Les prunelles ambrées de Hestia observèrent l’enveloppe changer de main dans le plus grand des silences. Ses lèvres pincées en un rictus de mépris ne laissèrent pas échapper le moindre son, mais le regard qu’elle portait sur la situation valait bien milles mots. De toute façon, rien de ce qu’elle pouvait dire ne serait écouté ou même entendu. C’était d’elle qu’il s’agissait, elle qui était au centre de toute cette affaire et pourtant tout ça ne la concernait en rien, elle n’avait pas son mot à dire. Comme toujours quand il s’agissait de sa famille, elle était condamnée à assister aux évènements de loin et en silence, même quand ceux-ci la concernaient. Surtout quand c’était le cas en fait. Dès l’instant où le bracelet du Blood Circle s’était refermé sur son bras, plus rien n’avait été à propos d’elle et tout à propos de sa famille et de la si précieuse image qu’ils renvoyaient au monde. Ces bracelets étaient un affront fait au monde des sorciers, le fait que l’héritière des Carrow en porte un était une insulte. Et le fait que ce soit contre son gré ne changeait rien aux yeux de ses géniteurs. Cela faisait désormais trois semaine que cet accessoire de malheur s’était refermé sur le bras de la sorcière pour ne plus s’en déloger. Trois semaines qu’elle était forcée de vivre loin de sa magie, trois semaines que ses parents portaient sur elle un regard plus chargé de mépris que jamais. Quelle honte pour leur si illustre famille que leur enfant ait été reléguée au rang de vulgaire moldue, comme si Hestia ne leur apportait pas assez de problèmes comme ça avec son attitude parfois indigne de leur rang. Dès l’instant où la Serpentarde avait été rapatriée au manoir, la décision avait été prise : nul ne devait être au courant de l’ignominie qui s’abattait sur leur famille aussi la verte eut-elle interdiction de sortir de la demeure. Hestia avait accueilli cet enfermement avec un mélange de colère et de résignation. De toute façon où aurait-elle pu aller ? Sans ses pouvoirs elle ne pouvait ni transplaner, ni voler, ni utiliser de poudre de cheminette. Même sans cette interdiction, elle était incapable de se déplacer par elle-même autrement qu’à pied, et vivant à Godric’s Hollow, elle n’aurait pas pu aller bien loin.

Trois longues semaines étaient passées ainsi, dans le silence et la colère contenue, seulement animée par la visite à Sainte-Mangouste qu’elle avait réussi à arracher à sa mère à force de mensonges et de manipulation. Une parenthèse qui lui avait permis de souffler, qui l’avait empêché d’exploser à cause de la haine que toute cette situation lui inspirait. Et maintenant elle faisait enfin face au moment où toute cette torture prenait fin. Le Ministère était enfin parvenu à trouver comment ôter les bracelets aux sorciers qui en avaient été affublés de force. La libération était toute proche, mais d’abord il fallait s’assurer que le petit secret honteux de la famille ne se verrait pas ébruité dès que Hestia sortirait du bureau du sorcier chargé de l’opération. Pour cela, les Carrow avaient habituellement recours à deux techniques assez efficaces : les pots de vin ou les menaces. Et quand celles-ci ne suffisaient pas à acheter le silence, l’élimination se trouvait alors la solution parfaite. Mais face à un agent du Ministère cette solution radicale ne manquerait pas d’apporter des ennuis, alors les Carrow choisirent la première option, la plus sûre pour obtenir des résultats et celle qui comprenait le moins de risque pour eux. Une enveloppe pleine de Gallions avait été déposée et quelques regards entendus avaient été échangés. Il n’en avait pas fallu plus pour que l’affaire soit entendue. Nul ne saurait et ce serait parfait ainsi. Enlever le bracelet fut une opération simple d’apparence, mais Hestia sentit bien que le sortilège utilisé était particulièrement complexe. Le résultat fut néanmoins là, le cercle de métal se détacha de son poignet et tomba sur la table dans un claquement métallique qui résonna dans toute la pièce. La Serpentarde eut la vive impression de pouvoir respirer de nouveau alors que la magie reprenait librement sa course dans ses veines. Elle avait de nouveau le sentiment d’être entière et c’était une sensation délicieuse. Sans un mot, ni un regard pour ses parents, Hestia se saisit de sa baguette et envoya le bracelet voler dans la poubelle la plus proche. Quelques secondes plus tard, la poubelle s’enflammait brutalement. La verte savait que ça ne suffirait pas pour détruire ce bracelet de malheur mais ça n’empêcha pas un sourire satisfait de s’afficher sur ses lèvres.

L’affaire aussitôt conclue, les parents de la Serpentarde s’appliquèrent à reprendre le cours de leur vie, comme si tout ça n’avait été qu’un simple incident sans conséquence qu’ils pouvaient laisser derrière eux. Cyrus Carrow avait quitté le bureau de l’agent du Ministère sans un regard pour sa fille pour se rendre au département où il travaillait tandis que sa femme et Hestia sortaient pour transplaner. Ce ne fut qu’une fois arrivée à Godric’s Hollow que la verte et argent réalisa que sa mère ne se trouvait pas à ses côtés, apparemment Athéna Carrow avait mieux à faire, elle soupira mais ne sentit aucune déception lui déchirer le cœur, elle était habituée désormais. Si ses parents n’avaient pas eu la moindre petite attention pour elle pendant qu’elle était privée de ses pouvoirs, ce n’était pas maintenant qu’elle les avait retrouvés qu’ils allaient en faire preuve. Après avoir envoyé le hibou de la famille porter des lettres à Adèle, Elise et Dimka pour s’assurer que eux aussi avaient pu être débarrassés de ces affreux bracelets, Hestia envisagea de se rendre à Londres pour aller voir Thalia et lui apprendre la nouvelle en personne. Les choses allaient mieux entre elles, un dialogue avait pu être ouvert et ça aurait été une bonne occasion de resserrer un peu plus les liens. Mais puisque rien ne se passait jamais comme prévu, la Serpentarde vit ses plans chamboulés par le retour de sa mère. Digne en toute circonstance, Athéna Carrow semblait pourtant vibrer d’une détermination nouvelle. A peine arrivée, elle décréta qu’ils donneraient une grande soirée trois jours plus tard. Elle l’avait décidé et ça ne pourrait qu’être positif pour eux. Officiellement c’était l’occasion de marquer la victoire du Ministère sur les plans du Blood Circle mais officieusement elle souhaitait surtout montrer que la famille Carrow n’avait rien perdu de sa superbe. Réaffirmer leur place dans la société, la génitrice de la verte ne semblait vivre que pour ça. Athéna s’appliqua à noyer l’elfe de maison de la famille sous les ordres avant de se tourner vers Hestia à qui elle ordonna de se rendre sur le chemin de traverse pour y acheter une nouvelle robe. Apparemment toutes celles que la verte avait dans son dressing n’étaient plus assez bien pour l’occasion. Malgré l’envie de contrarier sa mère qui la taraudait, Hestia ne protesta pas, ce serait l’occasion rêvée pour elle d’aller voir Thalia sans avoir de comptes à rendre à ses parents. Ils ignoraient toujours que les deux sœurs avaient renoués et Hestia comptait bien garder les choses ainsi, jamais ils n’auraient accepté qu’elle fréquente son ainée. Cette sortie était l’excuse idéale, aussi Hestia n’attendit pas avant d’aller chercher son sac et de quitter la maison pour transplaner dans un « plop » discret.

Une fois dans le Londres sorcier, la verte se dirigea vers la boutique que sa mère lui avait indiqué. Le shopping c’était le truc d’Athéna Carrow, pas celui de Hestia alors celle-ci avait bien l’intention de trouver une robe rapidement afin de pouvoir vaquer à ses propres occupations au plus vite. La brune jeta un rapide coup d’œil à la vitrine de la boutique avant d’entrer, les vêtements exposés paraissaient à la pointe de la mode et de bonne qualité, avec ce qu’il fallait de chic pour sembler classe en toute circonstance. Exactement le genre de boutique qui faisait le bonheur de sa génitrice, celui d’Hestia ? Pas vraiment, même si elle portait un certains soin à ses tenues, ce n’était pas les vêtements qui la comblaient. Elle ignora la clochette qui tinta à sa suite et fit quelques pas dans les lieux, observant les rayonnages bien ordonnés en tentant de repérer là où étaient exposées les robes. « Bonjour Madame, bienvenue chez Grayson & Family ! » Hestia ferma une seconde les paupières en entendant le ton serviable du vendeur qui venait de se poster derrière elle. Elle pesta intérieurement devant l’impatience des vendeurs de ce genre de boutique. Franchement, ils ne pouvaient pas la laisser respirer un peu ? Elle venait à peine de poser le pied dans la boutique qu’ils étaient déjà là, les prunelles pleines d’hypocrisie et de convoitise, à ne pas en douter. Retenant un soupir, l’anglaise se retourna pour faire face au gêneur. Hestia pinça les lèvres en reconnaissant Roman, un de ses camarades de Gryffondor. Au fond elle n’était pas vraiment étonnée de le voir là, après tout ce magasin était celui de sa famille, mais le voir jouer les vendeurs ? Ça c’était un peu plus surprenant. Elle avait toujours pensé que Roman Grayson se considérait trop important pour s’abaisser à jouer un rôle si insignifiant. L’air qu’afficha le rouge démontra bien que lui ne s’attendait pas à la trouver là. « Oh. Hestia ? Hestia Carrow ? » La Serpentarde haussa un sourcil, un air blasé s’affichant peu à peu sur son visage. Elle se retint de justesse de lever les yeux au plafond mais nota qu’il avait soudain perdu le ton mielleux qu’il devait réserver à tous les clients de la boutique. « C’est bien cela ? » Hestia l’observa un instant en silence. A quoi jouait-il au juste ? A faire semblant de peiner à la reconnaitre alors qu’ils côtoyaient la même école depuis plus de huit ans maintenant ? Alors qu’ils s’affrontaient sur un terrain de quidditch plusieurs fois par ans depuis des années ? Ils se connaissaient, peut-être pas personnellement, mais assez pour ne pas avoir de doute sur leurs identités respectives quand ils se croisaient en dehors de Poudlard. « Sérieusement ? » Lâcha-t-elle en dardant sur lui un regard plein de mépris. Elle ignorait à quoi il jouait mais c’était loin de lui plaire. Devait-elle l’appeler Ramon juste pour lui montrer à quel point c’était ridicule et désagréable ? Franchement, elle avait mieux à faire. « Tu comptes vraiment faire comme si on ne se connaissait pas ? » Reprit-elle aussitôt sur le même ton. Vraiment, elle ne voyait pas ce qu’il pensait gagner en agissant ainsi, à part agacer la Serpentarde. A ses yeux qu’il la reconnaisse, ou qu’il fasse semblant, n’avait rien de flatteur, elle ne se sentait ni privilégiée, ni spéciale d’une quelconque façon. En fait c’était même tout le contraire, il lui donnait l’impression de se foutre de sa gueule et Hestia n’était pas du genre à laisser passer une insulte. « Laisse-moi te dire que cette petite technique ne doit pas marcher avec grand monde. » Reprit-elle froidement en se détournant sans un regard en plus.

Décidée à passer le moins de temps possible dans la boutique, et à ne pas laisser Roman l’irriter plus que de raison, Hestia s’avança dans les lieux. Elle était venue là pour une robe, pas pour se prendre le bec avec un Gryffondor arrogant. « Est-ce que je peux t’aider dans tes recherches ? » La verte retint un soupir. Apparemment c’était plus compliqué que prévu de se débarrasser du lion, il avait l’air de porter son rôle de vendeur à cœur. Ce qui était loin d’arranger Hestia qui préférait la tranquillité. « Non. » Lâcha-t-elle sans prendre la peine de se retourner. Pas besoin de croiser les prunelles de Roman pour se faire comprendre, son attitude parlait parfaitement pour elle. Hestia continua à s’éloigner de l’entrée, toujours à la recherche des portants pour lesquels elle était là, elle passa machinalement une main sur les tissus qui croisaient son chemin, s’arrêtant parfois pour tirer sur un cintre susceptible de l’intéresser. « Il me faut une robe, vous en vendez, ça ne doit pas être bien compliqué. » Conclut-elle toujours de dos. Enfin elle repéra la partie de la boutique qu’elle cherchait et s’y dirigea sans attendre. Hestia pinça les lèvres, s’efforçant de ne pas se sentir découragée devant l’explosion de couleurs pastel et de froufrous qui ne lui ressemblaient absolument pas. Peut-être n’était-elle pas sortie d’affaire si rapidement que ça finalement.

CODAGE PAR AMATIS

La perspective de la soirée organisée par Athéna Carrow était déjà assez pénible comme ça aux yeux de Hestia. Ce n’était vraiment pas la peine d’en rajouter. Pourtant, il lui avait juste fallu poser le pied dans la boutique Grayson & Family pour que son calvaire commence bien plus tôt que prévu. Les grandes soirées données par ses parents n’étaient déjà pas au goût de la Serpentarde, trop d’hypocrisie, trop de faux-semblants et définitivement trop de sourires forcés. Tout n’y était que mensonges et manipulations, à tel point que les comportements sincères pouvaient se compter aisément sur les doigts d’une seule main. Hestia ne faisait pas exception à cette règle, surtout quand c’était sa famille qui recevait, elle se devait de faire honneur à leur nom alors elle devait endosser ce rôle de l’héritière de sang-pur parfaite qui ne lui ressemblait pas. Sourire et rire juste ce qu’il fallait, entretenir des conversations intéressantes et polies, au fond ce n’était pas si compliqué que ça, elle se pliait à cet exercice depuis son plus jeune âge. Mais malgré les années elle avait toujours l’impression qu’on l’envoyait au bûcher. Tout n’était que jugement et paroles assassines cachées sous un respect bien trop épais pour être réel. Chacun le savait mais chacun continuait à jouer ce petit jeu empoisonné. Après tout, chaque soirée chez les sang-purs était une bataille, aussi bien d’égo que de pouvoir. Hestia en avait l’habitude, même si son écœurement face à tout ce cirque ne faisait que grandir au fil des ans. Mais surtout, elle n’avait pas le choix, alors elle arborait son plus beau sourire et faisait ce qu’il était attendu d’elle. Et pour jouer son rôle de parfaite petite sorcière il lui fallait la tenue toute aussi parfaite. Ce jour-là, sa mère avait décrété que son armoire, pourtant bien pleine, ne contenait rien d’assez bien pour l’évènement qu’elle organisait. Elle avait donc forcé sa fille à faire une sortie shopping. Une activité qui était déjà assez peu au goût d’Hestia en temps normal, mais qui devenait encore pire quand elle devait se retrouvée confrontée à un sorcier jouant les vendeurs aussi arrogant qu’irritant.

Qu’est-ce que Roman Grayson s’imaginait en l’abordant de la sorte, Hestia se le demandait bien. Mais une chose était sûre elle n’était ni flattée, ni amusée de son petit jeu. En fait, il avait réussi l’exploit de la mettre sur les nerfs en quelques mots à peine, une jolie prouesse en soit mais qui ne paraissait pas vraiment exceptionnelle pour le Gryffondor. Il devait faire partie de ces personnes naturellement irritantes, Hestia ne voyait que ça. La Serpentarde s’était détournée, elle était là pour trouver une robe qui lui plairait et qui conviendrait aux exigences de la très exigeante Athéna Carrow, autant dire qu’elle avait du travail. Se lancer dans une joute verbale avec Roman ne ferait que lui faire perdre du temps. Pourtant faire sortir de son champ de vision le rouge ne suffit pas à le décourager. « A ce que je vois la reine des Glaces n’est jamais loin même à des kilomètres de son château. » Hestia retint un soupir agacé, même quand elle ne le voyait plus il parvenait à l’énerver. Le ton amusé du lion suffisait pour ça, il avait l’air de prendre beaucoup de plaisir à ce petit échange, dommage pour lui il était bien le seul. Reine des glaces, hein ? Il ne faisait pas dans l’originalité, il n’était pas le premier à l’affubler de ce surnom ridicule et s’il croyait que cela touchait la verte d’une manière ou d’une autre il se mettait le doigt dans l’œil. Quelle était la prochaine étape ? Lui demander si le soir venu c’était dans un cercueil qu’elle allait se coucher ? Tout ceci n’était que la preuve de plus qu’il faisait partie de ces sorciers trop prompts à juger les autres. Ca fatiguait la Serpentarde, elle n’avait de comptes à rendre à personne. Si Roman ne s’était pas montré désagréable dès les premiers instants elle n’aurait pas eu à se montrer mordante. « Je ne savais pas qu’insulter ses clients était bon pour le chiffre d’affaire. » Lâcha-t-elle lentement sans prendre la peine de se retourner. Il n’en valait pas la peine, mais il ne méritait pas non plus d’avoir le dernier mot.

Hestia préféra s’éloigner. Elle était là pour une raison, elle ne l’oubliait pas et elle voulait en finir au plus vite avec ce choix de robe si elle voulait avoir le temps de passer voir Thalia avant que ces parents ne trouvent son absence trop longue. Elle détesterait rentrer au manoir pour être assaillie de questions suspicieuses. Malgré tout, elle ne voulait pas de l’aide que lui proposait Roman, surtout quand celle-ci sonnait hypocrite à ses oreilles. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas besoin d’aide -par Merlin, cette boutique était vraiment trop grande à son goût- mais c’était qu’elle ne voulait pas de la sienne, pas après sa déplaisante entrée en matière. Avec un autre vendeur les choses aurait peut-être été différente. Sûrement en fait, puisqu’il n’aurait pas commencé par insulter à demi-mot la Serpentarde. Pourtant, même si son attitude exprimait clairement son envie d’être tranquille, le Gryffondor choisi de l’ignorer. « A dire vrai, j’essayais d’engager la discussion poliment, mais l’on dirait que c’est quelque chose qui est très abstrait de ton côté. » Les prunelles de la verte se dirigèrent aussitôt vers le plafond. Au moins elle tournait toujours le dos à Roman alors il ne pourrait pas avoir la satisfaction de voir qu’il parvenait à l’exaspérer avec seulement quelques mots. Mais pour qui se prenait-il ? Et surtout, pour qui la prenait-il, elle ? Elle n’était pas une de ces clientes les proches remplies de Gallions qui aimait raconter sa vie tout en faisant chauffer son compte à Gringotts. « J'ignorais que nous étions dans un salon de thé. » Répliqua-t-elle avec une lenteur étudiée pour l’empêcher de s’énerver sur le sorcier. Peut-être voulait-il lui proposer une tasse d’Earl Grey et quelques scones aussi pendant qu’il y était, au moins ça donnerait du sens à toute cette comédie. Engager la discussion n’intéressait pas Hestia, les conversations à propos de tout et de rien ce n’était pas pour elle, ça ne lui ressemblait pas et elle ne voyait pas pourquoi elle devrait faire un effort face au lion. Ils n’étaient déjà pas amis à Poudlard, se trouver dans la boutique de sa famille n’y changerait rien. Enfin son regard ambré se posa sur la section robe du magasin dont elle prit la direction sans perdre une minute. « Tu cherches ta robe de princesse pour rejoindre ton preux chevalier ? » Hestia s’arrêta après quelques pas seulement, irritée de sentir Roman la rejoindre. Elle tourna la tête pour lancer au rouge un regard assassin. Elle savait que les Gryffondors étaient tenaces, mais là il battait tous les records, et à ce stade ça n’avait vraiment rien d’un compliment. « Je cherche la tranquillité, mais apparemment je peux faire une croix dessus. » Rétorqua-t-elle froidement. Par Merlin, était-il comme ça avec tous les clients ou il n’y avait qu’à elle qu’il faisait cet honneur ? Il allait vraiment falloir que sa famille lui paye une formation chez Sorcier Emploi, il y avait du travail là. Tout ça, Hestia s’en serait bien passé et elle le faisait bien comprendre, mais c’était à croire qu’il préférait jouer les aveugles.

« Et si on reprenait à zéro ? » Un regard perplexe accueilli les paroles du sorcier. Allons bon, il en avait marre de jouer les lourdingues ? Hestia avait du mal à y croire, il paraissait s’amuser beaucoup trop pour ça. Alors elle garda le silence, se contentant de hausser un sourcil peu convaincu. « Roman, à votre service. Comment puis-je vous aider miss Carrow ? » La Serpentarde le foudroya du regard. Pour repartir sur des bonnes bases il allait falloir mieux que ça, bien mieux que ça même. Hestia n’était ni naïve, ni dupe, alors elle profita d’avoir le Gryffondor en face d’elle pour croiser les bras sur sa poitrine et planter ses prunelles dans les siennes. Il était temps de remettre les pendules à l’heure. « Tu peux commencer par arrêter de te foutre de moi. Tu trouves peut-être ça très drôle mais ma patience a des limites et je suis sûre que ton père verrait les choses autrement. » Lâcha-t-elle d’un ton posé qui tranchait avec ses menaces. Etait-elle sérieuse ? Peut-être. Elle ni trouverait aucune satisfaction, mais elle n’aurait aussi aucun scrupule à expliquer ce qu’elle pensait de l’attitude de Roman à Grayson père. Allait-elle le faire ? Peut-être. Tout dépendait maintenant du Gryffondor, s’il souhaitait continuer à jouer avec la tolérance de la verte ou s’il préférait se montrer enfin raisonnable. Et s’il ne l’en pensait pas capable, eh bien tant pis pour lui. Hestia ignorait si le lion serait assez sage pour prendre ses paroles au sérieux, en tout cas quand il rouvrit la bouche, ses mots furent enfin dénués de toute moquerie. « Plus sérieusement, si tu m’expliquais ce que tu recherches exactement ? Quel genre d’événement déjà ? » Hestia lui adressa un long regard silencieux, elle hésitait. Roman était irritant mais il n’y avait pas d’autre vendeur à portée de vue alors elle devait bien se faire une raison. Et le Gryffondor était sûrement celui qui connaissait le mieux les produits vendus dans la boutique qui portait son nom de famille. Si elle ne voulait pas passer des heures dans la boutique à faire de tri dans toutes ces robes qui ne lui ressemblait pas, Roman était le seul à pouvoir vraiment l’aider. Qu’est-ce que lui disait l’elfe de maison de sa famille déjà pour l’apaiser quand elle était plus jeune et qu’elle était contrariée ? Ah oui « Pensez à des choses apaisantes : des chauve-souris, la peste noire, la tarte aux scorpions de maman… » Alors oui, Mink était une elfe parfaite, mais elle avait des goûts vraiment spéciaux et ses conseils s’en ressentaient. Chacun son truc, Hestia ne l’avait jamais jugé. C’était un peu compliqué à mettre en œuvre dans sa situation mais au moins ça eu le mérite de la faire penser à autre chose qu’à l’agacement que lui inspirait le rouge et or.

Hestia se décida donc à prendre sur elle, si elle ne voulait pas passer des heures dans cette boutique à trier des robes, elle allait avoir besoin d’un coup de main. Et ça lui faisait mal de reconnaitre ça mais pour le moment la personne la mieux placée pour ça était l’arrogant Gryffondor qui lui faisait face. Résignée, elle prit une profonde inspiration. « Mes parents donnent une soirée dans trois jours. Du genre guindé, entre sorciers de la bonne société. » Chiante quoi. Elle ne précisa pas que seuls des sang-purs seraient conviés et que parmi ceux-ci ne se trouveraient que des familles conservatrices, des membres puissants du Ministère ou des partisans de l’Augurey. Peut-être même que les Grayson recevraient une invitation, cela n’étonnerait pas Hestia vu l’image de leur famille, elle espérait simplement que Roman n’aurait pas l’idée d’accompagner ses parents. Dans tous les cas, le rouge voyait certainement à quelle genre de soirée la Carrow devait se préparer. Il était bien possible que sa famille en soit également friande. « Il me faut une robe. Quelque chose de sobre et élégant. De préférence de couleur sombre.» Précisa-t-elle laissant son regard dériver vers toutes les robes à sa disposition. Le choix était impressionnant, un peu étouffant aussi. De nouveau, elle ne prit pas la peine de préciser que la tenue en question devait comporter un décolleté décent et une coupe pas trop révélatrice, Roman devait être habitué à ce genre d’exigence. Les héritières de sang-pur se devaient de présenter une certaine image, hors de question de laisser ne serait-ce qu’une once de vulgarité transparaitre. Toutes ces exigences fatiguaient Hestia, après son comportement, même ses tenues ne lui appartenaient pas vraiment. Distraitement, elle fit courir ses doigts sur les cintres les plus proches, étudiant avec une moue les toilettes présentées. « Mais je ne sais pas si il y a ce qu’il me faut ici. » Commença-t-elle en tirant un cintre au hasard avant de le reposer aussitôt en constatant que la robe qu’il retenait était d’un jaune pâle qui lui tira une grimace. « Tout est si pastel, pailleté et… froufrouteux. » Lâcha-t-elle finalement, sa moue s’accentuant un peu. Elle ne put retenir une légère expression de dédain. Rien ne paraissait lui ressembler. Hestia releva finalement ses prunelles vers Roman, attendant de voir s’il allait prendre ses paroles comme une provocation ou un défi à relever. Ou peut-être un peu des deux à la fois.

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