient bien par eux-mêmes niveau aventure. « Mais pour ceux qui maitrisent ça a l’air plutôt cool. » Conclut-elle finalement en voyant une serveuse rousse avec un plateau chargé glisser avec adresse jusqu’à un groupe attablé plus loin.

Une fois la surprise et l’analyse des lieux passées, il restait encore un élément important à étudier. Le cœur même de leur visite : le menu. Il ne fallut que quelques secondes à Hestia pour se sentir perdue entre tous les mets proposés. Il y avait bien quelques illustrations pour l’aiguiller, mais franchement ce n’était pas d’une grande aide. Elle se résolu donc à se tourner vers Elise, son experte pour la journée. « Tu sais que tu demandes ça à la fille qui adore manger ? Déjà je te propose de manger une assiette de tapas à partager en entrée ? Oh et puis il faut un apéritif ! Que penses tu de goûter un virgin pina colada ? C’est sans alcool ne t’en fais pas. » Hestia acquiesça et parcourut la carte des yeux pour repérer les mets qu’Elise lui proposait. Tout avait l’air appétissant, heureusement qu’il n’y avait presque personne dans le restaurant, au moins la verte allait pouvoir manger un peu sans se sentir mal. Elle n’avait pas très envie de devoir expliquer à sa camarade qu’elle était incapable de faire un repas complet en public à cause des critiques incessantes de sa mère. La de Lestang avait une opinion des sang-purs déjà assez mauvaise comme ça, inutile d’en rajouter. « Oh je ne m’en fais pas. » Répliqua-t-elle avec un sourire en coin. Boire de l’alcool ne l’aurait pas dérangé le moins du monde mais elle voulait bien admettre que ce n’était pas le bon moment pour ça. Et puis, elle voulait garder les idées claires pour pouvoir profiter de ce qu’Elise lui avait préparé. « Je te fais confiance ! Va pour les tapas et le virgin pina colada. » Hestia adressa un grand sourire à sa camarade avant d’indiquer leur commande à une serveuse qui venait de s’arrêter devant elles dans un dérapage magistral. D’accord, ces patins à roulettes avaient vraiment l’air sympas en fait. Leur commande ne tarda pas à arriver, Hestia se pencha avec curiosité sur le petit panier en plastique rouge qui contenait divers aliments frits. Des sortes de cercles, des minis ailes de poulets, des sticks et bien sûr un assortiment de sauces pour aller avec. « Ca a l’air bon tout ça. A la tienne ! » Lança-t-elle à Elise en lui présentant son verre décoré d’un petit flamand rose en plastique. Elle voulait dédier cette journée à la bleue, c’était elle qui avait tout organisé après tout. Après avoir trinqué, Hestia trempa ses lèvres dans le cocktail. Elle fut surprise de découvrir des saveurs d’ananas et de noix de coco mais ça lui plut beaucoup -alors que tu vois, la joueuse elle préfère plus les mojito 8D.


« Ah et tu vas voir, tout le monde mange avec les doigts, c’est ça qui est le mieux je trouve ! Et pour faire ton choix, tu peux regarder les autres tables, moi souvent, c’est ce que je fais. » Hestia acquiesça, amusée, manger avec les doigts n’était absolument pas dans ses habitudes. Avec une famille comme la sienne c’était clairement hors de question même. Mais elle acceptait cette manière de faire sans soucis, tant pis pour les convenances et la dignité, elle était déjà vêtue d’un t-shirt rose assorti à celui de son amie, elle n’allait pas chipoter. Autant jouer le jeu jusqu’au bout, d’autant plus qu’elle appréciait de pouvoir sortir des habitudes rigides exigées de ses parents. Du bout des doigts, elle attrapa la première tapas qui se présenta à elle et croqua dedans. Le stick frit était légèrement épicé et rempli d’un fromage fondant. La bouche pleine, elle hocha la tête avec conviction, c’était bon, très bon même ! Entre deux bouchées, elle suivi les conseils de la bleue et observa les quelques tables occupées pour repérer ce que les autres clients mangeaient. Elise avait raison, autant s’inspirer de ce qui était bon pour les autres. Evidemment, les autres n’avaient pas toujours bon goût -en fait rarement si on demandait son avis à Hestia- mais ça pouvait toujours donner des idées. Sauf que ce qu’elle vit ne la rassura pas vraiment. « Rassures moi… Tous les plats ne font pas cette taille quand même ? » Souffla-t-elle à Elise en avisant la coupe de glace la plus grande qu’elle ait jamais vu. Et c’était une banane qu’elle voyait dans le fond ? C’était la première fois qu’elle voyait ça et elle ne comprenait pas comment on pouvait manger autant. Et cet homme un peu plus loin, il y avait combien de steaks dans son sandwich exactement ? La verte en avait compté quatre mais elle n’était pas sûre, par Merlin, il y avait tellement de fromage un peu partout qu’elle avait du mal à bien voir. Problème d’appétit ou pas, la Serpentarde ne voyait pas comment elle pourrait manger tout ça sans se rendre malade. Ca la rendait même mal à l’aise. « On peut peut-être plutôt se trouver un truc à partager ? Je ne suis pas une grande mangeuse. » Proposa-t-elle finalement en tentant de cacher le ton d’excuse dans sa voix. Hestia ne pourrait pas se forcer, elle n’avait jamais réussi à combattre cette part d’elle, ce fardeau incrusté de force dans son être par sa mère depuis son enfance. Mais en même temps elle ne voulait pas décevoir Elise, surtout pour une bête histoire de nourriture. La verte adressa un bref sourire à sa camarade et reprit une gorgée de sa boisson pour se redonner une contenance. « Et puis, il ne faudrait pas que notre digestion nous empêche de profiter de la suite de ton programme, non ? » Lança-t-elle en étalant la carte devant elles pour qu’elles puissent choisir ensemble. Au moins cette explication était facile et parfaitement logique vu le contexte de leur journée. Bon sauf si Elise avait prévu une après-midi farniente au bord d’une piscine. Mais franchement vu la matinée qu’elles venaient de passer, ça aurait grandement étonné Hestia. Et tant mieux d’ailleurs.

CODAGE PAR AMATIS

Clairement quand il s’agissait de faire une excursion en milieu moldu, Hestia était un peu paumée partout. C’était un peu comme Rendez-vous en terre inconnue, on la parachutait les yeux fermés dans un univers complètement inconnu, sauf qu’elle n’avait absolument pas besoin de quitter le Royaume Uni pour se sentir dans un autre monde. Et que Elise l’avait fait monter dans une de ces machines en métal qu’elle avait nommé taxi -non mais vous imaginez si elle l’avait fait monter dans un avion ? Hestia en aurait fait une syncope. Rendez-vous en terre moldue, voilà. De toute façon le résultat était le même partout, la Serdaigle ne devait même plus être surprise. Une salle de cinéma ? Paumée. Des animaux robotiques ? Paumée. Des références obscures à un lion qui serait roi ? Paumée, encore et toujours. Alors au fond ce n’était pas étonnant que ce soit aussi le cas dans un restaurant moldu. Il fallait dire qu’Elise n’avait pas choisi le restaurant le plus classique du centre commercial. Hestia n’était déjà pas particulièrement habituée à fréquenter ce genre d’établissement, les Carrow se sentant trop importants pour s’abaisser à manger des plats préparés par quelqu’un d’autre que leur dévouée elfe de maison, mais là les lieux battaient tous les records. De la décoration, aux serveuses, en passant par la taille des plats servis, la Serpentarde n’en finissait plus de s’étonner. Elle devait bien l’avouer, les moldus n’avaient peut-être pas de magie à leur disposition, mais ils avaient de l’imagination à revendre pour combler ce manque. Il suffisait de voir sur quoi étaient perchées les serveuses du restaurant pour s’en convaincre. Hestia connaissait le patinage sur glace, c’était une activité particulièrement à la mode à Poudlard quand le lac noir gelait en hiver, peut-être bien amené là par les élèves d‘origines moldues maintenant qu’elle y pensait. Mais elle n’avait jamais vu son équivalent sur roulettes. La verte devait bien l’admettre, cette journée était à la hauteur de ce que Elise lui avait promis : pleine de découvertes.

« Je pense qu’il y a du bon à prendre partout. Si je retrouve ma paire de patin cet été je te les apporterais en septembre et tu pourras essayer. » Hestia hocha lentement la tête. Elle n’allait certainement pas l’avouer à voix haute, mais Elise avait raison, il y avait du bon partout, même chez les moldus. Quand ils ne cherchaient pas à détruire la moitié de la population juste parce qu’ils avaient peur d’un peu de magie, ils pouvaient de montrer franchement débrouillards et imaginatifs. Pour des êtres dépourvus de magie, ils s’en sortaient plutôt bien pour se rendre la vie plus facile, et aussi plutôt amusante. « Tu sais quoi ? Marché conclu. » Répondit la verte après avoir accordé un instant de réflexion à la proposition de son amie. Quelques mois plus tôt elles étaient en froid et là Hestia acceptait de faire des plans avec la Serdaigle. Ah clairement, elles en avaient fait du chemin toutes les deux. La Serpentarde en était la première surprise, mais c’était une bonne surprise. Même si ces dernières aventures avec la blonde s’étaient révélées tout sauf reposantes. « A l’abri des regards, je ne voudrais pas que tout le monde se moque de toi et que tu les fracasses à cause de moi. » Un rire franc s’échappa des lèvres de la Carrow. Elise l’avait bien cerné là. En même temps, elle n’en attendait pas moins de la Serdaigle qui possédait aussi un sacré caractère. C’était peut-être pour ça que leurs disputes avaient été mémorables et que leur amitié paraissait presque couler de sources : elles étaient aussi caractérielles l’une que l’autre. « Je ne te savais pas si altruiste Elise. Tu m’impressionnes. » Lâcha-t-elle avec un grand sourire qui trahissait sans mal son ironie. Que la de Lestang se soucie un minimum d’elle, Hestia était prête à la croire, mais que son intérêt s’étende à tous les élèves de l’école, ça c’était nouveau. Et fort peu probable. Encore un point commun, tiens.

Depuis le début de leur escapade -en terre moldue- Hestia faisait des efforts pour garder l’esprit ouvert et accepter toutes les activités qu’Elise avait préparé pour elles. Même si elle râlait, elle finissait par y mettre du sien, la preuve elle portait un t-shirt rose au slogan incompréhensible, si ça c’était pas faire des efforts, vraiment. Sauf que la où la Serpentarde n’allait pas pouvoir prendre sur elle c’était quand il était question de nourriture. A cause de sa mère c’était devenu une problématique épineuse pour la jeune Carrow, alors manger un morceau avec sa camarade c’était une chose dont elle était capable, mais s’engouffrer les portions gigantesques qu’avait l’air de servir le restaurant là c’était au-delà de ses capacités. Après avoir contemplé, effarée, un homme d’âge moyen croquer dans un sandwich qui faisait la taille de sa tête -sisi au moins- elle n’avait pas pu rester sans rien dire. « Non, là ce sont des tailles gigantesques, moi je ne peux pas manger tout cela. Ou alors faut que j’y passe mon après-midi et vraiment que je me force » D’un côté la verte était rassurée, on ne lui présenterait pas un plat digne d’un goûter pour géant, mais en même temps la déclaration d’Elise la laissait perplexe. Passer toute une après-midi à manger ? Voilà une idée qui était vaguement perturbante pour la sorcière. Ce n’était pas qu’elle n’appréciait pas la nourriture, la preuve les tapas qu’elles se partageaient étaient très bonnes, mais elle était incapable de se forcer. Pour contourner le problème sans pour autant s’étaler sur ses raisons, elle proposa une solution alternative à Elise. « T’en fais pas, ça me pose aucun problème de partager avec toi. » Rassurée, Hestia la remercia d’un regard avant de reprendre la carte pour étudier leurs choix. Par Merlin pourquoi est-ce que ce restaurant proposait autant de plats ? « Donc tu veux pas me porter si je roupille pour digérer parce que j’ai trop mangé ? C’est pas très gentil, moi qui me disait que j’allais pouvoir profiter de ta gentillesse. » Les prunelles de la verte dévièrent de la carte pour se poser sur la blonde. L’éclat dans son regard montrait qu’Elise n’allait pas l’avoir avec ce genre de paroles. Ah en même temps quand elle mettait « gentillesse » dans une phrase décrivant Hestia ça perdait tout de suite son effet. La bleue connaissait bien sa camarade pour savoir que ce terme n’était pas exactement celui qui lui correspondait le mieux. Si la Carrow ne l’avait pas porté quand elles étaient menacées par une potion folle, ce n’était pas pour la porter maintenant alors que tout allait très bien et que la bleue avait juste envie de dormir tranquillement. « Mais si je te porte pendant que tu roupilles comment je vais savoir où je dois aller ? » Demanda-t-elle alors qu’un grand sourire innocent venait étirer ses lèvres. « Cet endroit a l’air gigantesque, je serai fichue de me paumer quinze fois avant de tomber sur le bon endroit. Tu ne voudrais pas ça quand même ? » Elle battit des paupières, son sourire s’agrandissant un peu plus. Elles pouvaient être deux à jouer à ce petit jeu.

Puisque de toute façon la sieste n’était pas au programme de l’après midi, Hestia reporta son attention sur la carte du restaurant. En suivant les conseils d’Elise elle fini par choisir le grand classique des lieux : ce que les moldus appelaient un hamburger, garnis de viande, de fromages et autres ingrédients -bons pour la santé-, avec pour accompagnement des frites de patates douces. Les sorciers connaissaient les frites -ouais c’est pas des incultes non plus- mais elle était intriguée par la précision de patates douces. Les deux sorcières avaient quasiment terminé leur repas quand les lumières du restaurant s’éteignirent brutalement. Comme ça avait été le cas avec le cinéma, Hestia ne pu s’empêcher de se raidir brusquement. Même si les lumières à l’extérieur du restaurant étaient toujours allumées elle n’était pas plus rassurée pour autant. Se trouver plongée dans la pénombre, le tout au milieu de moldus avait la fâcheuse manie de faire remonter à la surface les souvenirs des dernières attaques. Mains crispées au bord de la table, elle observait les moldus autour d’elles avant que son regard ne soit attiré par une tâche de lumière. Aussitôt un groupe attablé au fond se mit à taper sur sa table et à chanter joyeux anniversaire à un certain Bruno, qui semblait être le mec complètement mortifié assit en plein milieu. Atterrée, Hestia contempla la scène sans un mot, tout le monde chantait mais elle refusait de se donner en spectacle. Une fois Bruno ridiculisé en bonne et due forme, les lumières se rallumèrent. « Et ça, c’est les moments que je trouve le plus marrant lorsqu’on est au restaurant, avoir un anniversaire à fêter, c’est toujours festif, personne ne se connaît mais tout le monde chante, ou alors, si les gens sont timides, ce qui arrive aussi – c’est même souvent ça – ils applaudissent à la fin la personne fêtant son anniversaire. » La Serpentarde jeta un regard perplexe à une Elise tout sourire. Merci Merlin ils n’avaient pas ce genre de pratique dans le monde sorcier. Hestia aurait préféré s’enterrer sous la table que de subir ça. D’ailleurs elle se promit de ne pas accepter une sortie dans le monde moldu en compagnie d’Elise aux alentours de son anniversaire. Elle connaissait la bleue, elle aurait pris bien trop de plaisir à la voir devenir rouge comme une tomate. Elle avait déjà dit oui aux cours de patins à roulettes, il ne fallait pas exagérer. « C’est… Original. » Commenta-t-elle tout en songeant que « original » n’était pas vraiment le terme le plus approprié pour décrire cette pratique. Mais elle ne voulait pas vexer Elise qui semblait vraiment s’amuser aussi fit-elle attention aux termes qu’elle employait. Heureusement la scène n’avait pas duré longtemps et le restaurant avait retrouvé son calme. « Ça t’est déjà arrivé ? » Demanda-t-elle avec curiosité tout en picorant les dernière frites dans leur assiette. De ce qu’elle savait la famille de Lestang du coté de la Serdaigle était soudée et aimante, même si elle n’avait jamais rencontré ses parents, Hestia les imaginait bien dans ce genre de situation. Mais elle se demandait comment la blonde pouvait y réagir.

Leur repas terminé -je te laisse choisir si elles ont pris un dessert :D- Hestia laissa Elise gérer la question de l’argent moldu. Même si elle se disait qu’elle devait trouver un moyen de rembourser son amie, la Serpentarde savait que c’était mieux ainsi. Si elle devait tenter de comprendre quelque chose à l’argent moldu non seulement elles allaient y passer une éternité mais en plus la Carrow allait être cataloguée sorcière en moins de deux. Autant dire qu’il y avait de meilleure raison de griller sa couverture que parce qu’elle y connaissait rien aux Livres Sterling. Elise se chargea donc de payer leur repas, ce qui était bien plus prudent. Une fois qu’elles eurent quitté le restaurant, la verte eut l’impression de faire un voyage dans le temps à l’envers -retour vers le futur, quoi 8D-, étrangement retourner au 21e siècle était presque aussi déstabilisant que de se plonger en plein 1940, surtout que le faire en plein centre commercial moldu n’était pas pour améliorer les choses. Hestia observa les lieux autour d’elle, les magasins colorés, les moldus qui se déplaçaient par groupe, elle aurait été bien incapable de se diriger dans un tel endroit. Et encore moins d’imaginer ce qu’Elise leur avait prévu. D’ailleurs elle ne s’en cacha pas et se tourna vers son amie. « Alors qu’elle est la suite du programme ? » Demanda-t-elle avec un sourire aux lèvres. Elle fit quelques pas en avant pour avoir une meilleure vue sur le centre et sur l’étage où elles ne s’étaient pas encore rendues. Ce lieu était vraiment immense, et plein de possibilités. « Je te cache pas que tu as mis la barre plutôt haute dès le début de la journée, j’espère que le reste sera à la hauteur. » Déclara-t-elle avec une lueur de défi dans le regard. Était-ce vraiment une bonne idée de défier Elise sur son propre terrain ? Peut-être pas. Mais ça ne pouvait qu’être drôle.

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T’as du bol que je veuille pas remonter trop loin dans nos posts, mais saches que le coup du poney a valu un regard noir à Elise et une frite dans la figure.
Plus la journée avançait et plus Hestia découvrait qu’il n’y avait pas qu’en terme de loisir que les moldus se montraient imaginatifs. C’était aussi le cas lorsqu’il s’agissait de couvrir de ridicule une personne qui n’avait absolument rien demandé. Dès que quelqu’un cherchait juste à manger un bon repas entre ami pour son anniversaire, pouf ! Il avait le droit à un projecteur braqué que sa tronche et à une chanson chantée par le restaurant entier. Ah oui, décidément ils étaient très imaginatifs ces moldus, beaucoup plus qu’elle ne l’avait toujours cru. Mais pour le coup, Hestia n’était pas mécontente de ne pas faire partie de leur monde. Bon c’était déjà le cas de manière générale, mais là ça ne faisait que renforcer son impression. Se retrouver au beau milieu de gens, dont la plupart étaient des inconnus, qui chantaient, tous très mal on va pas se mentir, avec elle seule comme ligne de mire, ça ne la faisait pas rêver du tout. La verte aurait bien affirmé qu’elle était soulagée que ça ne se passe pas comme ça dans le monde sorcier mais en y réfléchissant un peu plus il était bien probable que ce soit surtout dans sa famille que ça se passe différemment. Clairement chez les Carrow les anniversaires ça rimait plus avec soirée guindées pleines de sorciers hauts placés que Hestia ne connaissait pas, plutôt que par petite fête intimiste où les invités étaient des êtres chers qui venaient entonner un joyeux anniversaire juste pour elle. Est-ce qu’elle regrettait de ne pas connaitre tout ça ? Pas vraiment, ce qu’elle n’avait jamais connu ne pouvait pas lui manquer. Parfois, elle se surprenait à souhaiter d’être née dans une famille différente, une famille aimante où ces petits moments de bonheur simples n’étaient pas étrangers, mais elle n’était pas du genre à s’apitoyer sur son sort alors ces instants ne duraient jamais. Cependant, ça ne l’empêchait pas d’être curieuse et de demander à Elise si elle avait déjà eu le droit à ce genre de célébration au beau milieu d’un restaurant. « Oh oui, mais moi je faisais genre je n’étais pas concernée, que c’était uniquement l’anniversaire d’Amaury, comme ça c’est lui uniquement qui se tapait la honte. » Tout en s’efforçant de ne pas réagir à la mention du nom d’Amaury, Hestia laissa un sourire se peindre sur ses lèvres. Elle reconnaissait bien là la Serdaigle. Laisser quelqu’un d’autre au milieu des projecteurs pour ne pas avoir à se taper la honte, c’était bien du Elise tout craché, et la verte ne doutait pas que ce soit encore plus simple pour elle de jouer un tel tour à son propre frère. Après avoir imaginé la blonde tenter de faire du patin à roulettes, Hestia n’avait pas de mal à imaginer une telle scène. C’était qu’elle commençait à bien connaitre son amie maintenant.

Le repas continua dans la bonne humeur, Hestia n’était pas mécontente de son choix, et de la possibilité de partager avec Elise. Si quelqu’un lui avait dit quelques mois plus tôt qu’elle partagerait de bon cœur un repas avec la Serdaigle elle ne l’aurait pas cru, mais elle était sincèrement contente qu’elles en soient arrivées là toutes les deux. Pour le dessert, Elise ne sembla pas avoir compris la réticence de la verte à manger beaucoup puisqu’elle choisit une coupe de glace énorme où se cachait une banane. Hestia ne dit cependant rien, un peu soulagée de voir que sa camarade s’attaquait sans hésiter à la banane pendant qu’elle pouvait picorer la glace, bien plus digeste pour son estomac qui n’était pas habitué à manger autant. Après avoir laissé Elise payer, Hestia n’hésita pas à lui demander ce qu’elle avait encore en réserve pour elles. La journée était loin d’être terminée et vu tout ce que la Serdaigle lui avait déjà fait faire, elle se demandait comment elle pourrait continuer sur cette lancée. « Oh, tu me connais, je ne fais jamais les choses à moitié. » Oh, ce regard Hestia le connaissait, c’était celui qui signifiait que la bleue acceptait son défi. La Serpentarde le soutint sans hésiter, elle savait que son amie n’avait jamais pu résister à ce genre de petite provocation. Bon, peut-être que ce n’était pas le plus sage pour elle étant donné qu’elles se trouvaient dans le monde moldu, un endroit qu’Elise maitrisait à la perfection mais dont Hestia ne savait que ce que son amie voulait bien lui apprendre. Oh et que la dernière fois qu’Elise n’avait pas fait les choses à moitié, elles s’étaient retrouvées à affronter une potion tueuse. Mais tant pis, la verte avait bien compris que pendant cette journée Elise essayait de lui faire plaisir et de lui montrer que les moldus n’étaient pas tous si terribles que ça, elle ne devait pas avoir grand-chose à craindre. « C’est bien le truc, je ne sais pas si je dois avoir peur ou m’en réjouir. » Lui lança-t-elle avec un grand sourire tout aussi provocateur que le précédent. Au fond, ça allait peut-être être un mélange des deux. Mais puisque Hestia avait décidé de se montrer à la hauteur de tous les efforts que déployait Elise pour elle et d’accepter ce qu’elle lui proposait sans -trop- râler, elle la suivit sans faire de chichi.

Et c’était reparti pour une traversée en milieu hostile moldu, du centre commercial. Par Merlin cet endroit était vraiment gigantesque, Hestia essayait de s’y retrouver mais elle devait bien avouer que sans Elise elle serait capable de se perdre en moins de deux. « J’ai cru comprendre que tu avais adoré les chaussures obligatoires du bowling. J’ai donc décidé de te montrer un autre sport où on est obligé d’avoir des chaussures. » Il lui semblait qu’elles partaient à l’opposé de là où elles avaient commencé mais tout était si grand qu’elle n’en était pas sûre. Elle suivit donc docilement la Serdaigle, se refrénant de regarder partout autour d’elle pour ne pas la perdre des yeux et se retrouvée paumée et seule au milieu de tous ses moldus. Hestia accéléra la cadence pour se retrouver au niveau de sa camarade et qu’elle puisse voir la moue sur son visage. « Rien ne pourra surpasser les chaussures de bowling. » Déclara-t-elle, comme si ça devenait une vérité universelle. Non, vraiment, elle avait du mal à croire que quelque chose puisse être pire que les chaussures qu’elles avaient du porter pour jouer au bowling. Hestia leur dédiait la palme du mauvais gout, et de loin. Elles faisaient même pire que les modes sorcières les plus farfelues, c’était pour dire ! Alors qu’elles avançaient dans le centre, autre chose fit tiquer la Serpentarde. « Tu te rends compte que c’est la deuxième fois de la journée que tu me proposes de faire du sport ? Je vais finir par m’inquiéter. » Lança-t-elle à sa camarade avec un air faussement soucieux sur le visage. Bon, la verte doutait quand même que le bowling puisse vraiment être considéré comme un sport à part entière, mais c’était d’Elise dont il était question. Celle qui râlait quand il s’agissait de monter des escaliers. La voir proposer spontanément des activités qui ne se résumaient pas à rester tranquillement assise dans un fauteuil moelleux était surprenant. Ce qui était encore plus surprenant d’ailleurs c’était de ne pas l’entendre se plaindre toutes les cinq minutes de tous les kilomètres qu’elles devaient avoir fait depuis le début de la journée. D’accord, elle avait voulu faire une sieste sur le dos de Hestia pendant que celle-ci les amenait sur le prochain lieu prévu, mais quand même c’était la première fois que la Serpentarde la voyait bouger autant de son plein gré sans se plaindre que c’était de la torture. Elle devait vraiment être ultra motivée.

Une salve de marches plus tard, Elise s’arrêta devant une nouvelle entrée. De là, Hestia distinguait des guichets et un peu plus loin des bancs et des étagères remplies de chaussures bleues marines dotées de lames. Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaitre une patinoire, mais cette fois-ci à la mode moldue. « C’est un peu comme le patinage que l’on voit sur la surface du lac… sauf que là, aucun risque que la glace cède sous notre poids… et ça même si l’on vient de manger. » Tout en suivant la Serdaigle à l’intérieur de ce qui ressemblait à un grand hangar, Hestia ne put retenir un sourire. Oui, il était vrai que si le patinage sur le lac noir était une des activités préférées des étudiants pendant l’hiver, elle n’était pas non plus la plus sécurisée. La magie posée sur les patins avait beau empêcher les chutes les plus rudes, la surface du lac n’était pas enchantée pour ne pas se briser sous le poids des étudiants. Bon, il y avait toujours le poulpe géant qui repêchait les élèves avant que ceux-ci ne se retrouvent complètement gelés, mais tout de même, ce n’était pas l’expérience la plus plaisante. La verte n’avait jamais été très fan de cette bestiole à tentacule, au moins avec les moldus elle avait l’assurance de ne jamais avoir à en côtoyer une. « T’es en train d’insinuer qu’on est lourdes maintenant ? » Souffla-t-elle, un brin ironique, à sa camarade alors qu’elles allaient donner leur pointures au guichet pour récupérer des chaussures. Tout en les lassant, Hestia songea qu’elle avait eu raison d’affirmer que rien ne pouvait être pire que les chaussures de bowling. Celles-ci n’étaient pas très seyantes, mais au moins elles ne leur donnaient pas l’impression d’être déguisé en clown. Par contre, niveau équilibre, ce n’était vraiment pas ça, elle n’avait même pas encore approché la glace, qu’elle se sentait déjà fébrile sur ses jambes. Qu’elle idée aussi de se tenir en équilibre sur une lame de quelques millimètres à peine ! Pour le coup, Hestia ne pouvait pas blâmer les moldus, puisque les sorciers s’étaient aussi mis à ce sport, mais quand même ils auraient pu prévoir des protections autre que de simples gants -je t’ai déjà expliqué combien mon père m’a traumatisé en m’expliquant qu’on pouvait se faire trancher les doigts sur une patinoire ? :D.

Une fois équipée correctement, les deux étudiantes se dirigèrent vers la patinoire, délimitée par une barrière qui faisait tout le tour. Accrochée à celle-ci, Hestia observa les quelques moldus qui patinaient avec plus ou moins de grâce. Oups, une demoiselle venait de s’étaler avec la grâce d’un morse, ça allait l’air de faire mal. La verte jeta un coup d’œil à Elise, se demandant dans quoi elle avait accepté de se fourrer encore. « Hum. C’est à ce moment-là que je suis censée t’avouer que l’hiver pendant que les autres allaient patiner sur le lac, je restais au chaud dans ma salle commune ? » Souffla-t-elle, les prunelles fixées sur la glace brillante qui avait l’air particulièrement… glissante. « J’ai jamais fait de patin à glace. » Avoua-t-elle finalement. Eh bien oui, Hestia la sportive n’avait jamais patiner. Ce n’était pas vraiment une activité aimée par sa famille et jamais aucun de ses amis ne lui avait proposé d’aller faire du patin sur le lac. Comme ce n’était pas une activité qu’elle avait eu envie de tenter par elle-même, elle n’avait jamais touché un patin avant aujourd’hui. La verte ignorait si Elise l’avait déjà remarqué, ou si sa magnifique glissade lors de leur bataille contre sa potion folle lui avait mis la puce à l’oreille, mais autant le lui dire maintenant avant de se ridiculiser complètement. Avec prudence, Hestia ouvrit le petit portail et posa un pied sur la glace. Ah, par Merlin, ça glissait vraiment beaucoup beaucoup beaucoup. « Je te préviens, si je me casse un truc je veux pas être soignée ici. Je veux bien faire des efforts pour cette journée découverte, mais j’irai pas jusque-là. » Glissa-t-elle à son amie. Par « ici » elle signifiait clairement la médecine moldu, elle voulait bien faire des expériences mais pas renoncer à la médicomagie, il ne fallait pas exagérer. Bon, si elles pouvaient n’avoir besoin ni de l’un, ni de l’autre ce serait encore mieux. Après une inspiration, la Serpentarde se décida à se lancer… Avant de se rétamer aussitôt, trois mètres plus loin. Ah oui, ça commençait bien, très bien même. Ravalant un juron, Hestia se tourna pour voir comment Elise s’en sortait.

CODAGE PAR AMATIS

Ne pas savoir si Hestia devait avoir peur ou se réjouir. Même si pour le coup, cette hésitation concernait la prochaine activité préparée avec soin par Miss de Lestang, il fallait avouer qu’elle correspondait bien à la journée dans son ensemble. En fait, comme définition, il n’y avait certainement pas mieux. Parce que à chaque instant qui était passé, c’était ce que la Serpentarde s’était demandé. C’était un peu le mot d’ordre de la journée. Et il fallait reconnaitre qu’il y avait de quoi. Une excursion chez les moldus c’était du jamais vu pour Hestia. Cela faisait plus de dix-huit ans qu’elle vivait coupée de ce monde et elle s’était toujours imaginée continuer sa vie ainsi. Après tout, elle n’avait pas besoin de côtoyer les moldus, sa vie chez les sorciers était très bien telle qu’elle était -si on oublie les parents affreux, la famille pas mieux et le Blood Circle qui veut cramer tout le monde bien sûr. Sauf que ça c’était sans compter sur Elise et sa ténacité à lui faire découvrir ce monde dont elle ne connaissait rien. Hestia n’avait jamais eu l’impression de manquer grand-chose d’important en restant dans le monde sorcier, mais la Serdaigle avait paru scandalisée par cette idée. Persuadée du contraire, elle s’était attelée à leur organiser une journée entière en immersion chez les moldus. Et c’était ainsi que la Serpentarde s’était retrouvée à se demander quinze fois par heure si elle devait appréhender la suite des évènements ou si elle devait l’attendre avec impatience. Oh ce n’était pas négatif, loin de là, elle savait qu’Elise faisait tout ça pour lui faire plaisir et qu’elle ne ferait rien pour la mettre en difficulté. Mais le monde des moldus était déroutant et avait déjà pris Hestia par surprise plusieurs fois. Alors, avec la Serdaigle, elle s’attendait à tout. Et puis l’un n’empêchait pas l’autre, depuis le début de cette journée, Elise encourageait la verte à sortir de sa zone de confort, et si elle s’y efforçait en râlant un peu -pour la forme, Hestia reconnaissait qu’elle passait une excellente journée.

Aucune raison donc qu’elle ne doute des intentions de son amie quant à la suite du programme. Néanmoins, ça ne l’empêcha pas de souligner avec humour qu’elle ne savait pas trop à quoi elle devait s’attendre, ni comment elle allait le vivre. Même si elle pouvait le deviner facilement : ça allait être surprenant et elle allait bien le vivre. « Je vais faire comme si je n’avais pas entendu, parce que je sais que tu fais référence à une certaine potion. Avec le recul, reconnais que c’était drôle tout de même. » Hestia eut un sourire. Oh oui elle parlait d’une certaine potion. Cette fameuse potion qui avait tenté de les empoisonner, de les hypnotiser, de les noyer et de leur casser des os. Bref une jolie petite potion tueuse crée par inadvertance par la Serdaigle et contre laquelle elles avaient dû lutter au péril de leurs vies. Certainement l’aventure la plus folle qu’elles avaient vécues ensembles jusqu’à présent -mais je sais qu’on arrivera à surpasser ça aussi- enfin, tant que la journée n’était pas terminée. « Hum, maintenant que tu le dis, c’est vrai. Mais si on me demande je nierai avoir dit ça. » Argua-t-elle avec un sourire en coin. Clairement, sur le coup Hestia n’avait absolument pas trouvé ça drôle. Elle se revoyait encore, trempée et épuisée raconter leur mésaventure à Adèle. Elle se souvenait même avoir affirmée qu’elle ne voulait plus jamais se retrouver dans la même pièce qu’Elise et un chaudron parce que c’était beaucoup trop dangereux et qu’elle n’était pas sûre de pouvoir y survivre une seconde fois. D’accord, elle avait peut être exagérer un chouia, mais vraiment juste un chouia. Il n’empêchait que malgré tout, l’irritation qu’elle avait ressenti à ce moment là s’était estompée depuis longtemps et que maintenant lorsqu’elle repensait à cette aventure c’était avec humour. Non mais parce que école de magie ou pas, il fallait le faire pour créer une potion tueuse. Et celle d’Elise avait été un vrai phénomène à elle toute seule. La bleue s’était vraiment surpassée sur ce coup.

Un peu comme aujourd’hui d’ailleurs, sauf que pour le moment rien ni personne n’avait tenté de les tuer, ce qui était vraiment plus reposant. La journée était même plutôt banale, enfin d’un point de vue moldu, parce que pour Hestia rien de ce qu’elles faisaient depuis ce matin n’était banal. En attendant, ce qui la surprenait le plus pour le moment c’était la soudaine motivation d’Elise pour se lancer dans des activités sportives. Certes, elles n’étaient pas amies depuis très longtemps, mais elle était parfaitement au courant qu’Elise et le sport ça faisait deux. Non, en fait ça faisait quinze. « T’en fais pas, demain quand j’aurais mal partout, parce que je sais que je vais avoir mal partout, je ne manquerais pas de me plaindre et de dire que c’était la pire idée du monde que j’ai eu. » Tout en marchant, Hestia hocha la tête avec conviction. Voilà qui ressemblait plus à la Serdaigle qu’elle connaissait. Celle qui râlait quand il fallait se rendre deux étages plus haut et qui refusait d’entendre parler de la moindre activité physique. Bon Elise comptait se plaindre parce qu’elle avait beaucoup marché, elle y allait fort quand même, mais au moins ça c’était quelque chose qui ne dépaysait pas la Serpentarde. Si elle avait pu se plaindre que respirer demandait des efforts, nul doute que la petite blonde l’aurait fait. « Ah, là je te reconnais mieux. » Lança-t-elle avec un regard amusé dans la direction de la bleue. Oh elle ne doutait pas un seul instant qu’Elise allait lui tomber dessus le lendemain pour se plaindre qu’elle avait mal partout et que c’était de sa faute parce que sans cette expédition elle serait restée bien tranquille dans sa salle commune, mais tant pis. Hestia saurait y faire face, et puis, elle devait bien le dire, ça valait le coup de supporter les râleries de la blonde. « Néanmoins, je suis capable de faire des efforts quand ça en vaut la peine, pour des gens qui en valent la peine. » Hestia lui lança un regard étonné mais un sourire sincère. Les élans d’affections n’étaient pas trop leur truc. « Ou alors quand je suis en danger de morts… Crois moi que si une araignée me poursuit, je ne me plains pas, je cours. » Ah, voilà qui était tout de suite mieux. Qu’Elise accepte de faire des efforts pour quelqu’un, ce quelqu’un étant elle, ça faisait vraiment plaisir à Hestia. Mais que ce soit pour sauver sa vie ça lui paraissait encore plus logique, surtout connaissant la Serdaigle. « C’est vrai ça, qu’est-ce qu’on ferait pas pour faire plaisir à une amie… Ou échapper à une araignée. » Conclut la verte avec sérieux, comme si elle ne venait pas de s’imaginer fuir face à un insecte. Ou qu’elle ne venait pas, à demi-mots, de confirmer que cette journée lui faisait plaisir, et qu’elle considérait bien Elise comme son amie désormais.

Le sport pour lequel Elise s’était donc décidé, puisqu’il ne s’agissait pas de courir pour échapper à une araignée tueuse, était le patin sur glace. Peut-être pas le sport le plus épuisant au monde, du moins pour deux novices qui allaient sûrement passer plus de temps à tenter de ne pas tomber qu’à avancer, mais ça ne l’empêcha pas de faire un parallèle avec le repas copieux qu’elles avaient partagé. « Après avoir mangé, toujours plus que si on avait commencé la journée par cela, mais ce n’était pas le programme. » Hestia hocha la tête, elle n’avait rien à redire à la logique de son amie. C’était elle qui s’était chargée du programme, la verte ne faisait que suivre gentiment. Chaussées et équipées comme il le fallait pour l’activité, les deux sorcières s’étaient approchées du petit portique qui menait à la glace. En voyant certains moldus tournoyer dans tous les sens comme s’ils avaient fait ça toute leur vie alors que d’autres se rétamaient toutes les trente secondes, Hestia se sentit obligée d’apprendre à Elise qu’elle n’avait jamais fait de patin de sa vie. « Parce que tu crois que j’étais sur la glace moi ? J’étais planqué dans ma salle commune aussi, pas question de sortir quand il fait froid. » Bon au moins elle n’allait pas se sentir seule sur ce coup là. Elise avait beau connaitre le monde moldu, pour cette activité elles seraient sur un pied d’égalité. Hestia hocha la tête, étrangement elle avait du mal à imaginer la Serdaigle s’aventurer sur le lac gelé avec ses camarades de maison. L’imaginer au chaud dans sa salle commune était bien plus facile. « Les autres avaient rien compris en fait, c’est nous qui avions raison de rester au chaud. » Déclara-t-elle avec un sourire amusé. Elle était sportive Hestia, mais le froid ce n’était pas son truc. Elle l’acceptait lors de ses entrainements de Quidditch parce qu’elle bougeait tellement qu’elle ne mettait pas longtemps à se réchauffer, mais patiner alors qu’il gelait dehors ? Prendre le risque de se ramasser sur une surface froide et mouillée ? Non merci.

Pourtant ce fut elle qui s’avança la première sur la glace, absolument pas rassurée par ce qui allait suivre mais déterminée à faire honneur au programme d’Elise. Si elles attendaient pour se donner du courage, elles allaient y passer la journée. Par contre avant de se lancer, elle prit le temps de souligner à son amie que ce n’était pas parce qu’elle avait été d’accord pour découvrir le monde moldu, ce n’était pas pour autant qu’elle voulait faire pareil avec leur médecine. « Parles pas de malheur, il ne va rien nous arrivveeeeeeeeeeeer. » Et de deux chutes en moins de deux minutes, deux ! Voilà qui était terriblement prometteur pour la suite. Ah, pour être sur un pied d’égalité, cette fois les deux sorcières y étaient. Elles étaient aussi peu douées l’une que l’autre. Pourtant, en tant que joueuse de Quidditch, Hestia pouvait se targuer de posséder un très bon équilibre, mais là rien n’y faisait, ça glissait. Ça glissait partout, tout le temps. Même quand elle prit appui sur la glace de ses doigts gantés, elle manqua de retourner au sol aussi sec. Par Merlin, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas connu des débuts aussi chaotiques dans un sport. « Voilà, c’est pour ça que j’aime pas le sport, quand tu vois le gars là. » La Serpentarde suivit l’exemple de son amie et alla, de quelques pas rudimentaires, se plaquer contre la rambarde. Elle y passa même son bras, bien décidée à ne pas la lâcher, pour repérer le moldu que la blonde lui indiquait. La fille en question, oui parce que Elise avait des problèmes de vue apparemment, évoluait avec une grâce folle sur la glace, virevoltant et glissant avec aisance. « Ca a l’air simple et puis il y a le retour à la réalité avec moi… C’est ultra dur. » Ah bah oui, à regarder la moldue ça avait l’air ultra facile. Il suffisait de faire glisser ses pieds et d’aller en rythme. Mais quand Hestia tenta de faire avancer un pied, il partit beaucoup trop vite et manqua de la faire basculer sur les fesses. Heureusement qu’elle se tenait. Elle n’allait jamais lâcher cette barrière, elle allait vivre avec. « T’inquiète, sur ce coup-là tu es pas la seule à trouver ça super dur. » Confirma-t-elle en suivant du regard les patineurs les plus doués. « Comment ils font ? Il doit y avoir un truc. » Marmonna-t-elle à mi-voix sans forcément attendre de réponse. Ils devaient être nés avec des patins aux pieds, elle ne voyait que ça. Heureusement il n’y avait pas que des moldus ultra doués sur la glace, certains passaient aussi leur temps à tomber. C’était quand même plus rassurant.

Voyant que Elise se décidait à lâcher la barrière pour faire une nouvelle tentative, Hestia songea qu’elle devait en faire de même. Mince alors, les moldus qui arrivaient à patiner avaient l’air de passer un bon moment, ça devait être bien sympa comme activité une fois qu’on chopait le truc. Mais voilà, le truc Hestia elle ne l’avait pas. Et Elise non plus d’ailleurs. Toute fébrile, la verte s’efforça de calquer ses mouvements sur ceux des patineurs doués. Lâcher la barrer, les pieds légèrement en canard, les genoux pliés. Et on appuyait doucement mais fermement sur ses jambes pour avancer, une à la fois. Ohlala mais même en prenant son temps ce n’était pas stable du tout cette affaire. La verte manqua de tomber en avant, elle battit des bras pour se rétablir avant de basculer à moitié en arrière. Elle se rattrapa in extremis à la barrière et prit une profonde inspiration avant de faire une nouvelle tentative tremblotante mais un peu plus réussie. Tout en surveillant chacun de ses mouvements, Hestia adressa un sourire qu’elle voulait assurer à Elise, mais qui en fait était sûrement bancal. Avant qu’une voix ne se mette à résonner dans tout l’espace. La verte sursauta et agrippa le bras de son amie pour ne pas tomber, ce qui bien sûr manqua de les faire tomber toutes les deux. « Et maintenant, le moment que vous attendez tous, j’ai nommé la minute à l’envers ! » Le regard d’excuse que la Serpentarde adressait à Elise se transforma aussi en incompréhension. La minute quoi ? Et puis, comment il faisait ce moldu pour parler aussi fort sans utiliser de sonorus ? Hestia ne le voyait même pas. « Hop, hop, hop. A mon signal tout le monde fait demi-tour ! Cinq, quatre… » attendez, attendez, il parlait de quoi là exactement ? Faire demi-tour ? Comment ça, faire demi-tour ? Maintenant ? Hestia avait déjà assez de mal à avancer dans un sens, il ne fallait pas en demander autant. La verte leva un regard effaré vers Elise. « Quoi !? Mais pourquoi ? » Mais ce n’était peut-être pas les questions les plus judicieuses à poser. Elle aurait dû demander comment elles allaient faire.

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Ah mais heureusement que Elise n’avait pas de quoi enregistrer Hestia alors qu’elle avouait que leur combat contre la potion tueuse de la bleue avait été une aventure drôle. De toute façon, même si ça avait été le cas, la Serpentarde aurait affirmé que l’enregistrement était truqué, que ce n’était pas sa voix ou qu’il avait été modifié par magie, voilà. C’était qu’elle avait une réputation à tenir, la verte. Celle de la sorcière qui n’aime rien, ni personne, si des aveux dans ce style commençaient à se répandre dans Poudlard alors les autres allaient se mettre à croire qu’ils pourraient devenir amis. Clairement c’était une idée qui ne lui plaisait pas du tout. Sans être complètement asociale, Hestia aimait sa tranquillité, mais surtout, elle n’aimait pas assez les autres pour chercher à se faire des amis partout où elle passait. Ceux qu’elle avait n’étaient pas nombreux, mais c’était parfait ainsi, merci bien. Les candidatures étaient fermées. En fait, maintenant qu’elle y songeait, heureusement que Elise n’avait pas pensé à prendre avec elle un moyen d’enregistrer toute cette journée. De ce que la Serpentarde avait compris, les moldus avaient des petits appareils pour enregistrer le son, mais aussi d’autres qui prenaient des images. Un peu comme les appareils photos sorciers, mais en mieux. Un coméra ? Caramé ? Elle avait déjà oublié. Mais dans tous les cas, la Serdaigle n’en n’avait pas et c’était tant mieux. Leur journée était très agréable, Hestia passait vraiment un bon moment, mais elle devait avouer qu’elle se payait quand même pas mal la honte à intervalle régulier. Sa surprise au cinéma -ou cénima ? Ah décidemment elle avait déjà oublié-, son air atterré devant les t-shirts roses choisis par Elise ou le fait qu’elle porte actuellement un de ces t-shirts. Sans oublier tous les moments où elle s’était sentie complètement paumée, ceux où elle avait sursauté ou encore ceux où elle s’était raidie de crainte lorsque la situation lui avait rappelé qu’elle se trouvait en territoire moldu, et qu’habituellement les moldus cherchaient à exterminer les gens comme elle. Non, vraiment, c’était mieux qu’Elise n’ait rien pour immortaliser tous ces moments où elle s’était sentie ridicule, ou ceux où elle avait avoué à la bleue qu’elle la considérait comme une amie. Tout garder en souvenir était bien mieux, voilà.

Cette idée fut loin de la quitter une fois qu’elles posèrent leurs pieds chaussés de patins sur la glace. Ah non mais garder des preuves de ce moment aurait été bien trop mortifiant. Pour une fois que Hestia se révélait nulle à un sport, il fallait que ce soit dans un lieu bondé de monde, et de surcroit, de moldus. Bon, heureusement, elle avait Elise avec elle, sans grande surprise la bleue n’était absolument pas une patineuse née. Sauf qu’en fait, quand elle voyait les moldus évoluer avec aisance sur la glace, c’était quand même un peu comme si elles étaient seules au monde. « Ils sont croisés chiens de traineaux. » Hestia hocha la tête avec dépit. Oui, ça devait être ça leur secret, ils étaient croisés avec des animaux qui aimaient évoluer sur la glace, la verte ne voyait que ça. Non, ce n’était absolument pas qu’elle était jalouse de ne pas réussir là où de simples moldus s’en sortaient très bien. Ça n’avait rien à voir avec le fait que d’habitude elle était plutôt douée en sport et que là elle se cassait la figure dès qu’elle faisait un mouvement. Pas. Du. Tout. Malgré son égo froissé, Hestia n’abandonnait pas. Si les autres y arrivaient alors elle aussi elle pouvait le faire. Et puis, Elise ne l’avait pas amené là pour qu’elle lâche l’affaire au bout de cinq minutes, il fallait quand même faire un peu plus honneur à l’idée de son amie. Par contre, c’était évident que c’était plus facile à dire qu’à faire, toute la bonne volonté du monde ne rendait pas la glace moins glissante et les patins moins instables. Hestia faisait de son mieux mais ses progrès n’étaient pas vraiment fulgurants. Heureusement, plus les minutes passaient, moins sa pratique du patin semblait affreuse. Bientôt la Serpentarde allait pouvoir s’éloigner de la barrière sans avoir l’impression que la glace menaçait de se dérober sous ses pieds.

Sauf que ça c’était sans compter sur l’animateur de la patinoire dont Hestia ignorait totalement l’existence. Sans crier gare une voix avait retentit dans la patinoire, la faisant sursauter. Son premier réflexe fut de s’accrocher à Elise qui, heureusement, ne se cassa pas la figure en l’entrainant avec elle. Elle savait qu’elle pouvait compter sur la bleue. Par contre, sur l’animateur, mais pas du tout. Une minute où ils devaient patiner à l’envers ? Mais quelle idée pourrie. Déjà qu’elle avait du mal à patiner à l’endroit, mais alors à l’envers c’était mort. Hestia avait lancé un regard atterré à Elise qui semblait aussi dépité qu’elle. « Ils sont complètement ta… » Tarés ? Oui ça devait être ça, un peu comme le gamin haut comme trois pommes qui venait de lui foncer dedans et qui commençait à l’engueuler. Selon lui la collision était de sa faute parce qu’elle ne patinait pas à l’envers, non mais il s’entendait le mioche ? Hestia avait bien envie de combler la distance qui la séparait de son amie pour aller expliquer sa manière de penser au gamin, sauf que ce ne fut pas la peine puisque le gamin en question vint tout seul à elle. En lui fonçant dedans. La verte battit des bras et parvint à conserver son équilibre instable par miracle. Il s’était cru au bowling celui-là ou quoi ? Que quelqu’un lui explique que le but n’était pas de faire tomber tous ceux qui se trouvaient sur son chemin. Hestia se redressa, passablement énervée mais le petit la prit de vitesse. « Tu m’as fait mal. Dis pardon. » Oh alors ça elle ne s’y était pas attendue. Pendant une seconde, elle fut soufflée du toupet de ce mioche avant de se reprendre. « Je crois pas, non. C’est toi qui m’es rentré dedans, c’est à toi de t’excuser. » Rétorqua-t-elle en le toisant. Elle aurait bien aimé pouvoir le toiser de toute sa hauteur, mais elle s’était de nouveau accrochée à la barrière pour éviter de tomber, ou de se prendre un autre patineur qui avançait à reculons sans regarder derrière lui. Alors elle se contenta de la toiser tout court. Ils restèrent là un instant, à se regarder mutuellement avec insolence.

Hestia s’attendait à ce que le mioche se barre sans demander son reste. Elle ne fut pas déçue. « MAMAAAAAAAAAAAAN ! » La verte ouvrit de grands yeux en l’entendant beugler comme un putois. Par Merlin, elle ne s’était pas attendue à ça, voilà pourquoi elle n’aimait pas les enfants. Paniquée, Hestia lança un regard à Elise pour qu’elle vienne la rejoindre. Sauf que la mère du petit arriva en premier, soufflant sous son manteau hyper chaud et rouge derrière son maquillage épais. « Oh mon choupinet, qu’est-ce qu’il y a ? Dis moi tout. » Alors là, si Hestia avait pu se barrer discrètement elle l’aurait fait. Elle n’avait aucune envie de se retrouver entre une maman poule et son mioche pleurnichard. Mais pour s’enfuir encore fallait-il réussir à patiner assez vite et la Serpentarde avait plutôt l’impression qu’elle ne ferait qu’un pas avant de se rétamer lamentablement. Et puis tous ces patineurs qui continuait à avancer à l’envers n’aidaient en rien. « La dame elle m’a fait tomber ! » Bien évidemment le tout fut accompagné d’un doigt accusateur pointé sur Hestia et de sanglots aussi faux que la couleur de cheveux de la mère. La verte roula des yeux, ce petit était un menteur né, mais clairement il n’avait pas son talent. « Mais pas du tout ! C’est votre fils qui m’est rentré dedans. Après avoir fait le même coup à mon amie. » Argua-t-elle en contenant sa colère. Elle n’avait aucune envie de se prendre le chou avec une moldue en plein milieu d’un centre commercial plein de moldus, mais apparemment elle n’avait pas le choix. « Vous dites que mon fils est un menteur ? » Ah mais voilà, maintenant Hestia savait de qui le mioche tenait son toupet, de sa mère. Donc la bêtise n’avait plus de limite quand il s’agissait de son propre enfant, cette femme venait de le lui prouver. La verte planta son regard dans celui de la moldue, tentant d’oublier qu’elle était sur un sol instable et qu’elle risquait de se péter un truc à tout instant. « Oui. » Assena-t-elle, le plus sérieusement du monde. Le môme était le roi des menteur, un gros mytho, un affabulateur, un gamin qui voulait faire son intéressant, elle aurait pu dire tout ça à sa mère mais une simple confirmation suffisait.

Aussitôt la moldue ouvrit de grands yeux, choquée par l’aplomb de la Serpentarde, apparemment elle n’était pas habituée à ce que les gens ne considèrent pas son enfant comme un petit être mignon et précieux. « Oh, ce n’est qu’un enfant. Vous devriez avoir honte mademoiselle. Vous êtes dans un espace public ici, vous devez faire attention aux plus jeunes. Vos parents n’ont pas de quoi être fiers. » Hestia eut bien envie de lui rétorquer que non, ses parents n’étaient pas fiers d’elle. Mais qu’ils n’étaient pas fiers d’elle parce qu’elle refusait de torturer de minables moldus dans son genre et qu’au final elle devrait être reconnaissante que ses parents ne soient pas fiers. Sinon elle serait déjà en train de se tordre de douleur sur la glace. La Serpentarde était soufflée de ce qu’il était en train de se passer, alors ça, elle ne l’avait pas vu venir. Le seul point positif à tout ça ? La minute à l’envers avait pris fin et les patineurs avaient retrouvé un sens de marche logique. Au moins la verte n’aurait pas besoin de se ridiculiser encore plus en tentant de patiner à l’envers alors qu’elle ne savait déjà pas le faire à l’endroit. Elle prit une profonde inspiration pour repousser son énervement et oublier la mère qui fulminait toujours face à elle. Sauf que celle-ci ne semblait pas décidée à partir et que Hestia n’avait aucune intention de présenter des excuses à qui que ce soit. A la place, elle toisa un instant les deux moldus avant de se pencher vers Elise. « Tu crois qu’il y a moyen qu’on les transforme discrètement en mouches ? » Lui souffla-t-elle à l’oreille pour que seule elle puisse l’entendre. Bon d’accord, c’était peut-être un peu exagéré, mais ça leur irait si bien, la mère était là, à bourdonner d’indignation et Hestia ne parvenait pas à s’en débarrasser. Quant à son fils, il fonçait dans tout sans y faire attention. Deux moldus aussi énervants sous leur forme humaine, que sous celle de mouches, voilà.

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Il fallait dire la vérité : jusqu’à maintenant, Hestia n’avait pas une super image des moldus. Certes, contrairement à la plupart des sang-purs conservateurs, elle ne les considérait pas comme des animaux qui ne méritaient pas de respirer le même air qu’eux. Elle ne croyait pas non plus qu’il fallait les exterminer jusqu’au dernier ou les réduire en esclavage. En fait, jusqu’à présent l’image qu’elle avait d’eux était à la fois assez peu reluisante et complètement ennuyante. En bref, les moldus, elle s’en fichait bien. Ils vivaient leurs vies, elle vivait la sienne et tant que ça durait ainsi ça lui convenait très bien. Elle ne voyait pas l’intérêt de partir en guerre contre la moitié de l’humanité s’ils pouvaient se contenter de vivre en parallèle tranquillement. Alors bien sûr, le Blood Circle était venu tout gâcher, il fallait toujours que quelqu’un gâche tout et les moldus semblaient prendre ce rôle à cœur. Voilà que d’êtres inintéressants, ils étaient passés à ennemis de la société sorcière. Clairement, ça n’avait pas aider la Serpentarde à se construire une meilleure opinion sur les personnes sans pouvoirs, surtout que l’une d’entre eux avait réussi à lui planter une dague dans l’épaule. Non, mais une dague ? Ils se croyaient encore au moyen âge ou comment ça se passait ? -Ce qui est quand même ironique quand on sait que les sorciers calent rien en technologie mdr Bref, non seulement le Blood Circle avait bien fichu le bordel, mais en plus il n’avait pas vraiment donné envie aux sorciers de s’intéresser à leur culture. Pourtant, c’était bien ce que Hestia était en train de faire en ce moment même. Certes, ce n’était pas en visitant un musée et ce n’était pas non plus de son initiative -mais plutôt grâce à la ténacité d’une certaine petite blonde- mais le résultat était là. Aujourd’hui elle se mêlait aux moldus et même si elle ne parvenait pas à complètement faire taire sa méfiance, elle passait vraiment un bon moment.

Du moins jusqu’à ce qu’elle tombe sur l’affreuse maman poule et son poussin kamikaze. Bien évidemment, de tout cet immense centre commercial rempli de moldus en tout genre, il fallait qu’elles tombent sur les deux pires spécimens. Ceux qui se croyaient tout permis et surtout, meilleurs que les autres. Le gamin fonçait dans tout le monde ? Pas possible. Il se montrait plus insolent et insupportable que tous les autres enfants de la patinoire réunis ? C’était faux, Hestia devait exagérer. Ah la mauvaise foi sa mère connaissait bien, d’ailleurs elle devait en avoir fait son fonds de commerce parce qu’elle la maniait avec un brio qui donnait envie à la Serpentarde de lui faire ravaler son sourire suffisant. Il était bien dommage que les deux étudiantes se trouvent dans le monde moldu en terrain glissant -dans absolument tous les sens du terme puisqu’étrangement Elise avait de nouveau fait un tour par terre- sinon la rencontre aurait tourné bien différemment. Chez les sorciers Hestia n’aurait pas hésité, quelques silencio bien placés et hop on n’en parlait plus de cette affaire. Sauf qu’elles étaient chez les moldus, la verte avait beau être en colère, elle n’était pas assez stupide pour dévoiler sa nature sorcière au beau milieu d’un centre commercial potentiellement rempli de recrues du Blood Circle, certes elle aurait pu transplaner aussitôt mais elle n’allait pas déclencher une bataille rangée et mettre Elise en danger pour un stupide gamin mal élevé et sa mère insupportable. Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’elle se laissait marcher sur les pieds, elle était peut-être en terrain inconnu mais elle n’était pas de ceux qui s’écrasent. Le culot de la mère la gonflait prodigieusement mais elle ne céda pas un pouce de terrain, ce n’était pas parce que la moldue avait une grande gueule qu’elle allait se taire, qu’elle rameute donc toute la patinoire, la verte n’avait pas l’intention de bouger.

Le summum fut sûrement d’entendre la mère affirmer que les parents Carrow ne devaient pas être fiers d’Hestia. Ah non mais à ce stade ce n’était plus de la mauvaise foi, c’était du foutage de gueule. Son môme se comportait comme un idiot et c’était la Serpentarde qui était blâmée, on aura tout vu. En fait, Hestia n’aurait certainement pas dû être surprise, ces deux là n’avaient aucune limite à leur bêtise, ils faisaient vraiment honte aux moldus. Ca aurait certainement été bien drôle de dévoiler sa nature sorcière en cet instant, Hestia aurait aimé les voir se ratatiner de peur en réalisant qu’ils venaient d’insulter quelqu’un capable de les transformer en bestiole poilue et puante d’un simple mouvement du poignet. Cette idée était plutôt plaisante aussi la Serpentarde la partagea avec Elise, imaginant les deux moldus en mouches aussi insupportables qu’eux. Cette suggestion ironique aida la Carrow à garder les pieds sur terre -enfin les patins sur la glace quoi- mais ne sembla pas avoir le même effet sur Elise. « Oh crois pas une seule seconde que parce qu’il y a ta mère et que t’es en public je peux pas t’en retourner une gamin. Tu te crois où ? » Pendant une seconde, la verte posa sur son amie un regard étonné avant qu’un fin sourire appréciateur ne vienne orner ses lèvres. Elle avait déjà vu la petite blonde en colère, mais là ça avait quelque chose de jouissif. Peut-être parce qu’elles faisaient front face au même ennemi, ou que la Serdaigle prenait sa défense. Hestia était plus habituée à devoir se défendre elle-même. Vu la tronche sidérée que tirait le gamin, il devait avoir ENCORE fait quelque chose de mal, ce n’était même plus surprenant à ce stade. La verte ne savait pas trop ce qu’il avait pu faire, mais elle était plutôt d’accord avec Elise, des baffes se perdaient. Quant à sa mère, elle était si scandalisée qu’elle s’étouffait avec ses propres mots, lâchant des borborygmes insensés qui étaient plutôt plaisants après ses déclarations idiotes. « Votre enfant est très mal élevé, il ne fait pas attention à ses ainés. » Hestia afficha un sourire de façade, fière de voir son amie clouer le bec à la moldue. « Ses parents n’ont vraiment pas de quoi être fiers. » La verte ponctua la conclusion d’Elise d’un léger rire satisfait, le tout sous le regard outré de la mère de famille qui n’avait clairement pas l’habitude qu’on critique son petit poussin.

Sentant la main d’Elise lui attraper le bras pour la mener vers la sortie, Hestia n’opposa aucune résistance. Après quelques pas, toujours un peu hésitants, elle se retourna tout de même, elle aussi elle voulait le dernier mot. « Vous non plus vous n’avez pas de quoi être fière de vous. » Lâcha-t-elle d’une voix glaciale tout en plantant son regard dans les prunelles de la mère qui prit aussitôt un air révolté. Si si, c’était possible, d’ailleurs ses sourcils se levaient si haut sur son visage que bientôt ils allaient disparaitre sous ses cheveux peroxydés. Ceci fait, elle suivit docilement Elise jusqu’à la sortie, renonçant à la grande carrière de patineuses qui s’offraient à elles. Tout ça à cause d’une moldue relou et de son mioche extra-relou, ils gâchaient vraiment tout ceux là. « C’est pas les transformer en mouche que j’aurais voulu faire, c’est leur balancer mes patins dans la tête, un chacun, pile le bon nombre. » Tout en allant s’installer sur un banc, Hestia afficha un sourire un brin ironique. En voilà, une bonne idée. Avec ça, même pas besoin d’utiliser la magie et de dévoiler sa nature, pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? « Bonne idée, ça aurait été bien plus satisfaisant. » Okay, ce n’était pas très bien d’encourager les pulsions violentes de la Serdaigle, mais ces deux là l’avaient bien mérité elle n’allait certainement pas dire le contraire. Et puis Elise avait d’air d’avoir besoin de se défouler, la frustration pouvait se lire sur ses traits, même après qu’elles aient pris un peu de temps pour défaire leurs patins et aller récupérer leurs chaussures. Hestia garda le silence pendant tout ce temps, elle aussi cette histoire l’avait gonflée, mais elle était peinée de voir que ça touchait encore plus Elise. Il fallait dire qu’il y avait de quoi être saoulée, elles passaient un bon moment et puis deux imbéciles venaient tout gâcher. C’était le genre d’évènement qui donnait envie de rentrer sur le champ en grommelant.

Si elle avait été seule, c’était peut-être ce que Hestia aurait fait. Sauf que ce n’était pas le cas, Elise avait organisé tout ça pour elle, il était hors de question que deux moldus relous gâchent tous les efforts qu’elle avait fait. Si la bleue faisait tout ça pour elle, Hestia voulait aussi qu’elle passe un bon moment, cette journée n’était pas que pour elle, elles la passaient à deux elle ne l’oubliait pas. La Serpentarde était embêtée, mais aussi résolue à faire oublier cet incident à son amie. Il était hors de question qu’elles terminent la journée sur cette mauvaise note, il était temps d’inverser la tendance et même si Hestia ne connaissait rien à cet endroit, elle prit cette mission à cœur. Une fois qu’elles furent sorties de la patinoire, elle tourna un regard résolu vers Elise. « Bon, on va pas laisser ces deux imbéciles nous gâcher la journée. » Déclara-t-elle tout en parcourant du regard l’étendue du centre devant elles. En fait, vu le nombre de moldus qui se promenaient là, c’était un miracle qu’elles ne soient pas tomber sur des lourdingues plus tôt. Mais Hestia était décidée. « Viens, j’ai repéré un truc qui devrait te plaire. » Reprit-elle en entrainant Elise à sa suite. Elle n’était vraiment pas dans son élément au beau milieu de ce centre commercial, mais elle était prête à faire des efforts pour changer les idées de son amie et finir cette journée sur une note plus positive. A force de poser les yeux partout, elle s’était fait une petite idée de tout ce que l’endroit avait à leur offrir et un lieu en particulier avait retenu son attention. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour le retrouver, il fallait dire que ce n’était pas compliqué, il y avait des néons colorés partout, ainsi que de grosses machines avec des écrans sur lesquels des jeunes avaient l’air de jouer à des jeux. Sur la devanture le mot « arcade » clignotait joyeusement. La musique était un peu forte et il y avait des enfants partout mais Hestia était prête à occulter ces points. Heureusement, le stand qu’elle avait vu se trouvait à l’entrée et était libre pour le moment -oh, cette chance ça nous arrange. Sur la table du stand des balles en mousse colorées attendaient sagement alors qu’un peu en retrait des petits canards en plastiques jaunes défilaient sur un fond bleu. Le but n’était pas bien difficile à comprendre. « Je sais pas ce que ces pauvres canards ont fait pour mériter ça, mais ils tombent bien. » Lança la Serpentarde en se tournant vers Elise, un sourire en coin sur les lèvres. « Il suffit d’imaginer la tête des deux crétins à leur place et je suis sûre que ce jeu deviendra dix fois plus drôle. » Elle haussa un sourcil, pas mécontente de sa trouvaille. Ce n’était pas vraiment du sport donc Elise n’aurait pas de raison de râler, ça n’avait pas l’air facile, d’accord, mais ça lui permettrait surtout de se défouler. Et si par miracle elles atteignaient les objectifs inscrits sur le panneau à côté, elles pourraient repartir avec une récompense. Parfait pour effacer le souvenir des deux moldus relous de leurs esprits. « Qu’est-ce que tu en penses ? » Demanda-t-elle avec un sourire. Au fond c’était une suggestion, si l’idée ne plaisait pas à Elise, Hestia ne pourrait la forcer à rien. La première étape consistait à payer la personne qui tenait le stand et rien que ça c’était mission impossible pour la sorcière. Mais elle voulait tenter, pour que la journée préparée par Elise se termine par un succès.

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Pour Hestia, une chose était sûre : même si les deux enquiquineurs de services l’avaient bien mise en rogne, elle n’allait pas les laisser gâcher cette journée. Elle était bien consciente que ce soit du côté moldu ou du côté sorcier, il y avait des relous partout, mais si habituellement elle aurait aussitôt pris le chemin du retour en râlant sur ces gens capables de gâcher une journée en moins de quelques minutes, cette fois-ci elle refusait de lâcher. Oui, ces deux moldus étaient sûrement les pires -bon excepté Blood Circle et autres tarés dans le genre, hein faut pas exagérer. Oui, elle avait pris sur elle pour ne pas prendre exemple sur la mère de famille et leur balancer des horreurs à la figure. Oui, elle avait carrément eu envie de les transformer en mouche ou de leurs envoyer ses patins à la figure comme Elise l’avait si bien suggéré. Mais non, elle n’avait rien fait de tout ça. Pas par manque de répondant -oh certainement pas avec Hestia- ou par crainte des répercussions -un petit transplanage vite fait, bien fait, et elles n’en parlaient plus- mais plutôt parce que répondre à ces deux affreux et empirer les choses ça aurait signé la fin de leur journée. Nul doute que la mère en furie aurait réussi à les faire virer du centre commercial tout ça parce que son gamin était un sale gosse doublé d’un psychopathe mythomane en puissance. Et même si pouvoir gueuler sur ces deux là aurait fait le plus grand bien à la Serpentarde, Hestia elle n’avait aucune envie que ça arrive. Elise avait organisé cette journée pour elle, hors de question que deux moldus viennent tout foutre en l’air avec leurs égos de la taille d’une patinoire. Oh non, elles ne leur feraient pas ce plaisir. D’une manière ou d’une autre, Hestia était bien décidée à ce que leur excursion ne se termine pas sur une aussi mauvaise note. Jusqu’à maintenant c’était la Serdaigle qui avait mené le jeu, eh bien la verte avait décidé que pour ce tour-là elles allaient échanger leurs rôles. Et elle comptait bien s’appliquer.

Même si Hestia était décidée à ne pas laisser la mère poule et son sale gamin gâcher ce qui était jusque là une très bonne journée, elle ne pouvait pas améliorer l’humeur d’Elise d’un coup de baguette magique. Enfin, techniquement vu qu’elle était une sorcière, elle en était capable, mais ça aurait été vraiment immoral de faire ça à son amie. Et puis, vu les tours que jouait la magie, la Serdaigle se serait sans doute retrouvée complètement euphorique et ça n’aurait pas été mieux. En revanche, ce qu’elle pouvait faire c’était lui changer les idées, et pour ça, la verte était quasiment sûre d’avoir trouvé le moyen idéal. Hestia ne manqua pas le regard un peu étrange qu’Elise lui lança quand elle annonça avoir une idée pour la suite des évènements. Oh, cette réaction n’avait rien d’étonnant et la verte ne s’en formalisa pas, après tout elles étaient dans un centre commercial moldu, que Hestia y ait trouvé une activité relevait du miracle. Mais si c’était un miracle qui pouvait redonner le sourire à la blonde, alors tant mieux, elle était prête à tenter le coup. D’ailleurs les lèvres de la Serdaigle finirent par se relever en sourire et elle se laissa guider dans les allées du centre sans rechigner. Un peu de confiance, voilà qui faisait plaisir à voir, parce que pour le coup les rôles étaient bien inversés, Hestia faisait ça pour Elise. Clairement, une salle d’arcade, ça n’aurait pas été son premier choix. Beaucoup de gamins -encore eux-, du bruit, des cris, des rires, de la musique et des lumières vives un peu partout. En temps normal, la Serpentarde aurait évité ce lieu comme la dragoncelle. Mais la journée n’avait rien de normale alors autant continuer sur cette belle lancée. Surtout que la salle d’arcade avait un argument de choc : un stand de tir au canard.

Hestia n’était pas peu fière de présenter sa découverte à Elise. Non seulement elle avait repéré ce lieu seule, elle ne les avait pas perdues en y retournant mais en plus de ça c’était le moyen parfait pour se défouler un peu. Lancer des balles en mousse sur des canards jaunes et éventuellement repartir avec une récompense, il n’y avait pas mieux pour se remettre de l’incident. Du moins, selon la verte. Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’Elise partage son avis. Parce que oui, l’avis de la blonde comptait pour Hestia, c’était pour elle qu’elle avait déniché cet endroit où elle n’aurait jamais mis les pieds en temps normal. Alors elle attendit son avis avec une pointe de nervosité, croisant les doigts pour que son amie ne déclare pas que c’était l’idée la plus pourrie du monde. « J’en pense que les deux crétins vont en prendre pour leur grade, je suis bien décidée à gagner cette peluche. » Soulagée, Hestia suivit des yeux le geste de la Serdaigle. Elle lui désignait une peluche accrochée au dessus du stand. En fait, il y avait des dizaines de peluches qui s’entassaient là, mais la Serpentarde n’eut aucun mal à deviner de laquelle elle parlait exactement. Au milieu de cette explosion de couleurs, il y avait un énorme guépard en peluche. Hestia eut un sourire en reconnaissant l’animal dont la blonde lui avait parlé un peu plus tôt dans la matinée. Un félin qui courait super vite, mais surtout son animal préféré. « J’en attendais pas moins de toi. » Lâcha-t-elle en accentuant son sourire en coin. Elle parlait à la fois du choix du lot, mais aussi de la détermination d’Elise à se défouler pour se venger des deux moldus lourdingues. Hestia n’en doutait pas, la petite blonde allait tout donner pour que les canards en prennent pour leur grade à la place des moldus. Désormais, Hestia était convaincue d’avoir choisi le bon endroit pour que Elise puisse passer ses nerfs et retrouver le sourire. Ça promettait un sacré spectacle.

Comme il en allait depuis le début de la journée, la Serpentarde laissa sa camarade payer la personne qui tenait le stand. Elles échangèrent brièvement un regard avant qu’Elise ne se tourne de nouveau vers le moldu à la caisse. Quand elle revint près d’elle, la blonde avait les mains pleines de tickets. Elles étaient donc parties pour une bonne session de défoulement contre ces pauvres canards en plastiques. « C’est quoi que tu veux récupérer toi ? » La verte prit le temps de réfléchir à la question. Dans son esprit, elles étaient là pour se changer les idées, elle avait choisi ce stand uniquement pour qu’Elise puisse évacuer la frustration créée par les deux moldus, elle n’avait pas réfléchi plus loin que ça. Aider Elise et ne pas finir cette journée sur une mauvaise note lui suffisait. Un instant, elle laissa ses prunelles dériver sur les lots proposés. La plupart étaient des peluches plus ou moins grosses, elle reconnaissait beaucoup d’animaux, mais il y en avait d’autres qui ne lui disaient rien. Comme une espèce de crapaud avec une fleur rose sur le dos, ou un animal complètement inconnu avec une spirale sur le ventre et des gants de boxe -t’as deviné ?. « Oh, euh… Hum, celui là. » Lança-t-elle finalement en désignant un peu au hasard une peluche qui attira son regard. D’ailleurs, elle reprit une seconde de plus pour l’examiner. C’était un animal, il avait des yeux et une bouche pour le prouver, mais il était tout jaune avec des joues rouges, de grandes oreilles pointues et une queue un peu étrange en forme d’éclair - et là t’as deviné ? 8D. « Je suis pas sûre de ce que c’est censé être exactement, par contre. Une souris, un écureuil, un animal exotique ? » Admit-elle en baissant la voix pour que les moldus aux alentours ne trouvent pas ses questions étranges. Elle n’avait jamais vu un animal pareil mais pour ce qu’elle en savait c’était peut-être une bestiole moldue hyper rare qui ne se trouvait qu’au fin fond d’une forêt équatoriale -ou Pikachu quoi mdr. « Dans tous les cas, ce sera parfait. » Conclut-elle tout en se demandant ce que ses camarades de maison allaient bien pouvoir penser si elle revenait avec une peluche jaune sous le bras. Non, en fait elle s’en fichait.

Pendant ce temps, Elise s’était décidée à se lancer la première. Sa balle en mousse avait fusée à travers le stand, pour éviter allègrement les canards et aller se perdre un peu plus loin où elle dû toucher quelqu’un vu qu’un aïe se fit entendre. « Oh bah visiblement il  n’y a pas que les canards que je visualise comme nos deux crétins de tout à l’heure. » Hestia étouffa un rire. Quelque part derrière le stand, il devait y avoir un moldu pas vraiment d’accord avec elles, mais la Serpentarde trouvait la scène drôle. Elle aurait bien fait une remarque comme quoi une cible, même imprévue, restait une cible et qu’Elise devait avoir une récompense pour ça, mais ce n’était pas sûr que le gars qui tenait le stand allait apprécier. Elles avaient déjà fui la patinoire, elles n'allaient quand même pas se faire mettre à la porte de la salle d’arcade. Hestia choisi donc une approche un peu plus civilisée. « Eh bien, j’avais compris qu’ils t’avaient mis en rogne, mais je crois que j’avais sous-estimé à quel point. » Un sourire ironique flottait tout de même sur les lèvres de la verte. S’imaginer la personne derrière le stand se prendre une balle en mousse en pleine tête sans le moindre avertissement était bien plaisant. Mais malheureusement, ça voulait dire qu’aucun canard n’avait été touché, ce qui éloignait un peu Elise de son objectif de repartir avec l’énorme guépard en peluche. Il fallait dire que la bleue n’était peut-être pas encore dans les meilleures conditions possibles. Ce jeu demandait de la précision, de la patience et des réflexes. Vu la manière dont Elise tenait ses balles en mousse, Hestia avait plutôt l’impression qu’elle était impatiente d’en découdre.

« Si tu veux ton guépard, il va falloir te calmer un peu. Je peux peut-être te conseiller quelques exercices de respiration ? » Lui souffla-t-elle sans se défaire de son sourire en coin. Des exercices de respirations ? Conseillés par Hestia Carrow ? La bonne blague. En fait, la Serpentarde comprenait complètement son amie, elle aussi quand elle était sur les nerfs elle avait du mal à lâcher prise et à se calmer. Peut-être qu’elle aurait dû leur trouver un punching ball plutôt que des canards qui se baladaient sur un fond bleu. Elise n’aurait pas manqué de se plaindre que c’était du sport mais au moins elle se serait défoulée en quelques minutes. Mais après elle aurait sûrement harcelé Hestia à cause de ses courbatures. Hum, ça n’aurait peut-être pas été un si bon plan que ça, autant continuer avec les canards et les balles en mousse, c’était plus sûr. Et puis, elles avaient des peluches à gagner. La verte prit place bien au milieu du stand et se saisit de sa première balle. Son premier essai tomba pile entre deux canards alors au second elle prit un peu plus son temps. C’était un peu comme son poste de batteuse au Quidditch finalement. Il fallait viser, anticiper la trajectoire et calculer la vitesse. Sauf que cette fois elle ne se trouvait pas sur un balai volant avec des coéquipiers qui pouvaient lui foncer dedans à tout instant. Bingo, sa seconde balle toucha un canard qui tomba au sol dans un petit bruit de couinement. Hestia se tourna vers Elise, un grand sourire enthousiasme aux lèvres et se saisit d’une troisième balle. « Oh et puis tu sais quoi ? Continues de te défouler, s’il le faut je vais la gagner pour toi ta peluche. » Déclara-t-elle avec conviction. Elle ne pouvait peut-être pas améliorer l’humeur d’Elise d’un claquement de doigts, mais récupérer son guépard en peluche, ça c’était dans ses cordes.

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